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Auteur Sujet: Le complot de Baltimore – Vers un état policier et une dictature militaire ?  (Lu 1381 fois)

JacquesL

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Trois articles, deux sources. Je n'ai pas procédé personnellement à des recoupements.

1er mi 2015 : Bille Fletcher, source Zcomm.org
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Baltimore : racisme, lutte des classes et insurrections

Par Bill Fletcher – Le 1er mai 2015 – Source Zcomm.org

 

Il y a eu peu de choses sur le soulèvement de Baltimore, après les funérailles du jeune homme assassiné, Freddie Gray, et cela m’a surpris. La tension est montée depuis que le mot a couru qu’il était mort après avoir eu la colonne vertébrale sectionnée pendant sa garde à vue à la police. Non seulement cette atrocité a eu lieu dans les circonstances les plus suspectes, mais la réponse du gouvernement de la ville a paru tout à fait déficiente.

Cela ne m’a pas surpris que la jeunesse noire en colère descende dans la rue ou que des opportunistes profitent des manifestations pour commettre des vols. C’était une émeute ou un soulèvement. Ce n’était pas une insurrection et il n’y avait ni idéologie ni direction cohérente.

Ce que j’ai trouvé le plus remarquable dans les événements récents est quelque chose qui a été peu relevé : le fait que des groupements organisés d’hommes et de femmes œuvraient activement à rediriger la colère des jeunes pour qu’ils cessent de détruire leurs quartiers. La Nation de l’islam (NOI), par exemple, a déployé ses membres dans les rues pour parler aux jeunes et tenter de les dissuader de la violence. La NOI n’était pas seule.  Il y avait d’autres groupes, y compris des gangs ainsi que des groupes communautaires qui incitaient à protester contre la police qui avait tué Freddie Gray mais tentaient aussi de convaincre les jeunes rebelles qu’il fallait qu’ils suivent une autre voie.

Une grande partie de la gauche politique a accordé peu d’attention à cette action. D’une certaine manière, nous accordons beaucoup de prestige aux rébellions, en partie parce que nous reconnaissons la légitimité de la rage, comme c’est le cas dans les circonstances comme Ferguson, au Missouri, ou maintenant Baltimore, dans le Maryland.  Pourtant, il y a un danger inhérent à nos réponses, dans la mesure où nous ignorons trop souvent la nature contradictoire des émeutes/soulèvements. Nous, à gauche, nous réagissons correctement contre ceux qui parlent des rebelles comme de prétendus voyous ou criminels.  Toutefois, lorsque nous en restons là, nous passons à côté de quelques questions essentielles.

Réagir avec colère est très différent de l’autodéfense ou d’une insurrection planifiée (non que j’appelle à cette dernière). Dans les années 1960, les communautés noires partout aux Etats-Unis ont éclaté en révoltes massives provoquées par des années de discrimination raciale, de violence policière et d’un sentiment de dignité que leur refusait la société en général. Ces soulèvements étaient qualitativement différents, cependant, des émeutes raciales qui ont eu lieu au début du XXe siècle (en particulier entre 1917 et 1921), lorsque les communautés afro-américaines étaient les victimes de pogroms perpétrés par des foules racistes dans le but de les détruire. Les Afro-américains ont fréquemment résisté à ces attaques, souvent avec des armes.  Ces émeutes raciales avaient pour objet l’attaque par un groupe d’une communauté entière qui, par conséquent, utilisait tous les moyens nécessaires pour se défendre.

Une insurrection vise à renverser un individu ou un régime et, dans le meilleur des scénarios, à amener un nouveau système.  Elle peut commencer comme une émeute, mais elle se cristallise dans quelque chose de très différent, qui se produit lorsqu’il y a une organisation, une direction et une vision.

Les émeutes ou les soulèvements diffus expriment la colère, la rage et parfois le désespoir. Comme Martin Luther King l’a si bien noté, ils représentent la voix de ceux qui ne sont pas entendus. C’est clair aussi lorsqu’on regarde ce qui se passe à Baltimore.

Baltimore est l’exemple classique d’une ville qui a été désindustrialisée pendant les quarante dernières années. C’était une ville avec une classe ouvrière florissante et bien organisée, qui a été totalement dévastée lorsque les industries ont été délocalisées ou entièrement démantelées. Comme les blancs partaient s’installer dans les banlieues, la ségrégation s’est manifestée au niveau de la ville tout entière, c’est-à-dire une ville majoritairement noire entourée de banlieues blanches.

L’explication de cette situation n’est pas seulement une question de race. La désindustrialisation de Baltimore a apporté avec elle une pauvreté croissante. Le foyer de la rébellion récente est une zone où le taux de chômage est au moins de 30%, et le revenu moyen de 17 000 dollars par an. Pourtant, cette pauvreté n’est pas quelque chose qu’on voit nécessairement lorsqu’on se rend à Baltimore, parce que la rénovation urbaine a créé des zones de luxe et paillettes, en particulier autour du port et des stades sportifs. Vous pouvez y aller comme touriste et ne pas réaliser que non loin de là, vous serez témoin des conséquences mortelles de la réorganisation du capitalisme de la fin du XXe siècle.

Ceux qui se sont engagés dans ces rébellions vivent une vie radicalement différente de ceux qui se sont échappés vers les banlieues. Les rencontres avec la police – police noire et blanche – ne leur font pas aimer le système, un système qui présume leur culpabilité avant même qu’un crime n’ait été commis. Ceci dit, cela ne devrait surprendre personne que la violence éclate. S’il devait y avoir une surprise, c’est qu’elle n’ait pas éclaté plus tôt.

Le défi pour nous, de la gauche politique, est d’aller au-delà des articles sur les actes de rage ou, pire, de la glorification de la violence. Je pense qu’il vaut la peine de porter attention à ceux qui, comme la Nation de l’islam, ont passé du temps dans les rues à parler avec les jeunes. Il vaut la peine d’être attentif aux leaders communautaires – des leaders avec un petit l – qui ont des gens derrière eux, mais qui sont souvent méconnus. Et les observer, ainsi que d’autres groupes, pourrait faire émerger un débat sur la stratégie et l’organisation parmi nous.

Les gens vont exploser de fureur s’ils ressentent que la situation est sans espoir. En l’absence d’une vision ou d’une direction claire vers laquelle canaliser sa colère, toute direction devient la direction. Pourtant ce n’est pas encore ce qui fait un mouvement politique. L’énergie et la direction du mouvement #BlackLivesMatter  peuvent être au cœur d’une nouvelle action pour la justice raciale, une action qui peut effectivement – et je dirai même davantage – réunir race, classe et genre dans le cadre d’une impulsion vers une transformation sociale.

Il est essentiel pour nous, de la gauche politique, en particulier, mais pas seulement, pour la gauche noire, de participer à ce débat sur la stratégie. La stratégie, ce n’est pas organiser telle ou telle manifestation, cela implique de réfléchir, pour savoir comment construire un tel mouvement, quelle direction et quels objectifs lui donner. La stratégie est sans objet si elle n’est pas reliée au processus de construction, ou dans certains cas, de reconstruction d’organisations qui soient des instruments de libération.

Il ne suffit pas que nous, à gauche, nous commentions favorablement le droit des opprimés et des réprimés à se révolter.  Ce n’est pas suffisant de valider la rage, qui a pris une forme très destructrice. Nous devons plutôt soutenir ceux qui, comme la Nation de l’islam, les groupes qui se sont engagés dans une trêve afin de canaliser la rage, et les organisations spécifiques qui ont voulu préserver leurs communautés, et tous ceux enfin qui font partie d’un mouvement plus large pour réclamer justice pour Freddie Gray. Ces efforts nécessitent d’être réunis dans le cadre de la construction d’un large front uni pour la justice et le pouvoir, un mouvement qui, en plus de protester contre les atrocités, est guidé par l’espoir et la perspective d’un jour nouveau.

Bill Fletcher, Jr. Est l’hôte de The Global African sur Telesur-English.  Il est écrivain et milite en faveur de la justice raciale, au travail et dans le monde.  Suivez-le sur Twitter, Facebook et www.billfletcherjr.com.

Article original  TeleSur English

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
http://lesakerfrancophone.net/baltimore-racisme-lutte-des-classes-et-insurrections/


Freddie Gray serait-il mort s’il avait été Blanc ? Par Mike Whitney.
http://lesakerfrancophone.net/freddie-gray-serait-il-mort-sil-avait-ete-blanc/
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Freddie Gray serait-il mort s’il avait été Blanc ?

Par Mike Whitney – Le 4 mai 2015 – Source counterpunch

Si vous êtes noir au États-unis, les règles sont différentes.

«Dans sa réponse à la vague de violence policière qui a donné lieu au meurtre de Freddie Gray, le pouvoir politique établi, représenté par le premier président américain noir, s'est montré exactement pour ce qu'il est : corrompu, intéressé, parfaitement hostile aux intérêts et aux souhaits des pauvres et des travailleurs.»

Andre Damon et Joseph Kishore, L'éruption sociale à Baltimore, Maryland

Freddie Gray, âgé de 25 ans, n’est pas mort en essayant de se débattre à l’arrière d’un fourgon de police. C’est un pur mensonge. Il a été tué par des policiers assassins qui étaient déterminés à le faire taire et à lui donner une leçon. C’est ce que je pense. Et c’est pourquoi le rapport officiel de la police n’a pas encore été révélé au public. C’est pourquoi la police nie que le fourgon de police a fait un quatrième arrêt à un «carrefour désert … entouré de maisons vides». C’est aussi pour cela que les enregistrements entre le conducteur et le poste de police n’ont pas été révélés (à chaque fois qu’un officier de police effectue un arrêt, il doit le signaler via la radio). C’est pour cela que le fonctionnaire de police a refusé de répondre aux questions concernant les vidéos prises par le propriétaire de l’épicerie Jung Hyun Hwang, qui avait ses caméras de vidéo surveillance en fonction quand le fourgon de police à fait un dernier arrêt imprévu pendant que Gray était encore dans le fourgon.

Voyez par vous même :

«Le propriétaire du magasin… a répondu à la presse officielle que l’officier de police était venu dans son magasin dans la semaine du 20 avril et ensuite a fait une copie de la vidéo de surveillance.» Depuis, l’enregistrement vidéo original a mystérieusement disparu.

Bien sûr qu’il a disparu, comme toutes les preuves qui ,elles aussi, vont disparaître. Vous vous attendiez à quoi : la justice?

Bien sûr que non. Comme le scénario ridicule «Gray s’est suicidé» qui a déjà été largement discrédité par les experts. Lisez ce qu’en dit le journal Daily Beast :

«Je n’ai jamais vu quelqu’un s’infliger des lésions à la moelle épinière de cette façon, dit Anand Veeravagu, un spécialiste des traumatismes du cerveau et des lésions de la colonne vertébrale au centre médical de l’université de Standford… Il est difficile pour moi d’imaginer comment une personne puisse essayer de se faire ça. Il faudrait concrètement qu’elle se pende elle même dans un véhicule où il n’y a rien pour se pendre», explique t-il.

Veeravagu raconte qu’il n’y a que peu de façon de se blesser ainsi et de causer le type de blessures qui a provoqué la mort de Gray. Il n’y a qu’une seule façon, dit-il, une blessure infligée par un objet tranchant, qui pénètre directement. Soit quelqu’un avec un couteau qui sait exactement ce qu’il fait ou quelque chose d’autre capable de passer au travers, comme une balle de revolver … Quelquefois des personnes essaient de se suicider par pendaison. C’est une des seules façons où j’ai pu constater une fracturation de la colonne vertébrale. Ils poussent la chaise avec les pieds, ils tombent, et ils se brisent le cou. Le résultat est une lésion de la moelle épinière. Mais c’est très difficile de comprendre comment quelqu’un peut se suicider par lésion de la moelle épinière sans utiliser autre chose.

Mais même dans ces cas, dit-il, les patients ne meurent pas souvent de lésions de la moelle épinière.

Et la plupart de ceux qui souffrent de lésion de la moelle épinière – auto-infligée ou non – survivent à leur blessures s’ils sont amenés à temps à l’hôpital .

 Les experts : Il est impossible de se briser la colonne vertébrale comme Freddie Gray, Daily Beast)

La raison pour laquelle il est difficile d’imaginer quelqu’un s’infligeant des blessures à la colonne vertébrale à l’arrière d’un véhicule roulant, c’est parce que ça n’est jamais arrivé. C’est parce que toute cette histoire est une arnaque, un canular, un mensonge, voilà pourquoi.

Et voici autre chose : la vraie raison pour laquelle Gray n’a pas été transporté à l’hôpital, c’est parce que la vie de Gray n’a pas d’importance.C’est aussi simple que ça. S’il avait été blanc, il aurait obtenu le traitement dont il avait besoin parce que les flics auraient été préoccupés par les conséquences. Mais parce qu’il était noir, ils n’ont pas à se préoccuper. Rien n’allait arriver. La hiérarchie les couvrira, les séquences vidéo disparaîtront, les grands manitous des grandes villes concocteront une histoire bidonnée crédible, notre président afro-américain offrira son soutien à nos excellents hommes en bleu, et tout sera oublié. N’est-ce pas toujours ainsi ?

Cela ne veut pas dire que si Gray avait été blanc, il aurait obtenu justice. Bien sûr que non. Il aurait probablement été contraint de négocier une remise de peine à partir d’accusations forgées de toutes pièces qui l’auraient envoyé en taule pour un an ou deux. En d’autres termes, il aurait été maltraité, mais il serait encore en vie, voilà la différence. Ils ne l’auraient pas laissé mourir après lui avoir brisé le cou. Ce genre de traitement est réservé aux Noirs, pas aux Blancs.

Si vous êtes noir en Amérique, les règles sont simplement différentes. Tout le monde le sait. Comme tout le monde sait également que si vous êtes un homme noir, non armé, qui se fait tirer sept fois dans le dos en fuyant un flic avec lequel  il avait établi un contact visuel, eh bien, devinez quoi: vous venez de mourir de causes naturelles, mec!, parce que c’est ça que vous lirez dans les journaux le lendemain. Donc, débrouillez-vous avec ça!

Seulement, cette fois, les gens ne veulent pas juste se débrouiller avec ça. Ils en ont marre et ils veulent que les choses changent. Donc, ils ont envahi les rues à travers le pays pour exprimer leur frustration, leur colère et leur insistance pour que leurs voix soient entendues. Bien sûr, il y a eu un peu de violence, mais alors quoi? Ce n’est rien par rapport à la violence que Gray a subie  quand il a été collé au sol, la tête pliée jusqu’aux genoux, après quoi sa «colonne vertébrale était à 80% coupée au niveau du cou et le larynx écrasé».

Rien à voir non plus avec la violence à laquelle les Noirs urbains sont confrontés quotidiennement dans leurs rencontres avec les flics. Voici un extrait du site internet World Socialist Web :

«Un rapport du journal Baltimore Sun, l’an dernier, a révélé que la ville [de Baltimore] a déboursé $5,7 millions depuis 2011, à cause de poursuites liées à la violence policière.

Les agents ont battu des dizaines de résidents qui ont eu des os cassés : mâchoire, nez, bras, jambes, chevilles, traumatisme crânien, défaillance d’un organe, et même la mort, intervenus lors d’arrestations douteuses.»

Voilà ce que j’appelle la violence, pas quelques fenêtres cassées ou quelques voitures écrasées. Maintenant lisez-ça, publié par Interfluidity :

«En théorie, un processus politique pacifique est la seule bonne façon de résoudre les problèmes de la brutalité et de l’exclusion. Dans la pratique, il n’a pas eu lieu, il ne se produit pas, il n’y a aucun signe que cela va se produire… Les émeutes provoquent un mal sévère, immédiat, c’est une escalade, elles sont violentes, elles sont fondamentalement mauvaises. Pourtant, le fait que les émeutes arrivent parfois, la perspective inconfortable de leur possibilité, a déjà, historiquement créé l’urgence et motivé un changement politique qui est finalement bénéfique, cela peut encore se produire. (Steve Randy Waldman, Interfluidity)

Bien dit, mais ce qui est important à retenir est que la violence à Baltimore n’a pas émergé à partir de rien. Elle a ses racines dans l’injustice. Traitez les gens équitablement et le problème disparaîtra. Utiliser les émeutes comme une excuse pour mettre en œuvre des stratégies loufoques, telles la loi martiale, et récolter la tempête. Voilà le choix, n’est-ce pas?

Et nous savons de quelle manière le gouvernement a choisi de traiter avec elle, par la provocation, l’escalade et l’agression : de la même façon que les États-Unis traitent tous les problèmes. Le gouverneur a déployé deux mille hommes de troupes de la Garde nationale dans les rues pour accompagner les centaines de robocops qui ont transformé le centre-ville de Baltimore en zone de guerre afin qu’ils puissent voir l’efficacité de leurs nouveaux outils pour terrifier le public dans la soumission. Et qui aide le gouverneur et les barons de la ville dans leur répression contre les manifestants?

Les élites de l’établissement noir, ce sont elles. Un article sur le site de World Socialist Web le résume parfaitement :

«Dans sa conférence de presse de mardi, la maire de Baltimore Stephanie Rawlings-Blake a qualifié, à plusieurs reprises, les jeunes exprimant leur colère contre la violence de la police, de voyous en annonçant l’imposition d’un couvre-feu et l’appel à la garde nationale. Elle était flanquée du Chef de patrouille Darryl De Sousa, du président du Conseil municipal Bernard C. « Jack » Young, et du membre du Conseil municipal de Brandon, M. Scott, qui sont tous des noirs, les deux derniers traitant également les manifestants de voyous….

»Dans sa réponse à l’éruption de la violence policière au cours de l’assassinat de Freddie Gray, l’establishment politique noir, dirigé par le premier président afro-américain, s’est montré lui-même exactement pour ce qu’il est : corrompu, égoïste et totalement hostile aux intérêts et aux aspirations des pauvres et des travailleurs, noirs ou blancs. (L’éruption sociale à Baltimore, Maryland , André Damon et Joseph Kishore, World Socialist Web Site).

Sera-t-il un jour rendu justice à Freddie Gray?

Pas question! Les gens qui possèdent ce pays ne le permettront jamais.

Mike Withney

Mike Withney vit dans l’État de Washington. Il est contributeur à Hopeless: Barack Obama et la politique de Illusion (AK Press). Hopeless est également disponible dans une édition Kindle. Il peut être atteint à fergiewhitney@msn.com.

Traduit par Pacôme et jj, relu par Diane pour le Saker Francophone


http://lesakerfrancophone.net/le-complot-de-baltimore-vers-un-etat-policier-et-une-dictature-militaire/
http://www.dedefensa.org/article-le_complot_de_baltimore_04_05_2015.html
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Le “complot” de Baltimore
Par PhilippeGrasset.

Il y a eu quelques évènements assez incompréhensibles de la part des autorités de Baltimore, sans doute avec l’aval des autorités fédérales, lors des premiers jours des troubles dans la ville. Les interprétations qui en sont données font état d’une poussée d’exploitation de ces troubles, sinon de leur alimentation pendant une phase de la crise, pour pouvoir mieux démontrer la nécessité d’un renforcement d’une police déjà militarisée, avec comme but général la transformation en une entité “fédéralisée” de toutes les polices des États de l’Union. Il est vrai que cela fait partie de l’exploration, au niveau fédéral, d’un projet de l’administration Obama allant dans ce sens, où la maire de Baltimore est elle-même partie prenante. On peut admettre, pour alimenter cette théorie d’un “complot” qui s’avèrerait en fait être une manœuvre de ce qu'on nommerait “politique hybride active”, qu’il y a de la logique dans cette hypothèse substantivée par quelques faits inexpliqués ; et si nous nommons cela “politique hybride active”, c’est en référence à un terme, – “hybride”, – largement employé par les analystes américanistes pour qualifier l’action supposée des Russes, conforme à la narrative du bloc BAO, en Ukraine. Il s’agit du mélange opérationnel de plusieurs dimensions d’une politique activiste d’État, où les dimensions militaire, ou militarisée pour le cas de Baltimore et des polices des États de l’Union, intervient à part égale avec l’interprétation d’une communication avec toutes ses manipulation, cette communication devenue un facteur essentiel de l’opérationnalisation de la politique en question.

On cite ici un extrait important d’un texte de l’analyste US Jay Johnson notamment publié par Sputnik.News le 30 avril 2015 sous le titre de «Connecting the pieces», qui pourrait s’interpréter plutôt que se traduire comme “mise en place des pièces du puzzle”. L'auteur décrit ce qui semble être des actions de provocation durant les évènements de Baltimore, en même temps qu’est rappelé l’extraordinaire effort de militarisation de nombre d’agences fédérales agissant à des niveaux locaux intérieurs des USA ... Hypothèse du Police State, certes, comme opération menée par le “centre” pour acquérir la complète maîtrise centralisé d’un appareil policier-militarisé embrassant toutes les capacités policières des États de l’Union.

«... Enter Freddie Brown. The young man was taken in police custody and then turned up dead. As a result, the city of Baltimore has been up in flames for several days now. And the riots seem to be spreading to other cities. But, once again, there seems to be something strange going on. A story at foxnews.com noted that- “An analysis of social media traffic has unearthed striking connections to the protests in Ferguson, Mo. The firm found between 20 and 50 social media accounts in Baltimore that were also tied to the peak period of violence in Ferguson…it suggests the presence of "professional protesters" or anarchists taking advantage of Freddie Gray's death to incite more violence.” As further proof this, Fox analyst and former NYPD detective Bo Dietl connected the murder of NYPD officers by a man from Baltimore earlier this year and “outside agitators” instigating protests. Specifically, he said —“ It was the usual suspects, the ones who come into New York here. The agitators were there. And I saw — it's just funny to see — these white guys, six-foot tall white guys with bandanas over their faces. They're trying to hide their faces, what are they doing there? One thing. They're trying to stir up the young kids, and make it like [this is] right.” So, who are these professional provocateurs?

»The Baltimore Sun reported on another strange occurrence —“it started with word on social media of a “purge” — a reference to a movie in which crime is made legal. It was to begin at 3 p.m. at Mondawmin Mall, then venture down Pennsylvania Avenue to the Inner Harbor.” However, motherjones.com reported that — “…the police were stopping busses and forcing riders, including many students who were trying to get home, to disembark. Cops shut down the local subway station. They also blockaded roads…and essentially corralled young people in the area. That is, they did not allow the after-school crowd to disperse.” It went on to quote an eyewitness — “The riot police were already at the bus stop on the other side of the mall, turning buses that transport the students away, not allowing students to board. They were waiting for the kids…Those kids were set up, they were treated like criminals before the first brick was thrown. With police unloading busses, and with the nearby metro station shut down, there were few ways for students to clear out.”

»Zerohedge.com published an article which asked —“Why were so many police vehicles conveniently parked along the street in areas where the worst violence happened? After the destruction of a number of police vehicles on Saturday night, the Baltimore police had to know that they were prime targets. So why were there even more police vehicles available for rioters to destroy on Monday? And where were the cops that should have been protecting those vehicles? Mayor Stephanie Rawlings-Blake might have provided the answer. She was quoted as saying — “…We also gave those who wished to destroy space to do that as well.” Why would a Mayor seemingly condone violence and destruction of her city?

»To answer this question, we should examine the Mayor herself. Infowars.com notes that —“Rawlings-Blake was one of three mayors who provided broad input into President Obama’s Task Force on 21st Century Policing, which advocates the federalization of police departments across the country.” Infowars.com went on to note —“This could explain her inaction to stop the rioting when it began: by allowing it to spiral out of control, the mayor and her friends at the Justice Dept. could use the unrest to justify the expansion of federal power into local law enforcement, which would also allow her to receive more funding.” Let’s not forget that the city of Baltimore is basically broke.

»And maybe this is the big untold story. The federalization of the local police force aka the rise of the police state. Not only have the Feds given surplus military gear such as machine guns, drones and even MRAPS, which are basically light tanks, but over the last few years media has run numerous stories about how various government agencies are suddenly being militarized. Everyone from the Department of Agriculture, the Railroad Retirement Board, the Tennessee Valley Authority, the Office of Personnel Management, the Consumer Product Safety Commission, the U.S. Fish and Wildlife Service and the Education Department now have SWAT units. Even the IRS, the Social Security Administration, and the National Oceanic and Atmospheric Administration, which oversees the National Weather Service, are also among the federal agencies which have taken to purchasing ammunition and weaponry in bulk. In fact, forbes.com notes that as of 2008, “73 federal law enforcement agencies… [employ] approximately 120,000 armed full-time on-duty officers with arrest authority.” Four-fifths of those officers are under the command of either the Department of Homeland Security (DHS) or the Department of Justice...»

Jay Johnson poursuit en faisant une référence qui nous intéresse particulièrement puisqu’elle concerne un document du US War College dont nous avions justement parlé six ans auparavant ... «Seven years ago, the U.S. Army War College issued a report calling on the military to be prepared should they need to put down civil unrest within the country. Summarizing the report, investigative journalist Chris Hedges declared, “The military must be prepared, the document warned, for a ‘violent, strategic dislocation inside the United States,’ which could be provoked by ‘unforeseen economic collapse,’ ‘purposeful domestic resistance,’ ‘pervasive public health emergencies’ or ‘loss of functioning political and legal order.’ The ‘widespread civil violence,’ the document said, ‘would force the defense establishment to reorient priorities in extremis to defend basic domestic order and human security.’” Is this why operation Jade Helm is to begin in just a few weeks time?»

»As the Washington Post recently noted, America’s economy continues to collapse and people are starting to realize the men behind the curtain are running out of tricks. Civil disobedience has devolved into outright rioting and calls for the State to normalize the situation are growing louder. Although medical issues seem to be ok, things could change in an instant. With the rising corporatocracy on one hand and the shrinking job market on the other, things aren’t looking good for the little guy in the near future.»

Un texte publié sur ce site le 24 décembre 2008 avait évoqué en détails ce rapport du 15 décembre 2008, du Strategic Studies Institute (SSI), un département dépendant de l’US Army War College. Il s’agit du rapport «Known Unknowns: Unconventional “Strategic Shocks” in Defense Strategy Development”, de Nathan Freier, un lieutenant-colonel qui avait récemment quitté l’U.S. Army et était alors professeur au même War College. Nous remarquions combien ce rapport s'intéressait à une évolution vers des tensions extrêmes de la situation intérieure US et une situation générale décrite comme une “dislocation stratégique”, et les mesures à éventuellement considérer du point de vue des autorités centrales pour contrôler ou empêcher cette évolution. Que Baltimore et les évènements qui y conduisent et l'accompagnent représentent ou pas cette situation de “tensions extrêmes”, cela reste une question ouverte ; que les autorités du Système (la précision importe plus que jamais) considèrent les choses de cette façon, cela semble une hypothèse tout à fait acceptable ... Ci-après, des extraits de notre texte de décembre 2008.

« Ce rapport est présenté dans le contexte de l’élection du nouveau président, comme une contribution à la réflexion que doit entreprendre la nouvelle équipe de sécurité nationale qui arrive au pouvoir (selon la présentation du SSI: «The author provides the defense policy team a clear warning against excessive adherence to past defense and national security convention»). WSWS.org le commente dans le sens voulu par son analyse, qui est l’hypothèse de l’établissement d’une dictature militaire aux USA. Ce qui nous apparaît important dans ce rapport est certainement l’hypothèse de “dislocation stratégique” appliquée aux USA, notamment mais d’une façon appuyée, à partir de troubles nés de la situation de crise économique («“violent, strategic dislocation inside the United States,” which could be provoked by “unforeseen economic collapse” or “loss of functioning political and legal order”»). L’hypothèse est évidemment particulièrement éclairée, sinon étayée par la situation de crise présente, et son importance, sa mise en évidence sont évidemment suscitées par cette situation. La réaction rapide de la réflexion de l’équipe stratégique derrière le rapport à la crise financière et économique mesure la préoccupation à propos de ce sujet.

» Il s’agit d’un exemple convaincant de l’évolution de la réflexion stratégique. La forme de la “surprise stratégique” pour la période considérée a ses racines dans l’attaque du 11 septembre 2001, mais les hypothèses concernaient essentiellement des causes d’une telle surprise qui viendraient de l’extérieur. L’ouragan Katrina et ses conséquences ont commencé à modifier cette perception. La crise actuelle achève cette modification, au point qu’on peut parler de transformation de la perception stratégique. L’hypothèse de troubles intérieurs US restaient jusqu’alors, justement, du domaine de l’hypothétique liée à une pensée spéculative sinon exaltée; désormais, elle est directement liée à des événements en cours.

» On observera que l’hypothèse concerne des événements auxquels les pays européens sont habitués, comme, aujourd’hui, les événements en Grèce. Cette sorte d’événements est complètement inhabituel pour les USA, qui se présentent comme une société de grande cohésion civique, – en réalité un ordre maintenu autant par le conformisme des conceptions que par l’absence d’unité sociale éventuellement contestatrice et une forte présence de la loi. Ce caractère rigide de l’ordre public dans les domaines social et politique est d’autant plus important que le pays est fragile et vulnérable du point de vue de sa structure et de sa cohésion. On voit que certaines réactions à la situation économique impliquent déjà des références à la guerre de Sécession. Le document du SSI nous indique que, plus que l’idée précise d’une dictature militaire, c’est à notre sens la crainte de la vulnérabilité structurelle des USA qui s’empare des esprits des stratèges (US mais aussi occidentaux dans un sens plus large). La notion de “surprise stratégique”, qui est la marque du temps, se détache de l’agression extérieure, du mythe du terrorisme, pour parvenir au stade ultime qui est la cohésion structurelle des USA. La crise est passée par là et elle ne va plus cesser de renforcer cette hypothèse, d’entretenir cette crainte. Il s’agit sans aucun doute de la crainte ultime de la pensée stratégique occidentale depuis la Deuxième Guerre mondiale. Si la cohésion du “centre” est mise en cause, c’est l’intégrité fondamentale du système qui est mise en cause. Le cas central de la puissance de notre système se trouve concentré effectivement dans la question de la “cohésion stratégique” des USA, menacée par le risque de “dislocation stratégique”. La crise financière et économique a ouvert la boîte de Pandore. »


Mis en ligne le 4 mai 2015 à 06H25

JacquesL

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Quand les élites U.S. déclareront la guerre à l’Amérique : voilà leur plan de bataille
Source alt-market : http://www.alt-market.com/articles/2588-when-the-elites-wage-war-on-america-this-is-how-they-will-do-it

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Quand les élites déclareront la guerre à l’Amérique : voilà leur plan de bataille

Par Brandon SMITH – Le 6 mai 2015 – Source alt-market

Les conséquences et les motifs de la guerre, que ce soit par une nation contre une autre ou par un gouvernement contre ses citoyens, changent rarement. Cependant, les méthodes de la guerre ont largement évolué avec les temps modernes. Les guerres par les élites contre les populations sont souvent si subtiles que beaucoup de gens pourraient même ne pas reconnaître qu’ils sont l’objet d’attaques jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Chaque fois que j’examine les conceptions de guerre potentielle entre des individus et l’oligarchie, invariablement une personne bien têtue crie: «Que voulez-vous dire avec quand? Nous sommes en guerre en ce moment!» Dans ce cas, je ne parle pas de traces subtiles de la guerre. Je ne parle pas de guerre de l’information, de guerre de propagande, de guerre économique, de guerre psychologique ou la guerre biologique. Je parle de la guerre pure et simple, et quiconque pense que nous avons déjà atteint ce point n’a aucune idée de ce à quoi la vraie guerre ressemble.

La récente découverte de l’exercice Jade Helm 15 à l’échelle nationale a rendu beaucoup de gens soupçonneux, et avec raison. Les exercices fédéraux de crise ont une tendance historique étrange à coïncider soudainement avec des événements de crise très réels. Nous ne pouvons en savoir que très peu sur Jade Helm au delà des communications du gouvernement, des objectifs revendiqués et des fausses pistes. Mais à tout le moins, nous savons que Jade est un acronyme pour: aide conjointe pour le déploiement et l’exécution, un programme conçu pour créer des plans d’action et de déploiement à l’aide de modèles informatiques destinés à accélérer les temps de réaction pour les planificateurs militaires au cours d’un scénario de crise. Il est lié avec un autre programme appelé ACOA (Adaptive Course of Action), la base de ce qui est essentiellement l’utilisation du succès de missions passées et des modèles informatiques pour planifier les missions futures. Les deux sont des produits de l’Agence DARPA.

Pour autant que je sache, personne n’a présenté aucune preuve tangible de ce que HELM signifie vraiment, mais la partie JADE de l’exercice se concentre explicitement sur une planification d’un déploiement rapide de forces dans les situations de crise, selon le livre blanc du gouvernement (voir le lien ci-dessus). Ce seul fait remet en question les déclarations du ministère de la Défense que Jade Helm n’est rien de plus que d’un programme de formation pour préparer les unités militaires au déploiement à l’étranger. Ceci est clairement un mensonge si Jade Helm tourne autour de situations de crise (qui dénote des menaces intérieures), plutôt que des opérations à l’étranger.

Bien sûr, si vous considérez aussi le fait que les forces des opérations spéciales s’entraînent toujours comme elles se battent, et dans des environnements similaires à l’endroit où elles vont se battre, la rhétorique de Jade Helm évoquant une préparation pour les théâtres étrangers, ne tient pas debout. Si les forces des opérations spéciales vont se battre en Irak, Iran ou en Syrie, elles vont sur des terrains d’entraînement dans des endroits comme le Koweït. Si elles sont formées dans des endroits comme Fort Lauderdale, en Floride (y compris à la formation d’infiltration), il n’y a pas moyen d’éviter de penser qu’elles s’entraînent pour combattre dans un lieu similaire à Fort Lauderdale avec une culture et population similaire.

Les exercices militaires au centre ville de Fort Lauderdale ont provoqué une certaine émotion

Je note en outre que les exercices Jade Helm sont aussi des exercices conjoints avec des organismes de l’État comme le FBI et la DEA. Encore une fois, pourquoi inclure ces organismes nationaux d’application de la loi à un exercice militaire simplement destiné à préparer les troupes pour les opérations à l’étranger? J’entends souvent l’argument que l’armée ne serait jamais associée avec un tel programme, mais les gens qui prennent cette position plutôt présomptueuse ne comprennent pas la psychologie de crise. Dans le cas d’une catastrophe nationale, de nombreux militaires et les employés du gouvernement peuvent déterminer qu’ils vont faire ce qui est le mieux pour eux et leurs familles. Et si obéir aux ordres garantit la sécurité de leurs familles (sécurité alimentaire, logement, etc.), ils peuvent très bien suivre un ordre, peu importe les doutes. En outre, une crise de grande ampleur pourrait être utilisée comme une justification de la loi martiale ; autrement dit des militaires hommes et femmes, bien intentionnés, pourrait être convaincus que la perte des libertés constitutionnelles pourrait être nécessaire pour le plus grand bien du plus grand nombre. Je crois que certains militaires vont en effet résister à ces efforts, mais bien sûr, Jade Helm peut également être une méthode permettant de repérer ces personnes indélicates avant de mettre en œuvre une opération réelle.

Donc, si Jade est en fait un système de planification de crise pour l’armée et que l’armée s’entraîne pour des opérations nationales, quelle est la crise pour laquelle cette formation est planifiée? Il est difficile de le dire. Je crois que cela va découler d’un désastre économique, car nos structures économiques et sociales sont si faibles que presque tout événement majeur pourrait déclencher cet effondrement. Les attaques terroristes, les cyberattaques, un cas de pandémie, un vent un peu fort, trouvez vous-même. Il est clair que le gouvernement s’attend à une crise. Et avec l’avènement de cette crise, la guerre ultime contre le peuple américain va commencer.

Pourquoi s’attendre une situation de crise? Avec la couverture d’un événement de crise, l’opposition au pouvoir est plus facilement ciblée. Pour mon point de départ de la stratégie de guerre de l’élite, je voudrais utiliser la présentation suivante sur la guérilla par Max Boot qui est  un membre expérimenté du CFR, (Council on Foreign Relations) et un conseiller militaire à l’élitiste World Affairs Council.

Max Boot : Leçons de l’histoire au sujet des luttes de guérillas

Je voudrais d’abord souligner que Boot affirme que son travail est simplement une étude à caractère historique de personnages intéressants du domaine de l’insurrection et de la contre-insurrection, et n’est pas polémique. Je crains devoir sortir mon joker sur cela. Boot est conseiller direct du ministre de la Défense. Son travail et cette présentation étaient de toute évidence une étude sur la tactique de guérilla dans la perspective de la contre-insurrection et une tentative d’explorer des méthodes stratégiques pour contrôler et éradiquer la guérilla et les terroristes.

Toute défense que le peuple américain pourrait mobiliser contre le démantèlement, par les élites, des libertés constitutionnelles tournerait inévitablement à une insurrection. Donc, en utilisant les points de vue de Boot, membre du CFR, en matière de contre-insurrection comme ligne directrice, les élites feront très probablement une guerre ouverte aux personnes au sein de la population américaine qui ont la volonté de se battre.

Contrôle de l’opinion publique

Boot insiste sur la nécessité absolue du contrôle de l’opinion publique pour vaincre une insurrection. Une grande partie de son analyse est en fait tout à fait exacte, à mon avis, en termes de succès par rapport aux échecs des mouvements de guérilla. Cependant, son obsession sur l’opinion publique est, en partie, maladive. Boot suppose que la Révolution américaine est un excellent exemple de l’action de l’opinion publique contre les puissances dominantes, affirmant que l’opinion publique britannique avait forcé le parlement et le roi George III à arrêter toute nouvelle opération dans les colonies.

Maintenant, il est important de reconnaître que les élites ont une tendance récurrente à marginaliser le succès de la Révolution américaine, en particulier comme étant un coup de chance dans l’histoire. Boot, bien sûr, néglige complètement le fait que la guerre avait duré bien plus longtemps que prévu et que la direction britannique a souffert sous le poids des dettes considérables. Il néglige également le fait que les colons pro-indépendantistes étaient beaucoup moins nombreux que les conservateurs loyaux à la couronne jusqu’à la fin de la guerre. La révolution n’a jamais été en position majoritaire, et l’opinion publique n’était pas du côté des révolutionnaires.

L’idée même de la Révolution américaine est un peu une blessure sur l’ego collectif des élites, et leur biais les amène à faire des études inexactes de l’événement. La réalité est que la plupart des révolutions, même celles qui ont réussi, restent l’affaire de minorités durant une bonne partie, sinon la totalité, de leur déroulement. La majorité des gens ne participent pas à l’histoire. Ils ont plutôt tendance à flotter, impuissants, dans les marées, en attendant de s’accrocher à quelque mouvement minoritaire semblant être en position de l’emporter.

Boot suggère que si les Pères fondateurs avaient fait face à l’Empire romain plutôt qu’à l’Empire britannique, ils auraient été crucifiés et la rébellion aurait immédiatement flanché, parce que les Romains n’avaient aucune préoccupation pour l’opinion publique. Voilà où nous entrons dans l’esprit réel des élitiste.

Pour l’instant, l’establishment choisit d’influencer l’opinion publique avec une désinformation soigneusement élaborée. Mais quelle est la meilleure façon de traiter avec l’opinion publique, quand il s’agit de combats d’une révolution moderne? Il faut sortir l’opinion publique de l’équation, de sorte que l’élite au pouvoir soit libre d’agir aussi vicieusement qu’elle le souhaite. Une crise préfabriquée, et la crise économique en particulier, occulte d’autres menaces potentielles, y compris les taux de criminalité élevés, les pillages, les émeutes, la famine, les conflits internationaux, etc. Dans un tel environnement, l’opinion publique a très peu de poids, si tant est que les gens fassent même attention à quelque chose au-delà de leur propre désespoir. Une fois cet objectif atteint, l’oligarchie a le champ libre pour mener des actions moralement discutables, sans crainte de futurs retours de flamme.

Contrôler le public

Un autre principe essentiel que Boot décrit comme essentiel dans la défaite de l’insurrection est le contrôle du gros de la population afin de prévenir le recrutement de nouveaux membres par la révolution, et lui interdire d’utiliser la foule comme couverture. Il précise que le contrôle du public ne signifie pas gagner les cœurs et les esprits dans un sens diplomatique, mais de dominer par des moyens tactiques et psychologiques.

Il présente d’abord l’exemple de la contre-insurrection française en Algérie, en déclarant que la stratégie française de la torture généralisée, alors qu’elle était moralement répréhensible, a réussi dans les faits à débusquer et à détruire la les meneurs de l’insurrection. Là ou les Français ont échoué, c’est qu’ils n’ont pas réussi à brider et à occulter la campagne de torture. Boot utilise une fois de plus l’argument de l’opinion publique comme la raison de la perte éventuelle de l’Algérie par les Français.

Ce que Boot semble suggérer, c’est que la torture systématique est viable, au moins comme une stratégie hypothétique, tant qu’elle reste inaperçue du public en général. Il réitère également cela indirectement dans sa liste définitive des articles sur l’insurrection et la contre-insurrection quand il affirme que «quelques contre-insurrections (gouvernements) ont réussi, en infligeant une terreur de masse, au moins dans des pays étrangers», ce qui suggère que la terreur de masse peut être une option contre une rébellion domestique.

Boot va ensuite décrire un scénario plus efficace, le succès des Britanniques contre les insurgés en Malaisie. Il attribue la victoire britannique contre la rébellion à trois facteurs :

1) Les Britanniques ont séparé de grandes parties de la population, des villages entiers, dans des camps de concentration, entourés par des clôtures et des gardes armés. Cela empêche ces insurgés de recruter dans les classes plus opprimées ou les insatisfaits. Et cela les isole dans des zones où ils peuvent être plus facilement matés.

2) Les Britanniques ont utilisé les forces d’opérations spéciales en ciblant des groupes rebelles spécifiques et des leaders plutôt que de tenter de manœuvrer à travers de vastes régions dans une attaque vaine du style du Vietnam.

3) Les Britanniques ont fait des promesses qui ont séduit le grand public, y compris la promesse de l’indépendance. Cela a rendu le public plus souple et plus disposés à coopérer.

Maintenant, je n’ai aucun espoir que les élites puissent offrir l’indépendance au public américain pour leur coopération dans la lutte contre une insurrection de patriotes, mais je pense qu’ils vont offrir quelque chose peut-être de plus séduisant : la sécurité.

Je crois que l’exemple britannique/malaisien donné par Boot sera la principale méthode pour les élites et le gouvernement fédéral dans le cas où une rébellion aux États-Unis s’opposerait aux atteintes à la République constitutionnelle, ou à l’instauration de la loi martiale à la suite d’une urgence nationale.

Isoler les centres de population

Il y a une raison pour laquelle certaines villes américaines sont ensevelies sous des réseaux de surveillance biométriques technologiquement sophistiqués, et je pense que l’exemple malaisien en donne la clé. Certaines villes (pas toutes) peuvent être transformées en énormes camps isolés, ou zones vertes. Elles seraient étroitement contrôlées, et les voyages seraient très limités. L’alimentation, le logement et la sécurité seraient probablement offerts, après qu’une période de catastrophe aurait été expérimentée. Quelques mois de famine et le manque de médicaments pour les dépendants aux médicaments pourraient sans doute tuer des millions de personnes. Les survivants non préparés afflueraient vers ces zones dans l’espoir de recevoir de l’aide. Les forces gouvernementales pourraient confisquer les fournitures vitales dans les zones rurales à chaque fois que cela serait possible afin de forcer encore plus de gens à se concentrer dans les régions contrôlées.

J’ai vu la stratégie d’isolement en action en partie, lors du sommet du G20 à Pittsburgh. Plus de 4 000 policiers et soldats de la Garde nationale ont verrouillé le centre-ville, ne laissant qu’une seule voie pour circuler. Le premier jour, il n’y avait presque pas de manifestants ; la plupart des militants étaient si effrayés par le spectacle de cette force en mode shock-and-awe – qu’ils n’ont pas osé quitter leurs maisons. Ceci est l’exemple le plus proche que j’ai personnellement vécu lors de la mise en place de la loi martiale en paysage urbain.

Décapiter les leaders

Le mouvement de la liberté a toujours été un mouvement sans leader, ce qui rend l’approche style nuit des longs couteaux légèrement moins efficace. Je ne vois pas d’avantages immédiat pour les élites dans l’enlèvement ou le meurtre de membres éminents du mouvement, même si cela ne signifie pas qu’ils ne vont pas essayer quand même. Les partisans de la liberté les plus connus sont les enseignants, et non des généraux ou des politiciens charismatiques. Les enseignants laissent tous leurs enseignements derrière, et personne n’a besoin de généraux ou des politiciens. Le mouvement ne serait pas nécessairement perdu sans nous.

Cela dit, il y a un facteur de peur impliqué dans un tel événement. Le black-bagging [étouffement, NdT] des voix de la liberté populaire pourrait terroriser tous les autres et leur imposer la soumission ou l’inaction. Voilà pourquoi je soutiens sans cesse le besoin de leadership individuel ; chaque personne doit être capable et disposée à prendre des mesures individuelles sans être commandée pour la défense de ses propres libertés, si le besoin s’en fait sentir. Les groupes devraient garder une direction locale, et la centralisation nationale du leadership doit être évitée à tout prix.

Selon les promoteurs mêmes des exercices Jade-Helm, la formation sera axée sur des équipes de réaction rapide frappant une zone avec le soutien d’hélicoptères, puis un retrait dans les 30 minutes ou moins. Presque tous les anciens combattants de la guérilla avec lesquels je me suis entretenu concernant ce style d’action ont dit qu’elle est utilisée pour saisir et arracher, c’est à dire capturer ou tuer des cibles de grande valeur, puis se retirer avant que l’ennemi ne puisse riposter.

La guerre de quatrième génération

La méthode finale pour la guerre contre le peuple américain est celle dont Boot ne parle pas : l’utilisation de la guerre de quatrième génération. Certains appellent cela la guerre psychologique, mais c’est beaucoup plus que cela. La guerre de quatrième génération est une stratégie par laquelle une partie de la population que vous souhaitez contrôler est tournée contre une autre partie de la population que vous souhaitez contrôler également [Triangle de Karpman ou Conflit triangulé, NdT]. C’est la guerre sans l’utilisation immédiate des armées. Au contraire, les élites tournent la population ennemie contre elle-même et encouragent une guerre interne pour leur laisser faire le gros du boulot. Nous pouvons voir cette stratégie en développement déjà aux États-Unis dans la manipulation des questions raciales et la militarisation de la police.[et surtout dans tout le Moyen-Orient, NdT]

L’utilisation de provocateurs lors de troubles dans des endroits comme Ferguson, Missouri, et Baltimore suggère que la course à la guerre  fait partie d’un plan plus vaste. Je crois que les responsables de l’application des lois se sont également donné un faux sentiment d’invincibilité. Avec des jouets militaires et le financement fédéral, mais des philosophies tactiques pauvres et une formation dépassée, les LEO [argot : flics de base, NdT] sont utilisés comme chair à canon lorsque SHTF [argot : ça commence à chauffer sérieusement, NdT]. Leur échec inévitable sera utilisé comme une raison pour une plus grande participation militaire locale ; mais en attendant, les Américains seront incités à se battre et à se tuer les uns les autres, tandis que les élites pourront s’asseoir et regarder le spectacle.

La guerre de quatrième génération consiste également à tromper la population cible en l’incitant à soutenir des mesures qui sont secrètement destructrices pour elle. Par exemple, le support des mouvements pour la liberté en soutien à une opposition contrôlée par l’élite [Révolutions de couleur, NdT] comme en Russie ou en Chine, ou le soutien des mêmes mouvements pour un coup d’État militaire dans lequel les hauts gradés sont des marionnettes de l’élite, comme l’est l’administration Obama. Vous pensez que cela semble tiré par les cheveux? C’est déjà arrivé dans notre histoire récente! Le Major général Smedley Butler du corps des Marines a été embauché par des grands dirigeants d’entreprise pour mener une armée professionnelle dans un coup d’État contre Franklin D. Roosevelt (également un fantoche élitiste) en 1933. Butler heureusement a exposé le complot avant qu’il n’ait pris son essor. Les deux parties sont restées sous contrôle, mais le coup, en cas de succès, aurait pu apporter un soutien populaire à un coup de rabot expéditif contre la Constitution, plutôt que la lente érosion qui a eu lieu. Ceci est la quintessence de la guerre de quatrième génération – faire penser aux gens qu’ils sont en train de gagner, quand ils sont réellement en train de vous aider à les vaincre.

Connaître son ennemi

J’ai indiqué ci-dessus les tactiques non pas parce que je pense qu’elles prévaudront nécessairement, mais parce qu’il est important que nous sachions exactement à qui nous avons affaire afin de mieux nous défendre. Ces méthodes peuvent être contrées par la préparation des communautés, en évitant une direction centrale, l’application de mesures aléatoires plutôt que d’actions prévisibles, etc. La plupart d’entre nous, champions de la liberté, devront fournir un certain niveau de sûreté et de sécurité pour les gens autour de nous s’ils veulent perturber les efforts de l’establishment pour attirer par ruse ou de force la population dans des régions contrôlées. La crise est la meilleure arme que les élites ont à leur disposition, et des exercices comme Jade Helm montrent qu’ils peuvent utiliser cette arme à court terme. La meilleur défense est la préparation – et pas seulement pour vous-même, mais pour les autres autour de vous. La guerre est à venir, et alors que nous ne pouvons pas en connaître la date exacte, nous pouvons supposer le pire et faire de notre mieux pour y être prêt le plus rapidement possible.

Note du Saker Francophone

En France, on peut voir en temps réel, et en accéléré par rapport au USA, le même processus enclenché après le 11 Septembre. On vote ces jours-ci des lois liberticides censées nous protéger d’un terrorisme islamique, mais avec des éléments de langage du gouvernement ciblant les mouvements identitaires (Cazeneuve à l’Assemblée nationale) et surtout le complotisme sur internet qui est en voie de criminalisation dans l’esprit de l’opinion publique, voire même de médicalisation comme au plus beau temps des procès soviétiques. La France n’étant pas construite autour du nationalisme, comme les États-Unis, prompts à brandir la bannière étoilée mais prônant la liberté d’expression comme horizon indépassable, cela nous promet des contradictions proprement hallucinantes de la part des élites et donc une approche de plus en plus totalitaire de l’exercice du pouvoir.

Liens : http://www.entrefilets.com/infestation.html

A savourer, cette autre analyse du site entrefilets qui analyse aussi la G4G et les tests grandeur nature en Palestine ou sur Internet.

Traduit par Hervé, relu par jj pour le Saker Francophone