Trois articles, deux sources. Je n'ai pas procédé personnellement à des recoupements.
1er mi 2015 : Bille Fletcher, source
Zcomm.org
Baltimore : racisme, lutte des classes et insurrections
Par Bill Fletcher – Le 1er mai 2015 – Source Zcomm.org
Il y a eu peu de choses sur le soulèvement de Baltimore, après les funérailles du jeune homme assassiné, Freddie Gray, et cela m’a surpris. La tension est montée depuis que le mot a couru qu’il était mort après avoir eu la colonne vertébrale sectionnée pendant sa garde à vue à la police. Non seulement cette atrocité a eu lieu dans les circonstances les plus suspectes, mais la réponse du gouvernement de la ville a paru tout à fait déficiente.
Cela ne m’a pas surpris que la jeunesse noire en colère descende dans la rue ou que des opportunistes profitent des manifestations pour commettre des vols. C’était une émeute ou un soulèvement. Ce n’était pas une insurrection et il n’y avait ni idéologie ni direction cohérente.
Ce que j’ai trouvé le plus remarquable dans les événements récents est quelque chose qui a été peu relevé : le fait que des groupements organisés d’hommes et de femmes œuvraient activement à rediriger la colère des jeunes pour qu’ils cessent de détruire leurs quartiers. La Nation de l’islam (NOI), par exemple, a déployé ses membres dans les rues pour parler aux jeunes et tenter de les dissuader de la violence. La NOI n’était pas seule. Il y avait d’autres groupes, y compris des gangs ainsi que des groupes communautaires qui incitaient à protester contre la police qui avait tué Freddie Gray mais tentaient aussi de convaincre les jeunes rebelles qu’il fallait qu’ils suivent une autre voie.
Une grande partie de la gauche politique a accordé peu d’attention à cette action. D’une certaine manière, nous accordons beaucoup de prestige aux rébellions, en partie parce que nous reconnaissons la légitimité de la rage, comme c’est le cas dans les circonstances comme Ferguson, au Missouri, ou maintenant Baltimore, dans le Maryland. Pourtant, il y a un danger inhérent à nos réponses, dans la mesure où nous ignorons trop souvent la nature contradictoire des émeutes/soulèvements. Nous, à gauche, nous réagissons correctement contre ceux qui parlent des rebelles comme de prétendus voyous ou criminels. Toutefois, lorsque nous en restons là, nous passons à côté de quelques questions essentielles.
Réagir avec colère est très différent de l’autodéfense ou d’une insurrection planifiée (non que j’appelle à cette dernière). Dans les années 1960, les communautés noires partout aux Etats-Unis ont éclaté en révoltes massives provoquées par des années de discrimination raciale, de violence policière et d’un sentiment de dignité que leur refusait la société en général. Ces soulèvements étaient qualitativement différents, cependant, des émeutes raciales qui ont eu lieu au début du XXe siècle (en particulier entre 1917 et 1921), lorsque les communautés afro-américaines étaient les victimes de pogroms perpétrés par des foules racistes dans le but de les détruire. Les Afro-américains ont fréquemment résisté à ces attaques, souvent avec des armes. Ces émeutes raciales avaient pour objet l’attaque par un groupe d’une communauté entière qui, par conséquent, utilisait tous les moyens nécessaires pour se défendre.
Une insurrection vise à renverser un individu ou un régime et, dans le meilleur des scénarios, à amener un nouveau système. Elle peut commencer comme une émeute, mais elle se cristallise dans quelque chose de très différent, qui se produit lorsqu’il y a une organisation, une direction et une vision.
Les émeutes ou les soulèvements diffus expriment la colère, la rage et parfois le désespoir. Comme Martin Luther King l’a si bien noté, ils représentent la voix de ceux qui ne sont pas entendus. C’est clair aussi lorsqu’on regarde ce qui se passe à Baltimore.
Baltimore est l’exemple classique d’une ville qui a été désindustrialisée pendant les quarante dernières années. C’était une ville avec une classe ouvrière florissante et bien organisée, qui a été totalement dévastée lorsque les industries ont été délocalisées ou entièrement démantelées. Comme les blancs partaient s’installer dans les banlieues, la ségrégation s’est manifestée au niveau de la ville tout entière, c’est-à-dire une ville majoritairement noire entourée de banlieues blanches.
L’explication de cette situation n’est pas seulement une question de race. La désindustrialisation de Baltimore a apporté avec elle une pauvreté croissante. Le foyer de la rébellion récente est une zone où le taux de chômage est au moins de 30%, et le revenu moyen de 17 000 dollars par an. Pourtant, cette pauvreté n’est pas quelque chose qu’on voit nécessairement lorsqu’on se rend à Baltimore, parce que la rénovation urbaine a créé des zones de luxe et paillettes, en particulier autour du port et des stades sportifs. Vous pouvez y aller comme touriste et ne pas réaliser que non loin de là, vous serez témoin des conséquences mortelles de la réorganisation du capitalisme de la fin du XXe siècle.
Ceux qui se sont engagés dans ces rébellions vivent une vie radicalement différente de ceux qui se sont échappés vers les banlieues. Les rencontres avec la police – police noire et blanche – ne leur font pas aimer le système, un système qui présume leur culpabilité avant même qu’un crime n’ait été commis. Ceci dit, cela ne devrait surprendre personne que la violence éclate. S’il devait y avoir une surprise, c’est qu’elle n’ait pas éclaté plus tôt.
Le défi pour nous, de la gauche politique, est d’aller au-delà des articles sur les actes de rage ou, pire, de la glorification de la violence. Je pense qu’il vaut la peine de porter attention à ceux qui, comme la Nation de l’islam, ont passé du temps dans les rues à parler avec les jeunes. Il vaut la peine d’être attentif aux leaders communautaires – des leaders avec un petit l – qui ont des gens derrière eux, mais qui sont souvent méconnus. Et les observer, ainsi que d’autres groupes, pourrait faire émerger un débat sur la stratégie et l’organisation parmi nous.
Les gens vont exploser de fureur s’ils ressentent que la situation est sans espoir. En l’absence d’une vision ou d’une direction claire vers laquelle canaliser sa colère, toute direction devient la direction. Pourtant ce n’est pas encore ce qui fait un mouvement politique. L’énergie et la direction du mouvement #BlackLivesMatter peuvent être au cœur d’une nouvelle action pour la justice raciale, une action qui peut effectivement – et je dirai même davantage – réunir race, classe et genre dans le cadre d’une impulsion vers une transformation sociale.
Il est essentiel pour nous, de la gauche politique, en particulier, mais pas seulement, pour la gauche noire, de participer à ce débat sur la stratégie. La stratégie, ce n’est pas organiser telle ou telle manifestation, cela implique de réfléchir, pour savoir comment construire un tel mouvement, quelle direction et quels objectifs lui donner. La stratégie est sans objet si elle n’est pas reliée au processus de construction, ou dans certains cas, de reconstruction d’organisations qui soient des instruments de libération.
Il ne suffit pas que nous, à gauche, nous commentions favorablement le droit des opprimés et des réprimés à se révolter. Ce n’est pas suffisant de valider la rage, qui a pris une forme très destructrice. Nous devons plutôt soutenir ceux qui, comme la Nation de l’islam, les groupes qui se sont engagés dans une trêve afin de canaliser la rage, et les organisations spécifiques qui ont voulu préserver leurs communautés, et tous ceux enfin qui font partie d’un mouvement plus large pour réclamer justice pour Freddie Gray. Ces efforts nécessitent d’être réunis dans le cadre de la construction d’un large front uni pour la justice et le pouvoir, un mouvement qui, en plus de protester contre les atrocités, est guidé par l’espoir et la perspective d’un jour nouveau.
Bill Fletcher, Jr. Est l’hôte de The Global African sur Telesur-English. Il est écrivain et milite en faveur de la justice raciale, au travail et dans le monde. Suivez-le sur Twitter, Facebook et www.billfletcherjr.com.
Article original TeleSur English
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
http://lesakerfrancophone.net/baltimore-racisme-lutte-des-classes-et-insurrections/Freddie Gray serait-il mort s’il avait été Blanc ? Par Mike Whitney.
http://lesakerfrancophone.net/freddie-gray-serait-il-mort-sil-avait-ete-blanc/
Freddie Gray serait-il mort s’il avait été Blanc ?
Par Mike Whitney – Le 4 mai 2015 – Source counterpunch
Si vous êtes noir au États-unis, les règles sont différentes.
«Dans sa réponse à la vague de violence policière qui a donné lieu au meurtre de Freddie Gray, le pouvoir politique établi, représenté par le premier président américain noir, s'est montré exactement pour ce qu'il est : corrompu, intéressé, parfaitement hostile aux intérêts et aux souhaits des pauvres et des travailleurs.»
Andre Damon et Joseph Kishore, L'éruption sociale à Baltimore, Maryland
Freddie Gray, âgé de 25 ans, n’est pas mort en essayant de se débattre à l’arrière d’un fourgon de police. C’est un pur mensonge. Il a été tué par des policiers assassins qui étaient déterminés à le faire taire et à lui donner une leçon. C’est ce que je pense. Et c’est pourquoi le rapport officiel de la police n’a pas encore été révélé au public. C’est pourquoi la police nie que le fourgon de police a fait un quatrième arrêt à un «carrefour désert … entouré de maisons vides». C’est aussi pour cela que les enregistrements entre le conducteur et le poste de police n’ont pas été révélés (à chaque fois qu’un officier de police effectue un arrêt, il doit le signaler via la radio). C’est pour cela que le fonctionnaire de police a refusé de répondre aux questions concernant les vidéos prises par le propriétaire de l’épicerie Jung Hyun Hwang, qui avait ses caméras de vidéo surveillance en fonction quand le fourgon de police à fait un dernier arrêt imprévu pendant que Gray était encore dans le fourgon.
Voyez par vous même :
«Le propriétaire du magasin… a répondu à la presse officielle que l’officier de police était venu dans son magasin dans la semaine du 20 avril et ensuite a fait une copie de la vidéo de surveillance.» Depuis, l’enregistrement vidéo original a mystérieusement disparu.
Bien sûr qu’il a disparu, comme toutes les preuves qui ,elles aussi, vont disparaître. Vous vous attendiez à quoi : la justice?
Bien sûr que non. Comme le scénario ridicule «Gray s’est suicidé» qui a déjà été largement discrédité par les experts. Lisez ce qu’en dit le journal Daily Beast :
«Je n’ai jamais vu quelqu’un s’infliger des lésions à la moelle épinière de cette façon, dit Anand Veeravagu, un spécialiste des traumatismes du cerveau et des lésions de la colonne vertébrale au centre médical de l’université de Standford… Il est difficile pour moi d’imaginer comment une personne puisse essayer de se faire ça. Il faudrait concrètement qu’elle se pende elle même dans un véhicule où il n’y a rien pour se pendre», explique t-il.
Veeravagu raconte qu’il n’y a que peu de façon de se blesser ainsi et de causer le type de blessures qui a provoqué la mort de Gray. Il n’y a qu’une seule façon, dit-il, une blessure infligée par un objet tranchant, qui pénètre directement. Soit quelqu’un avec un couteau qui sait exactement ce qu’il fait ou quelque chose d’autre capable de passer au travers, comme une balle de revolver … Quelquefois des personnes essaient de se suicider par pendaison. C’est une des seules façons où j’ai pu constater une fracturation de la colonne vertébrale. Ils poussent la chaise avec les pieds, ils tombent, et ils se brisent le cou. Le résultat est une lésion de la moelle épinière. Mais c’est très difficile de comprendre comment quelqu’un peut se suicider par lésion de la moelle épinière sans utiliser autre chose.
Mais même dans ces cas, dit-il, les patients ne meurent pas souvent de lésions de la moelle épinière.
Et la plupart de ceux qui souffrent de lésion de la moelle épinière – auto-infligée ou non – survivent à leur blessures s’ils sont amenés à temps à l’hôpital .
Les experts : Il est impossible de se briser la colonne vertébrale comme Freddie Gray, Daily Beast)
La raison pour laquelle il est difficile d’imaginer quelqu’un s’infligeant des blessures à la colonne vertébrale à l’arrière d’un véhicule roulant, c’est parce que ça n’est jamais arrivé. C’est parce que toute cette histoire est une arnaque, un canular, un mensonge, voilà pourquoi.
Et voici autre chose : la vraie raison pour laquelle Gray n’a pas été transporté à l’hôpital, c’est parce que la vie de Gray n’a pas d’importance.C’est aussi simple que ça. S’il avait été blanc, il aurait obtenu le traitement dont il avait besoin parce que les flics auraient été préoccupés par les conséquences. Mais parce qu’il était noir, ils n’ont pas à se préoccuper. Rien n’allait arriver. La hiérarchie les couvrira, les séquences vidéo disparaîtront, les grands manitous des grandes villes concocteront une histoire bidonnée crédible, notre président afro-américain offrira son soutien à nos excellents hommes en bleu, et tout sera oublié. N’est-ce pas toujours ainsi ?
Cela ne veut pas dire que si Gray avait été blanc, il aurait obtenu justice. Bien sûr que non. Il aurait probablement été contraint de négocier une remise de peine à partir d’accusations forgées de toutes pièces qui l’auraient envoyé en taule pour un an ou deux. En d’autres termes, il aurait été maltraité, mais il serait encore en vie, voilà la différence. Ils ne l’auraient pas laissé mourir après lui avoir brisé le cou. Ce genre de traitement est réservé aux Noirs, pas aux Blancs.
Si vous êtes noir en Amérique, les règles sont simplement différentes. Tout le monde le sait. Comme tout le monde sait également que si vous êtes un homme noir, non armé, qui se fait tirer sept fois dans le dos en fuyant un flic avec lequel il avait établi un contact visuel, eh bien, devinez quoi: vous venez de mourir de causes naturelles, mec!, parce que c’est ça que vous lirez dans les journaux le lendemain. Donc, débrouillez-vous avec ça!
Seulement, cette fois, les gens ne veulent pas juste se débrouiller avec ça. Ils en ont marre et ils veulent que les choses changent. Donc, ils ont envahi les rues à travers le pays pour exprimer leur frustration, leur colère et leur insistance pour que leurs voix soient entendues. Bien sûr, il y a eu un peu de violence, mais alors quoi? Ce n’est rien par rapport à la violence que Gray a subie quand il a été collé au sol, la tête pliée jusqu’aux genoux, après quoi sa «colonne vertébrale était à 80% coupée au niveau du cou et le larynx écrasé».
Rien à voir non plus avec la violence à laquelle les Noirs urbains sont confrontés quotidiennement dans leurs rencontres avec les flics. Voici un extrait du site internet World Socialist Web :
«Un rapport du journal Baltimore Sun, l’an dernier, a révélé que la ville [de Baltimore] a déboursé $5,7 millions depuis 2011, à cause de poursuites liées à la violence policière.
Les agents ont battu des dizaines de résidents qui ont eu des os cassés : mâchoire, nez, bras, jambes, chevilles, traumatisme crânien, défaillance d’un organe, et même la mort, intervenus lors d’arrestations douteuses.»
Voilà ce que j’appelle la violence, pas quelques fenêtres cassées ou quelques voitures écrasées. Maintenant lisez-ça, publié par Interfluidity :
«En théorie, un processus politique pacifique est la seule bonne façon de résoudre les problèmes de la brutalité et de l’exclusion. Dans la pratique, il n’a pas eu lieu, il ne se produit pas, il n’y a aucun signe que cela va se produire… Les émeutes provoquent un mal sévère, immédiat, c’est une escalade, elles sont violentes, elles sont fondamentalement mauvaises. Pourtant, le fait que les émeutes arrivent parfois, la perspective inconfortable de leur possibilité, a déjà, historiquement créé l’urgence et motivé un changement politique qui est finalement bénéfique, cela peut encore se produire. (Steve Randy Waldman, Interfluidity)
Bien dit, mais ce qui est important à retenir est que la violence à Baltimore n’a pas émergé à partir de rien. Elle a ses racines dans l’injustice. Traitez les gens équitablement et le problème disparaîtra. Utiliser les émeutes comme une excuse pour mettre en œuvre des stratégies loufoques, telles la loi martiale, et récolter la tempête. Voilà le choix, n’est-ce pas?
Et nous savons de quelle manière le gouvernement a choisi de traiter avec elle, par la provocation, l’escalade et l’agression : de la même façon que les États-Unis traitent tous les problèmes. Le gouverneur a déployé deux mille hommes de troupes de la Garde nationale dans les rues pour accompagner les centaines de robocops qui ont transformé le centre-ville de Baltimore en zone de guerre afin qu’ils puissent voir l’efficacité de leurs nouveaux outils pour terrifier le public dans la soumission. Et qui aide le gouverneur et les barons de la ville dans leur répression contre les manifestants?
Les élites de l’établissement noir, ce sont elles. Un article sur le site de World Socialist Web le résume parfaitement :
«Dans sa conférence de presse de mardi, la maire de Baltimore Stephanie Rawlings-Blake a qualifié, à plusieurs reprises, les jeunes exprimant leur colère contre la violence de la police, de voyous en annonçant l’imposition d’un couvre-feu et l’appel à la garde nationale. Elle était flanquée du Chef de patrouille Darryl De Sousa, du président du Conseil municipal Bernard C. « Jack » Young, et du membre du Conseil municipal de Brandon, M. Scott, qui sont tous des noirs, les deux derniers traitant également les manifestants de voyous….
»Dans sa réponse à l’éruption de la violence policière au cours de l’assassinat de Freddie Gray, l’establishment politique noir, dirigé par le premier président afro-américain, s’est montré lui-même exactement pour ce qu’il est : corrompu, égoïste et totalement hostile aux intérêts et aux aspirations des pauvres et des travailleurs, noirs ou blancs. (L’éruption sociale à Baltimore, Maryland , André Damon et Joseph Kishore, World Socialist Web Site).
Sera-t-il un jour rendu justice à Freddie Gray?
Pas question! Les gens qui possèdent ce pays ne le permettront jamais.
Mike Withney
Mike Withney vit dans l’État de Washington. Il est contributeur à Hopeless: Barack Obama et la politique de Illusion (AK Press). Hopeless est également disponible dans une édition Kindle. Il peut être atteint à fergiewhitney@msn.com.
Traduit par Pacôme et jj, relu par Diane pour le Saker Francophone
http://lesakerfrancophone.net/le-complot-de-baltimore-vers-un-etat-policier-et-une-dictature-militaire/http://www.dedefensa.org/article-le_complot_de_baltimore_04_05_2015.htmlLe “complot” de Baltimore
Par PhilippeGrasset.
Il y a eu quelques évènements assez incompréhensibles de la part des autorités de Baltimore, sans doute avec l’aval des autorités fédérales, lors des premiers jours des troubles dans la ville. Les interprétations qui en sont données font état d’une poussée d’exploitation de ces troubles, sinon de leur alimentation pendant une phase de la crise, pour pouvoir mieux démontrer la nécessité d’un renforcement d’une police déjà militarisée, avec comme but général la transformation en une entité “fédéralisée” de toutes les polices des États de l’Union. Il est vrai que cela fait partie de l’exploration, au niveau fédéral, d’un projet de l’administration Obama allant dans ce sens, où la maire de Baltimore est elle-même partie prenante. On peut admettre, pour alimenter cette théorie d’un “complot” qui s’avèrerait en fait être une manœuvre de ce qu'on nommerait “politique hybride active”, qu’il y a de la logique dans cette hypothèse substantivée par quelques faits inexpliqués ; et si nous nommons cela “politique hybride active”, c’est en référence à un terme, – “hybride”, – largement employé par les analystes américanistes pour qualifier l’action supposée des Russes, conforme à la narrative du bloc BAO, en Ukraine. Il s’agit du mélange opérationnel de plusieurs dimensions d’une politique activiste d’État, où les dimensions militaire, ou militarisée pour le cas de Baltimore et des polices des États de l’Union, intervient à part égale avec l’interprétation d’une communication avec toutes ses manipulation, cette communication devenue un facteur essentiel de l’opérationnalisation de la politique en question.
On cite ici un extrait important d’un texte de l’analyste US Jay Johnson notamment publié par Sputnik.News le 30 avril 2015 sous le titre de «Connecting the pieces», qui pourrait s’interpréter plutôt que se traduire comme “mise en place des pièces du puzzle”. L'auteur décrit ce qui semble être des actions de provocation durant les évènements de Baltimore, en même temps qu’est rappelé l’extraordinaire effort de militarisation de nombre d’agences fédérales agissant à des niveaux locaux intérieurs des USA ... Hypothèse du Police State, certes, comme opération menée par le “centre” pour acquérir la complète maîtrise centralisé d’un appareil policier-militarisé embrassant toutes les capacités policières des États de l’Union.
«... Enter Freddie Brown. The young man was taken in police custody and then turned up dead. As a result, the city of Baltimore has been up in flames for several days now. And the riots seem to be spreading to other cities. But, once again, there seems to be something strange going on. A story at foxnews.com noted that- “An analysis of social media traffic has unearthed striking connections to the protests in Ferguson, Mo. The firm found between 20 and 50 social media accounts in Baltimore that were also tied to the peak period of violence in Ferguson…it suggests the presence of "professional protesters" or anarchists taking advantage of Freddie Gray's death to incite more violence.” As further proof this, Fox analyst and former NYPD detective Bo Dietl connected the murder of NYPD officers by a man from Baltimore earlier this year and “outside agitators” instigating protests. Specifically, he said —“ It was the usual suspects, the ones who come into New York here. The agitators were there. And I saw — it's just funny to see — these white guys, six-foot tall white guys with bandanas over their faces. They're trying to hide their faces, what are they doing there? One thing. They're trying to stir up the young kids, and make it like [this is] right.” So, who are these professional provocateurs?
»The Baltimore Sun reported on another strange occurrence —“it started with word on social media of a “purge” — a reference to a movie in which crime is made legal. It was to begin at 3 p.m. at Mondawmin Mall, then venture down Pennsylvania Avenue to the Inner Harbor.” However, motherjones.com reported that — “…the police were stopping busses and forcing riders, including many students who were trying to get home, to disembark. Cops shut down the local subway station. They also blockaded roads…and essentially corralled young people in the area. That is, they did not allow the after-school crowd to disperse.” It went on to quote an eyewitness — “The riot police were already at the bus stop on the other side of the mall, turning buses that transport the students away, not allowing students to board. They were waiting for the kids…Those kids were set up, they were treated like criminals before the first brick was thrown. With police unloading busses, and with the nearby metro station shut down, there were few ways for students to clear out.”
»Zerohedge.com published an article which asked —“Why were so many police vehicles conveniently parked along the street in areas where the worst violence happened? After the destruction of a number of police vehicles on Saturday night, the Baltimore police had to know that they were prime targets. So why were there even more police vehicles available for rioters to destroy on Monday? And where were the cops that should have been protecting those vehicles? Mayor Stephanie Rawlings-Blake might have provided the answer. She was quoted as saying — “…We also gave those who wished to destroy space to do that as well.” Why would a Mayor seemingly condone violence and destruction of her city?
»To answer this question, we should examine the Mayor herself. Infowars.com notes that —“Rawlings-Blake was one of three mayors who provided broad input into President Obama’s Task Force on 21st Century Policing, which advocates the federalization of police departments across the country.” Infowars.com went on to note —“This could explain her inaction to stop the rioting when it began: by allowing it to spiral out of control, the mayor and her friends at the Justice Dept. could use the unrest to justify the expansion of federal power into local law enforcement, which would also allow her to receive more funding.” Let’s not forget that the city of Baltimore is basically broke.
»And maybe this is the big untold story. The federalization of the local police force aka the rise of the police state. Not only have the Feds given surplus military gear such as machine guns, drones and even MRAPS, which are basically light tanks, but over the last few years media has run numerous stories about how various government agencies are suddenly being militarized. Everyone from the Department of Agriculture, the Railroad Retirement Board, the Tennessee Valley Authority, the Office of Personnel Management, the Consumer Product Safety Commission, the U.S. Fish and Wildlife Service and the Education Department now have SWAT units. Even the IRS, the Social Security Administration, and the National Oceanic and Atmospheric Administration, which oversees the National Weather Service, are also among the federal agencies which have taken to purchasing ammunition and weaponry in bulk. In fact, forbes.com notes that as of 2008, “73 federal law enforcement agencies… [employ] approximately 120,000 armed full-time on-duty officers with arrest authority.” Four-fifths of those officers are under the command of either the Department of Homeland Security (DHS) or the Department of Justice...»
Jay Johnson poursuit en faisant une référence qui nous intéresse particulièrement puisqu’elle concerne un document du US War College dont nous avions justement parlé six ans auparavant ... «Seven years ago, the U.S. Army War College issued a report calling on the military to be prepared should they need to put down civil unrest within the country. Summarizing the report, investigative journalist Chris Hedges declared, “The military must be prepared, the document warned, for a ‘violent, strategic dislocation inside the United States,’ which could be provoked by ‘unforeseen economic collapse,’ ‘purposeful domestic resistance,’ ‘pervasive public health emergencies’ or ‘loss of functioning political and legal order.’ The ‘widespread civil violence,’ the document said, ‘would force the defense establishment to reorient priorities in extremis to defend basic domestic order and human security.’” Is this why operation Jade Helm is to begin in just a few weeks time?»
»As the Washington Post recently noted, America’s economy continues to collapse and people are starting to realize the men behind the curtain are running out of tricks. Civil disobedience has devolved into outright rioting and calls for the State to normalize the situation are growing louder. Although medical issues seem to be ok, things could change in an instant. With the rising corporatocracy on one hand and the shrinking job market on the other, things aren’t looking good for the little guy in the near future.»
Un texte publié sur ce site le 24 décembre 2008 avait évoqué en détails ce rapport du 15 décembre 2008, du Strategic Studies Institute (SSI), un département dépendant de l’US Army War College. Il s’agit du rapport «Known Unknowns: Unconventional “Strategic Shocks” in Defense Strategy Development”, de Nathan Freier, un lieutenant-colonel qui avait récemment quitté l’U.S. Army et était alors professeur au même War College. Nous remarquions combien ce rapport s'intéressait à une évolution vers des tensions extrêmes de la situation intérieure US et une situation générale décrite comme une “dislocation stratégique”, et les mesures à éventuellement considérer du point de vue des autorités centrales pour contrôler ou empêcher cette évolution. Que Baltimore et les évènements qui y conduisent et l'accompagnent représentent ou pas cette situation de “tensions extrêmes”, cela reste une question ouverte ; que les autorités du Système (la précision importe plus que jamais) considèrent les choses de cette façon, cela semble une hypothèse tout à fait acceptable ... Ci-après, des extraits de notre texte de décembre 2008.
« Ce rapport est présenté dans le contexte de l’élection du nouveau président, comme une contribution à la réflexion que doit entreprendre la nouvelle équipe de sécurité nationale qui arrive au pouvoir (selon la présentation du SSI: «The author provides the defense policy team a clear warning against excessive adherence to past defense and national security convention»). WSWS.org le commente dans le sens voulu par son analyse, qui est l’hypothèse de l’établissement d’une dictature militaire aux USA. Ce qui nous apparaît important dans ce rapport est certainement l’hypothèse de “dislocation stratégique” appliquée aux USA, notamment mais d’une façon appuyée, à partir de troubles nés de la situation de crise économique («“violent, strategic dislocation inside the United States,” which could be provoked by “unforeseen economic collapse” or “loss of functioning political and legal order”»). L’hypothèse est évidemment particulièrement éclairée, sinon étayée par la situation de crise présente, et son importance, sa mise en évidence sont évidemment suscitées par cette situation. La réaction rapide de la réflexion de l’équipe stratégique derrière le rapport à la crise financière et économique mesure la préoccupation à propos de ce sujet.
» Il s’agit d’un exemple convaincant de l’évolution de la réflexion stratégique. La forme de la “surprise stratégique” pour la période considérée a ses racines dans l’attaque du 11 septembre 2001, mais les hypothèses concernaient essentiellement des causes d’une telle surprise qui viendraient de l’extérieur. L’ouragan Katrina et ses conséquences ont commencé à modifier cette perception. La crise actuelle achève cette modification, au point qu’on peut parler de transformation de la perception stratégique. L’hypothèse de troubles intérieurs US restaient jusqu’alors, justement, du domaine de l’hypothétique liée à une pensée spéculative sinon exaltée; désormais, elle est directement liée à des événements en cours.
» On observera que l’hypothèse concerne des événements auxquels les pays européens sont habitués, comme, aujourd’hui, les événements en Grèce. Cette sorte d’événements est complètement inhabituel pour les USA, qui se présentent comme une société de grande cohésion civique, – en réalité un ordre maintenu autant par le conformisme des conceptions que par l’absence d’unité sociale éventuellement contestatrice et une forte présence de la loi. Ce caractère rigide de l’ordre public dans les domaines social et politique est d’autant plus important que le pays est fragile et vulnérable du point de vue de sa structure et de sa cohésion. On voit que certaines réactions à la situation économique impliquent déjà des références à la guerre de Sécession. Le document du SSI nous indique que, plus que l’idée précise d’une dictature militaire, c’est à notre sens la crainte de la vulnérabilité structurelle des USA qui s’empare des esprits des stratèges (US mais aussi occidentaux dans un sens plus large). La notion de “surprise stratégique”, qui est la marque du temps, se détache de l’agression extérieure, du mythe du terrorisme, pour parvenir au stade ultime qui est la cohésion structurelle des USA. La crise est passée par là et elle ne va plus cesser de renforcer cette hypothèse, d’entretenir cette crainte. Il s’agit sans aucun doute de la crainte ultime de la pensée stratégique occidentale depuis la Deuxième Guerre mondiale. Si la cohésion du “centre” est mise en cause, c’est l’intégrité fondamentale du système qui est mise en cause. Le cas central de la puissance de notre système se trouve concentré effectivement dans la question de la “cohésion stratégique” des USA, menacée par le risque de “dislocation stratégique”. La crise financière et économique a ouvert la boîte de Pandore. »
Mis en ligne le 4 mai 2015 à 06H25