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Auteur Sujet: Le temps du mépris (fr.education.divers)  (Lu 1682 fois)

JacquesL

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Le temps du mépris (fr.education.divers)
« le: 11 décembre 2011, 06:57:10 pm »
Le message suivant est paru en anonyme, pour des raisons évidentes de crainte des représailles administratives, le 9 janvier 2005.
Sa première parution était sur "Lettres & Débats".

Un témoignage lu sur Lettres & Débats.
.....................................................................


On éprouve parfois le besoin de parler... Après le passage quasiment
cyclonique de certains inspecteurs il serait judicieux de vite mettre en
place une cellule d'écoute psychologique dans nos établissements... On
éviterait des congés inutiles, des dépressions, des poussées d'eczéma, le
trou de la sécu ...

Inspection hier...

Contexte : je suis au dernier échelon, la classe est une des plus dures du
collège, profil ZEP sans être en ZEP... Je suis habituée, j'ai navigué en
zone turbulente, sensible et autre, genre les 4000 de La Courneuve, pendant
plus de douze ans... (élèves non lecteurs, agressifs et insolents... tous
les collègues plus ou moins "bordélisés" ... - voir le début de ma prep
ci-joint...-, il n'est pas rare qu'une jeune collègue en sorte en pleurs...
le pied quoi!) Autres données : : j'ai fait depuis trois ans un travail
d'écriture considérable dans ce collège ( recueils de nouvelles, deux romans
de 145 et 184 pages qui tiennent la route, un cédérom sur les cyclones dans
le cadre d'un IDD, je poursuis ce travail d'écriture en troisième en
projetant un recueil de souvenirs d'enfance de 200 pages environ... et j'en
passe...) Travail sur informatique sans aucuns moyens, notamment horaires,
seule, sans aucune possibilité de travail en équipe,, tout se faisant sur la
base d'un volontariat réciproque élèves-prof : ils ont envie d'écrire et ils
écrivent bien... )
Donc, inspection : pour une fois, séance parfaite, pédagogiquement "au top"
selon moi (à cinquante-six ans on a de la bouteille et pas nécessairement
"madérisée"...), élève actifs, au travail, levant le doigt pour demander la
parole, l'idéal... Ils ont voulu me faire plaisir... Ces gosses qui peuvent
te rendre folle savent aussi faire des gestes... Cadeau de début d'année...

L'inspecteur : n'a pas vu que ces élèves étaient en  difficulté extrême(!),
ne maîtrisant pas les compétences de base, lire et écrire... Ainsi il me
reproche lourdement, crime de lèse-pédagogo, d'avoir fait une lecture
magistrale d'un texte ("La parure" de Maupassant), ce que je fais parfois
pour des raisons pédagogiques expliquées, ne jetant même pas un coup d'oeil
sur ma préparation de la séquence sur le récit réaliste, me demandant juste
ma progression annuelle, le cahier de texte et piquant ça et là quelques
cahiers d'élèves (non tenus bien sûr: ils jettent leurs copies à la poubelle
quand la correction ne leur convient pas!)... Entretien (le café et les
croissants n'ont pas été touchés, pipi, on n'en parle pas, ce gars-là sous
des allures bonhommes tient du chameau et du cactus, bonjour la convivialité
...) : il est totalement négatif d'un bout à l'autre de l'entretien,
critiquant tout et rien, se contredisant dans ses propres critiques,
n'admettant pas qu'on défende sa propre pédagogie, voulant imposer la sienne
qui semble être le fin du fin... Attitude pénible, infantilisante... Echange
complètement stérile, démoralisant, démobilisant... Un quart d'heure passé
pour me reprocher une date mal placée et un trait mal mis sous le titre
d'une séquence dans le cahier de texte (dont je lui fait remarquer au
passage qu'il ne sert qu'à lui dans cette classe où les élèves le perdent la
plupart du temps et où je n'ai vu que trois parents sur 27 depuis le début
de l'année...)

Résumé de "l'échange" :

Lui :"Vous ne ne me comprenez pas!"
Moi : "Vous ne m'écoutez pas!"
Lui: " Vous devez le faire!" (souligner un titre dans le cahier de texte)
Moi :" J'obéirai à vos ordre car vous êtes mon supérieur hiérarchique..."
(Yes Sir! Sourire en coin qui ne passe pas inaperçu...)
Lui :"Vous n'êtes pas convaincue..."
Moi :"Non!!!"

Rapport salace en perspective...

Et puis, le pire, cette indifférence quasi totale, que j'ai pris pour du
mépris et qui m'a profondément choquée pour l'énorme travail  (et ses
résultats : je lui ai transmis un dossier d'une tonne en décembre)  que
j'accomplis depuis des années ici, il n'a même pas voulu rencontrer les
élèves qui l'on fait et qui n'ont jamais été officiellement félicité, même
par l'administration du collège (seuls Patrick Chamoiseau et Raphaël
Confiant ont eu la gentillesse de me dire qu'ils avaient fait un travail
"formidable"... Que demander d'autre me direz-vous...) Travail donc, fait
modestement, dans l'ombre administrative... Avec mes seuls moyens, y compris
financiers... Tout au plus me "concède"-t-il (son mot favori) qu'il passera
un coup de fil au CRDP pour que ce travail soit publié... A suivre...
Ah oui, me reprochant aussi des exercices trop durs (qu'ils réussissent!!!)
pour cette classe qu'il a perçu pourtant comme "normale", car ces exercices
mettaient en jeu deux compétences : compréhension et grammaire, comme ce
labyrinthe ou cette remise en ordre ci-joints,  impossible à faire selon lui
sans avoir eu le texte en main... quasiment tous ont réussi... il ne me
croit pas... j'en reste les bras ballants, subodorant un coup monté, une
volonté, qui me dépasse, de me démolir...)

Bref (encore ): le sentiment d'une injustice profonde...

L' entretien collectif avec les profs de français se résume à faire passer
les ordres( les siens, sur le cahier de texte, par exemple), ceux du
ministre sur la dictée (que nous faisons intelligemment, ce qu'il semble
ignorer) et sur la grammaire  ( que nous faisons, ce qu'il semble
ignorer...)... Des considérations du genre :  ne vous estimez jamais en
vacances quand vous n'avez pas d'élèves, vous devez être disponibles
jusqu'au 15 juillet et si j'apprends que des billets Air-France (nous sommes
en Martinique) sont pris avant le départ des élèves ça ne se passera pas
comme ça... Considérations aussi sur l'intérêt pour les professeurs à
s'investir le plus possible dans des tâches administratives, à être présents
en permanence  dans les établissements (remplacements de collègues absents
en perspective...) où d'ailleurs la place et le rôle des chefs
(établissement) vont être de plus en plus importants... Bref radio-Fillon...

Alors, moi, je pense qu'il y a dans tout ça une attitude de droite (au
passage, mon appartenance au SNES et mon attitude non soumise par rapport à
tous les autres profs ou presque dont la langue tombait littéralement sur
les pompes de Môsieur l'Inspector, un certain passif dans cet établissement
où mes projets pédagogiques n'ont pas l'heur de plaire et où ma
participation au CA a toujours été houleuse (c'est un euphémisme), tout cela
a dû jouer, bien sûr...  Et laissez-moi penser aussi que les ministres qui
se succèdent rue de Grenelle (tous, dont Allègre) bien sûr, sont et étaient
aussi de droite, appliquant année après année une politique soumise aux
intérêts de qui vous savez, démolisant l'éducation encore et pour peu de
temps nationale pour ces même intérêts ... N'en déplaise à certains, il
pleut où c'est mouillé et "La Reproduction" de Bourdieu/Passeron garde pour
moi une certaine valeur d'analyse... Je pense qu'il y a une attitude "de
gauche", faite d'écoute, de compréhension, de chaleur humaine, d'une volonté
de mettre les profs en situation de partage, d'échange... Comme disait mon
père, qui fut doyen de l'IG en philosophie, ce terme d'inspecteur ne
convient pas, celui de conseiller serait souhaitable, toute une
révolution... Quand aux méthodes, par pitié, laissez-nous respirer et les
adapter à nos classes! J'ai connu une inspectrice qui ne jurait que par la
méthode globale : elle a été suspendue pour des propos plus ou moins
racistes  et ses affinités d'extrême-droite étaient connues...

Faux débat! Redonnez-nous d'abord des heures en français et ça ira mieux...
Mais c'est un problème de fric... Et le fric c'est pas une histoire
politique, ça?

Pardon pour ce long défoulement, ça fait du bien... Et gardez-moi
l'anonymat, je crains les représailles! On en est là!

Viva la libertad!

Une enseignante de français totalement découragée mais qui ira tout de même au
feu lundi... pour les élèves...


Fin de citation.
Voici maintenant les réponses qui m'ont paru les plus intéressantes.


Mais qu'est-ce qu'un inspecteur vient donc faire dans la classe d'un vieux (ou vieille) prof au dernier échelon (Et peut-être hors-Classe) de 56 ans, soit à quatre ans de la retraite??? (Il est vrai que la loi scélérate de Fillion-Raffarin-Chirac l'incite à faire quatre ans de plus!!)
La réponse est simple: l'intérêt n'est pas de savoir si ça se passe bien ou pas, non. EN effet:
1) il doit se déplacer: pour sa hiérarchie, il faut qu'il "inspecte", alors il doit tenir son quota.
2) inspecter un vieux, c'est plus cool, il n'aura pas besoin de donner des conseils à un jeune ni de répondre à des questions embarrassantes: de toute façon, il n'en a pas à donner, il ne sait pas quoi répondre de cohérent, et il n'y connaît rien aux gamins de maintenant puisque c'est à cause de sa perte d'autorité ou de sa "démotivation" qu'il a passé le concours il y a déjà quelques temps.
3) ça lui permet de se défouler, le prof ne risquant rien.
4) ça lui fera des frais de déplacement pour remplir sa feuille annuelle de frais réels.


N.B.: j'ai bientôt 59 ans, je suis un de ces vieux cons de profs qui aiment encore ce qu'ils font, et "qui pissent comme ils pleurent sur les  ..." bureaucrates. (Que J.Brel me pardonne ce bout de citation)
--
" La vie est un long fleuve tranquille" a dit quelqu'un.
Tranquille, tu parles!! Un torrent furieux, oui!
F.Fromenty, Père Formant
http://home.tele2.fr/Old_Timer/



>Mais qu'est-ce qu'un inspecteur vient donc faire dans la classe d'un
>> vieux (ou vieille) prof au dernier échelon (Et peut-être hors-Classe) de
>> 56 ans, soit à quatre ans de la retraite???

-----------------
Elle ne doit pas être à la hors-classe, il vient pour l'instant chercher un
prétexte pour ne pas la lui octroyer...

Par la suite, si leurs projets machiavéliques de hors-classe exclusivement
au "mérite", et de salaire pour un tiers au "mérite" et non plus à
l'ancienneté, passent, ils ne vont plus inspecter QUE les vieux, pour les
descendre en flammes, eux et leurs salaires, en particulier la dernière
année. Comme la retraite est calculée sur le salaire des 6 derniers mois,
vous voyez d'ici les économies substantielles que ça fera....Vous savez bien
que ces messieurs considèrent les retraites comme un affreux gaspillââââge!
(et les salaires aussi d'ailleurs, ainsi que les soins médicaux et les
allocations-chômage, entre autres)

Seuls les masochistes incurables iront travailler le 20 janvier, au lieu de
se mettre EN GREVE avec toute la fonction publique!!!!!!