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Auteur Sujet: Mini-sommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…  (Lu 1246 fois)

JacquesL

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Mini-sommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…

http://www.lobservateur.bf/index.php/regard-sur-lactualite/3262-minisommet-de-lua--entre-heurts-mesententes-et-desaccords

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Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords… 
Dimanche, 28 Août 2011 21:10

Le mini sommet de l’Union africaine qui s’est tenue vendredi 26 août 2011 à Addis-Abéba n’aura pas été de tout repos. Pour ci : convoqué pour débattre d’un sujet plus que d’actualité (la Libye) il aura été l’occasion de discussions des plus âpres ; mais il aura surtout administré une preuve de plus de ce que tout le monde savait déjà : cette instance panafricaine brille par son incapacité à trouver le consensus nécessaire sur des questions d’importance et qui touchent au continent africain ; des précédents en la matière existent à foison, dont le dernier en date et, peut-être, le plus pathétique fut certainement celui concernant la question ivoirienne il y a seulement quelques mois.

Bis repetita placent (1), disaient les anciens : l’UA, vendredi, à Addis-Abeba, discutant de la chute de son Président-Directeur général Fondateur et principal bailleur de fonds, a choisi de remettre ça ; peut-être même à son corps défendant ; mais en tout état de cause, elle aura administré la preuve qu’au sujet de cette délicate question libyenne, l’instance panafricaine ne sait vraiment pas sur quel pied danser ; et alors, elle choisit de danser sur le même pied : celui de la cacophonie, des mésententes graves et des prises de positions qui tirent à hue et à dia.

A vrai dire, il ne pouvait pas en être autrement ; car, à propos de cette délicate question libyenne qui fâche, se trouvent des tendances diverses et opposées au sein de l'Union. Bien sûr et comme cela est de bon ton, à l’issue de ladite rencontre, un communiqué final aura été trouvé ; il affirme en substance le refus, très officiel, de reconnaître le CNT, appelle à la constitution d’un gouvernement de transition incluant toutes les parties en conflit et, usant d’un euphémisme perspicace, affirme que le siège de la Libye à l’UA demeure vacant ; on l’aura compris, l’instance panafricaine ne la destine pas aux rebelles du CNT.

Cela, c’est la prise de position très officielle et de principe ; mais dans les détails et individuellement, les choses changent énormément ; car au sein de cette même UA, autour de la même question, se retrouvent plusieurs tendances :

Il y a tout d’abord celle claire, nette, qui choisit d’apporter son soutien indéfectible à Kadhafi ; avec pour chef de file le Sud-Africain, Jacob Zuma ; pour ce dernier et ses amis, c’est clair comme de l’eau de roche, il n’est pas question d’apporter quelque caution que ce soit à ces insurgés, qui ne sont ni plus ni moins que des rebelles soutenus par l’Occident et qui s’acharnent à renverser par la force un pouvoir légitime ; il y a ensuite le groupe de ceux qui, diamétralement opposés aux premiers, apportent tout leur soutien aux combattants de la liberté du CNT ; et ce, parfois dès les premiers instants de l’insurrection.

Leur tête de proue n’est autre que le Sénégalais, Wade, qui a réussi la vista ou l’outrecuidance (c’est selon) de reconnaître la justesse des revendications des insurgés, au point d’effectuer une visite dans leur QG de Benghazi ; et cela, alors que le mouvement n’était encore qu’à ses premiers balbutiements de contestation.

Vient après le lot des Etats africains supporters de la vingt-cinquième heure ; ils auront officiellement opté pour le CNT au moment même où le Guide était déjà à terre, pendant que les insurgés, presque victorieux, s’étaient rendus maîtres de Tripoli et fouillaient dans les décombres de la résidence de Bal Al Aziziah. Ils ont du mérite, sans doute ; mais on se demande si ils n’auraient pas pu mieux faire.

Le dernier groupe se compose des indécis, qui ne savent pas dire pour qui leur cœur balance ; écartelés qu’ils sont entre les intérêts économiques, les attachements sentimentaux, le devoir de reconnaissance et les impératifs de la realpolitik, ils ne savent pas vraiment à quel saint se vouer. Ils sont peut-être ceux qui souffrent le plus de la situation en Libye ; les autres ayant à tout le moins le bénéfice de la franchise de leurs positions.

Au-delà de ces gesticulations politico-diplomatiques, et exception faite des membres de l’UA  qui, dès le début de la crise, avaient parié sur le CNT, on se dit quelque part que les autres, tous les autres, auraient dû la boucler ; ils ont perdu, en s’exprimant sur la question, une excellente occasion de se taire ; il est des moments où il n’existe pas d’autre choix que d’accepter le fait accompli.

Qu’on le veuille ou non, à l’heure actuelle, Kadhadi, c’est fini ; l’homme appartient désormais au passé ; le Guide se trouve à la fin de son parcours ; peu importe qu’on ne lui ait pas encore mis le grappin dessus, Kadhafi n’est plus l’homme qui dirigera la Libye ; seulement après l’homme, son pays demeure, qui lui survivra.

Pour preuve, la récurrente interrogation qui s’impose depuis bientôt une dizaine de jours : mais où est donc Kadhafi ? Mystère et boule de gomme. Pour s’être évanoui dans la nature, l’homme devait savoir que son règne à la tête de son pays était arrivé à terme ; cependant même évaporé, il entretient la prouesse de toujours faire parler de lui.

On assurait qu’on le trouverait dans son bunker de Bab Al Azizyah ? La citadelle prise, on ne l’y trouvera pas. Certains ont cru l’avoir vu traverser la frontière en direction de la Tunisie, d’autres l’auraient aperçu s’acheminant vers l’Algérie ? Les démentis sont formels. Et de Kadhafi, toujours point de nouvelle, et pas davantage de localisation.

Subrepticement l’homme a-t-il réussi à se faire exfiltrer ? On finira  par le savoir, tôt ou tard ; et, pourquoi pas, à lui mettre  le grappin dessus ?

Mais à l’heure actuelle, en Libye, il y a  plus urgent qui s’impose, et qui va du dénuement dans lequel pataugent les habitants de Tripoli, lesquels manquent de tout, à la terrible question de la violation des droits de l’homme que l’on constate en maints endroits.

Que ce soient par des partisans du Guide ou par des combattants du CNT, on le sait à présent, d’horribles crimes ont été commis. Reconstruire ce pays ne relèvera pas d’une sinécure, loin de là. L’impératif, à l’heure actuelle, est de tourner la page du Guide et, résolument, d'aider la Libye à se remettre sur pied.

Les pays africains qui prirent part au minisommet de l’UA auraient fait œuvre utile,  au lieu de se comporter à l’instar d’un panier de crabes, en trouvant un consensus salutaire sur le soutien à apporter à un membre de l’Union qui, aujourd’hui, agonise. Pour ne l’avoir pas  fait, ils auront péché par non-assistance à pays en danger. Malheureusement, ils n’en sont pas à leur première omission ; très dommage, car cette UA, décidément, finit par devenir coutumière du fait.

 

Jean Claude Kongo

 

(1) Les choses répétées plaisent.