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Auteur Sujet: Les abeilles partout en régression et menacées.  (Lu 1586 fois)

JacquesL

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Les abeilles partout en régression et menacées.
« le: 16 juin 2008, 02:25:44 pm »
Celui qui a relayé l'info, est souvent farfelu, mais le site cité semble plus sérieux :
http://www.science.gouv.fr/index.php?qcms=dossier,view,2856,view,154,2856

Citer

La disparition des abeilles

le vendredi 16 mai 2008

disparition des abeilles
Les abeilles désertent leurs ruches et disparaissent par milliards. Le phénomène touche à présent toute la planète. Qualifié de désastre écologique, il menace aujourd'hui l'agriculture et par là même la survie de l'humanité. Pourtant, même s'il est multifactoriel, le dépérissement des colonies d'abeilles semble essentiellement causé par les activités de l'homme et leurs influences sur les équilibres écologiques.

Un phénomène pas si nouveau

En 2006 et 2007, les Etats-Unis tirent la sirène d'alarme : les abeilles disparaissent de manière massive et brutale. En fait, partout dans le monde, une très forte mortalité des abeilles est enregistrée à la fin de l'année 2006 ou après l'hiver 2007 : perte de 60 % des colonies aux USA et jusqu'à 90 % dans certains états de l'Est et du Sud ; 40 % des ruches se sont vidées au Québec, 25 % des colonies sont décimées en Allemagne, idem à Taiwan, en Suisse, au Portugal, en Grèce et dans de nombreux autres pays d'Europe. Pour la première fois, une estimation des pertes financières potentielles liées à la disparition des abeilles est annoncée : près de 15 milliards de dollars pour les seuls Etats-Unis. Devant cette nouvelle marquante, les médias alertent l'opinion publique. Pourtant le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles est décrit depuis longtemps : au moins depuis les années 1960 aux Etats-Unis, avec une première étude assez poussée parue en 1979.

Le syndrome d'effondrement d'une colonie, un massacre sans cadavre

Depuis le XIXe siècle, on trouve des traces de colonies d'abeilles mourant brutalement. Mais l'épidémie actuelle présente des caractéristiques particulières. Tout d'abord elle est mondiale. Ensuite, la disparition des abeilles est spectaculaire : presque du jour au lendemain la ruche se vide et on ne retrouve aucun cadavre. Ce syndrome d'effondrement des colonies, appelé en anglais CCD (Colony Collapse Disorder) est bien décrit depuis la fin des années 1970. Il est caractérisé par une absence d'ouvrières, seules restent la reine qui continue de pondre et quelques jeunes abeilles. Les rares adultes restant sont infestés par plusieurs virus et des champignons, le couvain est operculé, il reste des stocks de nourriture (miel et pollen) qui, bizarrement, ne sont pas pillés par les autres abeilles et qui sont attaqués très tardivement par les parasites habituels. Dans les ruches qui vont bientôt s'effondrer, on peut noter que les ouvrières sont de jeunes adultes leur nombre ne suffit plus à assurer les soins du couvain et l'essaim refuse de consommer la nourriture apportée (sirop de maïs ou autres suppléments).

Les causes : des abeilles attaquées de toute part

Pesticides et autres produits phytosanitaires


En France, en 1993, les apiculteurs accusent une baisse importante de la production de miel. Ils pointent aussitôt du doigt l'utilisation du Gaucho, un insecticide de semence à base d'imidaclopride, récemment mis sur le marché. L'affaire fait grand bruit et les études scientifiques contradictoires se multiplient. Au final, il s'avère que l'imidaclopride est très toxique pour les abeilles, qu'il se retrouve dans le pollen des fleurs même s'il ne sert qu'à l'enrobage des semences et qu'il perdure dans les sols plusieurs années après. Pourtant rien ne prouve qu'il soit la cause directe de la mortalité massive des abeilles. En effet, certaines colonies sont atteintes dans des régions où il n'est pas utilisé. Après le Gaucho, le Régent, à base de fipronil est mis en cause et entre 1999 et 2006, les deux sont progressivement interdits sur différentes cultures en France. Dans tous les cas, il est évident que les abeilles sont affaiblies par tous les insecticides systémiques répandus sur les cultures, qu'ils soient de la famille des néonicotinoïdes comme l'imidaclopride, le thiamethoxam ou le clothianidine, ou de la famille des pyréthroïdes de synthèse comme la deltaméthrine. Ces substances affectent le système nerveux des insectes. Les abeilles deviennent par exemple incapables de retrouver leur ruche. De la même manière, les cultures OGM produisant elles-mêmes leur insecticide comme le maïs Bt de Monsanto, sont source d'empoisonnement pour les pollinisateurs.

Parasites
Cependant, les abeilles ne semblent pas seulement menacées par les produits chimiques utilisés pour l'agriculture, elles sont aussi attaquées par des agents plus naturels, au premier plan desquels on incrimine des parasites de la famille des acariens. Les varroas – Varroa destructor aussi appelé Varroa jacobsoni – sont arrivés en Europe dans les années 1960 et sont des vecteurs importants de transmission de virus pathogènes dans les colonies d'abeilles. Depuis quelques années un peu partout dans le monde, Outre-Atlantique surtout, les varroas sont devenus résistants à la plupart des traitements chimiques habituels. C'est pourquoi ils sont suspectés d'être à l'origine de l'épidémie actuelle. Cependant, là encore aucun lien direct et aucune corrélation claire n'a pu être établie. D'autres maux sévissent dans les colonies d'abeilles : loques américaines et européennes, acarioses provoquées par Acarapis woodi ou d'autres parasites en train d'arriver en Europe. Cependant, une bonne partie de ces parasites, même s'ils sont en augmentation, étaient déjà présents et ne peuvent expliquer la brusque surmortalité apicole.

Champignons
Les abeilles sont aussi attaquées par des champignons, dont notamment Nosema cerenae, que l'on a retrouvé sur le corps des abeilles mortes. Récent en Europe, c'est un champignon présent depuis plus de 10 ans aux Etats-Unis qui semble être davantage un opportuniste qu'une cause réelle de l'épidémie.

Autres insectes

D'autres insectes en provenance d'Asie ou d'Afrique menacent aussi les abeilles européennes, tels que le petit coléoptère des ruches Aethina tumida et le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax qui s'attaque aux ruches et se répand rapidement car il n'a pas de prédateurs naturels en Europe.

Changements environnementaux et climatiques
L'homme contribue aussi à affaiblir les abeilles en restructurant les paysages et en enlevant les haies où elles nichent, en réduisant la biodiversité florale pour ne faire subsister que quelques espèces agricoles en monoculture sur des centaines d'hectares. De plus, les derniers changements climatiques entraînant, au moins pour nos contrées, des sécheresses accrues et des hivers plus doux, affaiblissent les abeilles qui sortent trop tôt de la ruche et souffrent du manque de pollens disponibles.

Des exploitations excessives ?
Les abeilles domestiques en particulier peuvent aussi parfois être victimes de formes d’agriculture productiviste. Certaines méthodes d'élevage sont intensives (transhumance constante, prélèvement de miel ou de pollen trop important) voire brutales (enfumage) et toxiques (traitement acaricide et antibiotique). Il résulte de ces pratiques - jugées minoritaires par certains experts du domaine de l’apiculture - des reines épuisées au bout d'un an, au lieu de deux ou trois et des ruches affaiblies.

Pollution électromagnétique

Le dernier élément trouvé pour expliquer la disparition des abeilles est la pollution électromagnétique. Une étude allemande a montré que depuis l'avènement et la massification des téléphones portables, elle empêchait les abeilles de retrouver leur chemin car celles-ci utilisent les mêmes longueurs d'ondes pour communiquer entre elles. La mise en place de la téléphonie dite de troisième génération, dont les antennes sont omniprésentes, serait une hypothèse pour expliquer pourquoi les abeilles ne rentrent pas à la ruche. De plus, ces ondes affectent fortement la capacité de résistance des abeilles qui seraient alors plus sensibles aux parasites qu'auparavant et expliquerait le déficit immunitaire relevé sur beaucoup d'entre elles.

Les synergies : des pistes très inexplorées
La plupart des études scientifiques sur les abeilles et leur surmortalité ont porté sur l'analyse de facteurs isolés les uns les autres. Pourtant, tout porte à croire que les facteurs sont multiples et que des synergies existent entre eux. Ainsi, dans le cas de la pollution électromagnétique, les abeilles affaiblies seraient ensuite détruites par les virus et autres parasites habituels. De la même manière, les champignons qui s'attaquent aux insectes et qui sont utilisés comme arme biologique sont beaucoup plus virulents quand l'insecte est déjà affaibli par des doses sub-létales d'insecticides de la classe des néonicotinoïdes. Ainsi, il est courant de traiter des cultures avec un mélange de spores de champignons du genre Nosema et d'imidaclopride (lutte contre les sauterelles avec Nosema locustea et Nosema pyrausta contre la pyrale du maïs par exemple), dont la synergie est puissante et ravageuse. Rappelons que des doses faibles mais réelles d'imidaclopride ont été relevées dans la plupart des ruches effondrées ou non. Les champignons seraient alors des opportunistes qui profiteraient de l'affaiblissement des défenses des abeilles.
De la même manière, on sait que certains fongicides ou herbicides alliés à des insecticides peuvent accroître de manière spectaculaire la toxicité de ces derniers (plus de 1000 fois).
En bref, il semble évident que les abeilles sont exposées à des cocktails toxiques dont les effets ne se mesurent pas directement, car les dosages ne sont plus ceux des premiers pesticides comme le DDT de l'après-guerre, et que les abeilles meurent de manière plus lente. Les scientifiques américains lors de leur dernier colloque sur les abeilles l'avouent, ils ont retrouvé plusieurs types de pesticides dans les ruches et personne ne sait exactement quelles sont les synergies qui peuvent en découler.


Conséquences – Du rôle majeur des insectes pollinisateurs

La plupart des études portent sur l'abeille dite domestique, c'est-à-dire Apis mellifera (Europe, Afrique, Amérique, Australie) et Apis cerena (Asie méridionale et orientale). Et si ces deux espèces assurent à elles seules 85 % de la pollinisation des espèces de plantes de nos contrées, il ne faut pas qu'elles cachent ce qui arrive aux autres butineurs sauvages comme les bourdons, Bombus sp., ou d'autres insectes qui eux aussi souffrent des activités de l'homme. Plusieurs espèces de Bombus sont menacées d'extinction, et une récente étude anglo-hollandaise montre l'effondrement parallèle des populations de pollinisateurs et des plantes qui leurs sont associées – sans préciser si ce sont les plantes ou les insectes qui disparaissent en premier. Avec la disparition des abeilles, c'est 65 % des plantes agricoles qui sont menacées, soit 35 % de notre alimentation. Les cultures maraîchères et fruitières dépendent par exemple à 90 voire 100 % des abeilles et déjà, les Etats-Unis ont dû importer massivement des abeilles d'Australie pour leurs vergers de pommes et leurs champs de myrtilles. 80 % des plantes à fleurs dépendent de ce type d'insectes pour leur reproduction et donc pour leur survie. Si elles venaient à disparaître, le changement serait tellement énorme qu'il est impossible d'en mesurer les conséquences pour l'environnement et pour l'homme. L'abeille est considérée et utilisée comme sentinelle de l'environnement dans de nombreuses recherches actuelles. Sa disparition traduit bien l'état de la planète en ce début de XXIe siècle.


Quelles solutions aujourd'hui ?
Malgré l'évidence que le modèle agricole actuel est le premier responsable de la disparition des populations de butineurs (organisation de l'espace, monoculture, produits phytosanitaires, stress intensif...), les solutions envisagées sont bien moins ambitieuses. On continue de rechercher des causes ponctuelles en étudiant les parasitoses et autres maladies, on met en place des espaces tampons sous forme de jachères fleuries (d'ailleurs parfois avec des espèces inadaptées à l'entomofaune sauvage) ou sous forme de corridors plus ou moins étendus, espérant ainsi préserver un stock suffisamment important de biodiversité pour faire face à des enjeux ultérieurs. Bref, des solutions qui risquent surtout de faire office de « rustines », le temps que d'autres dysfonctionnements majeurs apparaissent.

Science.gouv.fr

« Modifié: 05 août 2011, 12:49:42 am par JacquesL »

JacquesL

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L’invasion du frelon asiatique (Vespa velutina), mangeur d’abeilles
« Réponse #1 le: 05 août 2011, 12:40:39 am »
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/08/02/l-invasion-du-frelon-asiatique-mangeur-d-abeilles_1555167_3244.html

Citer
Chaque week-end, dès le début du mois d'août, Frédéric Wielezynski, un apiculteur amateur installé dans le Médoc, répète inlassablement les mêmes gestes dérisoires. Muni d'une tapette à mouches, il se poste devant l'entrée d'une de ses ruches. Là, il écrase de gros frelons mangeurs d'abeilles. Pas n'importe quel frelon : le frelon asiatique (Vespa velutina). "Je sais que ça ne sert à rien car il y en a des dizaines autour qui vont venir  dès que j'aurai le dos tourné, mais je ne peux pas faire  autrement, souffle le président du Syndicat des apiculteurs de Gironde et d'Aquitaine. J'aime mes abeilles et je ne peux pas les regarder  se faire  dévorer  sans rien faire."  La scène est impressionnante.

Avec trois, cinq, parfois dix de ses congénères, l'hyménoptère fait des vols stationnaires devant la ruche. Il attend le retour des butineuses. "C'est comme une descente de barbares qui détruisent tout sur leur passage", tonne Richard Legrand, vice-président du Syndicat des apiculteurs de Dordogne, l'un des départements les

plus touchés. Une fois sa proie attrapée, c'est la curée : Vespa velutina se suspend à une branche et commence son découpage macabre: la tête de l'abeille tombe, puis les ailes et les pattes. Il ne conserve que le thorax, riche en protéines, qui, une fois ramené au nid, deviendra une boulette pour les larves affamées.

A partir de septembre, il est même fréquent de voir les frelons pénétrer dans les ruches et manger les couvains, car les abeilles gardiennes sont moins nombreuses à l'entrée. Et quand ils n'entrent pas, ce sont les abeilles qui n'osent plus sortir. Un cercle vicieux se met alors en place : "Comme elles ramènent moins d'eau et de nourriture dans la ruche, la reine ne pond plus, se désole M.Wielezynski. Le cheptel, affaibli et vieilli, a de grandes chances de mourir à l'arrivée de l'hiver."



La découverte de frelons asiatiques – reconnaissables à leurs pattes jaunes – dans le Sud-Ouest remonte à 2004, à Tonneins (Lot-et-Garonne), chez un producteur de bonsaïs. Les insectes seraient arrivés avec des poteries chinoises importées dans le département et dans lesquelles des reines auraient hiberné. "On peut être  quasiment certain qu'il s'agit d'une origine chinoise provenant d'une province autour de Shanghaï", précise Claire Villemant, entomologiste au Muséum national d'histoire naturelle et coordinatrice de travaux financés par le programme européen pour l'apiculture.



Le bilan des travaux publiés en juin par le Muséum montre l'expansion de l'insecte : trois nids recensés en 2004 dans un seul département; près de 2 000 en 2010 dans 39 départements. Et deux nids viennent d'être  repérés pour la première fois en Espagne. "Chaque année, le front d'invasion s'élargit de 100 kilomètres, avec une forte présence en Aquitaine car les conditions climatiques de cette région sont aussi bonnes, voire meilleures, que dans sa zone d'origine en Chine", constate Quentin Rome, chargé d'études au Muséum. Selon l'étude, la plupart des pays d'Europe ont un risque non négligeable de voir  ce frelon s'acclimater  sur leur territoire, en particulier le long des côtes atlantique et du nord de la Méditerranée. L'Europe de l'Est et la Turquie pourraient être  aussi envahies.

En dépit de ce tableau, le frelon asiatique n'est pas encore classé parmi les espèces nuisibles. Car s'il fait des dégâts chez les apiculteurs amateurs, les professionnels, qui réalisent 60 % de la production nationale, sont encore relativement épargnés : "Même si nous constatons un impact récent du frelon sur les miellées tardives de septembre-octobre, les conséquences de sa prédation sont faibles et, de toute façon, moins dommageables sur un rucher de 100 unités que sur celui d'un amateur qui en compte généralement une dizaine", explique Thomas Mollet, président de l'Association de développement de l'apiculture en Aquitaine.

Il n'existe pas encore d'étude économique sur l'impact de ces "goinfres" sur la production de miel et les cheptels d'abeilles. Mais les choses bougent. Le ministère de l'agriculture a saisi, en septembre 2010, l'Institut technique de l'apiculture et de la pollinisation afin qu'il travaille sur le sujet.

AUCUNE TECHNIQUE DE PIÉGEAGE FIABLE

Reste la question des piqûres. Rien d'alarmant visiblement en termes de santé publique. Certes, une quinquagénaire est morte en juin dans le Médoc, suite à des piqûres de frelons asiatiques et plusieurs personnes, dont des pompiers, se font régulièrement surprendre par l'insecte. Mais rien d'alarmant. Les hôpitaux d'Agen, de Bergerac ou de Bordeaux, parmi les zones les plus envahies, n'ont pas constaté d'augmentation de cas. "Le “Vespa velutina” n'est pas agressif, surtout s'il est seul, mais il peut être potentiellement dangereux et attaquer avec ses congénères s'il se sent en danger", précise Denis Thiery, directeur de recherche d'une unité mixte de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Bordeaux. Depuis 2007, son département travaille sur l'éthologie et les techniques de piégeage de l'insecte.

A ce jour, aucune technique fiable et sélective à 100 % n'a été trouvée. Les apiculteurs utilisent de manière très artisanale un mélange à base d'alcool et de solution sucrée, qui attire, certes, les frelons asiatiques mais aussi d'autres insectes. Une solution que les chercheurs regrettent, surtout quand ces pièges sont placés au printemps, dès le mois de mars, dans l'espoir d'attraper des fondatrices pour diminuer le nombre de nids à venir. "Quand on piège n'importe où, on tue en même temps la faune auxiliaire, des milliers d'insectes sans rapport avec le frelon", proteste Mme Villemant. Même si on attrape une centaine de frelons, c'est dérisoire. En revanche, piéger en août à côté des ruchers permet de diminuer la pression sur les abeilles." Ce raisonnement fait fulminer Richard Legrand, spécialiste du frelon à pattes jaunes à l'Union nationale des apiculteurs français : "Si le piégeage est fait de manière régulière, avec un emplacement, un appât et une période bien choisie, comme celle du retour des hirondelles, alors c'est efficace sans trop de casse sur la faune auxiliaire." "De toute façon, il faut être lucide, tranche Claire Villemant : cette espèce fait désormais partie de la faune française. Il va falloir apprendre à vivre avec."
Claudia Courtois

JacquesL

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Frelon asiatique : Les parades de M. Rumin
« Réponse #2 le: 05 août 2011, 12:44:01 am »
http://www.sudouest.fr/2010/09/25/sur-la-piste-chinoise-du-frelon-asiatique-194601-736.php
http://www.sudouest.fr/2010/09/26/les-parades-de-m-rumin-194988-4622.php

Citer
Frelon asiatique : Les parades de M. Rumin
L'apiculteur français désespère d'obtenir un piégeage efficace. Comment le collègue chinois défend-il ses abeilles ? À la tapette en bambou, ou en plaçant une sentinelle devant les ruchers.Voici la suite du reportage (paru samedi) de notre envoyé spécial en Chine, sur la piste du frelon asiatique.

Les 30 ruches de Li Hua-fang ne sont pas dispersées à l'orée d'un bois de Zhou Wu Ka, dans l'arrière-pays de Shanghai. Elles sont dans les parages, à deux pas de sa porte, dans la cour qui donne sur un panorama d'estampe chinoise - vertes collines voilées dans une brume d'orage. Les abeilles ont beau croiser dans les allées et déborder des casiers, on s'aventure en bras de chemise sans risquer le moindre accroc avec des locataires accoutumées aux allées et venues. « Mieux vaut l'éviter, dans un rucher français », conseille Franck Muller, entomologiste au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.

Mais ne s'offrent-elles pas sur un plateau aux redoutables frelons ? Le couple d'apiculteurs n'en fait pas une histoire. Il lui suffit de garder l'œil sur le rucher, tapette en bambou à portée de main. S'il redouble de vigilance « en septembre », pic d'activité notoire dans les nids de frelons, « ce n'est pas un problème », modère Li Hua-fang. Les bras de ses collègues français en tomberont, eux qui désespèrent de trouver la parade aux ravages du frelon asiatique depuis son introduction en Lot-et-Garonne.

Pas plus dangereux pour l'homme qu'un frelon autochtone

Souvent redouté, notamment à la vue de son nid, le frelon asiatique n'est pas plus agressif qu'un autre hyménoptère. Comme le frelon autochtone, il n'est dangereux que dans des circonstances extrêmes : sujet allergique, piqûres multiples.

Au menu, la larve de frelon grillée

Voilà un mets très apprécié dans les bouis-bouis des provinces du Yunnan et du Guangxi, dans le sud-est de la Chine : des larves de frelon grillées. « Ils les font frire avec de l'huile », indique Qiu Rumin, qui reconnaît n'y avoir jamais goûté.

« Je suis un peu surpris, personne ne m'en a parlé », s'étonne Qiu Rumin, propriétaire de 300 ruches à Changxing et patron d'un négoce reconnu de reines fondatrices, à en croire les distinctions qui tapissent le mur de son bureau. Il ne sait rien de l'introduction de l'insecte en France, encore moins qu'il puisse venir tout droit de Yixing, c'est-à-dire de la porte à côté, à quarante minutes de route.

« Coût du travail »

Ce n'était pas faute d'assister au Congrès mondial de l'apiculture, dont Montpellier était la ville hôte en novembre 2009, mais la conférence que Claire Villemant, chercheuse au Muséum, y consacrait n'était pas inscrite à son programme. Et pourtant, « des frelons, il y en a beaucoup, spécialement dans la région », convient Qiu Rumin. Au cul des camions-bennes, direction les 300 ruches, en rase campagne. Si la route est mauvaise, c'est parce qu'elle dessert le chantier de la nouvelle autoroute, entre la province du Jiangsu et celle du Zheijang.

À défaut de caser un rucher sous ses fenêtres, à la façon des Hua-fang, il arrive qu'un gros apiculteur engage une personne supplémentaire pour y veiller « d'août à octobre », précise le professionnel. Ce qui fait dire à Qiu Rumin que ses collègues français pourraient en faire autant « si le coût du travail n'était pas si élevé », croit-il savoir. En tout état de cause, « c'est impossible de laisser un rucher sans surveillance ». À l'impératif de sentinelles s'ajoutent d'autres astuces.

Pas de piège à alcool

Ainsi, un sort particulier est réservé au « frelon géant » Vespa mandarinia, gros comme un pouce, capable d'entrer dans une ruche, et autrement plus redoutable que Vespa velutina, qui envahit le sud-ouest de la France. Un spécimen capturé sera lesté d'une boule de coton imbibée de fipronil, l'agent actif du Gaucho, et empoisonnera le nid à son retour. Car le frelon Vespa velutina n'est pas le seul à sévir dans l'Est chinois. « Il en existe quatre ou cinq espèces », compte Qiu Rumin. Paradoxalement, c'est une chance. « Il y a une autorégulation entre elles », estime Claire Villemant.

Dame nature vient aussi à la rescousse, puisque les abeilles orientales parent aux attaques en formant une boule autour d'un frelon trop envahissant. « La vibration de leurs ailes a pour effet d'augmenter la température jusqu'à ce que l'adversaire meure d'hyperthermie », faisaient valoir des entomologistes dès 2006. La pression relativement faible de l'insecte nocif n'a jamais incité les apiculteurs à développer d'autres moyens de capture, notamment les très controversés pièges à alcool, aussi peu efficaces que « désastreux » pour la biodiversité locale, rappelle l'entomologiste agenais Jean Haxaire.

L'impayable M. Rumin en rit encore : « Si c'était efficace, on l'aurait trouvé depuis longtemps et on n'aurait pas besoin d'employer quelqu'un devant les ruches ! » Même avec le faible coût du travail chinois.
« Modifié: 05 août 2011, 12:49:09 am par JacquesL »