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Auteur Sujet: 18 juin 2009, Georges Lavau aurait 91 ans, si  (Lu 1739 fois)

JacquesL

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18 juin 2009, Georges Lavau aurait 91 ans, si
« le: 18 juin 2009, 05:02:52 pm »
18 juin, Georges Lavau aurait 91 ans, s'il n'était décédé à 72 ans, en 1990.

Quelques liens, sur son action comme auteur politologue, et au Club Jean Moulin :
Citer
Réf. Georges Lavau, via liens sur Stéphane Hessel :

http://www.fondationresistance.org/pages/rech_doc/pour-amour-republique-club-jean-moulin-1958-1970_cr_lecture38.htm
http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article105
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_2001_num_63_1_403284
http://www.cairn.info/revue-historique-2003-3-page-603.htm#s1n37
Mais pas dans le 5e lien.
http://centre-histoire.sciences-po.fr/archives/fonds/club_jean_moulin.html

Citer
Parmi les sociétés de pensée et d’influence chères aux élites modernisatrices, le Club Jean Moulin  fait référence et lance nombre de thèmes repris par la suite de Jacques Chaban-Delmas à VGE, et Lionel Jospin.

Le Club Jean Moulin est créé en 1958 dans le contexte de la guerre d’Algérie et surtout des débuts de la Ve République. Fort d’un projet de réflexion sur la démocratie moderne, dont le principe est la légitimité de la « compétence technique », le club met en avant la nécessité d’adapter les institutions aux exigences d’une telle société. Ainsi qu’il figure dans ses statuts, « le Club Jean Moulin [cherche] à faire connaître les résultats de cette réflexion à tous les responsables des affaires publiques et privées, et contribue à éclairer et à orienter les choix politiques des citoyens ». Il constitue la forme de mobilisation spécifiquement politique des planificateurs à un moment où les bases de leur pouvoir sont remises en cause par la rupture entre de Gaulle et les réseaux à l’origine de son retour en 1958.

Deux anciens résistants sont considérés comme les fondateurs officiels du club : Daniel Cordier, un riche marchand de tableaux, ancien secrétaire de Jean Moulin et Stéphane Hessel, ancien déporté, diplomate à l’ONU. Mais ces deux personnalités n’ont que peu d’influence sur la définition des premières orientations. Si la Charte du Club Jean Moulin, qui se réclame du « refus de quelques-uns d’accepter le confiscation de la République » et appelle à un « nouveau civisme républicain », est rédigée en juillet 1958, c’est L’État et le citoyen, publié en 1961, qui constitue le manifeste du club. Le texte, écrit par Georges Vedel et Maurice Duverger (questions institutionnelles), Michel Crozier (questions de « société ») et Georges Suffert, réunit les thèmes majeurs du discours des planificateurs : « fin des idéologies », « participation des ouvriers à la gestion de l’entreprise », « rationalité politique », dévalorisation de l’action parlementaire, promotion des technocrates …

Le club est dirigé à partir de 1959 par Georges Suffert, ancien président de la Fédération française des étudiants catholiques. Proche du groupe Esprit, il a travaillé pour le Commissariat au Plan avant de devenir journaliste à Témoignage chrétien et à L’Express. Les principaux hauts fonctionnaires du Plan et de l’Aménagement du territoire s’engagent dans le Club Jean Moulin : Pierre Uri (expert auprès de Jean Monnet, l’un des négociateurs du plan Schuman et de la CECA), François Bloch-Lainé (alors directeur général de la Caisse des dépôts), Étienne Hirsch (président d’Euratom), Paul Delouvrier (notamment en charge de la restructuration de la région parisienne), Claude Gruson (directeur de l’INSEE), Simon Nora (membre historique du Service des Etudes Economiques et Financières), Jean Saint-Geours (nouveau directeur du SEEF), Jean Ripert (responsable de la coordination au Commissariat Général au Plan), Jacques Delors (chargé des affaires sociales au CGP) … Le projet politique attire des syndicalistes de la CFTC (Marcel Gonin et Paul Vignaux du pôle Reconstruction), de la Fédération générale des syndicats chrétiens de fonctionnaires (André Jeanson), de la CGT (Pierre Le Brun), de la CNJA (Lucien Douroux), mais aussi des jeunes énarques (Olivier Chevrillon, Paul Lemerle), des personnalités du journalisme (Philippe Vianney, le créateur du Centre de formation des journalistes, Michel Drancourt, rédacteur en chef d’Entreprise), des entrepreneurs du secteur privé (Claude Alphandéry, banquier et promoteur immobilier), et des universitaires (sociologues issus du CSE comme Michel Crozier et Pierre-Henri Chombart de Lauwe, juristes comme Maurice Duverger et Georges Vedel, politistes comme Georges Lavau, ethnologues comme Alain de Vulpian) …

Certains débats sont rendus publics par l’intermédiaire de comptes-rendus diffusés sous la forme de bulletins d’information, qui paraissent dans le journal Le Monde. De septembre 1958 à janvier 1970, plus de 70 Bulletins du Club Jean Moulin sont publiés, chacun traitant d’un thème particulier. D’autre part, les éditions du Seuil (dont le fondateur, Paul Flamand, est un membre actif du club) publient et diffusent les ouvrages de la collection « Jean Moulin ».

Après 1962, le Club Jean Moulin tente de fédérer différents groupes autour d’un « projet d’opposition au gaullisme triomphant ». Dès 1963, il décide de s’engager dans l’action politique. Il participe aux Assises de la Démocratie à Vichy en 1964, qui rassemblent les différentes composantes du courant « moderniste » : le cercle Tocqueville, le club Vie nouvelle de Jacques Delors (recruté par le club catholique Citoyens 60, créé en 1959 et rassemblant des membres (ou d’anciens membres) du MRP, de la SFIO, de la CFTC), des syndicalistes de la CFTC, les jeunes agriculteurs de Michel Debatisse… Parallèlement à la préparation des Assises, Georges Suffert s’associe à Jean-Jacques Servan-Schreiber afin d’organiser la campagne de Gaston Defferre (l’échec de cette candidature, qui avait divisé le groupe, contraint Georges Suffert à le quitter). Le club adhère en 1966 à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) rassemblée derrière François Mitterrand. Il va ainsi subir les échecs politiques de la gauche. Après avoir essayé d’élaborer une nouvelle doctrine, il cesse ses activités au début de l’année 1970. Certains de ses membres rallieront le cabinet du premier ministre Jacques Chaban-Delmas pour participer au projet de « Nouvelle Société » (thème de son discours d’investiture devant le parlement français en 1969, dont la trame reprend les analyses de Michel Crozier sur la « société bloquée »).

La canonisation libérale de Tocqueville, (Encadré 16, Chapitre 3), Claire Le Strat et Willy Pelletier, Syllepse, 2006.

Citer
Claire Andrieu, Pour l’amour de la République, Le club Jean-Moulin, 1958-1970, Paris, Fayard, 2002, 608 p.

Claire Andrieu sort de la légende le club Jean-Moulin. La documentation est irréprochable, fondée sur les archives publiques et privées, les imprimés, les témoignages, la mise en œuvre est ferme et sûre. La sympathie de l’auteur pour son sujet n’interdit pas le regard critique. Une première partie, un peu longue, revient sur les origines et la définition des clubs, depuis les Lumières. Suit l’étude passionnante de la genèse du club Jean-Moulin. Au départ, un réseau de résistance né dans la crise de mai 1958. Des sept fondateurs, six appartiennent au monde des arts et des lettres, dont Daniel Cordier, l’ancien collaborateur de Jean Moulin, trois d’entre eux ont subi l’attraction communiste. C’est Cordier qui fait appel au septième fondateur, le diplomate Stéphane Hessel, dont le rôle dans l’évolution du club paraît décisif. Le club, qui devient une société de pensée et un lieu d’influence, se dote à la fin de l’année d’un secrétaire général, le journaliste Georges Suffert, venu de Témoignage chrétien et du Nouvel Observateur. Il conserva ces fonctions jusqu’en 1965. Le club trouve des adhérents dans le monde universitaire, dans la haute fonction publique, chez les cadres. Des collaborateurs de la revue Esprit,  des Cahiers de la République, la revue mendésiste, apportent leur concours. Ils ont en commun la volonté de défendre la République, de restaurer l’État et de réformer la société française.
Le club a compté 890 membres de 1958 à sa disparition en 1970. L’étude de cette élite parisienne des débuts de la Ve République, forte de tableaux graphiques, est fort riche : 84 % des membres résident dans la région parisienne, dont plus du tiers dans l’Ouest parisien, plus du tiers des membres ont été à un moment donné dans le Who’s who. Chiffre plus surprenant : 11 % des inscrits figurent sur la « liste mondaine » ou de membres de clubs mondains. Ce sont des héritiers des notables ou de nouveaux bourgeois qui ont fait de « beaux mariages ». Les énarques (114) et les anciens d’autres grandes écoles (138, dont 15 ont fait aussi l’ENA) sont en force. Claire Andrieu réfute le cliché du « club de hauts fonctionnaires », encore ceux-ci sont-ils la plus grosse minorité (17 %) et près du tiers du comité directeur. Les « experts » sont surreprésentés : une centaine. Le club « produit » six commissaires généraux au Plan. Les fonctionnaires européens sont en nombre. Au sein des universitaires, les professeurs de droit public et de science politique ont un poids particulier, avec Georges Lavau, Maurice Duverger, et Georges Vedel qui siégea près de huit ans au Comité directeur. Une minorité des membres du club est ancrée dans la politique partisane, l’axe dominant étant fait des diverses organisations socialistes. L’antigaullisme frappe. L’un des paradoxes du club fut d’avoir été amené à défendre la politique du chef de l’État sur l’Algérie.
Claire Andrieu a une sûre connaissance des hommes et ne néglige pas les formes de sociabilité du club. Elle évoque la qualité d’émotion conviviale dont les témoins ont gardé le souvenir, entre la verve de Georges Suffert et le sens de la conciliation de Stéphane Hessel. Elle s’attache aussi à la socialisation de l’écriture, puisque Jean Moulin, seul des clubs du temps, a produit des livres collectifs. Le plus grand succès fut L’État et le citoyen, à la fin de 1961, vendu à 22 000 exemplaires. Le club vécut des cotisations et des dons de ses membres, les plus grands contributeurs furent Alain Cordier, Stéphane Hessel, Georges Vedel.

 Les derniers chapitres de l’ouvrage traitent des engagements du club. Le lecteur découvrira la face cachée de son action, sa complicité avec certains des hauts rouages de l’État, son action secrète de soutien à l’État négociateur en Algérie, qui contraste avec l’antigaullisme du club. Une association relais diffuse une propagande républicaine auprès des officiers, le principal rédacteur du bulletin est Olivier Chevrillon membre du Conseil d’État ; le cabinet du ministre Pierre Mesmer finance l’entreprise. Des membres du club, membres du Conseil d’État, appartiennent à la mission d’études du Secrétariat général pour les affaires algériennes, auprès de René Brouillet, de Bernard Tricot. Leurs travaux se retrouveront dans les accords d’Évian.

 Le club consacra une large part de ses réflexions à donner un contenu à ce « nouveau civisme républicain » qu’évoquait sa charte de juillet 1958. Dès sa première lettre, le club s’en prenait à la « clientèle bourgeoise libérale » qui ne voyait en de Gaulle qu’une parenthèse avant le retour au « régime parlementaire traditionnel ». Jean Moulin contribua à faire accepter à gauche l’idée d’un renforcement de l’exécutif, il s’inscrit aussi dans la recherche d’une économie concertée et de la réforme de l’entreprise, si caractéristique des années 1960. Le club publie en 1963 le livre de François Bloch-Lainé, Pour une réforme de l’entreprise. Il est à la recherche d’un nouveau style démocratique, ouvert aux forces vives de la société civile, permettant de fonder un système bipartisan et de rendre possible l’alternance. Cette démarche civique se heurta à la culture partisane. Ce fut l’échec en 1965 de la Grande Fédération démocrate et socialiste et du projet de candidature de Gaston Defferre, le Monsieur X de L’Express, à l’Élysée. Comme l’observa par la suite Georges Vedel, les amateurs s’étaient heurtés aux professionnels. Le club connut une crise profonde à l’été 1965. L’entrée dans la Fédération de la Gauche démocrate socialiste de François Mitterrand précipita les départs, de l’islamisant Vincent Monteil à Michel Rocard. Vint Mai 68, dont l’esprit était bien différent de celui du club. Il mourut de lui-même en 1970.

 À travers cette histoire revivent une douzaine d’années d’histoire de la politique française. Claire Andrieu situe le club Jean-Moulin dans la nébuleuse des autres clubs de l’époque, même s’il y avait plus à dire sur les clubs qui se regroupèrent dans la mitterandiste Convention des institutions républicaines. À la différence de l’auteur, c’est chez ces derniers plus qu’à Jean Moulin qu’on pourrait voir les héritiers des « républicains de la veille » des débuts de la IIIe République. Certes, les uns et les autres tiennent un discours à tonalité civique, mais les Jean Moulin, à la différence des conventionnels, n’ont pas grand-chose à voir avec l’anticléricalisme républicain. La différence n’est pas mince, ni sans conséquences, et la question de la laïcité a joué un rôle aujourd’hui oublié dans l’échec de la Fédération Defferre. Faut-il ajouter que les Jean Moulin ne paraissent guère attachés à la République parlementaire composante majeure de la « tradition républicaine ». En fait le club Jean-Moulin est très représentatif de cette volonté réformatrice qui s’affirma face aux faiblesses de la IVe République, et qu’on trouve dans le mendésisme, la revue Esprit, le livre de l’historien Charles Morazé, Les Français et la République, publié en 1956, pour se borner à cet exemple. Nombreux sont les écrits qui invitent à « refaire la République », à fonder une nouvelle République. L’Express se dit l’hebdomadaire du Renouveau national. Les Jean Moulin, multipositionnés, participent de ces aspirations. Il suffit de se reporter au numéro de la revue Esprit de décembre 1957, « La France des Français ». Il comprend notamment les collaborations de Georges Suffert, Georges Ripert, Olivier Chevrillon, sous leurs pseudonymes d’Alain Berger et Charles Brindillac, de Michel Crozier. Tous se retrouvèrent au club Jean-Moulin. Ces quelques remarques voulaient dire l’intérêt de ce livre, contribution importante à l’histoire sociale, intellectuelle, politique, de la France des débuts de la Ve République.

 Jean-Marie MAYEUR.

« Modifié: 13 novembre 2010, 12:53:58 am par Jacques »