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Auteur Sujet: Un exemple d'immaturité psychiatrique : le cas Gaillard-Canarelli.  (Lu 2683 fois)

JacquesL

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http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/11/14/a-marseille-une-psychiatre-sur-le-banc-des-prevenus_1790218_3224.html
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/18/la-psychiatre-d-un-patient-meurtrier-condamnee-a-un-an-de-prison-avec-sursis_1807975_3224.html

La profession des psychiatres dans la salle faisait tout le raffut qu'elle pouvait, pour protester contre la mise en examen de Danièle Canarelli.
Ils ont raison sur un point : le préfet et la préfecture aussi sont coupables.

La psychiatre est demeurée prisonnière de ses émotions, de ses mobiles transféro-transférentiels : on néglige de se faire superviser, quand on sort de fac de médecine.
Citer
Le docteur Canarelli se refuse pourtant à poser ce diagnostic. Elle lève régulièrement les mesures d'hospitalisation d'office et lui accorde des permissions de sortie. Au président qui lui demande pourquoi elle n'a pas suivi les recommandations de ses confrères sur la nécessité de soumettre Joël Gaillard à un cadre psychiatrique plus contraignant, elle répond: "On ne peut pas toujours être dans la coercition." "Mais comment soigner un patient qui n'est pas consentant autrement que par la coercition?", intervient le président. "J'étais dans une relation de confiance avec lui. Il venait à tous les rendez-vous, ce qui est rare, et il n'y avait aucun incident de comportement pendant les hospitalisations. Le consentement du patient est essentiel si l'on veut engager une relation thérapeutique dans la durée."

Fabrice Castoldi plonge dans le dossier, en extrait un bout du rapport du docteur Archambault: "Au fil des années, le docteur Canarelli n'a pas tenu compte des avis des différents psychiatres et experts qui avaient formulé un diagnostic particulièrement clair. Il y a eu en quelque sorte un enfermement dans le déni, le déni de Joël Gaillard ayant entraîné un déni de l'équipe soignante." Elle répond: "C'était un patient plus compliqué que les autres. J'étais confrontée à une énigme. J'étais convaincue qu'il présentait une pathologie psychotique mais j'étais embarrassée par l'absence de symptômes."

Le président lui demande alors, abruptement: "Mais pourquoi n'avez-vous pas passé la main?

– Ce n'est pas si facile que ça de passer un patient à une autre équipe.
"

Pour Danièle Canarelli, la principale difficulté est à venir. En février2004, de nouveaux clignotants s'allument. La sœur de Joël Gaillard prévient le médecin que son frère est très agressif et qu'il profère des menaces de mort. Au même moment, le patient ne se présente pas à un rendez-vous avec sa psychiatre car il s'est blessé à la main et doit subir une opération. Les conditions de la blessure – une coupure grave, à la suite d'une altercation à l'arme blanche – inquiètent le docteur Canarelli qui demande son transfert dans son service psychiatrique après l'opération. Lorsqu'il se présente quelques jours plus tard devant elle, elle lui annonce qu'elle va le réhospitaliser. L'entretien tourne court, Joël Gaillard se lève brutalement et quitte le pavillon où la médecin, qui est seule avec un infirmier, ne peut pas le retenir. "Nous n'avons pas tenté. Il était mal et aurait pu nous faire mal. Nous n'avons pas eu le temps de prévenir les renforts.

– Mais vous n'aviez pas imaginé l'hypothèse d'une fugue?

– Non, il était calme.
"

Elle attend trois heures pour signaler sa fuite à la police. "Mais ça veut dire qu'un patient part dans la cité alors que vous nous dites qu'il était mal et qu'il pouvait faire mal...", observe le président.

On sent que ses questions font monter l'indignation dans le public de professionnels massé au fond de la salle d'audience. "Il faudrait que les juges viennent faire un stage dans les hôpitaux psychiatriques", murmure une femme à sa voisine. Trois semaines plus tard, Joël Gaillard se présente devant le domicile de sa grand-mère et frappe à mort la tête de son compagnon, Germain Trabuc.

"Cette affaire, c'est la chronique d'une mort annoncée, relève Me Gérard Chemla, avocat du fils de la victime. On ne peut pas se laisser enfermer dans un raisonnement absurde selon lequel la justice n'a aucune compétence pour juger les malades mentaux et qu'il faut les remettre à l'institution psychiatrique. Une poursuite comme celle-ci est saine. Il y a un moment où la défense sociale doit passer avant le patient", conclut-il.

François Lelord a avoué avoir aussi laissé échapper un cyclothymique en pleine crise d'exaltation, parfaitement dangereux pour lui même et les autres, notamment son épouse.
Ça s'est bien terminé parce qu'il a été arrêté en excès de vitesse, s'est battu avec les flics, qui l'ont alors arrêté et interné. Sans cela...

Un commentaire de lectrice :
Citation de: Pascale Walter
Par ailleurs, créer une relation avec un malade ne donne pas forcément à cette relation un caractère thérapeutique, même si on est médecin.

De fait, devenir thérapeute, ça s'apprend, et pas forcément en fac de médecine.  Ne serait-ce qu'en raison d'une des règles de base de la psychothérapie : on se fait superviser. Or justement, prisonniers de leurs privilèges légaux et de leur complexe de supériorité, ceux qui sortent de médecine détestent se faire superviser. Leur transféro-transférentiel en reste volontiers au n'importe quoi. Il semble bien que la Danièle Canarelli était bien dans ce cas.

Le juge pour enfants Jean-Pierre Rosenzweig a raconté un cas similaire, où s'il se laissait gouverner par l'émotion, il restituait leurs enfants placés, à un couple qui lui semblait parfait. Il a la conscience d'ouvrir le dossier, et houla, houla, houla... Nombreuses violences envers ces enfants, des gens à double face.

Des psychothérapeutes romains ont eu aussi affaire à un piège à cons : un enfant schizophrène à double face, ange devant eux, démon en famille. Seul un des témoignages qu'ils auraient risqué de négliger, leur a donné la clé de l'énigme. Source ? Andolfi, Angelo, Nichilo Andolfi ? ESF.

S'occuper de psychotiques, ça n'est pas pour blancs-becs, esclaves de leurs émotions.


Un classique à consulter :
Jacques-Antoine Malarewicz. Supervision en thérapie Systémique. ESF.