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Auteur Sujet: Le fascisme passe au-dessus des agriculteurs ?  (Lu 1343 fois)

JacquesL

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Le fascisme passe au-dessus des agriculteurs ?
« le: 18 novembre 2016, 10:25:42 am »
Le fascisme passe au-dessus des agriculteurs ?

Les troublantes priorités du gouvernement américain

http://lesakerfrancophone.fr/le-fascisme-au-dessus-des-agriculteurs
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Par Caleb Maupin – Le 29 octobre 2016 – Source New Eastern Outlook

Les deux principaux géants de la distribution alimentaire américaine, US Foods Holding Corporation et Sysco, sont en train de licencier des milliers de travailleurs. Wal-Mart ferme des magasins et supprime des employés. Alors que les prix des œufs, du bœuf, du fromage et de presque tous les produits de l’agriculture ont chuté, les États-Unis sont confrontés à la ruine financière.

La surabondance permanente de produits agricoles n’est pas simplement due au cycle naturel du marché à l’œuvre. Les politiques du gouvernement fédéral américain sont directement liées aux prix bas de la nourriture. Alors qu’il est clair que le surplus agricole constant est très mauvais pour la population des États-Unis, le gouvernement semble avoir d’autres priorités.

Les promesses non tenues des politiciens

Les prouesses agricoles des États-Unis sont connues sur toute la terre. L’actuel président de la Chine s’est rendu pour la première fois aux États-Unis en 1985. Il n’est pas venu pour voir la Statue de la liberté ou le monument Washington. Xi Jinping est plutôt allé dans l’Iowa, dans le but d’étudier la technologie et les techniques agricoles les plus avancées et les plus efficaces au monde, appliquées par certains agriculteurs.

L’amour pour les petits paysans est clamé par presque tous les secteurs de l’establishment politique étasunien et l’a presque toujours été. Les écrits de Thomas Jefferson ont parlé longuement du «yeoman» [paysan propriétaire de la terre qu’il cultive dans l’Angleterre médiévale, NdT] et de son rôle dans une république idéale. Le chanteur folk Pete Seeger a chanté «le paysan est l’homme qui les nourrit tous». L’animateur radio de droite Paul Harvey a fait vibrer les cordes sensibles du public américain avec son discours «So God Made a Farmer» [Et Dieu créa un paysan] en 1978.

Chaque année électorale, les politiciens américains accordent une attention spéciale aux caucus de l’Iowa, ces premiers votes déterminant qui seront les nominés respectifs des grands partis. Au cours de leurs déplacements dans cet État agricole du Midwest, les candidats à la présidence ont l’habitude de faire toutes sortes de discours vantant «les paysans qui travaillent dur».

Alors que les politiciens sont connus pour faire des promesses aux agriculteurs, et semblent reconnaître que l’agriculture est essentielle à l’économie des États-Unis, les politiques de ces dernières années, dont la plupart jouissent du soutien des deux grands partis, ont été tout sauf bénéfiques pour ceux qui travaillent la terre. Dans la course actuelle à la présidence, l’Iowa est vivement disputé, avec Trump et Clinton très proches l’un de l’autre dans les sondages. La surabondance agricole générée par la politique fédérale est indubitablement un facteur important.

Au cours des huit premiers mois de 2016, 43 millions de gallons [un gallon correspond à 3,785 litres, NdT] de lait ont été jetés à cause de la surabondance. Selon le Wall Street Journal : «Les paysans, à travers tous les États-Unis, jettent des dizaines de millions de gallons de lait à cause d’une immense surproduction qui a réduit les prix et rempli les entrepôts de fromage

En même temps, un autre article du WSJ rapporte : «Les prix des bovins et des porcs atteignent les niveaux les plus bas, les années où les abattoirs américains produisent le plus grand volume de viande de l’histoire.» Entre juillet 2015 et juillet 2016, le prix du lait a baissé de 11%, celui des œufs de 40%.

La surproduction et la sous-consommation des produits agricoles peut être directement reliée à la politique fédérale. Tout au long de son administration, Obama a coupé à plusieurs reprises le Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP) [Programme d’aide supplémentaire à la nutrition] et a réduit la quantité de nourriture que les familles à bas revenu sont en mesure d’acheter. Les coupes dans ce programme fédéral retirent directement le pain de la bouche des Américains à bas revenu. En dépit du fait que, selon le Département américain de l’agriculture, 13% des ménages américains sont maintenant frappés d’insécurité alimentaire, les coupes ont continué et la faim augmente chez les pauvres d’Amérique.

En plus de l’effet évident sur les Américains à bas revenu, les coupes dans les tickets alimentaires ont aussi réduit les ventes de produits alimentaires. Les entreprises alimentaires et les petits paysans ont vu une diminution de leurs ventes. Wal-Mart a licencié des milliers de travailleurs et fermé des milliers de magasins. Ces pertes et ces licenciements peuvent directement être reliés aux coupes dans le SNAP.

Le Congrès a récemment débattu d’un plan qui retirerait finalement $150 milliards au programme fédéral d’assistance alimentaire, un geste qui sans aucun doute ferait basculer des quantités de producteurs de nourriture, d’employés du commerce de détail et de conditionneurs de viande, ainsi que beaucoup d’autres dans la déchéance.

Les réductions de l’aide alimentaire ne sont pas le seul facteur. Les sanctions économiques contre la Russie ont joué un rôle important dans la création de la surabondance actuelle. La chute et le démantèlement du système des fermes collectives de l’Union soviétique pendant l’ère Eltsine des années 1990 a énormément réduit la production alimentaire intérieure de la Russie. Cela a ouvert de nouveaux marchés pour les agriculteurs américains qui ont beaucoup augmenté leurs exportations vers l’ancienne URSS.

Cependant, les nouvelles sanctions imposées en 2014, qui restreignent les ventes agricoles des États-Unis et de l’Union européenne à la Russie, ont considérablement changé le paysage du marché alimentaire mondial. Les agriculteurs américains ont été privés de 143.5 millions de clients potentiels à cause de l’interdiction de vendre à ceux qui vivent dans la Fédération de Russie.

L’austérité et le fascisme abandonnent les paysans

Pourquoi l’aide alimentaire aux familles à faible revenu a-t-elle été coupée ? L’argument est que le budget fédéral des États-Unis est trop important et que les temps économiquement difficiles exigent l’austérité. Cependant, les États-Unis ont toujours le plus important budget militaire de la planète. Lorsqu’il est temps de réduire les dépenses, plutôt que de couper dans les masses d’argent dépensées pour des blindés, des bombes et des drones, les politiciens ont opté pour des coupes dans l’alimentation des Américains à faible revenu, ainsi que dans le gagne-pain des paysans et des travailleurs de l’agriculture. Les milliers de bases militaires dans le monde, ainsi que les milliards consacrés à aider militairement des pays comme Israël, tout cela semble beaucoup plus important pour les dirigeants des États-Unis.

Et pourquoi les États-Unis ont-ils réduit de manière draconienne l’exportation de produits agricoles en Russie ? Les sanctions ont été promulguées en 2014, en réponse à la crise ukrainienne. Le président élu de l’Ukraine, Victor Ianoukovitch, a été renversé dans une orgie de violence de la rue. Le nouveau gouvernement, dont la base de soutien n’existe que dans les régions occidentales du pays, comprend dans ses rangs de nombreux admirateurs assumés d’Adolf Hitler et il est très hostile à la Russie.

Depuis 2014, les habitants d’Ukraine de l’Est ont pris les armes pour résister au nouveau régime. La population de la région de la Crimée a voté pour faire partie de la Fédération de Russie, dont l’armée y était accueillie depuis la chute de l’URSS. Des sanctions ont été imposées à la Russie et continuent, sur la base d’allégations disant qu’elle soutient la résistance de la population dans les régions de l’Est contre le nouveau régime, pro-occidental. Les dirigeants étasuniens nous disent que les sanctions sont destinées à punir la Russie pour son «ingérence» en Ukraine.

Depuis l’adoption des sanctions, la Russie a relancé ses propres programmes agricoles domestiques. De petits paysans dans toute le pays produisent du bœuf, du blé et d’autres produits qui ne leur sont plus vendus par les États-Unis et l’Union européenne. L’agriculture russe a connu un boom depuis 2014 et le président Vladimir Poutine est même plus populaire qu’avant la crise.

La décision des dirigeants américains de lancer une guerre économique contre la Russie en soutien aux fascistes ukrainiens, tout en coupant en même temps l’assistance aux familles américaines à bas revenu, est contraire aux valeurs souvent affichées dans toute l’Histoire américaine. Tant Lincoln que Roosevelt considéraient la prospérité pour le cœur agricole des États-Unis et les millions de gens qui y vivaient comme d’une importance vitale pour le pays tout entier. Ces deux présidents, les plus aimés de l’Histoire américaine, ont travaillé en alliance étroite avec les petits paysans, souvent en opposition aux banquiers de Wall Street dont les intérêts étaient différents.

Le cri de ralliement du Parti républicain dans ses premières années était «Terre libre, travail libre, hommes libres !». Les «partisans du sol libre», des paysans qui voulaient mettre un terme à l’expansion de l’esclavage dans les nouveaux territoires des États-Unis, en formaient une partie essentielle. Tandis que l’esclavage trouvait du soutien dans les districts financiers de Londres et de New York, les petits fermiers avaient un intérêt matériel à mettre fin à la pratique barbare, et des milices anti-esclavage sont apparues dans l’Iowa et le Kansas, des années avant le déclenchement de la guerre civile.

C’est une large coalition de petits fermiers, d’abolitionnistes religieux et de travailleurs syndiqués qui ont finalement porté Abraham Lincoln à la Maison Banche, où il a été contraint de combattre les esclavagistes. Le processus qui en est issu a recréé le pays dans ce qui est souvent appelé «la Seconde Révolution américaine».

«Un gouvernement américain ne peut pas permettre que des Américains meurent de faim»

Les programmes qui ont précédé l’actuel Supplemental Nutritional Assistance Program (SNAP) étaient l’idée personnelle du secrétaire à l’Agriculture Henry Wallace, devenu ensuite vice-président. Lorsque les premiers «tickets d’alimentation» ont été émis en 1939, le directeur du programme Milo Perkins les a décrits de cette manière : «Nous avons eu l’image d’une gorge, avec des surplus fermiers sur une falaise et les gens sous-alimentés des villes sur l’autre. Nous avons décidé de trouver une manière pratique de bâtir un pont par dessus ce gouffre

Alors que Roosevelt était universellement haï par les banquiers de Wall Street, il était très populaire auprès des organisations syndicales, des artistes et des musiciens, ainsi que des petits paysans. Lorsque les comités de chômeurs et les syndicats ont combattu pour une vie meilleure dans tout le pays, Roosevelt s’est lui-même rangé aux côtés du mouvement de masse dans les rues. Élément essentiel dans la coalition progressiste de Roosevelt, il y avait le Parti communiste américain, une organisation qui cherchait à construire un «gouvernement ouvrier et paysan». Lorsque les grandes entreprises se sont opposées aux importantes réformes économiques de Roosevelt, il les a défendues en disant : «Un gouvernement américain ne peut pas permettre que des Américains meurent de faim

Roosevelt s’est plus tard allié avec le peuple russe pour vaincre Adolf Hitler. Son opposition au fascisme et sa politique visant à nourrir les Américains affamés en subventionnant les paysans n’étaient pas séparées l’une de l’autre. Elles correspondaient à sa vision globale du monde, exprimée en 1944 : «Nous ne pouvons être satisfaits, peu importe la hauteur du niveau de vie, si une fraction de notre peuple – qu’elle soit d’un tiers, d’un cinquième ou d’un dixième – est mal nourrie, mal vêtue, mal logée et vit dans l’insécurité. […] Nous en sommes arrivés à réaliser clairement que la véritable liberté individuelle ne peut exister sans la sécurité et l’indépendance économique […] Les gens qui ont faim et sont sans travail sont la substance dont sont faites les dictatures

En 2016, les choses sont très différentes. Alors que les banques ont été renflouées sans hésitation pendant la crise financière de 2008, l’aide financière aux Américains à bas revenu continue d’être coupée. Wall Street et Londres voient le bloc eurasiatique de la Russie et de la Chine comme un concurrent croissant à leur hégémonie financière. La riche élite de la finance soutient largement les sanctions et l’isolement accru des deux pays en dépit de leur effet désastreux sur les agriculteurs américains, les travailleurs agricoles et la distribution de produits alimentaires.

Des enfants aux États-Unis ont faim, puisque 13% des ménages souffrent d’insécurité alimentaire selon le Département de l’agriculture. Les travailleurs agricoles et ceux qui travaillent dans la distribution de produits alimentaires et les supermarchés perdent leurs emplois. Des litres de lait sont déversés en ce moment même, dans l’espoir de faire monter les prix, tandis que les entrepôts de nourriture sont remplis de fromage pourrissant invendu.

Pendant ce temps, les forces des États-Unis et de l’OTAN renforcent leur présence en Europe de l’Est, menaçant la Russie. Tandis que les sanctions agricoles contre la Russie perdurent, des armes et de l’entraînement sont fournis à une armée ukrainienne connue pour contenir un grand nombre de sympathisants fascistes, y compris l’infâme bataillon Azov.

Comme le mécontentement croît aux États-Unis, il se concentre essentiellement  dans le centre agricole désindustrialisé du Midwest. Il est évident que de nombreux Américains veulent désespérément que quelque chose change. Un gouvernement qui donne la priorité au fascisme en Ukraine sur les paysans dans l’Iowa, le Wisconsin et l’Ohio est clairement déconnecté de la réalité.

Caleb Maupin

Caleb Maupin est un analyste politique et activiste basé à New York. Il a étudié les sciences politiques à Baldwin-Wallace College. Il a inspiré et s’est impliqué dans le mouvement Occupy Wall Street, en particulier pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone