Souvenir personnel de cette époque à présent.
A Grenoble, ce n'était pas l'Huma le principal organe de presse du PCF (Parti Communiste Français) mais Les Allobroges.
Le 15 mai à 18 heures, l'AFP diffuse un texte de dix lignes de Charles de Gaulle.
Le lendemain matin, Les Allobroges titrent : "De Gaulle jette le masque ! Massu n'était que le bout du nez ! A bas la dictature".
Les deux dernières phrases étant séparées par une caricature où le nez de de Gaulle est composé du profil de Massu.
Dans le bref article l'argument : " De Gaulle créateur d'un parti violent ".
A distance, je repose la question publiée par mon père : A quoi au juste sert le Parti Communiste Français ?
Excepté s'opposer, que savait-il faire ? Que savait-il analyser ?
Ses incantations contre "le pouvoir personnel", certes, mais quel pouvoir impersonnel voulait-il promouvoir au juste ?
Le miracle du 19e siècle, où la classe ouvrière toute neuve avait su sécréter ses propres intellectuels, était épuisé ; le socialisme pacifiste et internationaliste fracassé en 1914, était divisé depuis 1920 entre les moscoutaires et les anti-moscoutaires.
Non seulement les moscoutaires étaient traités à l'Assemblée comme le parti de l'étranger, mais se comportaient-ils aussi avec l'aveuglement borné d'un parti de l'étranger, incapables d'analyses autonomes.
Un brin d'explication de texte s'impose, quoiqu'à l'époque je n'en eusse guère. Certes en 1958 mon père commençait sa reconversion du métier de professeur de droit constitutionnel vers celui de politologue, mais il était loin de tout me dire.
Je ne viens pas ci-dessus de critiquer un délit d'opinion antigaulliste chez le PCF, mais des défauts de méthodes, qui faisaient qu'il était loin d'honorer ses obligations de minorité responsable, incapable d'élaborer une politique qui fut française et non moscoutaire.
J'avais tout ignoré des activités du RPF, qui avait existé de 1947 à 1955 (1953 de fait, soit quand j'étais en huitième, et avais bien d'autres soucis).
Plus tard traîna quelque temps sur le bureau de mon père le livre "Croisade à coups de poings", récit d'un militant du service d'ordre du RPF, amer d'avoir été laissé tomber après une blessure. J'y découvris donc que les relations entre le PCF et le RPF avaient été violentes, pleines de coups fourrés.
Dès juillet 1947, la campagne du RPF fut ouvertement anticommuniste. Ce que le PCF ne pardonna jamais.