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Auteur Sujet: Nos obligations linguistiques de scientifiques.  (Lu 3820 fois)

JacquesL

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Nos obligations linguistiques de scientifiques.
« le: 22 mai 2008, 02:53:06 pm »
Citer
Tardigradus wrote:
> Lavau <*****@caton-censeur.org> wrote:
>
>> http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/je_fais1.htm
>
> Je viens de découvrir ce travail sur ton site. Il me paraît très
> intéressant et mérite en tout état de cause d'être lu à tête reposée.
>
> Toutefois, il y a un point que je voudrais discuter. Tu exposes à
> plusieurs reprises le "fait" que pour le peuple la langue est "un
> substrat à disposition" dont il fait ce qu'il veut en ignorant son
> histoire. Tu as l'air de le regretter puisque tu le mets en parallèle
> avec la confiscation que feraient selon toi les savants de la démarche
> scientifique.
>
> Il me semble que c'est un fait, en effet. Mais je ne vois pas pourquoi
> il serait regrettable. La langue est une sorte d'organisme vivant, qui
> se nourrit de l'usage. Mais elle ne méconnaît pas l'histoire,
> contrairement à ce que tu sembles dire, même si elle la viole souvent.
> Mais commme disait en substance Alexandre Dumas : qu'importe si on viole
> l'Histoire, pourvu qu'on lui fasse des enfants.
>
> Et c'est bien le cas : la langue se réinvente sans cesse, toujours en
> compromis avec la nécessité de rester le véhicule du partage de la
> pensée, et donc de rester compréhensible de tout un chacun et le besoin
> de se renouveler, eu égard à l'évolution des sociétés, des moeurs, des
> connaissances, des techniques, etc. Ce qui est un barbarisme aujourd'hui
> sera la norme demain, c'est vrai depuis toujours et cela se partage très
> bien avec un savoir variable et diffus que possède tout locuteur de
> l'origine et des règles de sa langue. Il suffit pour s'en convaincre de
> voir avec quel plaisir et quelle intransigeance nous nous faisons les
> correcteurs des erreurs d'autrui.
>
> En cela, je pense que le parallèle avec l'objet central de ta thèse
> n'est pas opportun. Mais peut-être n'ai-je pas tout compris, n'ayant pas
> encore tout lu.

Je n'ai pas dû me faire bien comprendre.
Je ne parlais pas des obligations linguistiques générales, du grand
public : je n'ai aucune autorité, aucune qualification pour cela.

Nous scientifiques, et pédagogues scientfiques, avons une obligation
spécifique : nous sommes co-responsables de la création permanente et
de la maintenance de langues d'experts.

Cela nous impose des disciplines inconnues du grand public, et j'ai
détaillé la discipline de lexicalisation : un contrat qui nous oblige
à n'utiliser que des mots dont nous assumons une définition
publiquement accessible, publiquement discutable, fondée sur des
références expérimentales et concrètes publiquement accessibles. Cela
nous oblige à nous abstenir de la facilité accordée aux enfants, voire
au grand public en général : se contenter que les mots aient un usage,
en usage dans la peuplade, tandis qu'on en manipule la significatioon
au gré de ses fantaisies, de ses intérêts immédiats dans la
compétition et dans les commérages...

Quelques exemples :

Michaël Faraday a remarquablement assumé ses responsabilités
linguistiques : conscient des limites de sa culture, il a toujours su
demander l'avis de linguistes avant de lancer tel nouveau mot, associé
à tel nouveau phénomène qu'il avait découvert.

Deux échecs :

1.
Le pédopsychiatre Donald Winnicott a découvert ou inventé un concept
indispensable : la phase de désillusion de l'enfant.
Précisément, Winnicott désignait la phase où le petit enfant découvre,
et doit admettre, qu'il n'est plus à lui tout seul la totalité des
centres d'intérêts de sa môman, et qu'il n'est donc pas
tout-puissant...
Le drame est qu'il l'a baptisée de façon fâcheuse et déceptive :
"position dépressive". Ce baptême est fâcheux, car la majorité des
gens confondent immédiatement avec la maladie dépressive, quels que
soient les précautions verbales et avertissements préalables qu'on
vient de leur donner. Ils passent donc complètement à côté de la
question.

2.
Le psychiatre américain Richard Gardner, à partir d'observations d'une
justesse et d'une pertinence indiscutables, a réussi à quand même
créer une fausse science, pour des motivations territoriales. Au lieu
de rester en termes accessibles au grand public, et même accessibles à
un magistrat, pour désigner le dressage des enfants à servir
d'aide-bourreaux d'un de leurs parents, au service de la guerre
conjugale par l'autre parent, Gardner a voulu "faire savant", faire
psychiatre, et a baptisé cela le phénomène "Syndrôme d'Aliénation
Parentale".

Il a donc créé un concept isolé, qui n'est plus relié à rien d'autre
dans la nosographie psychiatrique, qui n'est relié à aucune des autres
aliénations d'enfants qui sont d'origine parentale, à aucune des
autres formes d'exportation de délire psychotique chez ses propres
enfants ou petits-enfants, à aucun autre des plans de mort appliqués
par certains couples parentaux contre un de leurs enfants, à aucun
autre des modes de corruption des enfants, etc...

Le "S.A.P." de Gardner est hélas loin d'épuiser à lui seul tous les
modes de contage de délire psychotique parental, dont des enfants sont
victimes. A commencer par des délires intégristes "religieux" ou
sectaires... Ni d'épuiser tous les modes de corruption des enfants par
un ascendant ou une autorité. Genre "Je te récompense et te favorise,
si tu m'aides à zigouiller ton frère, qui est vraiment l'enfant de
trop".

Gardner a bafoué là une obligation fondamentale du scientifique : ses
travaux doivent s'intégrer dans l'oeuvre scientifique collective.
S'intégrer ne signifie pas obéissance à des délires collectifs, même
les plus puissants - et il y en a ! -, mais se désigner une place dans
l'architecture générale des connaissances disponibles à ce moment, et
laisser la place des connaissances ultérieures. Quitte à accuser
certaines des "connaissances" admises, d'être parfaitement fausses, et
bonnes pour la poubelle. Il est licite de critiquer l'architecture des
connaissances disponibles tel jour, et d'en proposer une
réorganisation.

Le résultat pratique du "S.A.P." de Gardner, est qu'à l'heure
actuelle, deux sectes concurrentes, et toutes deux paranoïaques,
s'étripent l'une pour, et l'autre contre une fausse science fondée sur
des observations exactes.
La secte contre :
Tout Sisyphe.org, avec un résumé à http://deonto-famille.info/index.php?topic=25.0
La secte pour :
http://www.acalpa.org/


Cette fois, ai-je su faire comprendre nos responsabilités
linguistiques de scientifiques ?