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Auteur Sujet: Khodorkovski, Litvinienko, instruments de propagande.  (Lu 1888 fois)

JacquesL

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Khodorkovski, Litvinienko, instruments de propagande.
« le: 31 janvier 2016, 04:11:38 am »
Khodorkovski : « L’ennemi numéro un de Poutine »

 par Virgile Thomas, lundi 28 décembre 2015.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-ennemi-numero-un-de-poutine-1ere-175857

Citer

par Virgile Thomas (son site)
lundi 28 décembre 2015

La justice russe a récemment lancé un mandat d’arrêt international contre Mikhaïl Khodorkovski pour complicité d’assassinat. Les médias occidentaux ont ressorti leurs arguments habituels à propos d’un prétendu acharnement contre « l’ex homme le plus riche de Russie » qualifié selon les cas de « ex magnat du pétrole et critique du Kremlin[1] », de « ancien oligarque russe, devenu ennemi numéro un de Poutine[2] », de « moine combattant[3] » ou « l’opposant en exil[4] » pour ne citer que quelques exemples. De son côté, Mikhaïl Khodorkovski clame depuis le début de ses ennuis judicaires en 2003 qu’il s’agit de procès politiques, ce qui, d’une part, est « de bonne guerre », et d’autre part, n’est pas tout à fait faux. Il faut seulement savoir de quoi on parle, et surtout de quelle politique il s’agit.
La condamnation de Mikhaïl Khodorkovski a soulevé, il y a douze ans, un tollé général, bien organisé, en Occident, alors que les Russes de leur côté n’y voyaient rien d’autre qu’une décision de justice logique, la place des voleurs étant naturellement en prison.
 
Au moment où nous allons être soumis de nouveau à l’habituelle propagande russophobe, je vous propose de nous intéresser à Mikhaïl Khodorkovski et de tenter de savoir qui il est véritablement, qui il sert, qui le soutien et pourquoi il est un des rares oligarques à avoir fait de la prison alors que la plupart de ses « collègues » se sont rendus coupables des mêmes malversations. Pour cela, je présenterai trois périodes de sa vie, la jeunesse et les premières affaires, les privatisations et enfin la présidence de la société pétrolière Youkos.
 
A sa libération, gracié par Vladimir Poutine, Mikhaïl Khodorkovski s’est installé en Suisse où il a obtenu facilement un permis de séjour. Peu de temps après, alors qu’il avait commencé par annoncer qu’il n’aurait pas d’activité politique, l’oligarque expliquait qu’il n’excluait pas de devenir un jour président de la Fédération de Russie, explication transformée rapidement dans les médias occidentaux en « Khodorkovdki brigue la présidence... ».
 
Si l’homme est aussi intelligent que l’on veut bien le dire, et je crois qu’il l’est, il sait très bien qu’il n’a aucune chance de réussir quoi que ce soit en politique en Russie. Il pourra toujours dire que c’est la faute de Vladimir Poutine qui le craint tellement qu’il ne veut pas le laisser revenir. En réalité, ce n’est pas le président qui ne veut pas de lui, c’est le pays tout entier. Un autre que M. Khodorkovski, et qui avait une réputation moins sulfureuse, a cru que sa fortune et son sens des affaires lui permettrait de se mêler de politique. Il s’est présenté aux élections présidentielles de 2012 et, après avoir dépensé près de cent millions de dollars, a été crédité de 7 pour cent des voix. Il s’est depuis retiré de la politique.
 
La population russe ne veut plus des oligarques qu’elle considère comme des voleurs. Il faut dire que ces derniers se sont enrichis à une vitesse incroyable en participant à la distribution entre initiés de la richesse nationale que l’on a appelé « privatisation de l’économie ». Mikhaïl Khodorkovski est de ceux-là.
 
Il est même l’un de ceux qui ont le mieux réussi car il a pris le départ très tôt, bien avant les autres. Il était millionnaire avant la fin de l’Union Soviétique en décembre 1991. Il doit cette fortune à sa position au cœur du système soviétique. En 1986 il décroche un diplôme d’ingénieur chimiste, mais il occupe déjà un poste important dans le Komsomol de Moscou. Il s’agit de l’organisation de la jeunesse communiste d’Urss. Il est également membre du parti communiste. A cette époque, les relations dans la hiérarchie du parti, au Komsomol ou au KGB étaient des atouts bien plus sûrs qu’une quelconque mise de fonds initiale. La protection de personnes haut placées servait de capital. Mikhaïl Khodorkovski a visiblement ce trait de personnalité de certains jeunes qui fait qu’ils attirent la sympathie des personnes plus âgées qu’eux, occupant des positions de responsabilité, et les rendent désireuses de les aider. De les aider tout en se servant d’eux, évidemment. De plus, c’est un membre du sérail, ce qui renforce la confiance qu’il inspire au premier abord.
 
En 1985, après être devenu le plus jeune secrétaire général du parti, Mikhaïl Gorbachev lançait ses réformes, la « glaznost » et la « perestroïka ». La première était une réforme politique qui, pratiquement, supprimait la censure. La seconde permettait la création de petites sociétés privées, des coopératives, dans des domaines divers comme les cafés, restaurants, boulangeries, sociétés de construction etc. Ces créations étaient bien entendu sujettes à autorisation. Les premiers à se lancer dans l’aventure furent les membres du Komsomol et, en particulier, celui de Moscou. En effet, les cotisations, première source de revenu du Komsomol, avaient diminué de façon dramatique et les dirigeants cherchaient désespérément une nouvelle source de revenus. Ce sont donc eux, avec leurs aînés au sein du parti communiste qui se lancèrent les premiers. Le jeune Mikhaïl Khodorkovski leur emboîte le pas avec leur bénédiction et leur protection. Il a également la fougue de la jeunesse alors que les membres plus âgés du Komsomol pensent que cette expérience sera de courte durée et que l’état reprendra le contrôle des nouvelles sociétés privées, tôt ou tard.
Sa première entreprise est un café étudiant, mais, de son propre aveu, l’opération a été mal montée et le café périclite faute de clients. L’emplacement a été mal choisi. Il décide donc de se lancer dans un autre domaine où sa formation et ses relations peuvent lui servir plus directement. Il crée alors la « Fondation pour l’Initiative des Jeunes » et s’adresse à un institut de recherche prestigieux, « l’Institut des Hautes Températures » dont le directeur lui sera d’une aide précieuse au départ. L’idée telle qu’il la lui présente, est de sous-traiter des projets scientifiques limités qui seraient menés par de jeunes diplômés travaillant pour le « club de jeunes » de Mikhaïl Khodorkovski.
 
Mais il ne lui explique pas la suite de l’opération. Cette suite, qui est le véritable objectif de la Fondation, est de tirer partie du double marché du rouble en Urss. Il existait, à l’époque, deux types de monnaie : l’une, fiduciaire, constituée des roubles papier en circulation servait essentiellement aux entreprises à payer les salaires. L’autre, monnaie purement scripturale, ou unité de compte, servait à équilibrer les comptes des entreprises lors des échanges en nature dont le solde n’était jamais nul. Les subventions de l’état se faisaient sous forme de rouble scriptural qui « circulait » en grande quantité dans les comptes des sociétés soviétiques. Les entreprises ne pouvaient pas transformer le rouble scriptural en rouble papier, les deux types de monnaie étaient contrôlés par la banque centrale. En conséquence, le rouble fiduciaire avait une valeur beaucoup plus élevée que le rouble scriptural.
Mikhaïl Khodorkovski, lui, a trouvé le moyen de faire le change d’une monnaie vers l’autre, dans le sens scriptural vers fiduciaire, évidemment. Cette possibilité lui vient de ses nombreux soutiens aux plus hauts niveaux de la hiérarchie du parti et du Komsomol. Une telle autorisation vaut de l’or et il sait se montrer reconnaissant envers ses protecteurs. Sa force vient à la fois de ses relations, de la sympathie qu’il suscite auprès des responsables plus âgés que lui et, bien entendu aussi, de « son sens du partage ».
 
Il peut, dès lors, facturer les services de sa « Fondation pour l’Initiative des Jeunes » en roubles scripturaux, ce que les directeurs d’entreprises apprécient car ils en ont en grande quantité et ne savent pas toujours à quoi les employer. Mikhaïl Khodorkovski les transforme ensuite en roubles fiduciaires au taux nominal. Au début, les études facturées sont réellement réalisées, puis elles sont copiées sur des travaux scientifiques portant sur des sujets approchant et parfois, aucune étude n’est produite. A quoi bon s’attacher à un tel « formalisme » quand tout part à vau l’eau et que personne ne se soucie plus de contrôler quoi que ce soit. Une partie des montants facturés revient évidemment au directeur qui a commandé l’étude.
 
Assez rapidement, Mikhaïl Khodorkovski améliore considérablement le rendement de l’opération en changeant immédiatement ces roubles en dollars américains. Là encore, ses relations lui servent pour effectuer l’opération de change qui, à l’époque était illégale. Il ne fallait pas être un brillant trader pour faire des bénéfices dans ce genre de transaction, le cours du rouble étant solidement installé dans une tendance baissière.
 
Parallèlement à cela, c’est effectivement un jeune hyperactif, il importe différents biens de consommation, et, en particulier des ordinateurs. A cette époque en Russie, il manquait beaucoup de biens de consommation et le simple fait d’être capable d’aller les acheter à l’étranger et de les importer vous garantissait un bénéfice proche de cent pour cent, net d’impôts, évidemment. Il fallait bien sûr une mise de fonds de départ car en Europe, pas un vendeur n’aurait accepté de charger le moindre camion sans avoir vu la couleur de l’argent destiné à payer la marchandise.
 
Mikhaïl Khodorkovski a cette mise de fonds initiale, provenant de ses autres affaires. Mais les opérations d’importation sont tellement bénéficiaires qu’il décide d’augmenter substantiellement les volumes. Pour cela, il lui faut des concours bancaires.
 
Il va donc à la banque centrale, présenté par un « ami », pour demander à ce que sa société bénéficie d’un prêt, ce à quoi on lui répond que la banque centrale ne prête d’argent qu’aux banques. Que faire ? Eh bien créer une banque, bien sûr. (à suivre)

 
[1] Le Nouvel Observateur[1], le 28.09.2011.
[2] Le Nouvel Observateur le 24.10.2012 à propos du documentaire du réalisateur allemand Cyril Tuschi sur “l’Affaire Khodorkovski”.
[3] idem
[4] Le Monde, 11.12.2015 à propos du mandat d’arrêt.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-ennemi-numero-un-de-poutine-2eme-175909
Citer
Dans la première partie de cette série j’ai présenté les activités de Mikhaïl Khodorkovski jusqu’en décembre 1988, date de création de la banque MENATEP. Avant d’aller plus loin et de parler de la création de cette banque et de ses activités, je voudrais revenir sur la situation de la Russie, juste après la chute de l’Union Soviétique.
La chute de l’URSS, en décembre 1991, est le résultat d’un processus qui plonge beaucoup plus loin dans l’histoire de l’Union Soviétique. On la résume souvent à un acte unique, mais en réalité c’est la conséquence des nombreux dysfonctionnements du système communiste et des réformes initiées par Mikhaïl Gorbachev, pour corriger ces dysfonctionnements. Certains historiens russes ont d’ailleurs accordé la paternité de ces réformes à Youri Andropov, ancien chef du KGB et éphémère premier secrétaire du parti communiste, avant Gorbatchev. Leur raisonnement est que seul le directeur du KGB avait une vision de l'état réel du pays, alors que les vérités désagréables étaient cachées aux dirigeants politiques. Andropov était donc l'un des rares à avoir pu se rendre compte que l'économie du pays était au bord de l'implosion et qu'il était urgent de faire quelque chose.
 
Quoi qu’il en soit, c’est bien Mikhaïl Gorbachev qui a lancé les réformes. Mais comme ces réformes arrivaient beaucoup trop tard, la réaction du pays a dépassé ce qui était imaginé par ses dirigeants et le mouvement à complètement échappé à son initiateur. Mikhaïl Gorbatchev n’avait absolument pas l’intention de provoquer la fin de l’URSS, son objectif était plutôt de desserrer l’étau d’hypocrisie qui enserrait l’Union Soviétique et de relancer l’économie.
 
La disparition du système soviétique et le plongeon non préparé du pays dans l’économie de marché sont à l’origine, pour la jeune Fédération de Russie, d’une période trouble de décadence économique, politique et sociale qui a duré huit ans environ, et a laissé des traces durables. Nous remarquerons au passage qu’une très grande partie de ce qui est reproché par l’occident à Vladimir Poutine n’est que le produit de cette période dans laquelle il n’a aucune responsabilité et dont les effets n’ont pas encore totalement disparu, malgré les efforts déployés.
 
Nous ne nous intéresserons, pour ce qui concerne les œuvres de Mikhaïl Khodorkovski, qu’aux privatisations des entreprises et à l’ambiance dans laquelle elles ont eu lieu.
 
Le grand organisateur de cette dénationalisation, en sa qualité de président du Comité d'Etat chargé de la gestion des biens publics, a été Anatoly Tchoubaïs. L’objectif de l’opération était de distribuer aux citoyens de la nouvelle Russie l’ensemble des biens qui appartenaient auparavant à l’Etat. Il s’agissait on s’en doute d’un énorme chantier qu’Anatoly Tchoubaïs a organisé avec l’aide de conseillers étrangers envoyés principalement par les Etats Unis (Université de Chicago et Harvard) et l’Europe (programme TACIS).
 
Le pays et ses habitants sont passés en un très court laps de temps (quelques mois) d’une économie étatisée à une économie privatisée sans savoir ce que la nouvelle situation représentait. On commencé à jouer à un nouveau jeu dont on n'avait pas les règles. Comment alors punir les tricheurs ? Et d’ailleurs qu’est-ce que c’est que tricher quand il n’y a pas de règles du jeu ?
 
En effet, le pays continuait à vivre sous les lois soviétiques. Ces lois pouvaient éventuellement être « adaptées » à la situation nouvelle dans la plupart des domaines, mais dans le domaine économique et commercial les lois anciennes ne pouvaient servir à réguler le nouveau système. La nouvelle économie s’est donc installée sans aucune régulation, la loi applicable étant alors la loi du plus fort. Que faire quand on ne peut assigner un concurrent devant un tribunal ? Qui lui envoyer quand on ne peut pas lui envoyer un huissier ou un avocat ? Comment régler les différents concernant la propriété des entreprises ? Comment condamner les escrocs quand la loi ne définit même pas l’escroquerie ? Les années 90, après la chute de l’Urss ont été marquées par une violence qui est allée de nombreuses fois jusqu’au meurtre d’un concurrent, d’un adversaire ou d’un fonctionnaire trop zélé. Le meurtre a été, pour certains, un outil parmi d’autres de gestion des entreprises dont ils avaient pris le contrôle ou d’organisation d’opérations de « fusions et acquisitions ». N’oublions pas que dans de nombreux cas, les sommes en jeu étaient énormes, se comptant en milliards de dollars.
 
Les experts étrangers qui conseillaient le gouvernement ont su également ne pas se montrer trop pointilleux sur les méthodes employées. Il m’a été donné de d’interviewer l’un d’eux dans ces années là. Lorsque je lui ai fait remarquer comment se passait la privatisation, il a eu cette réaction : « Evidemment nous préfèrerions que la privatisation se fasse de manière plus civilisée, que les nouveaux dirigeants se comportent autrement, qu’ils soient des gestionnaires, que de véritables escrocs ne prennent pas le contrôle d’entreprises importantes, comme c’est parfois le cas. Mais notre objectif premier est que la privatisation se fasse le plus rapidement possible. Nous voulons atteindre le plus vite possible une sorte de "point de non-retour" au delà duquel il n'y aura plus de possibilité de revenir au système communiste. Ce point sera atteint quand le groupe des nouveaux dirigeants aura atteint une masse critique qui puisse lui permettre de résister victorieusement à des tentatives politiques de renationalisation ultérieures de l’économie. Nous n’avons peut-être pas beaucoup de temps pour y arriver. » Je n’insisterai pas sur ceux de ces conseillers étrangers qui ont tiré un profit personnel dans l’opération.
 
Voilà brossé rapidement l’arrière plan de l’histoire qui nous intéresse ici. Revenons donc à la création de la banque MENATEP.
 
Dans les conditions décrites plus haut, le système bancaire russe a commencé à se développer de façon sauvage et sans réel contrôle de l'Etat. Cela a donné lieu à toutes sortes d'excès à commencer par le nombre d'établissements créés. Avant la crise de 1998, il y avait, en Russie, un peu plus de 2.200 banques.
 
Il s'agissait souvent de « banques de poche » créées par des personnes physiques ou morales pour abriter une certain nombre d'activités légales et non légales, en particulier les transferts illégaux vers l'étranger, le blanchiment et la fraude fiscale. Dans les années 92-96 les transferts illégaux se comptaient chaque année en centaines de milliards de dollars. Bien que portant sur des montants moins élevés, ces transferts se sont poursuivis après 2000. Des établissement étrangers importants ont été mêlés à ces opérations illégales, comme la Bank of New York[1] poursuivie par le Service Fédéral des Douanes Russes depuis 2004. Un vice président de la banque à New York a admis les faits mais la banque rejette toute responsabilité.
 
La banque MENATEP
 
Certaines des banques créées à la fin des années 80 ou au début des années 90 ont pris une part active à la privatisation de l'économie, vaste partage entre initiés de la richesse nationale. C'est le cas, de la banque Menatep.
 
Nous avons vu dans la première partie pourquoi Mikhaïl Khodorkovski a trouvé utile de créer sa propre banque. Il l’a enregistrée le 29 décembre 1988 et elle a reçu début 1989, de la banque d'Etat la licence numéro 41. Il ne vous aura pas échappé donc que cette banque privée a été créée en contravention avec les lois du pays qui interdisait la propriété privée des moyens de production et des banques. Mikhaïl Gorbachev avait bien lancé sa « perestroïka », qui autorisait la création de sociétés privées sous certaines conditions, mais la liste des activités autorisées pour ces nouvelles sociétés privées ne comprenait pas les activités bancaires.
 
Une nouvelle preuve de la puissance des appuis dont bénéficiait Mikhaïl Khodorkovski et de ses contacts particuliers auprès de la banque d'Etat qui lui venaient de son passage au Komsomol et des relations que cela impliquait au sein du parti communiste encore tout puissant à l'époque. Il est évident que ces appuis n’étaient pas gratuits et les personnes concernées étaient des actionnaires cachés dans les affaires de leur protégé.
 
C’est certainement cela qui a attiré l’attention d’intérêts étrangers sur la personne de ce nouvel entrepreneur. S’en faire un allié équivalait à bénéficier de la protection des parrains de l’homme. On ne connaissait pas l’identité de ces parrains mais ils avaient fait la preuve de leur puissance depuis plusieurs années.
 
Le nom choisi pour la banque, « Menatep », est formé des initiales d'une expression russe signifiant à peu près « Nouvelle Banque Commerciale pour le Progrès Scientifique et Technologique ». Dans un premier temps, la banque a permis à son fondateur de financer ses opérations d’importation de biens de consommation. Il a ensuite fait racheter sa société d'importation par la banque.
 
Mais assez rapidement et grâce aux nombreux contacts de Mikhaïl Khodorkovski aux niveaux les plus élevés du gouvernement et de l’administration, la banque est devenu un intermédiaire officiel du gouvernement pour le financement des sociétés publiques. Elle tirait ainsi avantage de l'inorganisation du système bancaire, pour faire travailler à son profit des sommes énormes qu'elle gardait sur ses comptes, pendant plusieurs jours, entre le moment où elle les recevait de l’état et celui où elle les transmettait à leur destinataire. Et de même au retour.
 
Mikhaïl Khodorkovski a rapidement amélioré le rendement de cette opérations en changeant les roubles déposés sur les comptes de la banque en dollars de façon à encaisser non seulement des intérêts sur ces sommes, mais en plus des profits de change, le rouble étant, comme nous l’avons déjà vu, dans une tendance baissière solidement établie. Ces opérations nécessitaient des contacts avec des banques étrangère, en particulier américaines qui devaient héberger les comptes de correspondant de « Menatep ». Or, à cette époque, étant donné la réputation de la Russie et de ses hommes d’affaire aux Etats-Unis, on se demande comment Mikhaïl Khodorkovski a pu faire pour obtenir si facilement l’ouverture de ces comptes de correspondants pour « Menatep ». Quels genres de gages a-t-il dû donner ?
 
En attendant, sa fortune grandissait, de même que ses relations aux plus hauts niveaux de l'administration. C'est ainsi qu'il se trouva au premier rang pour profiter de la privatisation de l'économie pilotée à partir de 1993 par Anatoly Tchoubaïs.
 
La première phase de la privatisation, s'est faite par la distribution à la population de « bons de privatisation » d'une valeur nominale de 10.000 roubles (ce qui était une somme très importante à l'époque). « Menatep » a réussi grâce à un réseau efficace d'intermédiaires à racheter une très grande quantité de ces bons dans des conditions financières particulièrement favorables. Cela lui a permis d'investir à bon marché dans divers secteurs industriels comme celui des matières plastiques, des produits chimiques, du textile ou de la métallurgie. Grâce à cela, en 1995, Mikhail Khodorkovsky était déjà un des plus riches entrepreneurs de Russie.
 
Mais la vraie fortune devait venir ensuite. Dans la deuxième phase de privatisation, celle dans laquelle les entreprises étaient vendues aux enchères, l'Etat a fait appel à divers intermédiaires pour mener les opérations. C'est ainsi que la banque « Menatep » a été chargée de la privatisation de « Yukos » qui était à ce moment la deuxième société pétrolière de Russie et la quatrième du monde. Les directeurs de sociétés pétrolières avaient la réputation de former une caste à part, très fermée, mais malgré cela, malgré le fait que de nombreuses sociétés aient fait des offres pour « Yukos », la société a été rachetée par une entité contrôlée par Mikhail Khodorkovsky, alors que la vente s’est faite sous la responsabilité de la banque qui appartenait au même Khodorkovski. Les médias russes ont fait état, à l’époque, d'offres largement supérieures qui ont été écartées pour des raisons purement administratives. Des journalistes se sont élevés contre le procédé et contre les résultats de la vente, ce sont eux qui ont découvert que l’obscure société dont ils n’avaient encore jamais entendu parler, et qui venait de gagner les enchères, appartenait bien à Mikhaïl Khodorkovski, mais rien n’y a fait, évidemment. Mikhaïl Khodorkovski et ses « associés cachés » ont ainsi pu, à la fin de l’année 1995, mettre la main sur ce fleuron de l’industrie pétrolière russe pour la somme ridiculement basse de 309 Millions de dollars.
 
« Menatep » ne représentait plus alors l’essentiel de la fortune de Mikhaïl Khodorkovski et de ses associés quand la banque a été sérieusement « secouée » par la crise de 1998. La maison mère à Moscou n'a pas survécu à la dévaluation du rouble et au défaut de paiement de l'état et une partie des actifs a été transférée à « Menatep Saint-Pétersbourg » elle même sauvée de la faillite par diverses manipulations de Mikhail Khodorkovsky.
 
Nous verrons dans la troisième partie ce qu’a été le développement de Yukos et comment l’opération a servi des intérêts étrangers à la Russie.
 
(à suivre)

JacquesL

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Re : Khodorkovski, instrument de propagande.
« Réponse #1 le: 31 janvier 2016, 04:12:23 am »
3e partie, par Virgile Thomas :
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-ennemi-numero-un-de-poutine-3eme-176619

Citer
Dans les deux premières parties de cette série d’articles, j’ai présenté l’homme Mikhaïl Khodorkovski et sa première grande entreprise, la banque « Menatep ». Nous avons vu comment il a pu, grâce à ses relations mettre la main fin 95 sur la société pétrolière Yukos.

Voyons maintenant ce qui s’est passé pour « l’homme le plus riche de Russie » de 1995 à 2003. En 1995, la privatisation des entreprises n’était pas terminée. Restaient encore à privatiser les fleurons de l’économie soviétique. Ce sera bientôt chose faite par l’intermédiaire d’un prêt accordé à l’état par un groupe de sept oligarques qui ont obtenu en garantie de ce prêt les actions de ces dernières sociétés. Dès le départ, tout le monde savait que l’état russe ne serait pas en position de rembourser à l’échéance fixée à douze mois. Le prêt a donc servi de prétexte au transfert des actions de ces sociétés.

Mais un problème s’est posé juste après la mise en place du prêt qui courait de septembre 95 à septembre 96 : des élections. Un détail en somme, les élections législatives, d’abord, en décembre 1995, puis l’élection présidentielle en juin 1996. L’élection présidentielle de 1996 a été la dernière étape de la prise de pouvoir par les oligarques russes. Qu’on en juge.

Les élections législatives avaient produit, en décembre 95, des résultats de nature à inquiéter sérieusement les nouveaux maîtres de la Russie. La liste du Parti Communiste arrivait en première place avec 22,30% de voix. Les médias commencèrent à parler de la revanche des Communistes à l'élection présidentielle qui devait avoir lieu l'année suivante.

En février 1996, à moins de six mois des nouvelles élections présidentielles la cote du président Eltsine était au plus bas. Avec l'effondrement de l'économie russe, la guerre de Tchétchénie, les scandales de la privatisation qui étaient évidemment connus de la population, les sondages lui donnaient environ 6% des intentions de vote. Son concurrent direct, le communiste Guennady Zhouganov, lui, était crédité de plus de 18% des intentions de vote. Son succès semblait assuré.

Mais, au Kremlin, un homme tirait les ficelles dans l'ombre : Boris Berezovsky. Il fit appel aux financiers qui avaient déjà participé au sauvetage de l'Etat eltsinnien quelques mois plus tôt. En mars 1996, il organisa une réunion au Kremlin à laquelle participaient outre les proches collaborateurs du président (dont Anatoly Tchoubaïs), Mikhaïl Fridman, Vladimir Goussinsky, Mikhaïl Khodorkovsky, Vladimir Potanine, Alexandre Smoliensky, Vladimir Vinogradov et lui-même, bien entendu.

Boris Eltsine leur demanda leur aide pour financer sa campagne électorale. Ils n'avaient pas vraiment le choix. Il s'agissait pour eux, avant tout, de sauver leur situation personnelle et de tirer profit de l'opération de prêt qui n'avait pas encore été dénouée et qui serait certainement remise en cause par un nouveau président communiste. Ils participèrent donc largement au financement de la campagne du président candidat. Mais plus encore, ils mirent à sa disposition les médias qu'ils contrôlaient et qui étaient les plus puissants du pays. Vladimir Goussinsky était le propriétaire du groupe NTV qui comptait la première chaîne de télévision privée et des magazines. Boris Berezovsky était l'actionnaire principal de la première chaîne de télévision, la seule qui avait une couverture nationale. Il était également propriétaire du groupe de presse Kommersant. La campagne, dirigée par Anatoly Tchoubaïs, a été orchestrée sur le thème : "Boris Eltsine ou le retour au chaos". Au premier tour, les deux candidats arrivés en tête étaient Boris Eltsine (35,28% des suffrages) et Guennady Zhouganov (32,03%). Au second tour, Eltsine l'emportait avec 53,72% des voix. Il bénéficiait d’un accord avec le Général Alexandre Lebed, candidat arrivé troisième au premier tour avec 14,7% des voix.

Au lendemain de la victoire orchestrée par Anatoly Tchoubaïs, ce dernier était nommé à la tête de l'administration présidentielle, l'organisme le plus puissant politiquement de Russie à l'époque. En octobre, Boris Berezovsky était nommé vice secrétaire du Conseil de Sécurité Nationale.

Après cette réélection, le pouvoir de Boris Berezovsky et des oligarques semblera ne plus connaître de limites, ce qui achèvera de dégoûter la population de ses dirigeants. Le sentiment de puissance et d'impunité atteindra un tel niveau que Boris Berezovsky déclarera sans aucune gêne dans une interview au "Financial Times" en novembre 1996 que "plus de la moitié de l'économie de la Russie est contrôlée par sept financiers, qui ont financé la campagne électorale de Boris Eltsine".

Mais, même si effectivement les oligarques croyaient contrôler l’économie russe et le gouvernement, un vieux réflexe leur venant d’expériences soviétiques les empêchait de croire tout à fait à la réalité de leur puissance et de leurs fortunes. Ils craignaient toujours que quelque chose ne se passe qui les priverait de leurs avoirs dont l’état reprendrait possession. Le sentiment d’avoir acquis ces richesses dans des conditions « discutables » devait certainement renforcer cette sensation. C’est la raison pour laquelle ils ont tous procédé à des « exportations » de capitaux. Les sorties de capitaux de Russie à cette époque se comptaient en centaines de milliards de dollars. Ce faisant, ils se mettaient entre les mains d’intérêts politiques étrangers dont ils ne mesuraient certainement pas à l’époque la puissance.

Mikhaïl Khodorkovski ne faisait pas exception à cette règle. En 1998, Khodorkovski a été poursuivi devant un tribunal américain sous les accusations de complicité de blanchiment d’argent sale, au sein de sa propre banque, Menatep et à la « Bank of New-York ». Visiblement, il avait des amis très influents aux USA car il sera acquitté. Quelques mois plus tard, le directeur de la « Bank of New-York » était assassiné dans son appartement de Monaco par les membres d’une soi-disant, selon les bruits qui ont couru à l’époque, « mafia russe » qu’il aurait trompée dans le scénario du blanchiment d’argent provenant de la drogue.

En Russie, Mikhaïl Khodorkovski comme ses « collègues », s’est mis en tête d’étendre son empire. Les principaux oligarques ne s’étaient pas retrouvés à leur place parce qu’ils étaient de brillants gestionnaires d’entreprise. Pour la plupart ils avaient simplement, pour reprendre une citation de Mikhaïl Prokhorov (ex copropriétaire de Norilsk Nikel) « … eu la chance de se trouver au bon endroit au bon moment. » Ils se sont donc lancés dans des opérations de rachat de concurrents comme dans une sorte de gigantesque Monopoly. Ces rachats ne se faisaient évidemment pas toujours de façon « classique ». La corruption, corruption de fonctionnaires en particulier faisait partie des méthodes les plus courantes de même que la violence de temps en temps. La liste est longue de chefs d’entreprises qui ont été tués dans des conditions peu souvent élucidées dans les années 90. Les Moscovites avaient d’ailleurs une expression quand on leur parlait d’un nouvel homme d’affaire assassiné, ils disaient : « Encore un qui a oublié de partager ».

A une époque où les fonctionnaires, de même que les employés des sociétés d'état (il fut un temps où les employés de sociétés d'état soviétique ne savaient plus à qui appartenait leur société) ne recevaient plus leurs salaires que de façon épisodique, beaucoup ont cédé à la tentation, d'autant que refuser pouvait signifier risquer sa vie. Et risquer sa vie pour quoi, pour quel pays, pour quel idéal ?

A la fin des années 90, Mikhaïl Khodorkovski était donc en conflit avec le maire de Nefteyugansk, le premier maire de la ville élu au suffrage populaire, Vladimir Petukhov. L’enjeu du conflit était le contrôle de la société pétrolière Yuganskneftegaz. Petukhov a réussi à tenir tête au patron de Yukos qui voulait privatiser l’entreprise, allant jusqu’à envoyer une lettre à Boris Eltsine pour dénoncer les agissements de Mikhaïl Khodorkovski, le non paiement des impôts par Yukos et demandant la mise à pied de plusieurs hauts fonctionnaires locaux achetés par Yukos.

La position de Yukos qui était à la fois l’employeur numéro un et le premier contribuable de la ville était devenue extrêmement délicate. Sous la pression de ses administrateurs étrangers, Yukos cherchait à transférer à la ville les responsabilités sociales qui, dans le système soviétique, revenaient à l’entreprise. D’où les revendications de la mairie en matière d’impôts.

La lutte a duré jusqu’au 26 juin 1998, quand Vladimir Petukhov a été abattu alors qu’il rentrait chez lui à pied. Son garde du corps a été grièvement blessé.

Il me semble évident que Mikhaïl Khodorkovski n’a évidemment pas participé à la fusillade, mais aussi qu’il n’a pas donné l’ordre de tuer son rival. Il est trop intelligent pour faire cela de cette façon, sachant que les soupçons pèseraient immédiatement sur lui du fait de la lutte pour le contrôle de Yuganskneftegaz. D’ailleurs, plusieurs sources citées par « BNE Intellinews » (http://www.intellinews.com/) ont rapporté qu’il avait été particulièrement contrarié quand on lui avait annoncé la nouvelle, alors qu’il fêtait son 35ième anniversaire à Moscou.

Il n’en reste pas moins que le chef de la sécurité de la société Yukos, Alexeï Pitchugin a été condamné à perpétuité pour l’organisation sur le terrain de ce meurtre, ainsi que de celui d’autres personnes qui s’étaient dressées sur le chemin de son patron, alors que le vice président de Yukos, Leonid Nevzlin qui s’est réfugié en Israël a été condamné par contumace pour la coordination des opérations. Dans une société où le président contrôlait à peu près tout, ce genre de décision ne pouvait lui être complètement étrangère. Mikhaïl Khodorkovski devait au minimum savoir qu’existait au sein de Yukos une « équipe action » qui s’occupait des adversaires trop virulents de leur patron, ce qui, en droit, faisait de lui un complice.

Dans un article daté du 27 juin 1998, le quotidien moscovite « The Moscow Times » rapportait le meurtre, de Vladimir Petukhov, expliquant que le maire de Nefteyugansk, ville autour de laquelle la société Yukos avait de nombreux puits d’extraction, avait été tué de plusieurs balles dans la poitrine et à la tête et que son garde du corps avait été grièvement blessé. Il décrivait également l’émotion causée dans la ville et les manifestations qui ont suivi le meurtre. Puis le journaliste se lançait dans une critique du maire et de ses activités privées ainsi que de celles de sa femme, sans doute pour éloigner les lecteurs de la piste Yukos, ou tout au moins en ouvrir d’autres. Il terminait sur les déclarations de Natalya Mandrova, porte parole de Yukos qui, évidemment, rejetait la responsabilité de ce meurtre et contestait les affirmations du maire à propos du non paiement d’une partie importante des impôts dus.

La veuve de Vladimir Petukhov, Farida Islamova, ne partageait pas cet avis et elle a écrit un livre dont la version anglaise a été lancée à Prague en juin dernier, dans lequel elle accuse Mikhaïl Khodorkovski d’être le responsable du meurtre de son mari. Elle a renouvelé l’accusation pendant la cérémonie de lancement du livre.

La justice russe au début des années 2000 a décidé de ne pas poursuivre Mikhaïl Khodorkovski sur ces chefs d’accusation. En revanche, elle a retenu le chef de fraude fiscale à grande échelle. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que Yukos et donc son patron et copropriétaire sont coupables de fraude fiscale. La seule question qui me semble légitime à ce sujet est plutôt : pourquoi seulement Mikhaïl Khodorkovski et pas les autres oligarques et chef d’entreprises privatisées qui ont tous pratiqué la fraude fiscale dans les années 90 ?

La raison est qu’il fallait absolument stopper les activités de l’homme le plus riche de Russie sur des motifs qui ne risquent pas de trop détériorer les relations de la Russie avec l’Occident. Il a été condamné pour des délits qu’il a effectivement commis mais en raison de manœuvres beaucoup plus dangereuses pour le pays.

Pendant toutes les années 90 ou presque, Mikhaïl Khodorkovski a tissé un réseau de relations dans les milieux dirigeants américains. Il a, par exemple, créé en 2001, un fonds qu’il a appelé « Russie Ouverte », sur le modèle du célèbre fonds « Open Society » (Société Ouverte) du milliardaire Georges Soros, et a invité au conseil de ce fonds des personnalités comme Henry Kissinger et Lord Jacob Rothschild. L’objet de ce fonds était de promouvoir la démocratie en Russie. Le simple nom de ces deux membres montre sans équivoque de quelle type de démocratie il s’agit.

Mikhaïl Khodorkovski était en effet très entouré par les autorités américaines qui le considéraient comme un allié dans la place. Non pas un espion, dans sa position ce n’était pas possible, mais un héraut des idées néolibérales. Ses moyens financiers lui ouvraient toute sortes de tribunes desquelles répandre les idées chères aux dirigeants américains et ainsi, espéraient-ils affaiblir le pouvoir de Vladimir Poutine et la Russie en général. Pas besoin de payer ce genre d’alliés, il suffit de l’entourer d’honneurs divers comme le faire recevoir par des personnalités du monde des affaires et de la politique américain.

Mikhaïl Khodorkovski a ainsi été coopté au Conseil Consultatif du « Carlyle Group », une société américaine très fermée de gestion d’actifs financiers, qui déclarait dans son dernier rapport annuel un montant de 150 milliards de dollars d’actifs en gestion. Le Conseil Consultatif d’une telle société est composé de « personnalités de poids », comme Georges Bush Sr., ou James Baker. Y entrer est évidemment une incroyable marque de reconnaissance pour un dirigeant issu d’une privatisation plus que douteuse et en mal de respectabilité. Même les gens intelligents sont manipulables quand ils laissent, pour un temps, leur égo à la manœuvre.

« On » attendait de lui, en retour, une fidélité sans faille à la doxa néo libérale. Il avait donc, à ce moment, coupé les ponts avec son pays d’origine qui lui, sous la direction de Vladimir Poutine commençait à chercher une troisième voie entre le communisme qui avait échoué et le libéralisme qui déjà commençait à montrer ses limites.

Jusque là, les écarts de l’oligarque russe, vis à vis de son pays étaient surtout formels. Mais, et c’est cela qui lui a valu les poursuites judiciaires, il préparait LA grande trahison, celle qui allait lui valoir dix ans de prison. (à suivre)

4e partie : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-ennemi-numero-un-de-poutine-4eme-176863

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Nous avons vu, dans les trois premières parties de cet article qui était Mikhaïl Khodorkovski avant le fin de l’URSS, comment il a su tirer profit de ses nombreuses relations au sein du « Komsomol » et du parti communiste et comment il avait construit son « empire » dans les années 90.

Mais, en 2003, tout ceci s’est arrêté et l’homme le plus riche de Russie est devenu son prisonnier le plus célèbre à l’étranger. Mikhaïl Khodorkovski a été arrêté à la descente de son avion, sur un aéroport de Sibérie à la fin de l’année. Il a été déclaré coupable de détournements de fonds, de blanchiment d’argent et de fraude fiscale à grande échelle.
 
Beaucoup ont crié au scandale, au procès politique, à la vengeance de Vladimir Poutine, à un acharnement d’une justice manipulée contre le « pionnier du capitalisme russe » et un « grand stratège d’entreprise ». Les médias occidentaux s’en sont donné à cœur joie. Il faut dire que, dans ces médias, les membres de l’oligarchie économique mondiale trouvent toujours grâce. Ce sont eux qui détiennent ces médias ! A vrai dire, s’il y a une critique que l’on puisse faire au procès intenté à Mikhaïl Khodorkovski, c’est qu’il ait laissé de côté un grand nombre de ses « collègues » tout aussi coupables des délits reprochés à l’accusé.
 
Alors, pourquoi lui et lui seul (ou presque) ? Beaucoup de raisons ont été invoquées. Parmi les plus sérieuses nous retiendrons d’abord le fait qu’il ait continué à se servir de sa fortune pour intervenir dans la politique russe. Il finançait des partis, dont le parti communiste, mais surtout il a financé la campagne de nombreux députés qui, une fois élus à la Douma devenaient ses obligés. Il a même été soupçonné de préparer une modification de la constitution et une candidature à la présidence. Les tenants de cette explication en ont conclu, c’est logique, que Vladimir Poutine avait donc voulu le neutraliser pour protéger sa propre réélection. C’est logique, mais c’est peu vraisemblable, il y avait d’autres moyens de contrer les manœuvres de coulisse.
 
La deuxième explication concernait un projet d’oléoduc en Sibérie vers la Chine. On a commencé à parler de ce projet au moment où la Russie négociait avec la Chine le financement par cette dernière d’un autre tronçon d’oléoduc construit par le monopole d’état « Transneft ». La société « Yukos », aurait financé elle même son projet, entrant en conflit avec le monopole d’état. Un tel projet perturbait effectivement les négociations en cours entre la Chine et la Russie, mais là aussi, la Russie avait d’autres moyens de bloquer le projet, ne serait-ce, par exemple, qu’en invoquant le monopole d’état sur l’ensemble du réseau d’oléoducs et de gazoducs sur le territoire russe.
 
Le vrai motif, à mon avis, est à chercher ailleurs. Depuis plusieurs mois, Mikhaïl Khodorkovski négociait avec Roman Abramovich, le patron et actionnaire principal de la deuxième société pétrolière de Russie, « Sibneft », la fusion de cette dernière avec « Yukos ». Abramovich avait, en 1995, avec la complicité de Boris Berezovski, pris le contrôle de la société pétrolière dans une vente aux enchères comparable à celle qui avait permis à Mikhaïl Khodorkovski d’acheter « Yukos ». Lorsque Boris Berezovski avait décidé, contraint et forcé de quitter la Russie il avait vendu ses actifs à des prix qui tenaient évidemment compte de son besoin de vendre le plus rapidement possible. Abramovich lui avait racheté ses parts de « Sibneft » pour 1,3 milliards de dollars payés par tranches entre 2001 et 2003. C’est alors qu’ont commencé les négociations de fusion avec Mikhaïl Khodorkovski. Un protocole d’accord avait même été signé par les deux hommes. Si cette fusion était allée à son terme, elle aurait abouti à la création de la plus grande société pétrolière russe et une des quatre plus grandes sociétés pétrolières du monde. Le Kremlin suivait donc l’opération de près.
 
Ce qui a déclenché l’arrestation de Mikhaïl Khodorkovski c’est la nouvelle que, d’un autre côté, il négociait la vente de quarante pour cent de la nouvelle entité à une société américaine, soit « Chevron », soit « Exxon Mobil ». Cela aurait mis le secteur pétrolier russe sous le contrôle d’intérêts américains, au moment où le Kremlin cherchait à reprendre le contrôle des secteurs de l’énergie et des matières premières sur lequel il a construit une partie importante de la reprise économique du pays.
 
Cette opération était donc inacceptable et devait être arrêtée. Mais comment présenter la réaction des autorités russes sans risquer de dégrader sérieusement des relations Américano-Russes qui, déjà, n’étaient pas au beau fixe ? Cette vente prévue ne pouvait pas être utilisée comme prétexte. C’est pourquoi Mikhaïl Khodorkovski a été poursuivi pour des délits financiers et fiscaux. C’est ce qui a fait dire à un journaliste américain que Mikhaïl Khodorkovski était l’équivalent russe d’Al Capone[1].
 
Une fois Mikhaïl Khodorkovski et « Yukos » jugés et condamnés, la société étant dans l’impossibilité financière de payer les arriérés d’impôts et les amendes, a été renationalisée, rendant impossible toute session à des intérêts étrangers à la Russie. D’autre part, Boris Abramovich a cédé, deux ans après, la totalité de Sibneft, à Gazprom pour la somme de 13,1 milliards de dollars.
 
Voilà pour l’exposé des faits. Mais cela laisse une question importante en suspens : pourquoi Mikhaïl Khodorkovski a-t-il ainsi bravé le gouvernement russe ? J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pense des capacités intellectuelles de l’homme. Il n’est donc, à mon avis, pas possible qu’il n’ai pas vu le danger qu’il courait en poursuivant ses plans, tant dans le domaine politique que dans celui des affaires. Il ne pouvait pas ne pas évaluer les risques.
 
Je rappellerai à ce propos qu’il avait reçu un « coup de semonce » au cours de l’été 2003 : son numéro deux, Platon Lebedev avait été emprisonné, alors que lui-même se trouvait aux Etats-Unis. Il aurait pu décider d’y rester, mais il ne l’a pas fait. Pourquoi ?
 
Je pense qu’il a reçu des garanties que ses « amis » américains ne le « laisseraient pas tomber ». Des « amis » aux rangs desquels se trouvaient tout de même Georges Bush Sr., ou James Baker et les membres Conseil Consultatif du « Carlyle Group ». Lorsqu’il venait à Washington, il était souvent reçu par le vice-président, parfois même par le président. Il avait donc des raisons de se croire protégé. Il avait sans doute mené trop longtemps la vie de plus riche entrepreneur de Russie, membre du cercle des dirigeants économiques choyés par les médias néo libéraux, des personnes qui représentent la fine fleur du système libéral, de ceux auxquels on ne touche pas en Occident, protégés qu’ils sont par une présomption d’innocence d’airain.
 
Ses amis américains ont vraisemblablement d’autant plus cherché à le rassurer qu’ils avaient besoin de lui en Russie. Mikhaïl Khodorkovski était une des pièces maitresses de leur jeu contre la Russie de Vladimir Poutine. Ils avaient perdu leur « reine » en la personne de Boris Eltsine, ils ne pouvaient pas laisser partir un « fou ». Et puis, au cas où les encouragements ne fonctionneraient pas, il y avait aussi la pression financière. Mikhaïl Khodorkovski comme ses collègues oligarques russes avait déposé d’énormes sommes d’argent à l’étranger, hors de portée de l’état russe, ce qui les mettait tout à fait à la portée des autorités américaines. Quel a été le dosage d’encouragements et de pressions, je n’en ai pas idée, mais le mélange à manifestement fonctionné.
 
Il est donc rentré en Russie pour poursuivre l’opération qui avait une importance inimaginable pour les Américains, une opération qui aurait mis le pays à leur merci. On pouvait bien, au besoin, « sacrifier » un « fou » pour un tel enjeu. On pouvait sacrifier un « fou » mais pas ruiner complètement les relations entre les deux pays, d’autant que d’autres opérations étaient en préparation. Donc, quand Mikhaïl Khodorkovski a été arrêté, il a eu droit, en Occident, à des déclarations outragées, à une très longue campagne de presse orchestrée dans les médias occidentaux[2], mais guère plus. A peine plus que ce dont ont bénéficié les « Pussy Riot » quelques années plus tard. En effet, les « amis » américains de Mikhaïl Khodorkovski ne sont pas des « amis » au sens russe du terme. Les Etats-Unis n’ont pas d’amis, ils ont des vassaux et la réaction en cas de problème pour un de leurs vassaux n’est pas à la mesure de sa valeur propre, mais à la mesure du tort que l’opération de soutien peut causer à Vladimir Poutine.
 
Mikhaïl Khodorkovski est donc resté en prison et, après dix ans d’incarcération, il a été gracié par Vladimir Poutine, officiellement en raison du mauvais état de santé de sa mère. Il a immédiatement quitté la Russie pour l’Allemagne dans un premier temps, puis la Suisse. De ses premières déclarations, je retiendrai deux points qui me semblent les plus importants. Le premier concerne Alexei Pitchouguine, le directeur du service de sécurité de « Yukos » condamné à perpétuité pour le meurtre du maire de Nefteyugansk, Vladimir Petukhov. Mikhaïl Khodorkovski lui fait savoir, par voie de presse qu’il ne l’oublierait pas. Le second est l’engagement de ne plus s’occuper de politique en Russie.
 
Dans le premier cas, le but de Mikhaïl Khodorkovski est clair, Alexei Pitchouguine sait beaucoup de choses qu’il a, jusqu’alors, gardées pour lui et, après la libération de son patron, les autorités vont faire pression sur lui pour qu’il dise ce qu’il sait. On lui dit donc, « ne t’inquiète pas, on s’occupe de ton cas et continue à te taire ».
 
En ce qui concerne l’engagement de ne plus faire de politique, je pense qu’à ce moment là, Mikhaïl Khodorkovski est sincère. Après dix ans, l’homme qui sort de prison n’est plus celui qui y est entré. Un autre russe, Edouard Limonov, écrivain, dissident politique et créateur du parti « National Bolchévique », un habitué des prisons à qui Emmanuel Carrère a consacré un livre, a bien décrit ce qui se passe dans la tête d’un intellectuel prisonnier en longue peine. Pendant les deux premières années ont pense à ce qui nous a conduit là, aux erreurs, aux trahisons et on rêve de vengeance. Après deux ou trois ans on commence à réfléchir à soi-même au sens de sa vie et on fait un profond travail sur soi-même, un travail duquel on ne ressort pas le même.
 
Pour moi, le nouveau Mikhaïl Khodorkovski avait laissé l’ancien Mikhaïl Khodorkovski derrière lui, dans la prison. Mais l’homme représentait toujours une pièce importante dans le jeu de ses « anciens/nouveaux amis ». La simple mention de son nom garantissait un retentissement international, dans les médias aux ordres, à toute opération à laquelle il serait lié. Pas question de le laisser prendre une « retraite mal méritée ». Le « New York Times » expliquera que son engagement de ne plus faire de politique ne couvrait que la période correspondant à la fin de sa peine et que, par conséquent, après cette date, il était libre de faire ce qu’il voulait. Libre me semble un mot mal choisi en l’occurrence.
 
Il a donc relancé son mouvement « Open Russia » créé en 2001 et mis en sommeil quelques années plus tard, puis fait un certain nombre de déclarations contenant les attaques habituelles contre la Russie et Vladimir Poutine, mais qui, dans sa bouche donnent l’impression d’avoir plus de poids. Il a annoncé son intention de demander l’asile politique en Grande Bretagne et de « soutenir des candidats libéraux aux prochaines élections législatives russes ». Il a, par exemple, déclaré à la BBC : « Je suis considéré comme une menace par le président Poutine, économiquement en raison de possibles saisies d'avoirs russes à l'étranger, et politiquement car il se peut que j'aide des candidats démocratiques aux prochaines élections (législatives) de 2016 ». Plus qu’une vraie menace, il n’est qu’un « outil » supplémentaire dans la boîte des Etats-Unis qui continuent à rêver à un changement de régime en Russie.
 
Alors pourquoi ce mandat d’arrêt émis par la justice russe « pour organisation de meurtre et tentative de meurtre sur deux personnes et plus » et annoncé le 11 décembre dernier ? En réponse, Mikhaïl Khodorkovski a appelé le même jour à une « révolution » en Russie, dénonçant un « coup d’Etat » du président Poutine dont il juge le pouvoir « illégitime »[3].
 
A mon avis pour deux raisons. La première est que Alexei Pitchouguine condamné à la prison à vie a parlé et donné des indications importantes sur le rôle de Mikhaïl Khodorkovski dans un certain nombre d’assassinats perpétrés par le service de sécurité de « Yukos », dans l’espoir d’une remise de peine. La seconde est l’utilisation de ces renseignements dans le but de « dévaloriser » la personne de Mikhaïl Khodorkovski aux yeux du public et de ses défenseurs en Occident. Ce n’est certainement pas dans l’espoir de voir la Grande Bretagne extrader l’homme vers la Russie !
 
Doit-on voir un lien entre cette affaire et le jugement extrêmement étrange rendu par un juge anglais dans l’affaire du meurtre d’Alexandre Litvinenko ? J’essaierai de répondre à cette question dans mon prochain article.

 
[1] La police américaine ne pouvant prouver tous les meurtres dont elle le soupçonnait à fini par le faire condamner pour fraude fiscale. Ce n’est pas, comme le prétend un journaliste français « mal informé », Vladimir Poutine qui a fait la comparaison…
[2] Pour « Le Nouvel Observateur » du 24 octobre 2012, « Khodorkovski fait aujourd’hui, depuis sa prison, l’effet d’un moine combattant, dont le calme apparent sonne comme une forme de résistance ultime au système, mais aussi comme le signe probable d’une ambition politique ». (à propos du documentaire du réalisateur allemand Cyril Tuschi sur « l’Affaire Khodorkovski »).

[3] “Le Monde » du 11.12.2015

JacquesL

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Litvinienko, instrument de propagande.
« Réponse #2 le: 31 janvier 2016, 04:13:11 am »
Alexandre LITVINENKO est mort

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/alexandre-litvinenko-est-mort-176958

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Dans cette affaire qui a fait grand bruit, et en fait de nouveau, la seule certitude que nous ayons est qu’Alexandre Litvinenko est mort.

Le 23 novembre 2006, Alexandre Litvinenko mourait dans un hôpital londonien. Peu de temps avant sa mort, son « ami » Alexandre Goldfarb lisait à la presse la dernière déclaration de son « ami » dans laquelle Alexandre Litvinenko accusait Vladimir Poutine d’avoir ordonné son meurtre. Rien ne prouve que la déclaration était bien de Litvinenko lui-même, et non de Goldfarb qui le conseillait depuis son arrivée à Londres ou de Boris Berezovsky qui le soutenait financièrement.

Ainsi commençait une longue saga dans laquelle deux thèses s’affrontent et qui a connu un nouveau développement récent avec les déclarations du juge anglais Robert Owen pour qui, le meurtre est une opération du FSB russe, « probablement approuvée par M. Patrouchev (Nikolaï Patrouchev, ex-chef du FSB), et aussi par le président Poutine ». Le « probablement » a évidemment une résonance étrange dans la bouche d’un juge qui vient de boucler une enquête vieille de plus de huit ans et dont le rapport ne comporte pas moins de trois cent pages. On remarquera au passage que la « conviction molle » du juge est fondée sur les déclarations secrètes de membres non désignés d’un service secret non mentionné.

Mais revenons d’abord quelques année en arrière, à la fin des tristement célèbres années 90 en Russie. Alexandre Litvinenko y a occupé un poste subalterne au KGB, d’où il a participé à des enquêtes sur le crime organisé. Il faut dire qu’à cette époque, le crime organisé était florissant dans une jeune Fédération de Russie livrée, par son président Boris Eltsine, au pouvoir des oligarques qui en ont profité pour s’enrichir outrageusement et mettre le pays en coupe réglée, sous la responsabilité de Boris Berezovsky, l’éminence grise du Kremlin. C’est ce même Berezovky que l’on retrouvera également, quel hasard, à Londres au début des années 2000.

Dans cette ambiance de « coups tordus » Alexandre Litvinenko s’est retrouvé accusé de malversations et a même été emprisonné un temps. Relâché contre la promesse de ne pas quitter le pays, il s’enfuit à Londres via la Turquie, grâce à un faux passeport. Il sera aidé en cela par un nouvel « ami », Alexandre Goldfarb, un personnage que l’on va retrouver aussi, plus tard, dans les évènements de Londres liés à cette affaire.

Qui est Alexandre Goldfarb ? C’est un scientifique soviétique dissident qui a quitté l’URSS dans les années 70 pour rejoindre l’université de Columbia, une célèbre université privée de New York. Après la chute de l’URSS en 1991, Goldfarb est recruté par Georges Soros, le « grand ami de la Russie » que l’on sait, pour diriger les projets de la Fondation Soros en Russie. C’est là qu’il rencontre Alexandre Litvinenko avec qui il « sympathise » et qu’il aide ensuite à fuir la justice russe via la Turquie. Nous savons comme les Etats-Unis étaient particulièrement intéressés par les dissidents qu’ils choyaient, tout le temps que ces derniers disaient du mal de leur pays. L’un des plus célèbres a été Alexandre Soljénitsine qui, il faut le dire, était d’un autre calibre intellectuel que Alexandre Litvinenko. Les dirigeants américains ont accueilli et soutenu Soljénitsine tout le temps qu’ils ne comprenaient pas qui il était et ce qu’il disait vraiment.

Apparemment, c’est Goldfarb qui a été chargé ensuite de veiller sur Litvinienko. Il l’a, en particulier, aidé à rédiger ses mémoires dans lesquelles il dénonçait les excès de FSB, le gouvernement de Vladimir Poutine et tout ce qu’il pouvait dénoncer à propos de la Russie. L’importance d’Alexandre Litvinenko aussi bien au KGB, puis au FSB que comme « dissident » a été évidemment grandement exagérée pour donner autant de poids que possible à ses accusations. De telles accusations venant d’un employé subalterne qui plus est recherché par la justice de son pays ne pesaient évidemment pas grand poids. Jusqu’à ce que ce quasi inconnu ne meure d’une manière dramatique. Son agonie qui a duré deux semaines a été médiatisée grâce à des images et des communiqués de presse soigneusement calibrés par des professionnels de la communication. Il fallait absolument montrer à quel point la Russie était un pays dangereux, pour le monde entier et dans le monde entier.

Rien n’a été laissé au hasard par une équipe de professionnels de la communication, car Litvinenko n’apportait pas beaucoup de preuves de ce qu’il disait. Tout a donc été fait pour que le public ne se pose pas la question de la véracité des accusations.

Le thème « Poutine l’a fait » a bien fonctionné au départ, mais pour le faire durer il aurait fallu apporter des preuves. Ces preuves évidemment n’existaient pas. On a donc lancé le public dans une autre direction et on a expliqué qu’Alexandre Litvinenko enquêtait sur l’assassinat non résolu de la journaliste Anna Politkovskaya, une autre affaire qui avait défrayé la chronique en 2006. L’ampleur du mouvement de contestation international après ce meurtre assurait une place en première page au protégé d’Alexandre Goldfarb, une fois qu’il y était lié. On aurait pu se demander alors à quel titre Litvinenko enquêtait-il sur ce meurtre ? Il n’était pas journaliste, il n’était pas enquêteur privé agissant pour le compte d’un client. En revanche le mystère ayant entouré le meurtre de la journaliste et le fait que les médias occidentaux aient déjà mis en cause le président russe dans cette affaire ne pouvait que renforcer l’impact des « révélations » de Litvinenko, tout en évitant le problème quasi insoluble des preuves inexistantes.

Après la mort d’Alexandre Litvinenko aucun de mes confrères sévissant dans les médias « bien pensants » n’a, à ma connaissance, posé cette question. Aucun non plus n’a posé une autre question qui semblait évidente : « Cette présentation implique qu’il a été tué pour l’empêcher de révéler des secrets embarrassants pour des personnes haut placées (en Russie évidemment puisque le meurtre aurait été ordonné de là-bas). Mais son agonie a duré au moins deux semaines. Se sachant mourant et victime d’un empoissonnement, pourquoi n’avoir rien dit à ce moment là ? » Il a pourtant donné de nombreux interview, mais il n’a rien dit, sauf bien sûr dans la « dernière déclaration » lue par Goldfarb et dont rien ne prouve qu’elle soit de lui. Cela ne vous étonne pas ?

Le thème a été utilisé avec force détails par « The Guardian », en particulier. Le quotidien anglais à même reproduit une accusation de Boris Berezovsky « Vladimir Poutine a autorisé le meurtre d’Alexandre Litvinenko ». La déclaration n’était évidemment assortie d’aucune preuve, mais que pèsent les preuves dans le domaine de la communication ? Elle sont pourtant à la base du métier de journaliste. Nous sommes donc d’accord il s’agit de communication et non de journalisme. Ainsi, le 20 novembre 2006, le « London Times » écrivait : « Des diplomates ont déclaré hier que la Grande Bretagne sera plongée dans la pire crise diplomatique avec la Russie depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, si l’enquête de Scotland Yard sur la mort d’un ancien agent russe mène au Kremlin ». Des diplomates, quels diplomates ? Voilà une façon d’insinuer qui ressemble diablement aux déclarations du juge Owen pour qui « il est probable que Vladimir Poutine ait approuvé le meurtre ».

Il est temps de revenir sur le rôle de quelqu’un dont nous avons déjà mentionné le nom plus haut et qui est un des personnages centraux de cette affaire : Boris Berezovsky. Brillant esprit, docteur en mathématiques, membre associé de l’académie des sciences en 1991, Berezovsky a su tirer profit du chaos économique et politique des années 90 en Russie pour accumuler une fortune évaluée par Forbes à trois milliards de dollars (une somme réduite ensuite à 1,3 milliards suite à une décision de la justice russe à l’issue d’un procès en diffamation que Berezovsky lui-même avait intenté à Forbes). Il a su également s’immiscer dans les cercles politiques influents au Kremlin pour devenir rapidement une sorte d’éminence grise du régime Eltsine. Il a gagné ses premiers millions en achetant à Avtovaz, le plus grand constructeur automobile russe, des voitures qu’il payait, à crédit, en dessous de leur prix de revient et qu’il revendait en espèce et en dollars à des particuliers. Il versait ensuite le prix en rouble avec plusieurs mois de délai. Ainsi, il empochait à la fois le différentiel de prix, mais aussi le profit de change dans une économie où le rouble baissait régulièrement et où l’inflation était à trois chiffres. Comment pouvait-il acheter les voitures en dessous de leur prix de revient ? Un des directeurs d’Avtovaz était son partenaire dans l’affaire… Il a ensuite dirigé la compagnie aérienne Aeroflot pour laquelle il a monté une comptabilité parallèle afin de conserver à l’étranger le produit de la vente de billets en dollars. La justice l’a poursuivi pour avoir un peu confondu ce compte en dollars d’Aéroflot avec ses comptes personnels.

Homme de réseaux, Berezovsky a traité avec toutes sortes de partenaires y compris les moins recommandables et les plus dangereux. D’après Paul Khlebnikov, le journaliste russo-américain directeur de Forbes Russie, son partenaire d’affaire Badri Patarkatsishvili, était son correspondant avec la mafia géorgienne. On lui prêtait aussi des liens avec la mafia Tchétchène ce que semble confirmer les liens qu’il entretenait à Londres avec Akhmed Zakaïev, l’émissaire des séparatistes Tchétchènes, recherché par la justice russe pour création de bandes armées, pour plus de 300 meurtres et des enlèvements. Boris Berezovsky a d’ailleurs été victime, en Russie, de plusieurs tentatives d’assassinat dont une a coûté la vie à son chauffeur quand une bombe a explosé sous sa voiture.

Lorsque Vladimir Poutine a repris la Russie en main, il a mis fin au pouvoir des oligarques dans la politique russe, et Boris Berezovsky a dû quitter le pays après avoir vendu, assez mal vu les circonstances ses actions dans des sociétés comme Sibneft ou la première chaine de télévision ou encore Kommersant qui publiait des journaux et magazines connus. Après avoir cru qu’il pourrait manipuler Vladimir Poutine comme il l’avait fait avec Boris Eltsine, la déception a été grande. Elle s’est doublé d’une blessure d’orgueil, Boris Berezovsky ayant expliqué que c’est lui qui avait poussé la candidature de Vladimir Poutine.

Rien d’étonnant à ce que l’on retrouve donc son nom mêlé à cette affaire de meurtre impliquant des personnes réputées être « opposées au Kremlin ». D’autant que son lien avec eux était ancien, Alexandre Litvinenko et Andrei Lugovoï ont travaillé pour Boris Berezovsky en Russie dans les années 90.

Dans un article paru dans son édition daté du 23 mai 2007, le « New York Times » décrit Lugovoï comme un « ancien agent du KGB, un homme d’affaires, ennemi du Kremlin et opposant de Vladimir Poutine ». Il ne vous aura pas échappé, donc, que pour le « New York Times » et un grand nombre de quotidiens occidentaux, on aurait recruté un « ennemi du Kremlin et opposant de Vladimir Poutine » pour aller tuer à Londres un « opposant au Kremlin en exil, ennemi de Vladimir Poutine » !

Plus sérieusement, le « Financial Times » et un autre quotidien anglais, « The Independant » nous indiquent que la société de Lord Bell, « Bell Pottinger Communications », gérait les demandes d’informations des médias sur cette affaire, et distribuait des communiqués de presse et des photos d’Alexandre Litvinenko sur son lit d’hôpital. Le « Financial Times » ajoutait que Lord Bell avait représenté Boris Berezovsky en Angleterre pendant quatre ans.

Il n’est pas beaucoup plus facile de se faire une idée de ce qui s’est passé réellement en étudiant les divers témoignages disponibles. Alors qu’Alexandre Litvinenko est sur son lit d’hôpital, on nous explique qu’il a été empoisonné au thallium, un métal lourd dont l’ingestion par l’homme est mortelle à de très faibles doses. Ce n’est que le jour de la mort de Litvinenko que l’on a parlé plutôt de polonium. Le changement de poison a été accompagné par de nombreux articles expliquant qu’il n’y avait plus guère qu’en Russie que l’on pouvait en trouver. On comprend donc l’avantage du polonium sur le thallium. On nous a alors expliqué que l’on avait retrouvé des traces de polonium qui traversaient l’Europe de Russie en Angleterre, via Hambourg où vit l’ex-épouse d’Andrei Lugovoï. Un vrai chemin de « Petit Pousset » ! Mais il semblerait que l’Urss n’étaient pas le seul pays à produire du polonium dont la fabrication ne demande pas des compétences chimiques très poussées. Pour William Harper, physicien de l’université de Princeton, le polonium est présent dans un grand nombre de produits d’utilisation assez courante : « vous pouvez en trouver partout » aurait-il déclaré au journaliste du « New York Times » qui l’a interviewé et a titré son article « Polonium : 22,50 dollars plus les taxes », expliquant que c’était, à son avis, le prix de la dose nécessaire à tuer un homme.

Des sources en Russie ont étudié cette piste et Serguei Sokolov, qui a été un temps le chef de la sécurité de Boris Berezovsky dans les années 90 a retrouvé la trace de vieux conteneurs déposés dans une ancienne usine secrète soviétique et désaffectée sur une ancienne île de la mer d’Aral (à Barsa-Kelmes) ayant contenu du polonium. Il mentionne une visite de l’usine par une équipe inconnue, à son avis envoyée par la CIA ou le MI6, qui aurait emporté un conteneur de polonium qui aurait ensuite été acheminé en Angleterre via Astrakhan, Batoumi (Géorgie), Trabzon (Turquie) et Istanbul. Pour Sokolov, il ne s’agissait pas d’utiliser ce polonium pour tuer Alexandre Litvinenko, mais simplement d’un trafic auquel ce dernier était mêlé.

Au delà des déclarations de l’ancien chef de la sécurité de Boris Berezovsky, il y a un certain nombre de faits qui semblent aller dans le sens du trafic et de l’erreur de manipulation. Ainsi, le 1er novembre 2006, Alexandre Litvinenko avait tout d’abord rendez-vous pour déjeuner avec Mario Scaramella, un Italien spécialiste des déchets radioactifs et censé lui remettre des documents liés au meurtre d’Anna Politkovskaya (d’ou cet Italien vivant à Naples tenait-il ce genre de documents ?). Les deux hommes se sont vus dans restaurant de sushi « Itsu ». Or des traces de polonium ont été relevées dans ce bar dans lequel ni Alexandre Lugovoï, ni Anton Kovtun, son présumé complice n’avaient, mis les pieds. Les traces de polonium étaient assez importante pour justifier le contrôle par la police italienne du domicile de Scaramella à Naples et de l’école de ses enfants. Questionné sur les résultats de ces recherches, Scaramella a déclaré que ces résultats étaient secret et qu’il n’en avait pas été informé par la police.

A Londres, des traces de polonium ont été trouvées à l’Hôtel Sheraton de Park Lane, dans les bureaux de Boris Berezovsky et au bar de l’hôtel Millenium où les trois hommes se sont rencontrés. Les trois derniers emplacements pourraient « coller » avec l’hypothèse de l’empoisonnement par Lugovoï et Kovtun, mais pas le premier, le « Sushi Bar » !

Plus étonnant encore, des traces de polonium ont été trouvées également dans un restaurant, l’ « Abracadabra », appartenant à « Lord » David West et spécialisé dans la cuisine russe. Ce même David West s’apprêtait à fournir au juge anglais chargé de l’enquête, les reçus de carte de crédit prouvant qu’Alexandre Litvinenko était dans son restaurant deux jours avant de rencontrer Lugovoï et Kovtun. Malheureusement, David West était poignardé chez lui avant de pouvoir rencontrer le juge. Ce sont certainement ces éléments qui font que, dans son exposé, la semaine dernière, le juge Robert Owen a précisé qu’Alexandre Litvinenko avait bien été empoisonné au polonium par Alexandre Lugovoï le 1er novembre à l’hôtel Millenium, mais a ajouté qu’il avait reçu quelques jours plus tôt, une dose moins forte de ce polonium, ce qui justifiait a postériori les traces mentionnées ci-dessus.

Le déroulé de l’enquête non plus n’est pas très clair. Après avoir été accusée d’être l’origine du polonium par la justice anglaise, la Russie a demandé communication des résultats d’analyse sur la base desquels elle se disait capable de déterminer l’origine précise du polonium, chaque producteur étant identifiable à partir du produit. Ces résultats d’analyse n’ont jamais été fournis. En 2013, l’enquête a été enterrée et le dossier fermé six mois plus tard.

Mais ensuite, il y a eu la Crimée, le Donbass, le crash du vol MH17… L’enquête a été rouverte pour donner le résultat que l’on sait maintenant. A la suite des déclarations du juge Owens, David Cameron a déclaré qu’il fallait « punir » la Russie avant d’ajouter quelques heures plus tard, ou le lendemain, que l’Angleterre avait besoin de coopérer avec la Russie sur le dossier Syrien. Or s’il existe des personnes qui connaissent la vérité sur l’affaire, sur l’implication de divers services secrets dans le meurtre de Litvinenko et ceux qui ont suivi, David Cameron doit en faire partie.

En plus, en réfléchissant calmement, pourquoi quelqu’un utiliserait une « arme nucléaire » pour tuer un homme quand un couteau, une balle ou un poison traditionnel ferait l’affaire de façon beaucoup plus sûre et moins dangereuse pour le meurtrier lui-même ?

Tout ceci laisse à penser que « l’opération Alexandre Litvinenko » était soit un coup monté pour déstabiliser la Russie et son président, soit, plus vraisemblablement, la récupération médiatique d’un accident de manipulation de polonium par la victime elle-même. L’homme était comme un cadeau du ciel pour les manipulateurs de tous poils à la recherche de « dissidents » prêts à dire du mal de la Russie dans le porte voix des médias occidentaux. Alexandre Goldfarb qui travaillait alors pour la fondation de George Soros a joué tout d’abord le rôle de rabatteur, avant de participer, à Londres à la mise en scène. Je ne pense pas que Boris Berezovsky soit mêlé directement au meurtre mais je crois qu’il y a simplement vu un moyen supplémentaire d’assouvir son désir de vengeance contre le président russe. Il a certainement participé à la mise en scène, il était certainement au courant des dessous de l’affaire et c’est peut-être ce qui est à l’origine du « suicide » qui lui a couté la vie, d’autant qu’on lui prêtait l’intention de rentrer en Russie après avoir demandé le pardon de Vladimir Poutine. Il fallait l’empêcher de parler.

Citation de: Wesson
« Litvinenko n’apportait pas beaucoup de preuves de ce qu’il disait »

par contre, on a eu tout à loisir d’apprécier quelques choses qu’il a dite comme des mensonges parfois très grossiers.

Par exemple, dans un de ses brulôt ; il accusa Poutine d’avoir commandité des crimes de guerre lors du premier conflit tchetchene ... à une date où il n’était pas encore en poste.

Litivinienko était un affabulateur avéré, dont la loyauté n’allait ni aux Russes ni mêmes aux Anglais qui y ont peut être un temps cru, mais bel et bien à BAB, dont l’article parle extensivement. Le MI5 avait autant de raisons si ce n’est même plus de vouloir lui faire passer l’envie de se foutre de leur gueule : il avait été chargé de « surveiller » BAB, mais il n’en as en réalité rien fait.

Quand à réouvrir une enquête 10 ans après les faits, et dans un processus 100% opaque, personne n’y croit.

JacquesL

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Re : Litvinienko, instrument de propagande.
« Réponse #3 le: 31 janvier 2016, 02:35:24 pm »
http://21stcenturywire.com/2016/01/24/litvinenkos-brother-blaming-putin-for-murder-is-ridiculous-britain-had-more-reason-to-kill-him/
Son frère précise :
Citer
Litvinenko’s Brother: ‘Blaming Putin for murder is ridiculous – Britain had more reason to kill him’
January 24, 2016

This week’s British ‘inquiry’ into the death of Alexander Litvinenko concluded that the Kremlin “probably, might have” ordered or “approved” the murder of the Russian defector turned British spy. Despite claims by certain UK Parliamentarians, their findings seem to be anything but conclusive…

Despite presenting no real evidence to back the claim, the inquiry led by British judge Robert Owen thought it was sufficient enough to blame the spy’s death on Russian president Vladimir Putin because Litvinenko was a critic of Putin, with the entire case hinging on an obscure internet article, allegedly published in 2005 by Litvinenko on a little known website called Chechen Press, a copy of which can be viewed here on the blog Information Liberation.

Litvinenko-scandal

(Image Source: Sputnik)

Then, in an alarmingly coordinated fashion, Britain’s The Independent newspaper, owned by Alexander Yevgenievich Lebedev, a UK-based anti-Putin Russian billionaire led the next leg of the PR campaign, painting a spurious picture of Putin as paedophile, echoing the Owen Inquiry’s claim that it was Litvinenko’s 2005 online article which prompted the murder of the Russian defector.

If Litvinenko’s 2005 internet article was the central piece of ‘evidence’ in the Owen Inquiry, and if this was so damning, with such profound international implications – then why was it buried until now? Could this Inquiry be more geopolitically motivated, than justice motivated? The answer to that question should be self-evident when considering the west vs east international crises currently unfolding in places like the Ukraine, Crimea, Syria and Turkey.

Maksim Litvinenko, the brother of deceased Aleksandr Litvinenko, certainly believes this controversy is politically motivated (see full report below).

If the British political establishment can place so much weight on an obscure blog posting in order to determine a guilty verdict, then why did they ignore the late 1990’s edition of Scallywag Magazine which contained an explosive expose naming a long list of Westminster politicians and luminaries involved in the very real VIP child abuse rings being  run out of London’s Dolphin Square and Elms Guest House, and also from the Bryn Alyn Boys Home in Wrexham, Wales. Based on what we know so far about some of these scandals, Scallywag’s investigation seemed to be fairly close to the mark, and yet, like so many similar reports – it was, and to a large degree, still remains buried by the British political Establishment – and with no sign of any call for a much-needed, high-profile Public Inquiry.

This latest leg of Litvinenko drama has prompted a wave of tweets with the hashtag #PutinProbablyApproved…

RT
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The brother of Aleksandr Litvinenko says the UK government had more motivation to kill him than Russia did, despite a British public inquiry which concluded that President Putin “probably” approved the assassination.

Maksim Litvinenko, Aleksandr’s younger brother who lives in Rimini, Italy, responded to the Thursday report by saying it was “ridiculous” to blame the Kremlin for the murder of his brother, stating that he believes British security services had more of a motive to carry out the assassination.

My father and I are sure that the Russian authorities are not involved. It’s all a set-up to put pressure on the Russian government,” Litvinenko told the Mirror, adding that such reasoning is the only explanation as to why the inquiry was launched 10 years after his brother’s death.

He called the British report a “smear” on Putin, and stressed that rumors claiming his brother was an enemy of the state are false. He added that Aleksandr had planned to return to Russia, and had even told friends about the move.

Litvinenko went on to downplay his brother’s alleged role as a spy, working for either Russia or MI6, adding that the Western media is to blame for such characterization.

The Russians had no reason to want Alexander dead,” he said. “My brother was not a spy, he was more like a policeman…he was in the FSB [Russian Federal Security Service] but he worked against organized crime, murders, arms trafficking, stuff like that.

Litvinenko was murdered in London in 2006, when assassins allegedly slipped radioactive polonium 21 into his cup of tea at a hotel. But his brother Maksim cast doubt on whether that was actually the poison used, saying he believes it could have been planted to frame the Russians.

I believe he could have been killed by another poison, maybe thallium, which killed him slowly, and the polonium was planted afterwards,” he said. He added that requests to have his brother’s body exhumed, in order to verify the presence of polonium, have been ignored by Britain.

Now after 10 years any trace [of polonium] would have disappeared anyway, so we will never know,” he said, adding that British authorities had not collaborated with Russian investigators on the case.

This case became a big PR campaign against the Russian government and its president in particular,” Maksim Litvinenko told RT in an interview in 2014. “The West is pressuring Russia very hard now. The MH-17 crash, Crimea, the war in Ukraine, sanctions against Moscow and now this inquiry – I’m not buying that this is a coincidence.

When asked why Aleksandr Litvinenko’s widow Marina continues to maintain that the Kremlin is responsible for the murder, he said: “She lives in London, to survive she has to play the game and take this point of view. She can’t say anything else.

(…) Back in 2012, Litvinenko’s father backtracked on his claims that Vladimir Putin was responsible for his son’s death, and asked the Russian president for forgiveness. Walter Litvinenko told RT that his anger had made him say what the Western media wanted to hear…

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