J'aime ou j'aimais ? J'aime fouler de mes spatules la neige vierge, à longues foulées glissées. J'aime les roitelets dans les épicéas et dans les pins mugho.
J'aimais contempler le Scorpion et Antarès dans la fin de nuit de printemps, depuis un bivouac à skis. J'aime quand seuls les sifflements des marmottes, ou les alertes des pluviers dorés, donnent de l'animation aux murmures du vent. J'aime découvrir un reposoir à chamois, d'où ils surveillaient toute la vallée en ruminant. J'aime le thym et les baies de genièvre.
J'aimais l'ultime lutte dans le ressac, en accostant à la grève, après mes kilomètres de nage côtière. J'aime les moules sauvages, récoltées sur le rocher au loin. J'aimais les sars grillés sur des braises de pommes de pin. J'aime explorer les ramifications des estuaires, à godille ou à pagaie. J'aime les parades des grèbes dès février, et plus tard leurs petits sur le dos.
J'aime l'eau vive, maintenant que mes épaules ne me jouent plus de tours trop graves. Je suis bien heureux d'avoir près de chez moi à Décines ce club de pagaie où il n'y a que des gens agréables.
J'aimais tailler de la route à toutes les allures, dans une mer non polluée, où les dauphins viennent souffler et jouer autour de nous. J'aimais prendre le quart de l'aube, quand les étoiles s'éteignent une à une, quand l'horizon et les couleurs apparaissent, et quand les équipiers dorment encore, jusqu'à ce que l'odeur du cacao chaud chatouille leurs narines. J'aime boucler un agui en deux secondes. Je n'aime pas casser une ancre, bêtement engagée sous un rocher. Je préfère plonger pour la dégager.
J'aime les curiosités et les audaces des bébés. J'aime leur sommeil. J'aime chacune de leurs victoires sur la maladresse d'hier.
J'aurais aimé que les petits génies que nous élevions, restassent génies plus durablement, et que les fruits tinssent les promesses des fleurs. Je croyais les avoir bien armés pour la vie, et notamment les avoir armés du droit à développer une pensée distincte et indépendante, je suis consterné du résultat actuel.
J'aime l'amour, surtout si c'est bien fait.
D'ailleurs c'est toujours bien fait avec m'Amie. J'aimais transmettre à mon adolescente le plaisir et les finesses de l'escalade en rocher, comme je l'avais transmis à sa fratrie, à leur mère, et à tant d'autres débutants. J'aime avoir des enfants autour de moi. J’aime ma langue, et apprendre celles des autres. J'aime savourer les trouvailles des dialoguistes, en V.O. J'aime la curiosité du cheval, qui flaire dans mon dos si mon odeur lui convient.
J'aime Gyermekeknek (Pour les enfants), la Sonate pour deux pianos et percussions, A Kékszakállú herceg vára (Le château de Barbe Bleue), le Concerto pour Alto, et la Sonate pour violon seul, tous six du même Béla Bartók. J'aime toute la musique de piano de Schubert, de Chopin, de Beethoven, et son "Fidelio". J'aime le quintette avec deux violoncelles en ut, D 956. Dans le 14e quatuor en ut dièse mineur, de Beethoven, j'aime beaucoup la fugue initiale, et les variations allegretto.
J'aime l’Oratorio de Noël de J. S. Bach, et pourtant, c'est une bondieuserie. Et j'aime le chanter. J'aime les variations Goldberg, l'Art de la fugue, et les sonates et partitas, pour flûte, pour violon, pour violoncelle seul. Je découvre seulement Claudio Monteverdi.
J'aime chanter Thomas Morley, Roland de Lassus, Clément Jannequin, Claudin de Sermizy, et Tomas Luis de Vittoria. Et « Joshua fit the battle of Jericho ». J'aime la Missa Criola, et le cante Flamenco.
J'aime ouvrir de nouvelles fenêtres et de nouveaux horizons. J'aime les remue-méninges pétillants, où les idées fusent, et bientôt les rires aussi. J'aime créer là où avant, il n'y avait rien. J'aime pulvériser les mensonges, et déblayer les fatras. J'aime la joie de comprendre, dans les yeux de ceux à qui j'apporte quelque chose. Tout ce que j'ai appris, j'aurais préféré le savoir beaucoup plus tôt... J'aime prendre le temps qu'il faut. J'aime la lenteur, qui permet d'aller au fond des choses, au fond des gens. J'aime que les gens piégés sortent de leurs pièges, et goûtent à la vie.
Et j'ai l'intention de continuer à découvrir, et à faire du beau et du bien. Et continuer de prendre les moyens qu'il faut pour cela.
Et vous ? Qu'aimez-vous ? Autrefois j'écrivais sur RéseauContact, puis sur feu Rézoville, puis sur feu FQ. Vous me trouverez parfois sur les news groups francophones de physique, ainsi qu'avec les pères sur le net, et surtout sur mon site propre. Demandez à un moteur de recherches bien connu les Mémoires d'un âne sauvage sans territoire, ou les effets d'une mission parricide sur les enfants, ou encore les vecteurs et gyreurs en physique, et la bobinette cherra.
J'aimais ce que je faisais, et étais impatient d'apprendre vite. Parce que la non-assistance à familles en danger, à enfants et adolescents en danger, vraiment cela suffit comme cela ! J’étais impatient de mettre la main à la pâte, et d’y prendre le temps qu'il faudra, afin de pouvoir y consacrer efficacement le restant de ma vieillesse valide. Mais maintenant, connaissant mieux l’efficacité des réseaux de complicités entre notables, je n’ai plus guère d’espoir de diminuer l’emprise de la corruption. Je n’ai plus guère d’espoir de voir des psychologues sans frontières (frontières de la bourgeoisie baratineuse), agir là où on a vraiment besoin d’eux…
Jacques
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Les morts ne témoignent pas. Moi si, jusqu'à présent.
Et cela, les imposteurs et les faussaires le détestent, le détestent, le détestent, mais le détestent !..