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Auteur Sujet: Quand les écologistes soutenaient Pol Pot  (Lu 1562 fois)

JacquesL

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Quand les écologistes soutenaient Pol Pot
« le: 05 mai 2012, 01:34:00 pm »
http://alerte-environnement.fr/?p=4327

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Quand les écologistes soutenaient Pol Pot
29 juin 2011

Depuis le 27 juin 2011, quatre anciens hauts responsables du régime Khmer rouge sont jugés devant les Chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens (CETC) pour génocide. En effet, sous le règne de Pol Pot, de 1975 à 1979, environ 1,7 million de personnes, soit 21% de la population cambodgienne, ont été exécutées ou ont péri de faim, de maladie ou d’épuisement dans des camps de travail agricoles. Tout cela est bien connu. C’est l’occasion pour nous de rappeler que, en Occident, Pol Pot avait à l’époque de fervents supporters : les écologistes !

Tout d’abord, il y a un article paru dans The Ecologist de juillet 1975 intitulé « The City is Dead » – La ville est morte. Alors, il ne s’agit pas d’une quelconque tribune libre ou d’une rubrique « opinion » écrite par un obscur scribouillard de seconde zone. C’est l’éditorial de la revue, rédigé par Robert Allen, rédacteur en chef adjoint de The Ecologist, responsable des publications à l’UICN et coauteur avec Teddy Goldsmith du célèbre Changer ou disparaître (1972), véritable bible des écologistes des années 70. Que dit Robert Allen ? Pour bien souligner la convergence avec le projet de Pol Pot, Robert Allen rappelle d’abord quelques convictions essentielles exprimées dans la revue : « Depuis sa fondation il y a 5 ans, The Ecologist défend la revitalisation de la communauté rurale. Dans le numéro de décembre 1970, par exemple, Edward Goldsmith (…) avance que la seule société stable pouvant rendre heureux ses membres est celle qui est composée de petites communautés autorégulées clairement liées au reste de la nature. » De là, il s’enthousiasme pour la révolution Khmer rouge : « L’abandon par le Cambodge de l’économie urbaine est donc d’un intérêt particulier pour nous (…). Ils semblent faire de leur mieux pour s’assurer que le parasitisme urbain ne puisse pas à nouveau se produire. Ils ont fermé les usines, détruit l’approvisionnement urbain en eau, démoli les banques, brûlé leurs archives et tout le papier monnaie sur lesquels ils pouvaient mettre la main. Ils sont retournés au système du troc. » Il ajoute : « Outre l’utilisation du métal d’équipements militaires détériorés pour en faire plein d’instruments, de la faux aux couverts, les Khmers rouges encouragent l’utilisation de médicaments traditionnels, affirmant qu’ils sont aussi efficaces que ceux importés. » Robert Allen décrit « Phnom Penh désertée pour la campagne » comme le « symbole du futur », et n’hésite pas à y voir une source d’inspiration : « Si le Cambodge réussit à forger une économie rurale décentralisée, cela nous forcera à réévaluer la prison de l’industrialisme. » Ce qui le fait conclure : « Ils méritent nos meilleurs vœux, notre sympathie et notre attention. »

N’allez pas croire maintenant que Robert Allen écrivait ces lignes ignorant les milliers de morts causées par l’évacuation des villes cambodgiennes et les avertissements sur les risques de génocide. L’écologiste britannique en parle, mais en exprimant sa « frustration » face aux informations « déformées par la perplexité et l’hostilité de la presse ». Il affirme ainsi que « contrairement aux prédictions des Américains, il n’y a pas eu de bain de sang ». Robert Allen s’offusque que des journalistes aient dépeint les Khmers rouges comme des « monstres totalitaires » et s’indigne que « certains commentateurs aient exprimé leur préoccupation concernant le fait que beaucoup de cambodgiens vont mourir de faim avec un retour si précipité à l’économie rurale ». Et quand il cite un représentant des Nations unies qui avertit que « ce que les Khmers rouges font est purement et simplement un génocide », Robert Allen introduit dans la citation un « sic » de protestation ! Il se moque de ceux qui « semblent croire que la nourriture pousse seulement dans les magasins » et prédit : « Etant donné la terre disponible et l’injonction de la travailler, ils vont rapidement se nourrir de façon suffisante. » On connaît la suite de l’histoire…

Les écologistes français ne sont pas en reste. Ils ont, eux aussi, été de chauds partisans des Khmers rouges. Ainsi, dans un numéro de mai 1975 de La Gueule Ouverte, le premier journal écologiste français, Arthur (Henri Montant de son vrai nom) dénonce d’abord la presse française qui « chauffait ses lecteurs à blanc » en annonçant que « au Cambodge, il se passait des horreurs pas racontables, des pogroms de blancs tout à fait insoutenables ». Avant de louer les Khmers rouges : « Quelle leçon de ces paysans khmers en guenilles, de ces révolutionnaires en culotte courte, de ces paysans déportant une ville entière à la campagne dans le pur style Alphonse Allais. Si massacre il y eut, ce fut un massacre des symboles, un massacre de l’objet. Une révolte radicale, prolongement de la révolte noire de Watts au USA et en quelque sorte aussi de mai 68 en France, contre la société de consommation, contre ce règne de la pacotille où trône la marchandise. Là est le vrai sacrilège pour un esprit occidental (bourgeois ou non). (…) Piller les magasins, brûler les bagnoles, pisser sur le matériel hifi, casser les montres, bref tourner le dos au « progrès industriel » et au catalogue de la Redoute réunis, alors là, c’est vraiment un CRIME ! » L’écologiste se met alors à rêver qu’une telle révolution puisse survenir en France : « Les paysans khmers envahiraient la France, ils enverraient la rédaction du Nouvel Obs, (temple moderne de l’objet), repiquer les poireaux, et le spectacle des Parisiens binant les champs de patate et sarclant les plaines de la Beauce ne manquerait pas de sel. Ah, voir les bourgeois de St Germain en Laye partant sur les routes relayer les mineurs de Lorraine, J.J.S.S. en maillot de corps trimant à Usinor et Giscard à la plonge de la cantine, voir ça une fois et mourir. » Toutefois, Arthur, un peu désespéré, ajoute : « Mais ne rêvons pas ! La classe révolutionnaire française est à créer. Il n’y a rien à attendre de la social-démocratie adipeuse qui louche sur le trône giscardien. »

Heureusement pour nous, cette classe révolutionnaire française, ils n’ont pas réussi à la créer !

Sources

Robert Allen, « The City is Dead », The Ecologist, vol. 5, n°6, juillet 1975.

Arthur, « Mai 75 au Cambodge », La Gueule Ouverte, n°53, 14 mai 1975.