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Auteur Sujet: Profondeur du travail de remaniement intellectuel...  (Lu 1604 fois)

JacquesL

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Profondeur du travail de remaniement intellectuel...
« le: 16 avril 2011, 07:06:41 pm »
Citation de: jpR
Compétence scientifique

Un scientifique est quelqu'un qui s'interroge sur la Nature, qui s'en fait une idée et qui exprime ensuite une hypothèse. Cette hypothèse est ensuite déclinée:
1) en un modèle mathématique qui conduit à des nombres et
2) en une série d'expériences qui, lors des mesurages, conduisent aussi à des nombres.

C'est la comparaison des nombres issus du modèle et des nombres issus des expériences qui conduit à la validation ou à l'invalidation de l'hypothèse, de l'idée initiale que le scientifique se faisait de la Nature.

Et c'est cette comparaison qui doit donner lieu à une analyse fine des erreurs et des incertitudes: je regrette profondément que la notion d'acceptabilité d'un résultat ne soit pas clairement identifiée à la discussion sur la comparaison des nombres du modèle et des nombres des expériences lorsque le scientifique ne sait pas encore si son idée de la Nature est correcte...

Peut-être, tout en gardant la même citation, devrais-je placer ce message ailleurs dans l'arborescence des forums ?
En tout cas, mon expérience professionnelle détonne sur celle des collègues, et cette divergence culturelle va encore agacer.

En tout j'ai peu enseigné les sciences dans ma vie, mais j'ai fait de la science, j'en ai découvert, j'en ai créé, j'ai inventé et breveté. Et je suis pas resté toute ma vie en sciences dures.

Le schéma énoncé plus haut par le collègue, qu'il ne reste plus qu'à faire une hypothèse, une seule, et un modèle, un seul, correspond à une situation certes doctrinale, mais rarement réalisée en réalité, où les concepts reçus sont déjà déverminés, ne sont plus fallacieux, où le vocabulaire scientifique est déjà déverminé, mature...

Sans doute me suis-je cogné partout, mais surtout je me suis cogné sur des concepts aux frontières erronées, des concepts immatures, partiellement fallacieux, pas encore déminés, à du vocabulaire établi merdique, à remanier profondément pour avoir les idées claires. Et le reste est à l'avenant. Au total, il a fallu toujours mener un travail intellectuel bien plus en profondeur que ce que raconte la propagande véhiculée par les organes de vulgarisation et d'enseignement.

Bien avant d'être en situation de faire des expérience de niveau doctorat pour tester une hypothèse, il faut mener de nombreux tests de cohérence, de non-contradiction interne, d'ancrage dans le corpus d'expériences empiriques et concrètes déjà accessibles. Constamment rechercher les références concrètes qui pourront justifier les concepts, les hérités aussi bien que ceux que vous tentez de créer.

Cette épreuve des ancrages concrets de référence, est redoutable envers l'héritage, qui se révèle à sérieusement tamiser, pour trier le stérile du précieux.
Anecdote : deux générations avant moi, ma grand-mère et Georges Bidault écrivaient tous deux dans le journal L'Aube. Elle objecte que dans son article, Bidault pose mal la question. Celui-ci lui rétorque : "Mais madame, la politique, c'est l'art de mal poser les questions !". Fin de l'anecdote.

La créativité scientifique et technique commence souvent par le tri et l'assainissement de larges sédiments que vos aînés ont laissés là, soit par simple inadvertance, soit pour leurs combines de politique politicienne (être l'animal dominant). Les premières expériences à faire, sont celles qui éliminent le plus vite et le moins cher un maximum d'hypothèses et de présupposés. On ne consacrera davantage d'argent et de temps qu'aux seules hypothèses qui ont bien franchi l'épreuve des premiers criblages. Et en matières d'idées, la quantité et la fertilité conditionnent la qualité : on n'abandonne volontiers une idée prouvée fausse, que parce qu'on a la tranquille assurance de savoir en produire beaucoup d'autres. Pour ça, il faut s'exercer, apprendre à produire. Et on n'apprend pas cela en classe...


Il y a des principes d'organisation des abstractions que les matheux ne connaissent pas et n'enseignent pas, que les physiciens ne connaissent pas et n'enseignent pas, mais que les analystes informaticiens ont été acculés à élaborer et à codifier. A commencer par l'héritage de classes.

Sous cet éclairage, voici un lien sur un parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire (pas d'héritage, pas de structure d'abstraction, pas de références dans le monde concret) :
http://forums.futura-sciences.com/physique/35926-definition-vecteur-tenseur-spineur-twisteuroeoeoe.html

Relisez le diagnostic cinglant établi par Richard Feynman à la fin de son année au Brésil : la tribo-luminescence est "définie" par un enchaînement de mots, et non pas par l'expérience de casser un morceau de sucre dans le noir. Et le reste de la dérive scholastique est à l'avenant. Evidemment que dans ces conditions non seulement l'enseignement est malade, mais on peut comparer sa maladie à un cancer.

Un autre test concret ? Expliquez, non pas à vos élèves, mais juste à un collègue, comment fonctionne l'expérience de diffraction électronique Debye-Scherrer suivante :



Quel est concrètement le lien entre la tension d'accélération, les équidistances de plans cristallins, et l'angle de chaque raie diffractée, ici en trace circulaire ?

Parce qu'il ne faut pas rêver : la source est incohérente, cette optique est incohérente, les électrons sont des fermions. Aucun rapport avec un faisceau laser. Faisceau cohérent de bosons, un faisceau laser a dans son ensemble des propriétés, notamment une phase. Rien de semblable pour ce qui sort d'un canon à électrons. Chaque électron n'est cohérent qu'avec lui-même, et ne peut interférer qu'avec lui-même.