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Auteur Sujet: "A bas l'enseignement de l'évolution !", offensive intégriste U.S.  (Lu 2345 fois)

JacquesL

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http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3238,36-643115,0.html

Inquiétante offensive des créationnistes américains
LE MONDE | 26.04.05 | 13h07  Pennsylvanie, Kansas, Géorgie... La liste s'allonge. Depuis quelques mois, les initiatives se multiplient aux Etats-Unis pour introduire le doute sur la théorie de l'évolution. Pour les partisans de Darwin, cette offensive s'inscrit dans le droit-fil de la réélection du président Bush. Après l'avortement et le mariage gay, l'évolution est en train de devenir le nouveau champ de bataille de l'une de ces culture wars qu'affectionnent les Américains.

Créationnisme contre évolution : la querelle est ancienne. Le procès de John Scopes, en 1925, figure dans tous les manuels d'histoire. Le professeur de biologie fut poursuivi ­ et condamné à une amende de 100 dollars ­ pour avoir enseigné les théories de Darwin. Il a fallu attendre 1987 pour que la justice interdise définitivement l'enseignement du créationnisme, au nom de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Depuis, les fondamentalistes se présentent comme les victimes d'une pensée dominante. Ils ne réclament pas que l'on enseigne le créationnisme dans les écoles, mais que l'on mette fin à la "censure"  et que l'on admette que l'évolution puisse être contestée, ce qui, pour l'immense majorité des scientifiques, relève de l'hérésie.

L'offensive actuelle s'exerce surtout au niveau des programmes scolaires. Aux Etats-Unis, les écoles publiques dépendent de conseils d'administration qui sont élus à l'échelon des comtés. Il suffit d'une majorité au school board pour modifier les programmes. Dans une vingtaine d'Etats, les militants ont introduit des mesures pour affirmer que Darwin n'est pas infaillible. Dans le comté de Cobb, en Géorgie, les créationnistes ont relancé l'une des principales techniques employées depuis les années 1970 : la mise en garde sur les manuels de biologie. Un autocollant a été apposé sur la page de garde : "Ce livre contient des informations sur l'évolution. L'évolution est une théorie, pas un fait, relative à l'origine des êtres vivants. Ces informations doivent être approchées avec un esprit ouvert, étudiées soigneusement et considérées avec un esprit critique".  Le 13 janvier, un juge a ordonné le retrait des autocollants. Les créationnistes ont obtenu un délai de grâce jusqu'à la fin de l'année scolaire et ils ont fait appel.

Les conseils scolaires sont relayés à l'échelon politique local. En janvier, un sénateur du Mississippi a introduit une proposition de loi visant à assurer"un traitement égal"  pour les deux théories. Dans ses attendus, le texte affirme que la théorie selon laquelle l'Univers trouve son origine dans l'oeuvre d'un "créateur tout-puissant"  est "aussi satisfaisante sur le plan scientifique que l'évolution" . Et, ajoute-t-il, de nombreux citoyens "sont convaincus que l'endoctrinement exclusif de leurs enfants dans le concept de l'évolution est un acte d'hostilité à l'égard de leur foi" .

La proposition a été rejetée, tout comme celle qui a été introduite dans l'Arkansas. Dans l'Alabama, c'est une variante qui a été soumise aux législateurs, sur la "liberté en milieu éducatif" ; liberté de présenter des alternatives à l'évolution.

UNE FORCE SUPÉRIEURE

Dans le Kansas, théâtre d'une grande bataille en 1999, le Conseil des écoles, ramené au pouvoir par les élections de novembre 2004, a remis sur le métier son projet de modification des programmes. La définition même de "science"  est révisée. Terminologie actuelle : la science est "l'activité humaine qui consiste à chercher des explications naturelles à ce que nous observons autour de nous" .

Langage proposé : la science est "une méthode systématique d'investigation"   qui cherche des "explications adéquates aux phénomènes naturels" . Les explications "naturelles"  ont disparu.

Sur l'arbre de vie de Darwin, les responsables éducatifs du Kansas proposent de souligner que cette "vision que les êtres vivants sont les descendants modifiés d'un ancêtre commun"  a été "remise en question ces dernières années" , notamment par la découverte de fossiles qui témoignent de "soudaines explosions d'une complexité accrue"  ("the Cambrian Explosion" ). Aucune des propositions n'a encore été adoptée. Les juges ont endigué, de leur côté, les "opérations autocollants" . Mais les scientifiques s'inquiètent d'avoir vu apparaître un adversaire professionnalisé et bardé d'un nouveau concept, l'Intelligent Design (ID). Le "dessein intelligent" .

DES MILITANTS LOCAUX

"En 1999, nous avions affaire à des militants locaux, de jeunes créationnistes qui croient que la Terre s'est créée en moins de dix mille ans, explique Jack Krebs, un professeur du Kansas qui dirige le comité de révision des programmes de biologie et essaie d'endiguer les efforts créationnistes. Aujourd'hui, on retrouve exactement les mêmes, mais ils sont aidés par les responsables du Discovery Institute".  Cet institut, installé à Seattle en 1996, est une sorte de think tank du mouvement créationniste. "Cela leur permet de présenter un défi beaucoup plus sérieux" .

Le "dessein intelligent"  est décrit comme la version "séculaire"  du créationnisme. Il n'est plus question nominalement­ de Dieu, mais d'une force supérieure qui ne peut qu'être à l'origine de cette chose si compliquée qu'est la vie. Les partisans de l'ID soulignent la perfection de la mécanique des cellules, "les lignes d'assemblage, les centrales thermiques, les unités de recyclage, et les monorails miniatures qui véhiculent les éléments de part et d'autre de la cellule". Bien trop sophistiqué, selon eux, pour être le fruit du hasard ou de l'évolution.

L'un des promoteurs du "dessein"  est Michael Behe, professeur de biologie et auteur du livre Darwin's Black Box : the Biochemical Challenge to Evolution. Pour lui, il n'y a pas incompatibilité. Pourquoi la science ne pourrait-elle pas "accepter l'idée d'un dessein" ? De plus en plus de scientifiques "voient un rôle à la fois pour l'empirisme de l'évolution et pour l'élégance du dessein" , assurait-il le 7 février dans le New York Times.

Selon ces néocréationnistes, la biochimie a mis Darwin à l'épreuve. "Combien d'évolutionnistes accepteraient l'idée que des changements aléatoires dans un programme informatique produisent une version améliorée ?", interroge l'un d'eux. "Pourtant, c'est exactement ce qu'ils essaient de nous faire croire quand l'ADN subit une mutation au cours du processus d'évolution."

Les créationnistes jouent sur du velours. Selon un sondage CBS de novembre 2004, 55 % des Américains croient que "Dieu a créé les humains dans leur forme actuelle"  (67 % des républicains ; 47 % des démocrates). 13 % seulement croient que Dieu n'y est pour rien. Et 27 % adoptent l'idée d'une oeuvre conjointe : "Les hommes ont évolué. Dieu a guidé le processus."  A 65 %, les Américains veulent que le créationnisme soit enseigné en même temps que l'évolution.

Les professeurs de biologie, eux, sont en état d'alerte. A Dover, en Pennsylvanie, lorsque le Conseil des écoles a recommandé, en janvier, de lire aux élèves un préambule affirmant que l'évolution est une "théorie, pas un fait" , huit d'entre eux ont refusé.

Selon un sondage réalisé fin mars, 31 % des professeurs se déclarent soumis à des pressions de la part de parents ou d'élèves pour inclure le créationnisme ou l'ID dans le programme. Le 4 mars, l'un des responsables de l'Académie des sciences, Bruce Alberts, s'est ému dans une lettre à ses collègues : "L'un des fondements de la science moderne est actuellement négligé, voire même banni, des cours de sciences."  Il les a appelés à relever un "défi croissant" , enseigner l'évolution dans les écoles publiques.
Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 27.04.05


Les enseignants de biologie ont du souci à se faire...
« Modifié: 13 décembre 2011, 05:17:13 pm par JacquesL »

JacquesL

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Re : "A bas l'enseignement de l'évolution !", offensive intégriste U.S.
« Réponse #1 le: 13 décembre 2011, 05:23:28 pm »
L'évolution est une évidence paléontologique.

C'est aussi une évidence pour l'anatomiste, pour le physiologiste,
pour le généticien.
En neurosciences, nous serions amputés sans les nombreux guides par
l'évolution, sans les parentés plus ou moins lointaines avec d'autres
branches cousines. Notre vision colorée est la même que celle des
autres primates diurnes. Ce que nous apprenons du détail de la
neurophysiologie de la vision chez le macaque est valide chez l'homme.
Nos hormones et nos polypeptides sont les mêmes.
Pour faire un modèle animal partiel de la schizophrénie, ne serait-ce
que pour un premier criblage des molécules psychotropes à considérer
comme "antipsychotiques", on s'appuie évidemment sur l'identité des
rôles des noyaux amygdaliens chez le rat et chez l'homme.

Et des exemples comme celui-là, il y en a des milliers d'autres.
L'évolution est au delà de l'évidence.

Mais faire la théorie génétique globale des populations et des spéciations, c'est un défi d'une autre taille.

C'est l'évidence de l'évolution et de la parenté entre espèces, qui
permet de renvoyer dans les poubelles de l'Histoire, dans un grand
éclat de rire, d'autres mythologies, telles que le mythe de "instinct
maternel = envie refoulée du pénis
", de l'illustre Sigmund. Mythe
repris servilement par de nombreux congressistes freudiens, d'où leurs
phrases comiques en "Si l'instinct maternel, je veux dire l'envie du
pénis, ...
"

Dans la mythologie freudienne, comment expliquer le geste de la femme
du vétérinaire ? Il s'apprêtait à tirer la fléchette anesthésiante à
la femelle gorille, conformément à la demande du Zoo : son bébé est
mort depuis plus de quatre jours, et elle s'obstine à le tenir, elle
est inapprochable, il faut pouvoir l'en séparer avant qu'elle soit
contaminée par la septicémie de la charogne.
L'épouse du vétérinaire interrompt le geste de son mari, et entre
seule dans la cage. Elle va à la mère en deuil, et lui entoure
l'épaule de son bras, lui signifiant : "Je comprends ce qui t'est
arrivé", la cajole discrètement et doucement. Au bout de quelque
temps, la mère donne le petit cadavre à cette femme inconnue. Voilà,
il suffisait de partager le deuil d'une mère meurtrie, et de mère à
mère, il est plus facile de partager ce genre de souffrance indicible.

Sans l'évolution, comment cette parenté de sentiments ?
Nos cousins gorilles ne sont pas des idiots. Il faut avoir vu la
séquence du gorille examinant sous toutes ses faces, tête couchée au
sol, le cadavre d'un petit oiseau. Voyant cette séquence, Konrad
Lorentz se serait exclamé : " Vous êtes en train d'admirer le premier
zoologue !
"

Pour en rester avec ces cousins-là, vous aviez peut-être vu les images
et vidéos de cette étudiante américaine en éthologie (Barbet ***?),
qui avait élevé une femelle gorille dans sa caravane sur le campus.
Elle rechignait très fort à restituer la "guenon" à un zoo. On la
comprend ! Il était clair à la vidéo, que les deux femmes s'adoraient,
même si la femme velue et noire ne parlait pas...


Voir aussi détaillée l'anomalie de montage des yeux des vertébrés, à
http://www.lemanlake.com/french/sciences_preuves_5.htm


bachi a dit :
Citer
Le chainon manquant.
C'est la phase mi-singe mi-homme, il reste à trouver un échantillon ayant ces caractérisques pour confirmer la théorie de l'évolution.

L'évolution demeure un fait incontestable, largement au delà de l'évidence.
Mais la fossilisation reste un phénomène rare, exceptionnel. Les archives paléontologiques sont donc condamnées à rester très lacunaires. Notamment les animaux forestiers, tels que singes et oiseaux chanteurs, sont condamnés à ne jamais laisser de fossiles dans leur milieu, la forêt. Seul un marécage, ou une migration à un moment exceptionnel (une éruption volcanique cendreuse, p.e.) peut nous donner cet accident géologique qu'est la fossilisation. D'où la systématique si incertaine des oiseaux, notamment des passereaux.

Des faunes éocambriennes ne nous sont connues que par un seul site. La faune dite de Burgess (560 MA), par ce seul site de schistes en Colombie Britannique ; la faune d'Ediacara par ce seul site, en Australie. Avant ? Entre ? Peu après ? Rien : pas d'archives connues à ce jour.

Donc ne pas compter sur les fossiles pour nous renseigner sur la spéciation. Seuls des phénomènes actuels peuvent nous guider. Par exemple la flore autour du désert du Nouveau Mexique n'est pas interféconde à n'importe quelle distance, notamment jamais de part et d'autre : la distance génétique par isolation est devenue trop grande. Même phénomène pour les espèces de poissons d'eau douce tout autour du Japon : l'interfécondité décroît avec la distance géographique, et cesse au delà de tant de kilomètres (une ou deux centaines, de mémoire).

On sait aussi que la variation génétique des populations est indispensable pour n'offrir aux parasites viraux et microbiens qu'une cible mouvante. C'est la faiblesse du stock génétique amérindien, plus leur dispersion clairsemée sur de grandes distances, qui a fait des amérindiens des gens si vulnérables aux maladies courantes sur l'Asie et l'Europe. Sur l'Eurasie, plus peuplée, et théâtre de mouvements migratoires et guerriers de grande ampleur, avaient été sélectionnées des souches résistantes. Notamment la peste noire, qui avait réduit les populations européennes d'un tiers, a sélectionné aussi des gènes responsables de la résistance au virus HIV : il n'y a que chez nous qu'on rencontre des gens génétiquement résistants à ce virus, contaminés mais non malades.

La nomenclature évolutionniste des parties du cerveau laisse encore à désirer. On a longuement erré quant au raccordement phylogénétique des cerveaux d'oiseaux avec ceux de nos ancêtres communs. Or il faudrait remonter vers 290-300 millions d'années (Carbonifère supérieur) pour nous trouver des ancêtres communs, plus vieux encore que les théropsides, mais parmi les amniotes. Récemment, on nous enseignait ques les structures limbiques, dites de l'archicortex, notamments les hippocampes, viendraient des premiers mammifères, vers le Jurassique. Tarataboum, les hippocampes existent déjà chez les poissons, écrivent certains auteurs, et servent déjà au stockage des couples lieux-événements... Donc ces structures remonteraient aux gnathostomes du Dévonien, dans les 370 MA.

Pour tâcher de lever les doutes, on explore les structures biochimiques, les répartitions de neurones utilisant tel neuropeptide, etc. etc. Bien du travail encore.

Quant aux détails de l'évolution de nos ancêtres, on en discute toujours, à mesure de la découverte de nouveaux fossiles, toujours si incomplets.

La dernière émission de la série télévisée s'est intéressée la transition probable d'il y a 50 000 ans : le Sapiens Sapiens parlait, parlait beaucoup, et fit de grandes transmissions culturelles. Ils ont ainsi évincé les Sapiens Neanderthalis, qui étaient beaucoup plus modestes dans leurs ambitions, et dans leur impact sur l'environnement.

Comme tu l'as remarqué sur ReseauContact, puis sur Rezoville, en moyenne les deux tiers de la communication chez les Sapiens Sapiens, sont consacrés aux commérages. Plus des deux tiers chez les Sapiens Sapiens femelles...

JacquesL

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Choix de lectures par Gilles Escarguel, sur fr.sci.paleontologie
« Réponse #2 le: 13 décembre 2011, 05:24:11 pm »
Choix de lectures par Gilles Escarguel, sur fr.sci.paleontologie :

>> Quelqu'un peut-il me conseiller un ou plusieurs sites web de référence
>> (sérieux, scientifique, concis, complet, à jour...) et/ou des livres
>> sur l'évolution.


Bonjour,

En fait, tout dépend de ce que vous cherchez, et de votre capacité à
lire des textes scientifiques en anglais...

En matière d'internet, le meilleur portail d'entrée sur le sujet est le
"Talk Origins" -- http://www.talkorigins.org . Relativement précis et
concis, "up-to-date", constamment enrichi et assez bien illustré.
Surtout extremement riche en liens divers et variés renvoyant à une
foultitude de données et documents déjà triés pour leurs qualités
scientifiques et/ou pédagogiques. Si ce que l'on recherche consiste en
une ou des phylogénies, alors un bon portail d'entrée est le "Tree of
Life Project" -- http://tolweb.org/ . De nombreuse pages de textes
accompagnent la plupart des arbres phylogénétiques proposés, notamment
pour expliquer comment ces hypothèses ont été produites et pour discuter
des principaux problèmes restant.

En matière de livres (en français !), on peut les diviser en deux
grandes catégories : ceux, plutot géologico-paléontologiques, qui
parlent de l'Histoire de l'Evolution (les "patterns"), mais qui n'ont
sur le fond pas grand chose à dire sur les mécanismes biologiques (les
"process") causes de cette évolution ; et ceux, plutot biologiques, qui
parlent donc des mécanismes (génétiques, ontogénétiques, écologiques,
éthologiques, etc.) causes de l'Evolution.

Dans la première catégorie, je connais en fait assez peu de livres
généralistes raisonnablement "up-to-date" sur ce sujet (le tome 2 du
Précis de Géologie de Brousse,
Aubouin & Lehman est très largement dépassé de ce point de vue...). L'
"Histoire de la Terre" d'Elmi & Babin (Masson, 1994, 173p.) constitue
une introduction économique, scientifiquement honorable et
pédagogiquement très correcte, à la géologie historique. "Le Livre de la
Vie", publié au Seuil sous la direction de Gould dans les années 1990,
est en complément une excellente introduction très bien illustrée, même
si très américano-centrée, à l'Histoire de la Vie. Pour ce qui est de l'
Histoire des Mammifères en particulier, "Une brève histoire des
mammifères", de J.-L. Hartenberger (Belin-Pour La Science, 2001, 288p.),
est très instructif et agréable à lire. Dans un autre style, "Les
fossiles, témoins de l'Evolution" (Belin-Pour la Science, 243p.)
présente un ensemble d'articles de Paléontologie et Evolution publiés
entre 1981 et 1990 dans Pour la Science. Même si cela commence à dater
un peu, la très grande qualité pédagogique et iconographique de
l'ensemble en fait une excellente introduction au sujet. Plus
académiques (manuels universitaires premier cycle), il y a le
"Paléontologie des Invertébrés", de R. Enay, et le "Paléontologie des
Vertébrés", de J. chaline, tous deux chez Dunod. Très pédagogiques, même
s'ils commencent à dater un peu tous les deux et que l'illustration
n'est pas franchement très sexy...

Dans la seconde catégorie, le choix dépend beaucoup de votre niveau de
formation universitaire... Bien entendu, lire "L'Origine des Espèces" de
Darwin (plusieurs éditions françaises différentes existent, y compris en
livre de poche : GF-Flammarion, 1992, 604p.) lorsqu'on s'intéresse à
l'évolutionnisme paraît difficilement contournable, ne serait-ce que
pour la beautée intrinsèque de ce très grand texte. "Les héritiers de
Darwin", de M. Blanc (Seuil, 1990, 266p.), est une introduction claire
et pédagogique, à ce qu'est -- et n'est pas -- la Théorie Synthétique de
l'Evolution. E. Mayr, un des grands acteurs de la Synthèse actuelle, a
écrit de nombreux livres sur le sujet ; entre autres, "Darwin et la
pensée moderne de l'Evolution" (Odile Jacob, 1993, 248p.) est une
remarquable introduction à la TSE, ainsi qu'un résumé accessible de
l'épistémologie de ce grand évolutionniste mort il y a peu de temps. En
matière de manuel universitaire, "Evolution Biologique", de M. Ridley
(De Boeck Université, 1997 pour la traduction en français de la 2nd
édition anglaise -- je ne sais s'il existe plus récent --, 719p.) est
surement ce qui se fait de mieux en français.

A+

Gilles.


Suite de recommandations de lecture de Gilles Escarguel :


En fait, il existe pas mal de choses assez sérieuse et bien faites en
français, mais soit à un niveau très très basique, soit à un niveau
assez élevé. C'est dans le niveau intermédiaire d' "amateurs éclairés"
qu'il n'y a pas grand chose, en tous cas rien de comparable avec ce
qu'on peut trouver en anglais... La raison est essentiellement
économique -- pas assez rentable pour les éditeurs.


>>
>
>>> > pédagogiquement très correcte, à la géologie historique. "Le Livre de la
>>> > Vie", publié au Seuil sous la direction de Gould dans les années 1990,
>>> > est en complément une excellente introduction très bien illustrée, même
>>> > si très américano-centrée, à l'Histoire de la Vie.
>
>> Excellent ouvrage, en effet, tres complet et facile à lire.
>> De SJ Gould, j'ajouterai que toute sa littérature est interessante à
>> lire, parmi lesquels : La foire au dinosaures, la vie est belle, le
>> pouce du panda...


Ses recueils d'articles traduits initialement publiés en anglais dans la
revue de vulgarisation "Natural History" sont tous excellents, c'est
vrai. Pour "la vie est belle", là, je suis beaucoup plus critique.
L'analyse gouldienne de l'explosion cambrienne a été très efficacement
discutée depuis 15 ans, et de nombreuses nouvelles découvertes,
notamment en Chine, et re-descrïptions de fossiles du Burgess ont assez
clairement montré qu'il y avait de sérieux problèmes avec cette
interprétation. Personnellement, je ne conseille plus à mes étudiants de
lire ce livre : si on s'intéresse à ce sujet, il y a mieux, plus
"solide", plus conforme au registre fossile -- mais en anglais...
Quoique le débat s'est considérablement compliqué depuis 2-3 ans
maintenant du fait du passage du côté obscur de la force (Intelligent
Design & Co.) d'un des spécialistes de ces faunes !...  :-(

A+


Puis :

>Qu'est- ce qui fait donc plus autorité actuellement ?


Bonjour,

Avant tout, des dizaines d'articles spécialisés traitant de tel ou tel
bestiaux, publiés dans des revues scientifiques non-disponibles (ou
alors, faut payer, et c'est cher...) pour le grand public (entre autres
revues ayant publiés dans les 15 dernières années des articles relatifs
à l'explosion cambrienne en général, et aux faunes retrouvées dans les
schistes du Burgess en particulier : Palaeontology; Journal of
Paleontology; Palaios; Lethaia; Geobios; Paleobiology; Transactions of
the Royal Society of Edinburgh; Philosophical Transactions of the Royal
Society of London; Proceedings of the Royal Society of London; Canadian
Journal of Earth Sciences; Palaeontographica Canadiana Monograph; Acta
Zoologica; American Journal of Science; Palaeogeography,
Palaeoclimatology, Palaeoecology; Trends in Ecology and Evolution;
Proceedings of the National Academy of Sciences, USA; Science; Nature; etc.)

Un (seul) bouquin accessible fait le point sur cette "re-lecture" des
fossiles du Burgess : "The Crucible of Creation: The Burgess Shale and
the Rise of Animals", par Simon Conway Morris (Oxford University Press,
1999: 279 p.). Conway Morris est un excellent paléontologue, surement un
des meilleurs morpho-anatomiste de ces curieuses bestioles du début du
Cambrien -- ce que n'était pas Gould. L'immense intérêt de ce livre est
la présentation "up-to-date" des différents bestiaux identifés au
Burgess, et notamment de leur (ré-)inteprétation systématique et
phylogénétique -- là où "La vie est Belle" est le plus criticable.
L'immense problème soulevé par ce bouquin est la "philosophie
evolutionniste" qu'il sous-tend, Conway Morris ayant une vision très
finaliste et anthropocentrique de l'Evolution (il est malheureusement
tombé dans l'Intelligent Design au début des années 2000, comme il
l'explique très clairement dans son livre plus récent "Life's Solution:
Inevitable Humans in a Lonely Universe", paru en 2003...).

En bref, il faut lire Conway Morris pour la Science paléontologique liée
à l'Explosion Cambrienne, mais surtout pas pour l'Epistémologie qu'on
peut en extraire, et il faut lire Gould pour l'Epistémologie de
l'Explosion Cambrienne, mais surtout pas pour la Science paléontologique
qui va avec !...

Pffff, pas simple la Vie -- même si elle est belle !!!  :-)

A+

Gilles.