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Auteur Sujet: La porte d’entrée de la Turquie en Europe  (Lu 809 fois)

JacquesL

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La porte d’entrée de la Turquie en Europe
« le: 21 février 2016, 11:30:15 pm »
La porte d’entrée de la Turquie en Europe
http://lesakerfrancophone.fr/la-porte-dentree-de-la-turquie-en-europe

Citer
La porte d’entrée de la Turquie en Europe

Peut-être ne saurons-nous jamais le pourquoi la crise des migrants en Europe, mais une analyse de tous les événements pointe clairement vers un seul conspirateur potentiel et bénéficiaire, qui n'est nul autre que M. Erdogan. Pour comprendre cela, il faut remonter le temps et revenir aux premiers jours de l'Empire ottoman.

Par Ghassan Kadi – Le 5 février 2016 – thesaker.is

L’histoire de réfugiés affluant vers l’Europe, et l’avalanche de conséquences qui ont suivi, reste un casse-tête que de nombreuses personnes impliquées, y compris certains analystes chevronnés, ont du mal à expliquer.

Tout refus de reconnaitre que ces réfugiés aient apporté avec eux de très mauvais éléments est la négation d’une vérité forte et claire. Quand certains auteurs très compétents ont écrit à ce sujet, ils ont été attaqués et appelés fascistes et racistes, et ceux qui ont porté ces accusations doivent vivre dans un donjon géré par des règles qui n’existent nulle part sur cette planète. Non pas que je veuille du mal à qui que ce soit, mais je me demande ce que ces critiques feraient ou diraient si c’étaient leurs propres sœurs, amies, filles et mères qui étaient soumises à un viol collectif dans les rues !

De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer ce qui se passe réellement en Europe, mais avec tout le respect dû à de nombreux auteurs que je respecte beaucoup et admire, je trouve qu’aucune de ces théories ne traite de ces événements d’une manière convaincante et complète.

En dehors de la politique et de l’analyse politique, l’afflux de réfugiés a été soit une conséquence naturelle des nombreuses guerres et difficultés économiques qui ont affecté négativement des millions de personnes, soit quelque chose qui a été orchestré par un conspirateur invisible.

La première éventualité semble lointaine parce que même si les guerres en Afghanistan, Irak, Syrie et Libye ont en effet causé un grand tort à des millions de personnes, on pouvait s’attendre à un flot continu de réfugiés, pas à un tsunami humain aussi soudain.

Ceci pointe dans la direction d’une main invisible derrière tout cela, mais quelle est cette main?

Si elle ne fait pas partie des théories qui, tentant d’expliquer ce qui se passe, sont capables de relier les points de manière à expliquer pourquoi tous ces réfugiés se déplacent en si grand nombre en même temps, qui est le comploteur derrière tout cela, et quels avantages le comploteur en tire, alors cette théorie est incomplète et donc inexacte. Bien sûr, cela exclut cette autre possibilité, celle d’un complot qui a mal tourné. Une telle possibilité ne peut pas être totalement écartée, mais encore une fois, nous revenons à la case départ; qui était le comploteur à l’origine et comment son complot a-t-il échoué?

Beaucoup sont prompts à accuser les États-Unis et la CIA pour tout ce qui ne va pas, à tout moment et partout. Je suis la dernière personne à défendre l’Empire, mais nous ne devrions pas être insensibles aux faits et à la rationalité. Je vois bien comment les États-Unis peuvent bénéficier de la déstabilisation partielle de l’Europe pour la garder sous leur joug, en particulier en ce qui concerne la position anti-russe. Mais je ne vois pas comment les États-Unis peuvent bénéficier de l’afflux de milliers, et peut-être de dizaines de milliers de djihadistes s’infiltrant en Europe et menaçant la paix et le bien-être ! De telles accusations sont totalement absurdes et n’ont aucun sens.

Puis il y a ceux qui accusent Merkel, qui n’est pas une sainte à défendre non plus. Cependant, pour Merkel, accueillir des migrants, sachant que des djihadistes se cachent en leur sein, n’est pas quelque chose que l’on puisse attendre d’un dirigeant allemand, peu importe combien corrompu ou stupide il / elle est. Malgré toutes ses erreurs, Angela Merkel n’accueillerait pas délibérément des djihadistes. Soyons rationnels.

D’autres théories ont accusé George Soros, Nuland, l’OTAN, et même l’UE elle-même. Mais dans tous ces cas, les pièces du puzzle ne s’emboîtent pas de façon à montrer un bénéficiaire clair dans tout cela. Alors est-ce un complot qui a mal tourné? Peut-être pas, ou du moins pas encore.

Jusqu’à présent, les seuls bénéficiaires de tout ce cafouillage sont les partis européens d’extrême-droite, et nous n’avons encore rien vu. Les élections européennes des prochaines années verront clairement une énorme vague en leur faveur, et ce ne sera qu’une réaction normale au traumatisme dont l’Europe souffre actuellement et à la peur et la xénophobie qu’il crée. Cela dit, nous ne pouvons pas, dans notre imagination la plus folle, penser que c’est l’extrême-droite en Europe qui a comploté, orchestré et exécuté toute cette épreuve.

Ceci nous laisse seulement avec la Turquie ; ou plutôt, devrions-nous dire, Erdogan.

Peut-être ne saurons-nous jamais ce qui se passe réellement en Europe, mais une analyse de tous les événements pointe clairement vers un et un seul conspirateur potentiel et bénéficiaire, qui n’est nul autre que M. Erdogan.

Pour comprendre cela, il faut remonter le temps et revenir aux premiers jours de l’Empire ottoman.

Après que les Ottomans eurent établi leur domination en Asie mineure (Anatolie), l’étape suivante fut de contrôler le Bosphore et de mettre un pied sur le sol européen. Ceci arriva en 1453 avec la chute de Constantinople (rebaptisée Istanbul), qui fut suivie par la capture des Balkans et d’une grande partie de l’Europe de l’Est. Les Ottomans voulaient se venger de l’Europe d’une manière radicale à cause des Croisades, s’installer en Europe et déclarer l’ensemble de l’Europe un territoire ottoman.

Sur le front sud, il fut assez facile pour les Ottomans de partir à la conquête de la Syrie et de la Mésopotamie. Le monde arabe / musulman était au début de son nadir, dont il n’est pas encore sorti, et les troupes levantines mal organisées ne pouvaient pas faire face aux envahisseurs ottomans bien organisés. La bataille de Marj Dabek en 1516 fut décisivement remportée par les envahisseurs turcs. Peu de temps après, les Ottomans prirent le contrôle de la Mecque, le trophée de tous les conquérants musulmans, étant donné que celui qui contrôle la Mecque prend involontairement le contrôle de l’islam et des musulmans.

Quelques années plus tard, en 1529 pour être exact, les Ottomans firent leur première tentative pour capturer Vienne. La deuxième tentative intervint en 1683, et les deux tentatives échouèrent. La topographie du terrain était primordiale en ces jours où les troupes étaient équipées de chevaux et de mulets, et l’emplacement de Vienne aurait créé un passage permettant aux troupes ottomanes de se déplacer facilement dans le reste de l’Europe occidentale, mais cela ne s’est pas produit.

Retour au présent

Ce que beaucoup d’observateurs ne parviennent pas à voir et à retenir est que Erdogan est à la fois islamiste et nationaliste, mais d’abord et avant tout un islamiste. Cela dit, l’islamisme et le nationalisme en Turquie prennent une tournure particulière; ils vont de pair. Pour les islamistes turcs, l’Empire ottoman a fourni le modèle parfait; un vaste empire musulman dirigé par la Turquie.

Idéalement pour eux, cet empire doit être restauré et agrandi autant que possible en rompant les anciennes barrières que les prédécesseurs ottomans avaient été incapables de dépasser.

La douleur de la défaite humiliante pratiquement aux portes de Vienne en 1683 est toujours vivante dans le cœur et l’esprit des fanatiques islamistes et nationalistes turcs, et personne n’incarne mieux ces passions que son éminence lui-même, le président Erdogan.

Laissant ainsi la Syrie de côté pour un instant, Erdogan sent qu’il a un compte à régler avec l’infidèle chrétienne Europe.

Le plan A pour Erdogan était de garder les réfugiés en Turquie, disloquer les Kurdes syriens du nord de la Syrie, puis déplacer les réfugiés dans la zone tampon kurde nouvellement créée et, séparant ainsi le reste de Kurdes syriens et irakiens des Kurdes de Turquie, mettre fin à leurs espoirs de former un État qui puisse éventuellement empiéter sur le territoire turc.

Son complot a été refusé par les meilleurs alliés de la Turquie: les États-Unis, l’OTAN et l’UE. Cela a laissé un très mauvais goût dans la bouche de M. Erdogan, et l’UE étant le ventre mou de ce triangle d’alliés qui a poignardé Erdogan dans le dos, c’était le moment de la vengeance pour lui; et la meilleure vengeance qu’il puisse trouver était d’envoyer ces centaines de milliers de réfugiés musulmans en Europe. Après tout, ils sont devenus inutiles pour lui à la lumière des derniers développements, et surtout après l’intervention russe.

Dans l’Union européenne elle-même, les gauchistes et les humanitaires, si bien intentionnés soient-ils, vivent souvent dans l’obscurité totale de toutes sortes de magouilles qui se passent autour d’eux. Ils se sont levés et ont contraint leurs gouvernements à accueillir des réfugiés ; Erdogan savait qu’ils allaient le faire et il a misé sur cela aussi.

D’autre part, Merkel a pu être tentée par l’idée de faire appel à une main-d’œuvre bon marché massive, absolument nécessaire pour les industries manufacturières allemandes et, se sentant soutenue par les appels des humanitaires locaux, elle a estimé que c’était un mandat assez fort pour lui permettre de prendre des mesures audacieuses.

S’il y a un complot qui a mal tourné, c’est celui de Merkel et de l’UE en général. Leur complot se limitait cependant à faire d’une pierre deux coups : apporter du travail bon marché, tout en se dissimulant derrière le prétexte de prendre soin des réfugiés. Le complot de l’UE ne peut pas avoir été d’inonder l’Europe avec des djihadistes terroristes et des violeurs.

Seules la Syrie et la Russie comprennent l’esprit de M. Erdogan et quel agenda il cache. C’est la raison pour laquelle ils savent où le frapper, où cela fait le plus mal ; et en ce moment, les troupes syriennes, soutenues par la puissance de l’aviation russe, se déplacent sur le terrain et approchent les frontières turques dans les deux provinces de Lattaquié et d’Alep.

De façon générale, l’Occident a souvent la vue courte et même stupide. Ce qui ajoute à la myopie et à la stupidité de ses politiques, c’est cet ensemble d’humanitaires bruyants qui ne savent faire la différence entre un vrai réfugié dans le besoin et des coquins profitant de leurs nobles principes.

Jusqu’à présent, c’est tout le complot qui a mal tourné pour Erdogan en Syrie, mais son développement du plan B en Europe, s’il existe en effet, se passe plutôt bien. Cependant, il y a un gros hic. Dans le cas de la guerre contre la Syrie, des milliers de Syriens et leurs amis savaient exactement ce que les ennemis de la Syrie faisaient. Ils ont pris sur eux de se lever pour dire au reste du monde la véritable histoire de la Syrie. Les Européens et leurs partisans, d’autre part, ne semblent pas être au courant et sont totalement ignorants du nouveau complot de la Turquie. Ils n’envisagent pas du tout que le Sultan puisse reprendre les vieux rêves turcs islamistes nationalistes. Cela présage de graves dangers.

Il est possible que les dirigeants européens se réveillent, mais nous ne pouvons pas en être sûrs. Les pots de vin donnés à Erdogan au vu de tous semblent n’avoir aucune justification. Ils semblent plutôt récompenser un mauvais comportement, mais il est possible que ces paiements soient faits pour que Erdogan arrête la circulation humaine, parce qu’il est celui qui contrôle qui part vers l’Europe, quand et combien.

Erdogan ne se souciera pas si ces islamistes qui affluent vers l’Europe sont pro-saoudiens wahhabites ou s’ils sont sous son contrôle ou non. En fait, il semble avoir appris de l’erreur de Bandar Bin Sultan qui était assez délirant pour penser qu’il pouvait contrôler ce qu’est devenu État islamique. Erdogan veut simplement inonder l’Europe avec des musulmans, des musulmans sunnites radicaux de toute confession.

Je peux me tromper, mais je ne vois pas d’autre explication à l’afflux soudain de réfugiés musulmans vers l’Europe, qui voudrait ou pourrait organiser un tel afflux, et qui en bénéficierait, en dehors de M. Erdogan.

Pour être juste envers Erdogan, ses rêves ne sont pas meilleurs ou pires que les rêves d’une hégémonie américaine, ou tout autre rêve national, racial, religieux, sectaire de construction d’empire. C’est la triste histoire de la cupidité humaine qui peut être aveugle et sans bornes. On peut se demander si l’humanité ne pourra jamais apprendre.

Ghassan Kadi.

Traduit par Claude, vérifié par Wayan, relu par Nadine pour le Saker Francophone.