Les hackers turcs qui revendiquent le piratage se désolidarisent de l'attaque violente sur les locaux du journal.Dans la nuit de mardi à mercredi, les locaux de Charlie Hebdo étaient attaqués au cocktail molotov. Une attaque qualifiée "d'attentat" par Claude Guéant et attribuée à des musulmans intégristes, échaudés par l'édition spéciale baptisée Charia Hebdo, qu'a publiée le journal satirique le lendemain.
Peu après l'attaque des locaux parisiens du journal, le site web de Charlie Hebdo était lui aussi ciblé. Un message en anglais et en turc à la gloire d'Allah et Mahomet, revendiqué par un hacker dénommé "Mn9", apparaissait sur le site.
Un autre message apparaissait peu après. "Avec vos caricatures haineuses, vous attaquez le grand prophète de l’Islam, sous couvert de la liberté d’expression. Que la malédiction de Dieu s’abatte sur vous. Nous serons votre malédiction dans le monde virtuel !", écrivaient les hackers dans un messsage signé des Akincilar, un groupe de hackers turcs.
Dès le lendemain, dans un message transmis au Nouvel Observateur, les hackers justifiaient leur démarche : "Le site est devenu notre cible (après) cet affront à nos valeurs religieuses. Puisqu'il est méprisant envers notre prophète, nous avons mis notre contenu sur la page d'accueil (du site) pour protester".
"Ce n'est pas la première attaque. Nous avons piraté de nombreux sites web qui ciblent nos valeurs religieuses", ajoute Akincilar, qui revendique notamment le piratage de "1.500 sites américains", de "centaines" de sites israéliens, et de "milliers de sites pornographiques et satanistes".
"Nous ne soutenons pas la violence"Dimanche, le Journal du Dimanche publie le témoignage d'un jeune hacker turc, présenté comme celui qui a réalisé le piratage de Charlie Hebdo.
Ekber, ou plutôt "Black apple", son nom sur la toile, tient d'emblée à se désolidariser de l'attaque au cocktail molotov qui a détruit les locaux de Charlie. "Bien sûr que non, nous ne soutenons pas la violence. L’islam est une religion de paix. Ces actes sont le fait de gens qui se servent de la religion". Dans leur communiqué daté de jeudi, les hackers indiquaient déjà n'avoir aucun lien avec ces violences.
Le piratage "a duré six heures"Le jeune Turc ne connaissait pas Charlie Hebdo avant mardi matin, raconte-t-il au JDD. Des articles rédigés de la presse turque sur le numéro spécial du journal satirique l'ont alerté. "Nous avons un groupe d’enquête et un groupe d’action. Nous nous sommes réunis mardi à 12 heures, et le soir nous avons commencé à travailler. Ça a duré six heures", indique-t-il.
"Si Libération continue à publier ces dessins, nous nous occuperons d’eux aussi", promet le jeune homme. Le quotidien accueille les équipes de Charlie Hebdo depuis la destruction des locaux.
Le site de Charlie Hebdo est à nouveau disponible. "Le compte Facebook de Charlie, dont la page Officielle est inondée de menaces islamistes, après avoir été bloqué par Facebook au prétexte grotesque que nous contrevenions aux conditions d’utilisation, est suspendu jusqu’à mercredi prochain", indiquent les équipes du journal sur le blog ouvert le lendemain de l'attaque.
Trois dessinateurs sous protection policièreJeudi soir, "aucune hypothèse" n'était exclue par l'enquête de la police judiciaire, qui disposerait "d'au moins un témoignage direct" pouvant mettre en cause deux hommes aperçus sur les lieux peu après l'heure supposée du début du sinistre. Les policiers ont également décidé "de se saisir des données informatiques" du journal afin "d'examiner dans le détail les menaces dont il a fait l'objet récemment". Par ailleurs, Charb, le directeur de la publication, Luz, dessinateur et Riss, le directeur de la rédaction, ont été placés sous protection policière, rapporte France Soir.
Charlie Hebdo et des associations ont appelé à se rassembler dimanche à 15 heures sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.
http://www.lepost.fr/article/2011/11/06/2631233_charlie-hebdo-pirate-si-liberation-continue-nous-nous-occuperons-d-eux-aussi.html#xtor=EPR-344-[NL_1144]-20111106