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Auteur Sujet: Pétition contre la suppression de la géométrie au collège  (Lu 3039 fois)

Mateo

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https://www.change.org/p/madame-la-ministre-de-l-%C3%A9ducation-nationale-de-l-enseignement-sup%C3%A9rieur-et-de-la-recherche-r%C3%A9vision-du-projet-des-programmes-de-math%C3%A9matiques-pour-les-cycles-3-et-4

Citer
Apparue à l'aube du troisième millénaire av. J.-C., la Géométrie s'est d'abord imposée comme une puissante partenaire de vie pour les contemporains de cette époque, qui ont rapidement saisi la richesse de ses ressources, et fait dès lors un usage immodéré de ses outils efficaces pour résoudre nombre de problèmes pratiques posés dans des domaines aussi divers que l'architecture, la topographie, l'arpentage ou les partages territoriaux. Peu à peu, la Géométrie a ensuite acquis ses lettres de noblesse et commencé à se développer en tant qu'entité propre, se dégageant des préoccupations utilitaires et se révélant progressivement comme une formidable école du raisonnement, dotant quiconque en faisait usage d'une propension à la rigueur et à la précision.

Pourtant, si l'on évalue la situation à l'aune de la dernière décennie, force est de constater que cette belle histoire semble vouée à connaître un bien lugubre épilogue. À chaque renouvellement des programmes scolaires, la quotité affectée à la géométrie se réduit en effet peu à peu comme peau de chagrin. Ce processus de destruction, qui transcende les partis politiques, va bientôt connaître une nouvelle étape puisque de nouveaux programmes seront appliqués dans les écoles primaires et dans les collèges.

Au collège, depuis bien longtemps, les transformations affines n’agissent plus sur les points, mais sont devenues de vagues procédés de déformation de figures géométriques. Les vecteurs, quant à eux, ont disparu depuis plusieurs années déjà, alors que les translations ont été étonnamment maintenues. Les théorèmes sur les positions relatives de droites et de plans ont également été supprimés. Aujourd’hui, la géométrie poursuit sa longue agonie : les médianes, les parallélogrammes, les cercles inscrits et circonscrits, les théorèmes des milieux, l’aire du disque et les volumes de la sphère, de la pyramide et du cône disparaîtraient des nouveaux programmes. Les figures usuelles (cercles, triangles, quadrilatères,…) n’ont plus de propriétés : il est vrai que les élèves n’apprendront qu’« à exercer un contrôle des caractéristiques d’une figure ». L’exemple de la section d’une pyramide ou d’un cône par un plan parallèle à la base qui permettait d’illustrer dans l’espace les notions d’agrandissement et de réduction abordées dans les classes du collège, a également été sacrifié.

Au lycée, les programmes suivent la même logique de destruction. Les recherches de lieux géométriques et les problèmes de construction qui agrémentaient les manuels scolaires, deviennent de plus en plus rares. Les transformations affines n’apparaissent toujours pas et les barycentres n’ont pas survécu.

En classe préparatoire, la géométrie affine a quasi disparu – à l’exception de la convexité, présentée de manière isolée et singulièrement hors contexte. Les coniques, après avoir été chassées des programmes de terminale, connaissent le même sort au sein des classes préparatoires. Le calcul des aires et des volumes, mais aussi les propriétés métriques des courbes, ne seront également plus abordés. Seule la géométrie vectorielle semble résister. Mais pour combien de temps encore ?

D’une façon générale, les programmes successifs de mathématiques offrent de moins en moins de supports à l’apprentissage de la démonstration. Ainsi fragilisée, la géométrie est peu à peu réduite à sa dimension utilitaire, perdant ainsi son aspect plus formatif qui est celui de créer des esprits rigoureux. Blaise Pascal disait pourtant :

« Et je n'ai choisi cette science [la géométrie] (...) que parce qu'elle seule sait les véritables règles du raisonnement, (…) et se fonde sur la véritable méthode de conduire le raisonnement en toutes choses, que presque tout le monde ignore, et qu'il est si avantageux de savoir, que nous voyons par expérience qu'entre esprits égaux et toutes choses pareilles, celui qui a de la géométrie l'emporte et acquiert une vigueur toute nouvelle. »

Par le biais de la géométrie, l’Education Nationale s’en prend en définitive à toutes les mathématiques : les étudiants accueillis dans les universités et les écoles de l’enseignement supérieur n’auront pas été suffisamment formés à la rigueur de la démonstration et une nouvelle baisse du niveau général de la licence est encore à prévoir.

La situation est d’autant plus grave que les programmes du CAPES de Mathématiques suivent l’évolution des enseignements dispensés dans les établissements du second degré : si les collégiens et les lycéens ne sont plus correctement formés à la rigueur de la démonstration, les futurs enseignants ne seront plus formés à transmettre cette rigueur. Quant aux professeurs des écoles, nous savons déjà que très peu de lauréats sont issus des filières scientifiques. Nous sommes donc résolument entrés dans une boucle infernale qu’il est urgent de rompre.

En conséquence, nous demandons au Ministère de l’Éducation Nationale la prise en compte de ces remarques, ainsi que la révision intégrale du projet des programmes de mathématiques pour les cycles 3 et 4.
Mateo
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JacquesL

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Re : Pétition contre la suppression de la géométrie au collège
« Réponse #1 le: 24 mai 2015, 12:47:39 pm »
Tu m'obliges à monter au créneau, pour observer que ni les rédacteurs de la pétition ni le ministère, n'ont de notions suffisantes de didactique, ni plus généralement de stratégie de la construction pédagogique.

La seule chose qu'André Pressiat a remarqué dans mon article de 1995 paru en 1997 dans "Le nombre, une hydre à n visages ; entre nombres complexes et vecteurs" est l'héritage inhabituel que je préconisais : faire hériter les vecteurs des grandeurs physiques, et non des nombres, fussent-ils complexifiés.

Contrairement à vous qui êtes hommes d'un seul métier, j'étais passé par le génie logiciel, et par la révolution très mal nommée "programmation orientée objet", c'est à dire par transmission de propriétés et de méthodes par héritage de classes en classes.

Là la hiérarchie stratégique que vous abordez est différente, elle requiert des outils nouveaux : vous défendez l'acquisition d'habiletés par les élèves, dont à votre avis le ministère se fout pas mal. Dans tous les cas, vous allez devoir enquêter chez les utilisateurs finaux, laboratoires et industries. L'esprit de géométrie est-il nécessaire ou inutile ? Quelles sont les requalifications et rectifications de frontières qu'ils suggéreraient ?

D'où je parle ? D'une ancienne école. Nous avions appris l'inversion, les faisceaux harmoniques et les faisceaux de cercles de Poncelet. Le seul usage que j'aie rencontré des cercles de Poncelet est en électrostatique en dimension 2. C'est un exo qui sortait du reste régulièrement au CAPES de physique, comme la géométrie de l'arc en ciel.

L'usage des angles inscrits, programme de seconde, je l'ai rencontré plusieurs fois, je ne me rappelle plus à quelles occasions, sauf la plus inattendue : la navigation côtière au sextant, tenu horizontalement pour mesurer la distance angulaire entre deux amers. Méthode qui ne se répandra jamais, vu le prix des sextants, et l'absence de méthodes usuelles sous la main pour faire la construction au compas sur la carte.

J'ai déjà signalé, suite aux émeutes de mai 2013 en Suède, http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php/topic,2035.msg4352.html#msg4352 , la volonté des féministes au gouvernement, d'altérer suffisamment les programmes de sciences et techniques pour que dans ces domaines aussi, les filles - plus bavardes et plus conformistes -  dépassent les garçons. Peu importe la baisse d'efficacité finale, leur seule urgence est de féminiser les sciences et techniques, et d'évincer les garçons des études supérieures. Obtenir des militants supplétifs pour le parti "vert".

En France, la désindustrialisation est tellement avancée et tragique, que de toutes façons, des postes d'ingénieurs et de techniciens, il n'en restera guère.

Les ministères sont détenus par un parti de l'étranger, intrinsèquement traître à la France.

Mateo

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Re : Pétition contre la suppression de la géométrie au collège
« Réponse #2 le: 26 mai 2015, 06:44:57 pm »
Merci de ton soutien.

Je vais publier sur Internet, comme tu l'as fait pour d'autres sujets,
tous les cours de géométrie qui vont disparaître des programmes
pour que des autodidactes puissent s'instruire.

Amicalement,
Mateo
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Mateo

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Re : Pétition contre la suppression de la géométrie au collège
« Réponse #3 le: 02 juillet 2015, 04:47:36 pm »
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Alexandre Carret a écrit :

Bonjour à tous,

une tentative personnelle (probablement beaucoup trop longue et excessive) pour dire ce que m'inspire principalement cette réforme  :

La tendance générale dans l'Education Nationale, comme partout ailleurs dans la société, est le pantechnocratisme, c'est-à-dire, ce mouvement idéologique qui nie toute réalité à l'action humaine si elle n'est pas mise en récit dans un discours formalisé selon les règles strictes de la technocratie.

La réforme en cours s'inscrit pleinement dans cette démarche.
---
Règles technocratiques du discours sur l'action :

Définition : Un discours sur l'action est appelé « projet » et doit réduire une aventure humaine et sociale, donc impliquant une infinité complexe de relations sociales de tous ordres, en une série limitée d'objectifs prédéfinis.

Règle n°1 : Toute action humaine peut être reformulée en terme de projet technocratique.

Règle n°2 : Il n'existe aucune réalité en-dehors des projets.

Règle n°3 : Le champ des discours technocratiques est un champ autonome pouvant proliférer en-dehors de toute autre réalité. Tout discours doit donc être ainsi rédigé que tout technocrate, aussi loin de la réalité de l'action soit-il, doit reconnaître au premier coup d'oeil qu'il s'agit d'un bon discours donc d'un bon projet.

Règle n°4 : Les objectifs prédéfinis doivent être évaluables par des indicateurs quantitatifs.

Règle n°5 : Ces indicateurs quantitatifs deviennent la seule réalité de l'action. La statistique devient la seule approche possible pour juger de l'action.
---
Le but de la technocratie est l'optimisation des moyens donc un contrôle et une évaluation permanente des actions. Il existe deux voies pour cela :

Faire confiance aux praticiens et entamer avec eux un dialogue basé sur la reconnaissance de leur expertise. Ceci, les technocrates n'en veulent pas car d'une part, accorder de la confiance, c'est partager un peu le pouvoir et d'autre part, reconnaître qu'un champ de l'expertise sociale échappe à la méthode technocratique est contraire aux règles de la technocratie.

Puisque la reconnaissance de l'expertise de terrain est incompatible avec les règles technocratiques, l'action réelle elle-même tend à devenir un problème pour le système technocratique. L'action réelle doit donc subir une transformation-réduction en un discours appelé « projet ».

Au passage, l'on observe l'une des forces du système technocratique qui est de voler des mots positifs de la vie réelle comme le mot « projet » pour les réduire à une définition normative qui en pervertit le sens original.

Dans le cas de la réforme de l'Education Nationale, le mot perverti est celui d'« autonomie » qui signifie l'exact contraire de son sens original. Par « autonomie », il faut entendre « autonomie contrôlée » : les établissements scolaires ne seront autonomes qu'à la seule condition qu'ils multiplient les discours sur l'action, c'est-à-dire qu'ils se plient à une mise en projets normés et statistiquement évaluables de l'activité humaine, sociale et artisanale qu'était jusqu'alors l'enseignement.

Pour ce faire, tout est prévu : renforcement du rôle du conseil pédagogique ; multiplication des postes de coordination de tous ordres (disciplinaires ; interdisciplinaires ; par projet ; par niveau) avec rémunération à la clé (les fameuses IMP). Ces coordonnateurs seront les interlocuteurs privilégiés de la hiérarchie pour traduire (contraction de trahir et réduire) et contraindre les pratiques réelles de l'équipe qu'ils dirigeront.

On pourrait se dire qu'il s'agit juste d'une perte de temps, qu'il suffirait de produire les histoires que les technocrates aiment lire (ce n'est pas un exercice bien compliqué !) et qu'ils nous laisseront nous occuper du réel en toute autonomie.
A cela, plusieurs objections :

- l'ogre technocratique n'en aura jamais assez et demandera toujours plus de récits, toujours plus d'indicateurs car son horizon est la totale absorption du réel sous les chiffres. Comme c'est impossible, l'ogre technocratique absorbera toute critique en prétextant qu'il lui manque des chiffres. La légitimité et le rang social de l'ogre technocratique grandissent au fur et à mesure qu'il digère de nouveaux pans de l'activité humaine.

- dépouillés de nos mots et contraints d'utiliser de plus en plus le langage technocratique pour rendre compte de nos actions, nous perdons la capacité à les penser sur un autre mode.

- une fois la réalité transformée en ces récits et ces indicateurs, la tentation sera grande de piloter le système par les indicateurs et d'imposer les récits (donc les projets) auxquels les indicateurs sont le plus sensibles.

Je termine avec deux exemples concrets pour illustrer mon propos probablement très excessif (je suis parti dans un exercice de style que j'ai essayé de pousser jusqu'au bout).

Premier exemple : A l'hôpital,
tenir la main d'un malade qui a peur ne constitue pas une action valable du point de vue de la technocratie. Il faudrait faire confiance en l'expertise d'une infirmière qui, pendant ce temps, ne réalise pas les actions concrètes définies sur sa fiche de poste. C'est comme cela que l'on arrive à entendre des infirmières qui racontent que la seule façon de s'en sortir dans leur métier est de « considérer les patients comme des morceaux de viande » sur lesquels il faut réaliser un maximum d'actions techniques en un minimum de temps : s'asseoir à côté d'un patient et lui demander s'il va bien conduit à ne pas remplir ses objectifs, à voir baisser ses indicateurs et donc avoir maille à partir avec une hiérarchie obnubilée par ses tableaux Excel.

Une étude dans un hôpital américain conclue que près d'un tiers du budget global est consacré à sa propre évaluation (in Roland Gori, la folie évaluation, 2011). D'une part, on pourrait montrer combien cette évaluation, comme toute évaluation, passe à côté du réel (ce à quoi les technocrates répondent, en général, qu'il faut encore plus d'évaluation). D'autre part, en reprenant l'autre hypothèse basée sur la confiance faite aux praticiens et donc en supprimant les frais d'évaluation, on pourrait, à budget égal, embaucher 50 % de plus d'infirmières, de chirurgiens, etc. : et j'ai comme dans l'idée que le système serait incroyablement plus performant mais sans évaluation et sans discours sur les actions, point de réalité : retour aux règles technocratiques de base et fin de l'Histoire)

Deuxième exemple : moi, prof de maths.
Aujourd'hui, je pratique l'interdisciplinarité. Je lance des pistes en classe en proposant d'étudier la géométrie des phénomènes astronomiques et des illusions d'optique ou encore les proportions idéales de l'homme de Vitruve. Quand les élèves réagissent positivement à ces propositions, je construis des séquences pour prolonger ces études et je ne manque pas d'être rejoint par des collègues d'autres disciplines (quand ce n'est pas moi qui les rejoins car ils ont ferré un joli bout de quelque chose). Et si je ne ressens aucun intérêt de la part de mes élèves, je m'acharne un peu puis je change de piste. Cette interdisciplinarité est informelle (donc elle n'existe pas pour ma hiérarchie) ; diffuse (totalement intégrée à ma pratique) et susceptible d'être mobilisée ou non en fonction de l'aventure que je vis avec les élèves qui me sont confiés (bref, un élément fondamental de mon AUTONOMIE et de ma liberté pédagogique). Cette interdisciplinarité n'est peut-être pas assez systématiquement développée (il faudrait le prouver et prouver également en quoi c'est un problème pour l'apprentissage des élèves). Mais pour corriger cela, il suffirait de construire des programmes et des formations incitant les professeurs à trouver davantage d'objets communs ET LEUR FAIRE ENSUITE CONFIANCE sur la pertinence ou non de proposer et d'organiser de telles démarches pour leurs élèves.

Rien ne serait pire, en effet, que d'imposer systématiquement et à priori l'organisation et la rédaction technocratique de projets s'adressant à des élèves virtuels de classes non encore constituées. C'est pourtant la voie qu'a choisie le gouvernement en l'affublant du mot perverti d'autonomie.

De toute façon, c'était ça ou faire confiance aux enseignants.
--
Alexandre Carret
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Re : Pétition contre la suppression de la géométrie au collège
« Réponse #4 le: 05 juillet 2015, 08:30:07 am »
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Éric Trouillot a écrit :

Bien vu et bien croqué le pantechnocratisme.

Les 5 règles de base, un clin d'oeil aux 5 postulats d'Euclide peut-être ?
As-tu essayé de démontrer le 5ème à partir des 4 premiers ?
Je ne pouvais pas laisser passer ce parallèle !

Je suis totalement d'accord sur le fond de ta présentation, moins sur la liaison que tu fais avec la réforme en cours du collège.
Le pantechnocratisme est un mouvement de fond sociétal qui a plusieurs décennies, qui s'accélère et qui dépasse largement le cadre de l'Education Nationale.

Tous ceux qui participent à des réunions institutionnnelles le vivent depuis 10 ans, nous sommes envahis par les tableaux Excel de tous genres.
L'évolution d'un CA de collège ou lycée en est la parfaite illustration.

Les nouveaux outils numériques ont permis cette explosion du tableau de % qui permet de faire dire à n'importe qui, à peu près n'importe quoi, sur n'importe quel sujet !
C'est du vécu...

Par contre, pas convaincu par le lien que tu fais avec la réforme du collège.
Que l'institution propose un cadre pour faire vivre ce que tu décris dans ta pratique pédagogique perso, ne me choque pas.

J'ai écrit volontairement "propose", reste à voir si ce sera propose ou impose...
Je suis convaincu par ce que j'ai lu et entendu, mais ça n'engage que moi, que l'intention politique de cette réforme est de justement redonner plus de pouvoir au terrain et à la pédagogie.

Maintenant cette intention doit passer dans les multiples filtres institutionnels de la pyramide hiérarchique de notre système et là, je suis plus inquiet.
Sans parler du débat politique avec les partis, les "intellectuels" et les syndicats qui est souvent affligeant en terme de contenus.

L'objectivité est très souvent absente et laisse place dans la plupart des cas à des postures.
La seule solution pour dépasser le pantechnocratisme, faire vivre notre liberté pédagogique, encore garantie par la loi, et en user sans modération.

Je suis comme toi, je fais vivre des projets qui me plaisent et que les élèves suivent et sans passer par le filtre technocratique.
De mon côté, c'est le club jeux mathématiques, des rallyes maths par classe, des concours individuels, un championnat de calcul mental, des heures pratiques mentales dans le cadre de l'AP.

Beaucoup d'élèves adhèrent, rentrent plus facilement des les maths, progressent.
Je pense de plus en plus qu'il faut faire, indépendamment du cadre technocratique et rentrer dans un cadre de la preuve par l'action.

Pour reprendre la dialectique d'Alexandre Jardin et du mouvement des zèbres, il faut que les faiseux prennent le pouvoir et ne le laisse pas aux diseux, y a du boulot.
Encore merci pour ta réflexion qui m'a aidé à tenter de structurer la mienne...

Amicalement,
--
Éric Trouillot
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Re : Pétition contre la suppression de la géométrie au collège
« Réponse #5 le: 05 juillet 2015, 08:34:37 am »
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Alexandre Carret a écrit :

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Bien vu et bien croqué le pantechnocratisme.
Les 5 règles de base, un clin d'oeil aux 5 postulats d'Euclide peut-être ?

J'avais plutôt en tête les lois de la robotique d'Asimov.
Je crois d'ailleurs que j'ai déjà vu quelque part une parodie avec les trois lois de la technocratie qui ont dû stagner quelques années dans ma tête (je ne sais plus du tout où j'avais vu ça ni si ce que j'en ai réellement modifié)


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Que l'institution propose un cadre pour faire vivre ce que tu décris dans ta pratique pédagogique perso, ne me choque pas.
J'ai écrit volontairement "propose", reste à voir si ce sera propose ou impose...

C'est bien le problème. Le cadre existant est déjà suffisant. Qui rencontre réellement de difficultés, aujourd'hui, à faire vivre un projet d'équipe ? Les chefs nous y encourage déjà et nous font toutes les facilités. On comprend bien pourquoi : les projets sont de l'activité visible de l'extérieur.

Pour un chef, un prof de maths est quelqu'un qui s'enferme dans une salle avec une classe durant quelques heures par semaine et qui en ressort en fin de trimestre avec un paquet de notes (je caricature mais je ne suis pas loin de la vérité. Je n'ai jamais senti, au cours de nos échanges, qu'un de mes chefs comprenait quoi que ce soit à mon activité. Et en fait, je pourrais en dire autant de mes collègues, de mes amis, etc.) Notre activité réelle est très difficile à raconter sur un autre mode que la mise en récit que l'on en fait pour avoir l'air d'un vrai pro en salle des profs ou ailleurs.

Mais un projet, c'est du concret. Un chef peut en parler et en assurer la promotion pour l'image du collège (cette année, dans mon collège, nous avons édité une brochure publicitaire distribuée durant la journée Portes Ouvertes).
Et pourtant, bien des fois, les projets mentent.

Qui n'a jamais passé des heures seul sur un projet pour qu'il avance malgré des élèves ne s'investissant pas ou peu ?
Qui a déjà avoué ce genre de chose au moment de la présentation finale alors que tout le monde est content et que le chef adresse son plus beau discours devant les parents ?

Avec la réforme, c'est une obligation formelle : créer des trucs qu'on appellera EPI (les chefs ne seront pas trop regardants sur ce qu'il y a dedans à partir du moment où ils pourront annoncer plus haut que tous les EPI demandés sont en cours d'exécution et qu'il y a des éléments concrets pour pouvoir communiquer).

Dans un contexte de technocratisation des activités et évidemment avec du pognon à la clé (1 IMP = 1250 euros) pour qui veut bien coordonner (ici, traduire "coordonner" par "mettre en récit positif" les projets), je ne vois pas beaucoup de vertu possible qui sortira du chapeau de cette réforme.

J'ai entendu quelques récits à propos des "préfets des études", coordonnateurs de niveaux dans les collèges ECLAIR, avec décharge d'enseignement et primes à la clé, devenus en quelques années de véritables petits contremaîtres technocratiques : les missions de coordination de tous ordres qu'on nous promet avec la réforme ne me disent rien qui vaille.

J'espère que je ne serais pas taxé de complotiste mais partout ailleurs où l'on a introduit des missions et postes de responsabilité de manière à hiérarchiser les salariés, on a détruit l'action collective et aujourd'hui, notre système éducatif est encore largement publique (contrairement à la plupart des pays libéraux) justement grâce à la mobilisation collective.
--
Alexandre.
« Modifié: 09 août 2015, 08:53:04 am par Mateo »
Mateo
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