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Auteur Sujet: Le poids des secrets de famille  (Lu 3296 fois)

JacquesL

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Le poids des secrets de famille
« le: 15 février 2007, 11:01:38 am »
Il est de notoriété publique qu'après avoir été endoctriné par les cathos, depuis je déteste toutes les religions. Toutefois, il y a dans cette histoire un pasteur que j'embrasserais volontiers sur les deux joues.


Evan Imber-Black
Le poids des secrets de famille. Traduction Robert Laffont.1999.

DES SECRETS QUE L'ON SE CACHE À SOI-MÊME GRÂCE À LA COMPLICITÉ DES AUTRES

Les secrets que l'on garde pour soi semblent être situés à l'intérieur d'une seule personne, mais leur préservation exige la complicité silencieuse d'autres personnes. Lorsque le secret d'Ira Underwood a finalement été exposé, Sam et Rebecca ont admis qu'ils avaient longtemps soupçonné que les histoires que leur fils leur racontait pour expliquer ses problèmes financiers étaient fausses. Mais aucun des deux n'avait osé en parler à l'autre et ils avaient fait le silence sur leurs suspicions.
De même, les secrets que l'on se cache à soi-même sont souvent évidents pour les autres. Si vous décidez de garder le silence quand une personne que vous aimez se cache à elle-même un secret dangereux, vous devez analyser ce que cache votre propre refus de prendre position.
Lorsque Penny James, vingt-cinq ans, et son fiancé Victor Buckingham, trente-deux ans, viennent me voir trois mois avant la date prévue pour leur mariage, ils commencent par insister qu'ils n'ont pas de problèmes. Selon Victor, s'ils sont là c'est parce que leur pasteur a pensé que ce serait une bonne idée, et qu'ils estiment tous les deux qu'il est important de suivre ses conseils. Tandis qu'ils sont assis là à me raconter tous les détails de la cérémonie à venir, je suis confrontée au secret très visible de Peggy, dont il n'est surtout pas question : j'ai devant moi une femme de un mètre soixante-dix qui pèse de toute évidence moins de quarante-cinq kilos. Plus tard, lorsque je lui demande si son poids ne lui pose pas un problème, Penny me répond du tac au tac qu'elle a effectivement l'intention de perdre encore un kilo ou deux avant la cérémonie car elle se trouve encore un peu «dodue» pour sa robe de mariée ! Victor regarde ailleurs...
A mesure que j'apprends à mieux connaître Penny et Victor, il devient clair que son anorexie grave est un secret que Penny
se cache à elle-même et qui saute aux yeux de l'ensemble de ses amis et de sa famille, bien que personne ne fasse jamais allusion à la disparition virtuelle de cette jeune femme.
Penny et Victor se sont fiancés un an plus tôt. A l'époque, elle pesait à peine soixante kilos, mais sa mère et sa future belle-mère lui ont reproché d'être trop grosse et ont exprimé le souhait qu'elle «mincisse» pour son mariage. Penny et Victor sont issus de familles très riches, et aux yeux de leur famille et de leurs amis, leurs fiançailles sont « parfaites ». Victor est banquier et gagne beaucoup d'argent, quant à Penny, elle est diplômée d'une université pour jeunes filles de bonne famille. Bien que très brillante, elle n'est pas censée travailler pour gagner sa vie. Comme sa mère et sa grand-mère, elle s'occupera de la maison et consacrera son temps libre aux oeuvres de charité. Paradoxalement, à mesure que Penny devenait de plus en plus mince en se conformant au modèle familial de la femme parfaite, elle faisait la démonstration silencieuse du caractère grotesque de cet idéal.
Pendant nos premiers entretiens, Penny et Victor présentent un front uni, impénétrable. « Tous nos amis disent que nous sommes le plus beau couple qu'ils connaissent, dit Penny. Nous ne nous disputons jamais. Nous sommes d'accord sur tout. Nous sommes parfaitement assortis. » Quand elle finit de parler, Victor lui tapote la tête comme si elle était un enfant ou un animal domestique.
Le poids du secret de Penny et la complicité de Victor deviennent évidents lorsque je demande à les rencontrer séparément. Notre travail commence à tourner en rond. Ils annulent leurs rendez-vous individuels ou ils « oublient » de venir, ou bien ils se présentent ensemble en prétextant que c'est « plus facile ». En demandant à les rencontrer individuellement, j'ai gravement menacé les mythes sur lesquels est bâti leur couple, en particulier celui de l'innocuité de la maigreur de Penny. Je leur propose donc d'inviter leur pasteur, qui les a dirigés vers moi, à se joindre à nous. En élargissant notre cercle, j'espère que Penny et Victor entendront une version de leur histoire différente de celle qu'ils se racontent à eux-mêmes.
Lorsque Penny, Victor, le révérend Allenby et moi-même nous rencontrons pour la première fois, je demande au pasteur pourquoi il m'a adressé le couple. D'abord avec hésitation, il raconte comment il a vu Penny dépérir au cours de l'année précédente. Ses efforts pour faire part du problème à Penny, Victor et leurs familles se sont heurtés à un refus. Pendant qu'il m'explique qu'il connaît Peggy depuis sa naissance, qu'il l'a vue grandir et devenir une ravissante jeune femme, celle-ci se met à pleurer : « Ma vie est fichue, dit-elle entre deux sanglots. Je veux poursuivre mes études et devenir anthropologue. Je veux enseigner à l'université. Je ne pourrai jamais rien faire de cela. »
Victor écoute, ébahi : « Je croyais que tu voulais les mêmes choses que moi ! Tu m'as menti ! » lance-t-il, furieux. Il se lève pour sortir, mais je lui demande tranquillement d'écouter jusqu'à la fin.
Cet après-midi-là, il deviendra clair que Penny a perdu toute notion de ce qu'elle veut. Toute son attention s'est portée sur son poids, sur « ce qui ne va pas » avec son corps. A mesure qu'elle maigrit et que personne ne proteste, elle se convainc qu'elle ne vaut rien. Parce qu'elle perd la maîtrise de son existence, la nourriture et l'alimentation deviennent le dernier domaine où elle a encore l'impression d'avoir un pouvoir : quand Victor et sa famille approuvent sa perte de poids, Penny reprend la main en édictant toute une série de rituels étranges autour des repas, dont une liste de plus en plus longue d'aliments auxquels elle se sent « allergique », qui ne doivent pas être consommés ensemble, ou qui ne doivent pas se toucher. Elle proclame qu'un repas «idéal» doit durer seulement un certain temps. Elle refuse de manger au restaurant. Personne dans son entourage n'y trouve rien à redire.
Penny exprimait sa douleur par des actions et non par des paroles. Comme personne ne réagissait, elle a cessé de savoir ce qu'elle ressentait ou ce qu'elle faisait. Jusqu'au jour de notre entretien où elle a finalement craqué, l'anorexie de Penny était un secret qu'elle se cachait à elle-même, un secret soutenu par sa famille, son fiancé et la famille de son fiancé, par les valeurs de son monde social, et par l'adhésion de tout son entourage à une certaine image de ce qu'est une femme « convenable ».
Mon travail avec Penny et divers membres de sa famille durera longtemps. Comme c'est souvent le cas dans les familles où surgissent l'anorexie et la boulimie, l'individualité et le désir étaient restés longtemps et douloureusement enfouis sous le voile du perfectionnisme, de l'apparence, du rang social et de la respectabilité. J'ai dû rappeler de nombreuses fois â
Penny et à sa famille qu’elle avait choisi la mort plutôt que s'écarter des attentes de sa famille et de sa communauté à son égard.
Tout comme son anorexie était un secret qu'elle se cachait à elle-même, ses désirs et ses envies étaient devenus un secret pour elle et pour sa famille. Pour vaincre son anorexie, Penny devra affronter les plans que sa mère et son père avaient faits pour elle. Elle rompra ses fiançailles avec Victor et subira la colère des deux familles. La famille James avait passé plusieurs générations à éviter les conflits à tout prix. Le trouble alimentaire secret de Penny avait préservé le statu quo à un moment où un changement radical était nécessaire. Quand Penny commencera à revendiquer son identité, sa famille devra faire face douloureusement à d'autres différences. Penny quittera la maison de ses parents et commencera une thèse en anthropologie. Dix mois plus tard, M. et Mme James prendront contact avec moi : pour la première fois de leur long et silencieux mariage, la mère de Penny avait émis des opinions différentes de celles de son mari.
Jonathan Whiteson et Penny James se cachaient des secrets à eux-mêmes qui influaient négativement sur leur propre bien-être. Chacun avait sacrifié sa propre santé pour se conformer à des normes sociales qui ne leur convenaient pas. En essayant de leur mieux de s'adapter à des vies impossibles, chacun avait perdu un peu plus de sa connaissance de soi, jusqu'au moment où les aspects les plus essentiels de leurs existences étaient devenus des secrets pour eux-mêmes. Et comme c'est souvent le cas, aucune des personnes qui les connaissaient n'avait protesté, contesté ce qui se passait ou parlé avec eux, ce qui avait eu pour conséquence de serrer un peu plus fort le noeud du secret.
Certains secrets que l'on se cache à soi-même peuvent être dangereux pour d'autres personnes. Lorsqu'un secret de ce type tourne autour de l'alcool, de la drogue, du jeu, des rapports sexuels non protégés ou des maladies sexuellement transmissibles, l'aveuglement personnel peut faire du mal à autrui. A la différence des secrets dus à une forte pression sociale, ces secrets-là présument un choix de ne pas savoir, quelles qu'en soient les conséquences. S'il vous est arrivé d'avoir un tel secret, vous savez que lorsque le brouillard se lève il faut beaucoup de travail pour réparer le mal qui a été fait.
« Modifié: 13 avril 2010, 01:56:10 pm par Jacques »

JacquesL

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Le poids des secrets de famille
« Réponse #1 le: 15 février 2007, 11:02:21 am »
Evan Imber-Black
Le poids des secrets de famille. Traduction Robert Laffont.1999.


Cette page-ci va nous briser un dogme :


GARDER UN SECRET POUR SOI AFIN DE PROTÉGER LES AUTRES

On ne garde pas des secrets pour soi que pour se protéger soi-même. Parfois, on fait cela pour protéger une autre personne. Une telle loyauté peut s'étendre par-delà la mort. Ces secrets nous imposent leurs limites ; au lieu de nous connaître, de nous tolérer et de nous accepter mutuellement, avec toute notre complexité et nos contradictions, nous nous raccrochons à des stéréotypes simplistes.
Jeremiah Simpson a quarante-cinq ans lorsqu'il entre en thérapie. C'est un Noir originaire du delta du Mississippi, qui a un doctorat de mathématiques et enseigne à l'université : «Je ne suis pas retourné dans le Mississippi depuis que je suis parti faire mes études, il y a vingt-sept ans », me déclare-t-il lors de notre premier rendez-vous. Il se décrit lui-même comme une homme qui aime des réponses claires et précises dans la vie.
Jeremiah, fils unique, a été élevé par son père et sa grand-mère. Son père et sa mère ne se sont jamais mariés. D'abord, il a vécu avec sa mère, mais, à l'âge de quatre ans, quand elle a épousé un autre homme, il est allé habiter chez son père et sa grand-mère : «Ma grand-mère a élevé seule mon père. Son père avait une autre famille dans les environs. Ma grand-mère n'a jamais eu un autre homme. Elle s'est consacrée à mon père, et il a vécu avec elle pendant toute sa vie.»
Jeremiah commence sa thérapie peu de temps après la mort de sa grand-mère, à l'âge de quatre-vingt-treize ans. Il est triste et anxieux. C'est sa femme qui lui conseille de consulter un psychothérapeute. Quand je lui demande pourquoi, il me répond qu'elle s'inquiète pour lui et qu'elle ne comprend pas pourquoi il n'est pas allé à l'enterrement.
Au fil de nos entretiens, j'apprends à connaître Jeremiah et il me parle longuement de sa grand-mère, en insistant sur le fait que c'est elle qui l'a poussé à faire des études. Il est intimement persuadé que sans elle il ne serait pas là aujourd'hui : «Mon père n'a même pas fini l'école primaire. L'école ne représentait rien pour lui. Il voulait que j'arrête, mais Mamie et lui se sont disputés et je suis allé au lycée. » Mais le lycée coûtait cher parce qu'il fallait s'acheter un uniforme et des livres. Ils étaient pauvres et son père refusait de lui donner de
l'argent : « Je ne sais pas comment elle s'y est pris, mais elle a trouvé l'argent. Je n'avais qu'un seul uniforme, alors que les autres enfants en avaient deux, mais Mamie veillait à ce qu'il soit toujours propre. Et elle me donnait de l'argent pour acheter des livres. C'est la seule fois où je l'ai vue se disputer avec mon père. »
Jeremiah me raconte cette histoire calmement, sans grande émotion. Je m'interroge : pourquoi cet homme n'est-il jamais rentré chez lui en vingt-sept ans ? Pourquoi a-t-il vu sa grand-mère seulement deux fois pendant ce laps de temps — la première quand elle est venue dans le Nord pour sa cérémonie de fin d'études, et la seconde pour son mariage ? Et pourquoi n'est-il pas allé aux funérailles de cette femme à qui il doit, entre autres, sa réussite professionnelle ? Il nous faudra de nombreux mois pour démêler cet écheveau.
Peu de temps après le début de la thérapie, la tristesse de Jeremiah s'aggrave. Je vois bien que la mort de sa grand-mère l'affecte profondément, mais il refuse de parler d'elle pendant nos premiers entretiens. Il dit vouloir poursuivre sa thérapie, mais je le trouve de plus en plus distant. Je lui demande s'il s'opposerait à ce que sa femme se joigne à nous pour une ou deux séances : et il acquiesce. Quand je me trouve confrontée à des mystères au cours d'une thérapie, je sais qu'on peut débloquer la situation en incluant d'autres gens.
Lors de la séance suivante, Sandra Baker-Simpson me confie qu'elle est très inquiète pour son mari : « Quelque chose le tracasse, mais je ne sais pas quoi. Je me demande si lui-même le sait. Il est triste. Il est silencieux. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Tout a commencé avec la mort de sa grand-mère. Je ne sais pas ce que c'est, mais il refuse d'en parler.» Jeremiah a l'air perdu pendant que sa femme parle. Je me fais la remarque que la mort de sa grand-mère a laissé en lui quelque chose de profondément inachevé : quelque chose qu'il n'arrive pas à formuler avec des mots.
Lorsque je revois Jeremiah en tête à tête, je lui explique que souvent lorsque quelqu'un meurt nous nous retrouvons avec des choses que nous aurions aimé dire, des questions que nous aurions aimé poser. Je lui suggère d'écrire une lettre à sa grand-mère, car cela pourrait l'aider : « Cette lettre vous appartiendra. Vous ne serez obligé de la partager avec personne si vous ne le souhaitez pas. » L'air peiné, Jeremiah me répond qu'il va y réfléchir et qu'il me rappellera.
Un mois s'écoule avant que Jeremiah ne reprenne rendez-vous. Il n'a pas écrit la lettre, mais y a réfléchi. Il me dit qu'il se sent toujours très triste, mais sans grande émotion. Il trouve Sandra très compréhensive, mais s'inquiète qu'elle puisse en avoir assez. Je lui conseille de prendre son temps.
Trois semaines plus tard, nous nous revoyons. D'une main tremblante, Jeremiah extrait une feuille de papier pliée de la poche de sa chemise et me la tend. Je lui demande s'il veut bien la lire lui-même. Il accepte et commence :
Chère Mamie,
Je veux te remercier pour avoir fait en sorte que je suive des études. Sans toi, je ne serais jamais allé à l'école, au lycée, à l'université, et jamais je n'aurais passé ma thèse. Je sais que tu as travaillé dur pour m'aider. J'espère que tu es fière de moi. D'autres gens m'ont dit que tu étais fière de moi, même si toi tu ne me l'as jamais dit.
Jeremiah s'interrompt et me regarde droit dans les yeux : « Je n'ai jamais raconté cela à personne. Ce n'est pas dans ma lettre, mais depuis que j'ai commencé à l'écrire, je n'arrête pas d'y penser. J'y pense depuis des années.»
Je reste silencieuse et immobile pendant que Jeremiah parle, les larmes coulent sur ses joues et ses mains sont nouées : « Je devais avoir cinq ou six ans. Les soirs où elle sortait boire avec ses copains, ma grand-mère sortait de la douche. Elle s'allongeait à côté de moi, entrouvrait sa robe de chambre et me disait de téter ses seins. Elle restait quinze ou vingt minutes, puis s'en allait. »
Cet après-midi-là, Jeremiah me confesse qu'il n'en a jamais rien dit à personne, parce qu'il voulait protéger sa grand-mère. Si les gens avaient su, ils auraient dit du mal d'elle. Sa loyauté et sa gratitude à son égard sont immenses. En parlant, il brosse un tableau bien plus complexe de la personnalité de sa grand-mère. C'était une femme solitaire et isolée. Elle était déterminée à offrir à son petit-fils plus de possibilités qu'elle n'avait pu en offrir à son fils, mais à part cela elle ne comprenait pas bien de quoi d'autre un enfant pouvait avoir besoin. « Je suis certain qu'elle n'avait aucune intention de me violer, me dit Jeremiah. Je pense qu'elle n'avait aucune idée de ce que peut penser ou ressentir un enfant. »
Sa grand-mère n'a jamais dit à Jeremiah qu'il devait garder le secret. Il le savait, c'est tout. Après son septième anniversaire, sa grand-mère cesse de venir dans son lit. Jusqu'à sa mort, ces souvenirs occupent un tout petit recoin de sa mémoire : « Mais depuis, j'ai eu un grand nombre de conversations en pensée avec elle. Et elles tournaient toutes autour de cela. »
Devenu adulte, Jeremiah garde le silence en partie à cause de ce qu'il lit et entend à propos des abus sexuels commis sur des enfants. « Ce qui est écrit dans les livres ne correspond vraiment pas à ce que je ressens. J'ai une vie de couple épanouie, je suis heureux dans mon travail, j'ai le sens de l'humour, je suis un bon père. Je ne bois pas, je ne me drogue pas, je ne suis pas obèse et je ne fais aucune de ces choses épouvantables que prédisent les spécialistes. Je n'ai pas de souvenirs qui reviennent brutalement à la conscience. Je n'ai pas une personnalité pathologique, dit-il en riant, déjà d'humeur moins sombre. Je n'arrête pas d'entendre dire : "Ce sont vos secrets qui vous rendent malade." Cette histoire me fait de la peine, mais je n'ai jamais eu le sentiment d'être malade. » Les livres dans lesquels Jeremiah a lu ce qu'il aurait dû ressentir lui ont fait enfouir son secret au fond de lui-même. S'il en avait parlé, peut-être lui aurait-on imposé une lecture de sa vie qui ne correspondait en rien à son expérience : « Mon histoire est plus compliquée qu'une histoire de "coupables" et de "victimes". Et je ne suis sans doute pas le seul dans mon cas. »
Ce secret que Jeremiah gardait pour lui-même ne lui a jamais posé de problèmes jusqu'à la mort de sa grand-mère. Incapable de résoudre les contradictions à propos de sa vie et de sa relation avec lui, et privé dorénavant de toute possibilité de les aborder directement avec elle, Jeremiah s'est enfoncé dans la dépression. La révélation de son secret, d'abord à moi puis à sa femme Sandra, a produit d'autres changements. Pour la première fois en vingt-sept ans, il est retourné dans le Mississippi. Il est allé s'incliner sur la tombe de sa grand-mère, il lui a lu sa lettre puis, choisissant soigneusement ses mots, il lui a pardonné la mauvaise utilisation qu'elle a faite de lui.
J'ai revu Jeremiah et Sandra pour une séance de suivi, quelques mois plus tard. Sa dépression avait disparu. Sandra et lui se préparaient à se rendre à une réunion de la famille de Jeremiah avec leurs enfants, une réunion annuelle que Jeremiah avait toujours évitée.
« Modifié: 09 mars 2007, 01:39:17 pm par Jacques »

JacquesL

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La suite de la pratique oblige à distinguer entre les pathologies dues à de simples secrets de famille, et celles provoquées par la participation à des crimes de famille. Participer à des crimes de famille, produit des pathologies autrement plus lourdes.

Par exemple, je n'ai pas encore de preuves que les simples secrets de famille produisent une forte demande en fautes de raisonnement, alors que la répression sur les secrets, ce terrorisme intime et familial, peut fort bien en produire. Là où des secrets de famille ont l'action la plus toxique sur les générations suivantes, est quand ils suscitent une demande perpétuelle en fautes de raisonnements, pour continuer à ne pas savoir et à ne pas comprendre.

Exemple de pathologie due à un simple secret de famille, Georges Rémi, qui signait Hergé :
Le psychanalyste Serge Tisseron, en examinant de près "Le secret de la Licorne", et "Le temple du Soleil", les détails biographiques du chevalier de Hadoque, les traits uniques de la Castafiore (toujours avec son Air des bijoux) et des Dupont & Dupond, le château de Moulinsard, avait conclu qu'il y avait là la trace d'un secret de famille, qui était mis en scène par Hergé. L'ouverture des archives biographiques l'a entièrement confirmé depuis. La grand-mère Marie Dewigne (= Castafiore), servante dans un château, avait été engrossée par un membre de la famille royale de Belgique. Les jumeaux (Alexis et Léon = Dupont et Dupond) ont toujours été incapables de résoudre le mystère de leur origine. Toxicité modérée dans cet exemple, car le petit-fils, Hergé, n'a rien perdu de sa curiosité d'enfant, ni de son esprit d'aventure. Les aventures de Tintin et Milou, de Jo et Zette et Jocko, de Quick et Flupke sont bel et bien passionnantes.

http://www.psychologies.com/Famille/Relations-familiales/Parents/Articles-et-Dossiers/Les-secrets-de-famille-ils-pesent-sur-notre-destin/Serge-Tisseron-a-decouvert-le-secret-de-Herge

La différence avec les cas dramatiques, est que le secret des "Rémi" était un secret non criminel, juste de convenance sexuelle. Ce n'était pas un crime que ces amours nobiliaires-ancillaires, juste une faute sociale. Il semble bien qu'il y ait eu des conséquences dramatiques non négligeables sur la vie intime d'Hergé : sa relation impossible à la paternité. Impossibilité de paternité physique, incapacité à se choisir une compagne qui soit son égale, en relation d'égalité entre adultes. Incapacité à partager la paternité symbolique de son oeuvre avec ses collaborateurs, à qui il faisait redessiner des albums, tels que "L'île Noire". Longues périodes de sombre dépression, aussi.

Je suis hélas le témoin privilégié de la dégringolade pathologique de mes propres enfants, à partir de l'âge où ils ont été recrutés comme aide-bourreaux par leur mère.
Il n'est pas temps de conter cela en détail - de nombreux traits ont déjà été publiés, par exemple à http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/La_separation_d_un_enfant.html ou à http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/Parricides_enfants_instrumentalises.html -, et ce sera surtout à eux de conter le détail, quand ils commenceront à guérir de la pathologie commandée et de la séduction par la corruption, mais je ne serai plus là pour le voir.

A la place, examinons plus en détail les endommagements psychiques produits dans un groupuscule devenu depuis hégémonique, par la complicité obligatoire envers les actes commis par Niels Bohr contre Erwin Schrödinger et Louis Victor de Broglie dans les années 1926 et 1927. Pourquoi ? Parce que là au moins les actes sont publics, bien documentés, et que tous les acteurs du temps sont décédés ; la parole est donc légalement libre, quoique dans les faits elle demeure toujours violemment réprimée par les héritiers du groupuscule d'alors ; ils ne reculent devant aucune violence pour préserver aux yeux du public leur secret de famille, un secret criminel.

Le crime dont on n'a toujours pas fini de payer les conséquences très cher, est l'éradication de deux fondateurs de la physique quantique, ou ondulatoire, Louis Victor de Broglie et Erwin Schrödinger, par des moyens fort déloyaux. Détails à http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=1141.0  : Les procédés employés par Niels Bohr pour vaincre Erwin Schrödinger ?

Depuis ce coup d'état au congrès Solvay de 1927, le groupuscule victorieux est devenu hégémonique, et l'on enseigne des oxymorons sans queue ni tête dans toutes les universités. Ça n'a pas sauté, car au moins le formalisme est correct ; c'est la sémantique obligatoire qui marche sur la tête, et qui coûte un prix fou, par sa totale absurdité.
Au lieu d'avoir été élaborée dans les années 1927-1930, ce qui eût été le cours normal d'un développement scientifique, la solution correcte n'a été élaborée qu'en 1986 par John Cramer, sous le nom de Transactionnal Interpretation of Quantum Mechanics (TIQM). Un retard aussi énorme est complètement anormal.
Liens : http://mist.npl.washington.edu/tiqm/ : The Transactional Interpretation of Quantum Mechanics. John G. Cramer
http://mist.npl.washington.edu/npl/int_rep/gat_80/ : Generalized absorber theory and the Einstein-Podolsky-Rosen paradox. John G. Cramer.
http://mist.npl.washington.edu/npl/int_rep/ti_over/ti_over.html : An Overview of the Transactional Interpretation. J. G. Cramer.

Nous sommes du reste plusieurs à l'avoir redécouverte indépendamment, ignorants du travail des autres. Cette redécouverte était inéluctable, par l'abondance des faits expérimentaux incompatibles avec les idéations hégémoniques. Et on peut en discuter avec des groupies du dogme hégémonique ?

Non. Nous sommes couverts d'insultes, de campagnes de calomnies, et de bannissements.

Ce groupuscule devenu hégémonique est resté gouverné par les secrets de ses crimes initiaux, persiste à exiger des fautes de raisonnement monumentales. Il est devenu une église. Ça nous coûte un prix fou.

Après éradication de Louis de Broglie, ils s'ingénient à dénier le caractère cyclique de tout quanton :
http://deonto-ethics.org/mediawiki/index.php?title=Fr%C3%A9quence_intrins%C3%A8que_inobservable%2C_donc_impensable_%3F

Or seule la formulation relativiste des équations fait apparaître la fréquence intrinsèque, broglienne, de tout quanton doté de masse. Seule la formulation relativiste permet de constater que la quantique, ou mécanique ondulatoire, n'est rien de plus que la prolongation du principe de Fermat, qui date du 17e siècle. Pierre de Fermat l'a énoncé en 1657 mais n'a soumis son mémoire, Synthèse pour les réfractions qu'en 1662.

Voilà un exemple typique de la pathologie induite par la participation à des crimes de famille - ici crime de groupuscule, la cour de Niels Bohr, et dans une moindre mesure de Werner Heisenberg, qui visaient avant tout le pouvoir et l'hégémonie.

Exemple du délire produit par cette participation au délire de groupe :





Discussion complète à :
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=887.0

On a d'autres exemples, d'origines typiquement familiales, de personnalités publiques particulièrement nocives, aux pathologies perverses simultanément dépendantes des crimes familiaux en usage dans leurs familles d'origine, et modelées sur des idéologies perverses qu'elles ont trouvé dans l'air du temps. On a aussi des exemples de leurs fraudes, utilisées pour asseoir leur pouvoir.

Exemple typique de ces enfants élevés en bourreaux, qui restent bourreaux toute leur vie, trop lâches, trop couards pour refuser l'héritage familial, de pratiques criminelles :
http://deonto-ethics.org/impostures/index.php/board,9.0.html

D'abord une citation, qu'on va transposer ensuite :

Citer
" Ne pas révéler un secret de famille à nos enfants, c’est les condamner à répéter les fautes de leurs ancêtres ", affirme Didier Dumas, psychanalyste d’obédience doltoïenne. Comment expliquer que nos descendants continuent d’être influencés par des faits dont ils n’ont pas connaissance ? " Il faut savoir que l’inconscient est transgénérationnel, explique le psychanalyste. L’enfant se construit par identification, c’est-à-dire en dupliquant littéralement l’inconscient de ses parents, avec son lot de représentations mais aussi de trous formés autour d’une absence de parole, de questions laissées sans réponse ou de secrets traumatiques. " Ce que Didier Dumas, à la suite de Nicolas Abraham, appelle " fantôme ", c’est ce non-savoir qui hante et agit les esprits qu’il habite. " Le non-savoir nous condamne à nous heurter aux mêmes difficultés que nos parents ou grands-parents, et à ne pas pouvoir les dépasser. Seule la parole peut nous délivrer d’un fantôme.
Fin de citation.

Et transposition pour le secret de famille de la physique théorique, depuis 1927 :
Ne pas révéler un secret de famille à nos étudiants, c’est les condamner à répéter les fautes de leurs professeurs, et des professeurs de leurs professeurs. En régime du secret honteux, nos étudiants continuent d’être influencés par des faits dont ils n’ont pas connaissance. L'inconscient est transgénérationnel. Chacun se construit par identifications successives, c’est-à-dire en dupliquant l’inconscient de ses aînés, avec son lot de représentations mais aussi de trous formés autour d’une absence de parole, de questions laissées sans réponse, de secrets traumatiques, et des violences de juge-et-partie pratiquées par ces professeurs compromis. Ce que certains appellent " fantôme ", c’est ce non-savoir obligatoire, ces fautes de raisonnements obligatoires et préfabriquées, qui hantent et paralysent les esprits qu’il habite. Le caractère obligatoire du non-savoir nous condamne à nous heurter aux mêmes difficultés que nos aînés, et à ne pas pouvoir les dépasser. La liberté de parole n'existant pas, les fantômes des crimes du passé gardent la réalité du pouvoir.
« Modifié: 12 avril 2011, 01:58:43 pm par Jacques »