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Auteur Sujet: Ethnocentrisme : "Nous les sciences dures, donc supérieures !"...  (Lu 2999 fois)

JacquesL

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Citation de: JPR
Qui était présent dans les années '80 lors d'une conf' d'un très grand très grand physicien français sur les supra-conducteurs à haute température à l'université d'Orsay?
Je crois me souvenir qu'il avait défini un critère très simple pour la dureté d'une science.
La dureté d'une science est l'inverse de la durée de vie d'une erreur énoncée dans cette science.
Une erreur en mathématiques est généralement détectée pendant le séminaire (durée de vie de quelques heures); la fusion froide en physique avait tenu à peine six mois; la mémoire de l'eau en biologie plusieurs années. Dès lors, les mathématiques sont plus dures que la physique qui est elle-même plus dure que la biologie.
Ce très grand très grand physicien avait avec tendresse parlé des sciences essentiellement molles dans lesquelles la durée de vie d'une erreur est bornée par la durée de vie de la science en question...
J'aimerais affubler ce critère de dureté de son nom, mais, il faudrait que d'autres personnes corroborent mon souvenir
.

Bin... Objection votre honneur !

Je connais des fautes de mathématisation qui durent... 166 ans ans déjà pour celle que j'ai dénoncée dans le livre paru en décembre 1997. Lien vers l'article.

Quel a été le procédé employé ?
Nous sommes dans la mathématisation de la physique, ce qui sollicite l'interface entre plusieurs corps de métier, donc un niveau de discipline relationnelle et interprofessionnelle qui reste inconnu et impensable entre mathématiciens et physiciens.
Nous sommes finalement peu nombreux à vivre à la jonction de plusieurs métiers, et à marier plusieurs cultures.

Aussi, une vieille bévue renaît constamment, depuis l'Antiquité : la confusion entre nombres et grandeurs. Il en est question dans cet article. Et André Pressiat la dénonce aussi à l'IREM de Poîtiers et à l'école d'été de l'APMEP.
Nous avons plusieurs scandales de bon calibre, en sciences dures. Et surtout en enseignement des sciences dures.

Alors qu'en sciences humaines, le problème supplémentaire est qu'on doit à chaque instant, devant chaque certitude héritée, devant chaque concept hérité, se poser la question "cui prodest ?" : A qui cela profite-t-il ?

Certes, en sciences dures aussi, toute théorie est d'abord une autothéorie, discrètement complaisante aux problèmes personnels du théoricien, qu'il soit auteur ou simple adepte. Mais il y est rare que tout un jeu de postulats et de concepts soient confectionnés exprès pour les intérêts d'une coterie ou d'une corporation contre telle autre, ou contre le restant de la société. Alors que c'est quasiment la règle à la fondation de toutes les sciences humaines et sociales, et que la discipline du "Cui prodest ?" y est épuisante.

A l'interface entre sciences dures et politique, nous avons deux scandales majeurs : le lyssenkisme sous Staline, et actuellement le mythe du Réchauffement Climatique Anthropique et carbocentrique, où s'est illustré l'IPCC aux innombrables fraudes.
En effet, maître des crédits et des carrières, le politique détient des moyens de corruption et de chantage presque irrésistibles sur le scientifique.
Voulez-vous un lien vers un TD frauduleux en Sciences de la Terre, écrit par un militant fanatique du carbocentrisme ? Je les ai publiés ailleurs, ce lien, et sa critique.

Voilà qui devrait nous rendre plus modestes, moins méprisants envers les sciences humaines.

Et en enseignement des maths, j'en ai oublié une lourde : dans les manuels de maths de mes B.E.P. 2nde année, en 1997, il y avait des "lignes trigonométriques"... Bin wi, début 19e siècle, les angles étaient non orientés, on ne faisait la trigo que des angles aigus non orientés, et avec le quart de cercle trigo, on définissait six segments, ou "lignes" :
sinus,
cosécante,
cosinus,
sécante,
tangente,
cotangente.
Début 19e siècle, la notion de "fonction" n'était pas bien émergée, et pas dans l'enseignement. Fin 20e siècle, mettre dans un manuel "lignes trigonométriques" au lieu de "fonctions trigonométriques", ça a un intérêt politique certain : ça fait réactionnaire ! Ça flagorne Inspection Générale et Ministère, que diable ! Quant aux élèves, tout le monde s'en fout, à ce niveau de profit et de copinage...

Et il y en avait d'autres, de lourdes, dans ces manuels.
« Modifié: 31 août 2010, 06:55:34 pm par Jacques »

JacquesL

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Re : Ethnocentrisme : "Nous les sciences dures, donc supérieures !"...
« Réponse #1 le: 22 juin 2010, 10:28:41 am »
Je vais encore revenir là dessus, car l'erreur fondamentale de l'énoncé ici révéré, est d'un ethnocentrisme exemplaire.

L'exemple de l'erreur en mathématique détectée en séminaire même, est typique d'un contrôle qualité strictement interne. Aucune de ces corporations orgueilleuses et méfiantes ne tolère qu'il y ait du contrôle de qualité et de pertinence qui soit externe ni réparti dans le reste de la société civile.

De mon vivant, j'ai vu la nomenclature de la chimie se moderniser et se rationaliser très sérieusement. Au sein de l'IUPAC, les clients (industriels) sont puissants, concentrés, ils peuvent se mobiliser rapidement et taper du poing sur la table. Il reste encore du travail à faire, néanmoins. Voir par exemple la polysémie de "acide", pas de la tarte à expliquer à nos élèves. Et encore heureux qu'on ne parle plus en géologie ni géographie de "laves acides", dont le pH est de 11 quand on les broie et qu'on les disperse dans l'eau distillée....

Rien de tel en physique et encore moins en maths. En maths les clients sont aussi faibles que ceux des croque-morts. Zéro contrôle de qualité externe.
Dans l'IUPAP, les clients sont faibles et dispersés...

D'autres fautes sont franco-françaises :
Les anglo-saxons désignent fort logiquement un "angular momentum". Mais en français le moment angulaire est écrit et prononcé "moment cinétique". Notre goût de l'exactitude et de la précision, sans doute  ?

Aucun taupin, aucun prof de maths, et jusque récemment peu d'historiens des maths sont capables de faire une distinction aussi élémentaire que de distinguer un "produit vectoriel" d'un produit extérieur. Les anglo-saxons respectent la discipline de base : ils dénomment le premier "cross product", et l'écrivent avec une croix. En France non, on squatte le signe"^" du produit extérieur, pour désigner le "cross product".  Après cela, les batailles pour faire admettre à des "Je-sais-tout-car-je-suis-diplômé", que de distinguer les deux opérations est basique, sont monstrueuses, et les insultes y volent bas.

Je sais bien que, concurrence et victoire chinoises obligent, nos industriels ont cessé de s'intéresser ni à la créativité, ni à la qualité, mais uniquement à baisser les coûts pour avoir une chance de survivre... Mais les livres des qualiticiens sont toujours en librairie, voire au rayon des occasions ou des soldes. Ils nous apprennent que la qualité c'est gratuit, à condition de penser qualité dès les débuts de la conception du produit ou du service. Pratiquement la première question posée est : "Qui voulons-nous servir et/ou satisfaire, et dans quelles proportions ?"
La seconde est "Que veut-il ? De quoi a-t-il besoin ? Il est prêt à payer combien pour cela ?", ce qui nécessite des enquêtes et des déplacements chez ces clients potentiels.

Penser les sciences sans penser l'enseignement des sciences, c'est voir le monde avec un ou deux siècles de retard. De nos jours ce sont largement les défauts et les loupés de l'enseignement des sciences qui déterminent les défauts et loupés des sciences. Les temps caractéristiques de rétroaction sur erreurs ne sont pas comparables. Comme au 19e siècle, il suffit de quelques semaines pour diffuser la correction d'une erreur déjà publiée par le même auteur. Seul l'effectif du public concerné a beaucoup changé en deux siècles, pas le délai de rétroaction. La science peut donc être assez bien pilotée en exactitude.

Alors qu'en enseignement, quand la bévue est imprimée à des millions d'exemplaires, elle devient sacralisée comme n'importe quel autre conte de fées de n'importe quelle bible ou coran, et cela devient une tâche de martyr que de tenter de la corriger, contre tout un clergé furieux d'être pris en faute. L'enseignement des sciences n'est pas piloté en exactitude. Où serait le client assez fort pour pouvoir l'exiger ?

JacquesL

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La durée de vie des erreurs dépend de la structure du pouvoir.
« Réponse #2 le: 28 juin 2010, 12:49:57 pm »
En sciences comme dans toutes les autres activités humaines, la durée de vie des erreurs dépend de la structure du pouvoir.

Pour qu'une activité soit pilotée en qualité, plus précisément en exactitude dans le cas de l'activité scientifique, il faut avoir été capable de renoncer à certains pouvoirs, aux abus de pouvoir délicieux qui peuvent en découler, et avoir délégué des pouvoirs de contrôle à des gens capables de l'exercer avec rigueur et intégrité.

En sciences, il faut avoir accepté de se lexicaliser, et avoir accepté publiquement et irrévocablement des épreuves de réalité qui vous seront supérieures.

Le Processus de lexicalisation est achevé si l'individu, au lieu de se contenter comme les enfants de savoir dans quelles phrases tel mot est à sa place sans provoquer de haussements de sourcils, sait s'imposer la discipline de donner et respecter une définition fixe et contractuelle de chacun de ses termes, ancrée dans des expériences vérifiables par tous.

Quand j'ai accepté une épreuve de réalité qui est objective et extérieure, j'ai accepté d'avance qu'un inconnu, qui ne parle pas la même langue naturelle que moi, qui n'a pas la même culture, qu'il soit néo-zélandais, syrien ou chinois, démontre que je me suis trompé, et comment corriger mon énoncé précédent.

Toutefois, chez l'ensemble des primates, qu'il s'agisse des macaques du Japon, ou du labo le plus voisin dans votre université, cela ne se passe guère ainsi. Cela se passe d'autant moins ainsi que les relations sociales dans la peuplade locale sont plus agonistiques, et moins hédoniques. Dans la vie réelle et quotidienne en culture agonistique comme chez les babouins, où les distances sont établies par l'équilibre dynamique entre la menace des crocs des dominants, et la menace des prédateurs externes, les relations hiérarchiques sont établies par des batailles sans pitié, au terme desquelles un singe de rang hiérarchique élevé n'apprendra rien d'un singe de rang inférieur. Il le méprise trop. Il préférera le rosser, le bannir, et autres gracieusetés.

Dans la réalité quotidienne du pouvoir dans le labo, un patron de thèse n'acceptera pas qu'un doctorant, et encore moins un étudiant de rang encore inférieur, prouve que le patron professe de grosses erreurs. Et le patron a en mains de forts moyens de représailles.

Pour pouvoir renoncer aux délices des abus de pouvoir à la mode agonistique, il est nécessaire d'avoir des compensations. Les plus courantes sont les compensations hédoniques : le fait d'être ensemble et de coopérer procure des plaisirs notables. Il existe toutefois des abus de pouvoir qui sont largement hédoniques, comme de profiter sexuellement des inférieurs hiérarchiques. On ne peut donc pas faire l'économie des exigences morales que la qualité implique, y compris en matière scientifique.  Il faut un Surmoi.

Et là encore, il y a renonciation à un pouvoir : on accepte que la règle morale soit supérieure à nos humeurs et caprices, et même aux caprices du chef.

Il n'y a de qualité scientifique qu'au prix d'un ascétisme ciblé. Ciblé : il n'est pas nécessaire d'ajouter des généralisations hors-métier. Il n'est pas nécessaire d'ajouter des tas de renonciations aux plaisirs de la vie. Il faut juste payer le prix du pouvoir et des responsabilités : assumer des devoirs de constance, de fiabilité et d'humilité devant les faits. Assumer ses responsabilités sociales et le contrat social envers le contribuable qui nous paie. Assumer que ce contrat social nous est supérieur, et qu'il nous oblige à nous gouverner en exactitude.

En exactitude, et pas en traditions, ni en corruption, ni en despotisme, ni en rumeurs...

Plusieurs sciences et humaines et sociales sont nées en perdition : elles sont nées de la corruption par quelque pouvoir politique, ou judiciaire, ou commercial, ou bancaire, ou militaire, qui avait besoin d'intellectuels organiques, et qui avait les moyens de les payer et de les diriger. Cette naissance par la corruption - par exemple diverses disciplines plus ou moins bidonnées d'expertise judiciaire, depuis les origines en 1835, en passant par la phrénologie criminelle - ne les condamne pas à vie, et plusieurs sont les gens de mérite qui leur lavent l'honneur, mais la pente est dure et longue à remonter.

D'autres disciplines ont simplement oublié d'avoir des épreuves de réalité publiques et contractuelles, qui leur soient opposables. A la place, elles se contentent d'avoir des us et coutumes. Ainsi va la mathématisation de la physique depuis le 19e siècle : les coutumes et l'intimidation tiennent lieu de qualité, faute d'épreuves de réalité complètes ni sérieuses.

Voir
Et pour devenir une science ?
« Modifié: 29 juin 2010, 05:20:07 pm par Jacques »

JacquesL

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Re : Ethnocentrisme : "Nous les sciences dures, donc supérieures !"...
« Réponse #3 le: 09 avril 2011, 09:44:32 am »
Hé bien en juin dernier, j'ai été beaucoup trop gentil, et il va falloir être plus précis.
Citer
En sciences comme dans toutes les autres activités humaines, la durée de vie des erreurs dépend de la structure du pouvoir.

La durée de vie des erreurs dépend surtout de la pathologie du pouvoir. A management pathologique, pseudo-science pathologique.

L'exemple majeur est le moulage d'une clique, encore trois générations après, quand tous les protagonistes des crimes originaux sont tous décédés depuis longtemps, sur ses secrets de famille. Plus personne ne sait sur quoi pouvait bien porter le secret, mais tous les descendants se sont conformés à la culture d'évitement, aux fautes de raisonnement prescrites, afin d'éviter de visiter la région du secret férocement gardée.
Visiter le secret de famille en vigueur depuis décembre 1926, à
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=1141.0
http://udppc.asso.fr/forum/viewtopic.php?t=1416

En cause : les besoins territoriaux démesurés de Niels Bohr, et dans une moindre mesure (mais à peine moindre), de Werner Heisenberg.

Voir aussi le management par corruption par les politiques, ultérieurement relayés par les pharmaceutiques :
http://deonto-famille.info/index.php?topic=42.0

Voir encore le management par corruption par les politiques, par exemple la sinistre de la Mience, là, Valérie Pécresse, qui donne l'ordre aux cacadémiciens de valider le mythe carbocentrique : http://deonto-ethics.org/impostures/index.php/board,30.0.html... Et comme les déguisés en habit vert ont préalablement été sélectionnés par le pouvoir politique pour leur docilité, c'est facile de leur donner des ordres et d'être obéie. Rappelez-vous comment les akadiémiki ont docilement obéi aux ordres du pouvoir politique, et ont docilement déclaré que l'akadiémik Andriéï Sakharov était devenu fou dans sa tête... Bé wi quoi à la fin, s'ils n'obéissaient pas, c'est eux aussi qui auraient été déportés puis persécutés par une centaine d'agents du KGB chacun (du moins pour ceux qui étaient aussi connus en Occident qu'Andriéï Sakharov), voire, pour beaucoup moins cher, auraient accidentellement succombé à quelque regrettable accident, voire, cas intermédiaire, auraient été incarcérés en hôpital politico-psychiatrique, tels Léonid Pliouchtch' ou Jaurès Médvédiev, et torturés à la naloxone. Un "accident" est si vite arrivé, en pouvoir oligarchique et mafieux !

Quelque chose n'a pas vraiment changé depuis l'affaire Galileo : le politique considère les savants comme des laquais en livrée, à son service.

Mais peut-on passer d'un management corrompu à un management vertueux ?
L'exemple historique a été fourni par Orlando Winfield Wilson, superintenant de la police de Chicago de 1960 à 1967 :
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=9.msg1188#msg1188
Prenant son poste après un scandale, ce professeur d'université découvrit une police criblée d'incompétence et de corruption. Il la réorganisa de façon à lui donner les moyens de faire son travail, et décourager les passe-droits. A la retraite de Wilson en 1967, Daley, le maire de Chicago sut revenir à plus de racisme, plus de brutalité, plus d'abus, davantage de juteuses connivences avec les gangsters, la rrroutine habituelle, quoi.

Peut-on faire une conclusion moins pessimiste, moins désespérante ?
On prête à Wolfgang Pauli la boutade suivante :" En sciences, la vérité ne triomphe jamais, mais les imbéciles finissent par mourir." On ne prête qu'aux riches, Pauli était bien de taille à sortir une pareille boutade, mais je persiste à penser que celle-ci est apocryphe.
Argument pour l'authenticité : cette petite coterie dont Pauli était membre, groupée autour de Niels Bohr, à l'époque était minoritaire, pouvait se considérer comme persécutée par la majorité des physiciens du temps, et pouvait penser attendre des décès avec impatience.
Argument pour le caractère apocryphe : de nos jours, la petite coterie dont Pauli était membre, groupée autour de Niels Bohr, qui à l'époque était minoritaire, et pouvait se considérer comme persécutée par la majorité, est devenue elle-même hégémonique, et la boutade attribuée à Pauli s'applique justement à elle-même.

L'expérience montre qu'il est rarissime qu'un mauvais garçon qui a goûté aux joies du proxénétisme redevienne un jour honnête : il a goûté à l'argent facile, il n'en perdra jamais le goût. Les exceptions sont très très rares. Plus généralement, celui qui a goûté aux joies de l'abus de pouvoir facile, de la violence facile et impunie, n'en reviendra pas davantage. Il s'y cramponnera comme un junkie à sa seringue.

Avec une mine gourmande, Thierry Gaudin me prévenait : "Si vous voulez innover ou réformer, il faut toujours arriver par où l'institution ne voit pas. Sinon elle n'aura qu'une idée en tête : vous zigouiller préventivement.".
Citation de: Thierry Gaudin
L'arme de l'instituant est la mobilité, la faculté de se porter là où l'institué ne le voit pas (on retrouve ici l'utilité, pour l'institué, du panoptique).
Mais les rapports de force sont tels qu'il ne peut survivre s'il est découvert.
http://classiques.uqac.ca/contemporains/gaudin_thierry/ecoute_des_silences/ecoute_des_silences.pdf

Pour en revenir aux grands prêtres de l'imposture climatique, voir ceux-ci, en poste à l'O.N.U. (Christiana Figueres), qui exigent de redevenir les maîtres du monde, comme ils l'étaient avant que leurs habitudes de fraudes systématiques soient publiquement révélées (Climategate) :
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/04/05/climat-l-onu-veut-aborder-les-questions-qui-fachent_1503167_3244.html.
http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/04/05/1503167.html
Incurables, ceux-là... Jusqu'à leur mort, ils exigeront de conserver le privilège d'infaillibilité, le beau rôle d'être les "sauveurs de la planète", et leurs carrières complètement anormales et imméritées. Comme un junkie à sa seringue...

Il faut revenir sur l'heureuse parenthèse d'Orlando Wilson dans la sombre histoire de Chicago et de la police de Chicago : d'où provient que le maire Daley a été obligé de rompre temporairement avec sa politique d'entente avec les gangsters, et avec ses brutalités racistes ordinaires ?

L'évolution sanglante depuis le départ de Wilson jusqu'à la conclusion de la guerre du Vietnam commence par :
Citation de: Encyclopedia of Chicago
Mayor Daley signaled a change with his comment in April 1968 that police should “shoot to kill” rioters.

Il faut donc fouiller d'une part l'évolution des contre-pouvoirs citoyens et du contre-pouvoir de la presse, d'autre part les actions fédérales (judiciaire notamment), pour pouvoir comprendre la réalité locale. Le document cité indique que ce sont essentiellement des décisions de justice, notamment par la Cour Suprême fédérale, qui ont obligé la police de Chicago à devenir moins une bande armée, davantage un service public. Mais qui a actionné ces cours de justice ? Le document ne le dit pas. Or il y a forcément eu là un combat moral, mené dans l'opinion publique et les média, pour contraindre cette bande armée à mieux respecter les lois morales et les lois écrites des U.S.A.

A ce point du débat, nous avons probablement isolé les ingrédients essentiels :
* Les comportements répréhensibles, listés dans les causes d'errements collectifs durables, sont tous liés au fait que nous sommes des animaux de meute, dont la féroce concurrence, et territoriale, et sexuelle, est médiée par la meute, la puissance de la meute, et le rang dans la meute. Les plus forts demeurant obsédés de prouver qu'ils restent bien chefs de meute, les plus faibles demeurant obsédés de prouver qu'ils sont bien des suiveurs de meute, léchant fidèlement l'urine du chef de meute (ou de la cheffe de meute).
* La totalité des remèdes évoqués reposent sur une supervision hors-meute, sur un regard extérieur à la meute, une puissance extérieure aux réflexes de meute, et/ou sur l'accès à une réflexivité non plus individuelle mais groupale. Dans l'article consacré à la réflexivité, c'est ce que nous avions appelé l'ordre de réflexivité quatre, et souligné combien ce degré de maturation est rarement atteint. Toute meute, tout chef de meute sont instinctivement hostiles à ce qui affaiblirait les réflexes de meute. Pour décider que la condition humaine dépasse les réflexes de meute, encore faut-il avoir procédé à une complète maturation d'adulte...

Qui voit d'autres ingrédients essentiels à l'analyse, qui nous ont encore échappé ?
« Modifié: 12 avril 2011, 08:14:26 pm par Jacques »