Un bilan assez intéressant (Danemark, 2009):
http://www.cepos.dk/fileadmin/user_upload/Arkiv/PDF/Wind_energy_-_the_case_of_Denmark.pdfCe document est écrit en anglais et non en danois.
Résumé pour les décideurs (traduction):
Première partie: l'état actuel et ses coûts cachés.
Le Danemark génère l'équivalent d'environ 19% de son électricité à l'aide
d'éoliennes, mais l'énergie éolienne contribue bien moins que pour 19% de
la demande électrique du pays.
L'affirmation que le Danemark dérive environ 20% de son énergie du vent
est une exagération. Etant hautement intermittente, l'énergie éolienne a
récemment (en 2006) contribué pour moins de de 5% de la consommation
électrique du Danemark, pour une moyenne de 9,7% au cours des cinq
dernières années.
En l'absence de large capacité de stockage pour l'électricité, un réseau
électrique moderne doit à tout moment équilibrer la production et la
demande, parce que même de faibles variations de la fréquence ou du
voltage peuvent endommager les équipements électroniques ou électriques.
La production éolienne est stochastique, tout spécialement à court terme
(c'est à dire pour une heure, une demi-heure ou un quart d'heure donnés).
Ceci a créé un défi totalement nouveau que les opérateurs de systèmes
électriques en sont encore à apprendre à gérer. Certains tirent profit du
retour d'expérience danois. Mais les spécificité danoise rendent cette
expérience peu transférable ailleurs.
Le Danemark fait en sorte d'équilibrer son réseau électrique grâce aux
particularités de la production électrique de ses voisins. La Norvège et
la Suède assurent au Danemark, à l'Allemagne et aux Pays Bas un accès à
des quantités significatives de réserves d'équilibrage rapides par leurs
interconnexions. Ces pays jouent effectivement le rôle de "batteries"
pour le Danemark. Les ressources norvégiennes et suédoises
d'hydroélectricité peuvent être activées et désactivées rapidement, et
les lacs norvégiens stockent, effectivement, une partie de la puissance
produite par le Danemark.
Au cours des huit dernières années, le Danemark occidental a exporté (n'a
pas été en mesure de consommer), en moyenne, 57% de la puissance qu'il a
généré, et le Danemark oriental 45% en moyenne. La corrélation entre les
pointes de production éolienne et les exportations donnent l'assurance
que c'est bien la production éolienne qui est exportée.
La production électrique exportée, payées par les ménages danois, apporte
des bénéfices matériels sous la forme d'électricité bon marché et
d'investissements différés aux consommateurs suédois et norvégiens, mais
rien au consommateur danois. Les taxes et les charges sur l'électricité
rendent celle-ci de loin la plus onéreuse d'Europe aux ménages danois. La
valeur totale probable de subventions ainsi exportées atteinte entre
2001 et 2008 atteignait 6,8 milliards de Couronnes (618 millions d'euros)
sur la période. Un montant analogue a probablement été exporté en 2012 et
de plus grande quantité encore seront exportées après la mise en service
de 800MW de nouvelles capacités éoliennes offshore en 2013.
La puissance éolienne exportée par le Danemark n'économise ni la
consommation de fioul ni les émissions de CO2 au Danemark. Par nécessité,
la puissance éolienne exportée en Norvège et en Suède remplace largement
des capacités neutres en CO2 dans les pays nordiques. La Suède et la
Norvège n'utilisent pas de charbon pour leur production électrique.
L'énergie éolienne a remplacé une partie de la production thermique au
Danemark. Cela a permis de sauvegarder en moyenne 2,4 millions de tonnes
de CO2 par an pour un coût total en subventions de 1,3 milliards de
couronnes, soit un coût moyen de 647 couronnes (87 euros) par tonne de
CO2. L'énergie éolienne s'avère un moyen onéreux de réduction des
émissions de CO2.
Le coût de la surcapacité éolienne pour le consommateur danois est
exacerbé par son inaptitude à utiliser ce surplus d'électricité. Ce
surplus augmentera de 800 MW en 2013 augmentant la production
d'électricité éolienne danoise de 2,7 TWh par an. Pratiquement toute cette
production additionnelle sera exportée, ce qui pèsera sur les prix à la
baisse; pratiquement, toutes les subventions payées par le consommateur
danois seront aussi exportées sans réduire significativement la
consommation de fioul ou les émissions de CO2. Parvenir à
l'autoconsommation de toute cette quantité d'électricité éolienne est
impossible à court terme et restera entièrement hypothétique tant que
l'augmentation de la consommation électrique et les nouvelles solutions
d'ajustement de la demande n'auront pas été développées et mises en
oeuvre. Dans la majorité des cas, ces solutions restent à inventer, et
sont encore moins prouvées et évaluées.
A côté de ses nombreux désavantages, l'énergie éolienne avantage
spécifique est que, comme le nucléaire, son coût marginal d'opérations
est très faible une fois que les investissements ont été réalisés.
Cependant, à l'encontre du nucléaire, après dix ou quinze ans, de
nombreuses turbines ont dépassé leur durée de vie utile. Par contraste,
les moyens de production conventionnels d'électricité jouissent d'une
durée de vie utile de 40 à 60 ans, comme on peut le constater en Europe
aujourd'hui. Cela met en question les bénéfices stratégiques, économiques
et environnementaux de ces centrales qui pourraient avoir à être
démantelées, remplacées et resubventionnées tous les dix ou quinze ans.
Source de la traduction : Paul Aubrin.