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La Malaisie révèle que des données de l’enquête sur le vol MH17 ont été falsifiées
Les Hollandais ont dissimulé des enregistrements téléphoniques contrefaits, l’Ukraine a caché des enregistrements radar, le FBI a tenté de saisir des boîtes noires, et les témoignages ont été mal reportés.


https://lesakerfrancophone.fr/la-malaisie-revele-que-des-donnees-de-lenquete-sur-le-vol-mh17-ont-ete-falsifiees

Par John Helmer – Le 23 juillet  2019 – Source Johnhelmer.net



Un récent documentaire de Max van der Werff, le principal enquêteur indépendant sur la catastrophe du vol MH17 de Malaysia Airlines, a révélé des preuves de falsification et de contrefaçon des documents utilisés par l’accusation, d’élimination des enregistrements radar de l’Armée de l’air ukrainienne, ainsi que de mensonge des gouvernements néerlandais, ukrainien, américain et australien. Et pour la première fois, un représentant du Conseil de sécurité nationale de Malaisie a révélé que des agents du FBI avaient tenté de s’emparer des boîtes noires de l’avion abattu.


Les sources de ces révélations sont malaisiennes : le Premier ministre, Mohamad Mahathir, le colonel Mohamad Sakri, officier responsable de l’enquête sur le MH17 pour le Département du Premier ministre et le Conseil national de sécurité de Malaisie nommé à la suite à la catastrophe du 17 juillet 2014, ainsi qu’une analyse par OG IT Forensic Services (enquêteur privé malaisien) des enregistrements téléphoniques du Service de sécurité ukrainien (SBU) que les procureurs néerlandais avaient déclarés authentiques.

Les 298 victimes du MH17 comprenaient 192 Néerlandais, 44 Malaisiens, 27 Australiens et 15 Indonésiens. Le nombre de nationalités varie parce que le communiqué de la compagnie aérienne n’identifie pas les personnes ayant la double nationalité avec l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis.



Le documentaire jette tout le poids du gouvernement malaisien, l’un des cinq membres de l’équipe conjointe d’enquête (JIT), contre les conclusions qui ont été publiées et l’inculpation récente de suspects russes menée par les fonctionnaires néerlandais en charge du JIT. En plus de la Malaisie et des Pays-Bas, les autres membres du JIT sont l’Australie, l’Ukraine et la Belgique. L’exclusion initiale de la Malaisie du JIT et l’inclusion de la Belgique (4 ressortissants belges inscrits sur le manifeste des passagers MH17) n’ont jamais été expliquées.

Le film révèle les preuves qui permettent au gouvernement malaisien d’estimer que les dépositions de témoins au JIT, les photographies, les vidéos et des enregistrements téléphoniques ont été manipulés par le SBU et sont irrecevables dans une poursuite judiciaire devant un tribunal malaisien et tout autre tribunal national ou international.

Pour la première fois également, le gouvernement malaisien révèle comment il s’est mis en travers des tentatives organisées par les États-Unis pendant la première semaine qui a suivi le crash pour lancer une attaque militaire de l’OTAN sur l’est de l’Ukraine. Le prétexte pour cela était de sauver l’avion, les corps des passagers, et les preuves de ce qui avait causé l’accident. En fait, l’opération visait à vaincre les mouvements séparatistes du Donbass et à lutter contre la Crimée reprise par la Russie.

Le nouveau documentaire révèle qu’une opération militaire secrète malaisienne a été organisée pour assurer la garde des boites noires du MH17 le 22 juillet [2014] et empêcher les États-Unis et l’Ukraine de les saisir. L’opération malaisienne, révélée par le colonel de l’armée malaisienne qui la dirigeait, a subtilisé les objets du prétexte, étayant ainsi l’opposition du gouvernement allemand à une attaque militaire, et forçant les Hollandais à annuler celle-ci le 27 juillet.

Le documentaire de 28 minutes de Max van der Werff et Yana Yerlashova vient de sortir. Celle-ci était la réalisatrice et coproductrice du film avec Max van der Werff et Ahmed Rifazal. Vitaly Biryaukov a réalisé la photographie. Voir le film complet ici. L’entretien complet avec le Premier Ministre Mahathir a été publié à l’avance. Il peut être visionné et lu ici.



M. Mahathir révèle pourquoi les gouvernements des États-Unis, des Pays-Bas et de l’Australie ont tenté d’exclure la Malaisie de l’enquête du JIT dans les premiers mois de l’enquête : au cours de cette période, des représentants des États-Unis, des Pays-Bas, de l’Australie et de l’OTAN ont lancé un plan pour que 9 000 soldats entrent dans l’est de l’Ukraine, sous prétexte de sécuriser la scène de l’accident, l’avion et les restes de passagers, en réponse au rôle présumé de la Russie dans la destruction du MH17 le 17 juillet. Pour les détails de ce plan, lisez ceci.

Bien que l’opposition allemande à l’intervention militaire ait forcé son annulation, les Australiens ont envoyé une unité des forces spéciales de 200 hommes aux Pays-Bas, puis à Kiev. L’Union européenne et les États-Unis ont suivi avec des sanctions économiques contre la Russie le 29 juillet. La résistance malaisienne aux tentatives des États-Unis pour accuser Moscou de la destruction de l’avion a été clairement exprimée dans les premières heures après l’accident au Président Barack Obama par Najib Razak, Premier ministre de la Malaisie à l’époque. Cette information peut être trouvée ici et ici.

Assumant la décision inhabituelle de prendre la parole dans ce documentaire, le successeur de M. Razak, le Premier ministre Mahathir, a déclaré :

Citer
Depuis le début, ils n’ont jamais autorisé notre implication. C’est injuste et inhabituel. Nous pouvons donc voir qu’ils ne se penchent pas vraiment sur les causes de l’accident et qui en était responsable. Mais ils avaient déjà décidé que ce devait être la Russie. Donc nous ne pouvons pas accepter ce genre d’attitude. Nous sommes intéressés par l’état de droit, la justice pour tous, et peu importe qui est impliqué. Nous devons savoir qui a réellement tiré le missile, et c’est seulement à ce moment-là que nous pourrons accepter le rapport en tant que vérité complète.

Le 18 juillet, lors de la première conférence de presse du gouvernement malaisien après que l’avion ait été abattu, M. Razak [ci-dessous] a annoncé qu’il avait déjà conclu des accords par téléphone avec Obama et Petro Porochenko, le Président ukrainien : « Obama et moi sommes convenus que l’enquête ne sera pas cachée et que les équipes internationales doivent avoir accès à la scène de l’accident. »



M. Razak a déclaré que le président ukrainien avait promis une enquête complète, approfondie et indépendante à laquelle les enquêteurs malaisiens seraient invités à participer :

Citer
« [M. Porochenko] a également confirmé que son gouvernement négocierait avec les rebelles dans l’est du pays afin d’établir un couloir humanitaire vers le site de l’accident, a ainsi ajouté M. Razak. [M. Porochenko] a ajouté que personne ne devrait retirer les débris ou les boîtes noires de la scène. Le gouvernement malaisien envoie un vol spécial à Kiev, avec une équipe spéciale de sauvetage et d’aide aux sinistrés, ainsi qu’une équipe médicale à bord. Mais nous devons découvrir précisément ce qui est arrivé à ce vol, et nous le ferons. Nous ne devons négliger aucun détail. »

Le documentaire révèle ce qui s’est passé ensuite, dans une interview avec le colonel Mohamad Sakri, chef de l’équipe malaisienne. Le témoignage de Sakri, qui est filmé dans son bureau à Putrajaya, est le premier à être rapporté par la presse en dehors de la Malaisie depuis cinq ans. Il y a un an, Sakri a donné un compte rendu partiel de sa mission à un journal malaisien, le New Strait Times.



« J’ai parlé à mon Premier ministre [Najib Razak], explique le colonel Sakri. Il m’a ordonné d’aller immédiatement sur le lieu de l’accident. » À l’époque, Sakri était un haut responsable de la sécurité à la Division de la gestion des catastrophes dans les services du Premier ministre. Sakri ajoute qu’une fois arrivés à Kiev, les Malaisiens ont été bloqués par les fonctionnaires de Porochenko. « Nous n’étions pas autorisés à y aller […] alors j’ai choisi une petite équipe pour quitter Kiev et aller secrètement à Donetsk. » Sakri a visité le lieu du crash et a rencontré des représentants de l’administration séparatiste de Donetsk dirigée par Alexander Borodai.

Avec onze hommes, dont deux médecins spécialistes, un aiguilleur et des commandos de l’armée malaisienne, le colonel Sakri n’a pas attendu pour rejoindre le site avant un convoi armé d’hommes des gouvernements australien, néerlandais et ukrainien. Ces derniers étaient bloqués par des unités séparatistes de Donetsk. L’agence de presse australienne ABC a rapporté que leur convoi militaire, parti de Kiev sur l’intervention des ministres des Affaires étrangères australiens et néerlandais, Julie Bishop et Frans Timmermans, avait été contraint d’abandonner sa mission. C’était alors que le colonel Sakri a pris possession des boites noires du MH17, à l’occasion d’une cérémonie de remise filmée au bureau de M. Borodai à Donetsk, le 22 juillet.

Des sources étatsuniennes ont déclaré au Wall Street Journal de l’époque que « le succès de la mission [Sakri] a[vait] offert une victoire politique au gouvernement de M. Najib. […] Il a également fait un cadeau aux rebelles sous la forme d’un accord, signé par le haut fonctionnaire malaisien présent à Donetsk, qui appelle le site du crash le « territoire de la République populaire de Donetsk. » […] Cette reconnaissance pourrait contrarier Kiev et Washington, qui se sont efforcés de ne pas donner de crédibilité aux rebelles, dont les principaux dirigeants sont des citoyens russes ayant peu de liens avec la région. La porte-parole adjointe du département d’État, Marie Harf, a déclaré lors d’une séance d’information lundi que la négociation « ne légitim[ait] en aucune manière » les séparatistes. »

La radio d’État australienne a ensuite relayé l’information du gouvernement ukrainien affirmant que les données de la boîte noire montraient que « la destruction et de la chute de l’avion était causées par une décompression explosive massive causée par de multiples perforations dues à des éclats de roquette. » Il s’agissait d’une invention : les données des boîtes noires, de l’enregistreur vocal dans le poste de pilotage et de l’enregistreur de données de vol, rapportées pour la première fois en septembre, six semaines plus tard, par le Bureau de la sécurité des Pays-Bas, n’ont rien montré de tel. Lisez ici ce que leur témoignage a révélé.

Le 24 juillet [2014] à Kiev, Julie Bishop, Ministre des affaires étrangères, a affirmé qu’elle négociait avec les Ukrainiens pour que l’équipe australienne dans le pays puisse porter des armes. « Je ne prévois pas que nous [y] aurons un jour recours, a-t-elle déclaré à son agence de presse nationale, mais il s’agit d’un plan d’urgence, et il serait imprudent de ne pas l’inclure dans ce genre d’accord. Mais je souligne que notre mission n’est pas armée parce qu’il s’agit d’une mission humanitaire. »

Or, au moment où elle s’adressait à sa radio nationale, Mme Bishop cachait que le plan d’intervention armée, qui comprenait 3 000 militaires australiens, avait déjà été annulé. Elle cachait aussi que les boîtes noires étaient en la possession du colonel Sakri. Car le document signé par Sakri en contrepartie des boîtes noires est visible dans le documentaire : le colonel a signé lui-même et y a apposé le cachet du Conseil national de sécurité de Malaisie.



Le militaire poursuit en expliquant que la mission de surveillance spéciale de l’OSCE pour l’Ukraine lui a demandé de remettre les boîtes noires, ce qu’il a refusé de faire. Il a ensuite eu un entretien avec des agents du FBI (6’56). « Ils m’ont approché pour que je leur montre les boîtes noires. J’ai dit non. » Il raconte également qu’à Kiev, les agents du gouvernement ukrainien a essayé de « [le] forcer à laisser les boîtes noires entre leurs mains. Nous avons dit non. Nous ne pouvons pas. Nous ne pouvons pas accepter ça. »



La permission de parler à la presse a été donnée au colonel Sakri par ses supérieurs dans les services du Premier ministre à Putrajaya, et ses divulgations ont été convenues avec eux.

Les communiqués ultérieurs du gouvernement de Kiev pour étayer l’accusation d’implication russe dans l’incident comprenaient des enregistrements sur bandes téléphoniques. Ceux-ci ont été présentés le mois dernier par le JIT comme preuve pour la mise en accusation de quatre Russes. Pour plus de détails, lisez ceci.

Les deux réalisateurs ont alors conclu un contrat avec OG IT Forensic Services, une entreprise malaisienne spécialisée dans l’analyse technique de matériel audio, vidéo et numérique pour les procédures judiciaires, afin d’examiner les enregistrements téléphoniques. Cette entreprise de Kuala Lumpur a été validée par le barreau malaisien. Le rapport technique complet, qui fait 143 pages, peut être lu ici.



Les conclusions rapportées par M. Akash Rosen [d’OG IT] devant la caméra sont que les enregistrements téléphoniques ont été coupés, modifiés et fabriqués. Selon la conférence de presse du JIT du 19 juin [2019] donnée par l’officier de police néerlandais Paulissen, chef du Service national des enquêtes criminelles des Pays-Bas, la source des bandes était le SBU. Un analyste allemand, Norman Ritter, parvient à des conclusions similaires sur la contrefaçon des bandes et la falsification des preuves dans le documentaire.



Par ailleurs, les deux réalisateurs sont allés tourner sur le site du crash, dans l’est de l’Ukraine. Ils ont interrogé plusieurs témoins locaux, dont un homme nommé Alexandre, de la ville de Torez [au sud de la zone, NdT.], et Valentina Kovalenko, une femme de la commune rurale Octobre rouge. L’homme a dit que la batterie de missile, que le JIT présume avoir été transportée depuis l’autre côté de la frontière russe le 17 juillet [2014], était à Torez au moins un, peut-être deux jours avant le tir du 17 juillet. Mais il n’a pas confirmé les détails que le JIT a identifiés comme ceux d’un système Buk.

Mme Kovalenko avait été présentée pour la première fois il y a trois ans comme un témoin oculaire « unique » du lancement du missile dans un documentaire de la BBC (à partir de 26’50). Sur l’endroit d’où, selon elle, le missile a été tiré, elle livre des indications beaucoup plus explicites que celles données par la BBC.



Et ce n’était pas l’endroit indiqué dans les déclarations de presse de JIT. M. Van der Werff précise :

Citer
Nous avons spécifiquement demandé à [Mme Kovalenko] d’indiquer exactement la direction d’où venait le missile. Je lui ai alors demandé à deux reprises si c’était éventuellement à partir de la direction du site de lancement indiqué par le JIT. Or, elle n’a vu ni flamme de départ ni panache à partir de cet endroit. Remarquez que le « site de lancement » du JIT se trouve à moins de deux kilomètres de sa maison et de son jardin. La BBC a omis cet élément crucial de son témoignage
.



Selon Mme Kovolenko, dans le documentaire, « à ce moment, c’est l’armée ukrainienne qui se trouvait là », sur le lieu du tir qu’elle a maintenant identifié précisément. Elle se souvient également que les jours précédant le tir de missile du 17 juillet dont elle a été témoin, des avions militaires ukrainiens avaient opéré au-dessus de son village. Elle ajoute qu’ils employaient des techniques de camouflage, comme voler dans l’ombre portée d’un avion civil qu’elle a pu également voir alors.

Trois autres villageois ont dit à Max van der Werff que le 17 juillet, ils avaient vu un avion militaire ukrainien dans les environs et au même moment que le crash du vol MH17.

En conclusion du documentaire, les réalisateurs présentent une interview antérieure, filmée à Donetsk par le journaliste indépendant néerlandais Stefan Beck, que les responsables du JIT avaient tenté de dissuader de visiter la région. Beck y interrogeait Yevgeny Volkov, contrôleur aérien de l’Armée de l’air ukrainienne en juillet 2014. M. Volkov est invité à commenter les déclarations du gouvernement ukrainien, soutenues dans le rapport du Bureau de la sécurité des Pays-Bas et dans les rapports ultérieurs du JIT, qui affirment qu’il n’existe aucun enregistrement radar de l’espace aérien au moment du tir, parce que les radars militaires ukrainiens n’étaient pas opérationnels à ce moment



M. Volkov explique que le 17 juillet [2014], il y avait à Chuguev trois unités radar en « alerte totale » parce que « les avions de chasse décollaient de là ». Or Chuguev est à 200 kilomètres au nord-ouest du lieu de l’accident. Il conteste l’affirmation que les réparations sur une unité impliquent l’arrêt des deux autres. Des enregistrements radar ukrainiens au lieu et à l’heure de l’attaque sur le MH17 ont été faits et conservés, affirme M. Volkov. « Ils les ont, là-bas. Ils les ont en Ukraine. »

Le mois dernier, le 19 juin, lors de la conférence de presse du JIT aux Pays-Bas, le représentant malaisien présent, Mohammed Hanafiah Bin Al Zakaria, l’un des trois procureurs généraux du Ministère du procureur général de la Malaisie, a refusé de valider au nom du gouvernement malaisien les conclusions du JIT et ses accusations contre la Russie. « La Malaisie souhaite répéter sa confiance envers le JIT dans sa quête de justice pour les victimes », a déclaré M. Hanafiah. Et il a poursuivi :

Citer
Le JIT a pour objectif de terminer les enquêtes et la collecte de preuves de tous les témoins en vue de poursuivre les auteurs d’actes répréhensibles, et la Malaisie respecte la primauté du droit et l’application des règles.

Question d’un journaliste : validez-vous les conclusions ?

Réponse partiellement inaudible : […] ne changent pas nos positions.
John Helmer

Traduit par Stünzi, relu par Hervé pour le Saker francophone
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Pourquoi l’Occident a-t-il détruit sa propre base industrielle ?

https://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-loccident-a-t-il-detruit-sa-propre-base-industrielle

Par Matthew Ehret – Le  23 juillet 2019 –  Source Oriental Review


Avec le radical échec du Green New Deal de la Représentante Alexandria Ocasio-Cortez et les incroyables révélations de la NASA selon lesquelles la croissance industrielle a augmenté la biodiversité sur la terre, un puissant paradoxe se présente.
 


Depuis des décennies, on nous dit que l’activité industrielle de l’humanité est la cause directe du réchauffement de la planète et des milliers de milliards de dollars ont été consacrés à subventionner des fermes éoliennes, des biocarburants et des panneaux solaires inefficaces, à ainsi augmenter les coûts de l’électricité et réduire de façon catastrophique le potentiel productif des nations. La question doit donc être posée : si l’argent est le moteur du capitalisme, pourquoi des milliers de milliards de dollars ont-ils été dépensés au cours des dernières décennies pour financer des activités « vertes » qui sapent intrinsèquement la base de la création de capital (c’est-à-dire, l’infrastructure et la production industrielle) ? Pourquoi l’« Occident capitaliste » s’est-il détruit ? Est-ce une question de folie ou quelque chose de plus insidieux ?

L’Illusion « post-industrielle »


Depuis le flottement du dollar américain sur les marchés mondiaux en 1971 et la création du pétrodollar en 1973, le monde a connu un effondrement constant des emplois productifs dans le secteur manufacturier, des investissements dans les infrastructures, soit une planification à long terme d’une part et, d’autre part, une augmentation de la déréglementation, de la spéculation à court terme, des services financiers et des emplois à bas salaire dans le commerce de détail. Au cours de ce processus de déclin qui a suivi 1971, l’esclavage de la dette est devenu une norme tant dans les pays développés que dans les pays en développement, tandis que l’externalisation a provoqué la castration de la souveraineté nationale et une dépendance toujours accrue à l’égard de la « main-d’œuvre bon marché » et des « ressources bon marché » de l’étranger. Ce processus a même été appelé la politique de « désintégration contrôlée » du Président de la Réserve Fédérale Paul Volcker en 1978, au moment où il se préparait à relever les taux d’intérêt à des niveaux qui rendraient impossible pour une majorité de petites et moyennes entreprises agro-industrielles de concurrencer les firmes monolithiques. Le modèle le plus solide de cet effondrement a été révélé en 1996 par le regretté économiste américain Lyndon Larouche, et identifié sous le nom de Triple courbe d’effondrement (Triple Curve Collapse Function).

Certains ont qualifié cet effondrement d’« échec de la mondialisation », mais cette dénomination est fausse : la mondialisation devrait plutôt être considérée comme un succès complet en ce sens que, d’un point de vue descendant [de la pyramide sociale], il devient de plus en plus clair que les architectes de cette politique savaient exactement ce qu’ils entreprenaient. Cette entreprise était d’imposer un paradigme artificiel de jeu fermé/à somme nulle à une espèce humaine dont la caractéristique distinctive est la raison créatrice et la capacité à croître constamment et à se perfectionner à la surface de la terre et au-delà.

Et voici Maurice Strong


Une figure centrale dans la panoplie oligarchique des agents sociopathes qui ont programmé cette combinaison à somme nulle au fil des ans est Maurice Strong, un agent né au Canada. Bien qu’il soit mort en 2015, la vie et l’héritage de Strong valent la peine d’être étudiés, car ils offrent au lecteur actuel un aperçu puissant, quoique repoussant, des méthodes et des actions de l’agenda de l’État profond britannique, qui a tant manipulé l’histoire du monde dans la seconde moitié du XXème siècle.

Ayant traité dans des articles précédents du rôle de Strong comme un des recrues de Rockefeller dans les années 1950, roi du pétrole, vice-président de la Power Corporation vers 30 ans, contrôleur du Parti libéral, membre du Conseil privé, et fondateur de la politique néo-coloniale d’aide extérieure canadienne à l’Afrique, nous nous concentrerons ici sur le rôle que Strong a joué à partir de 1968 pour saper le potentiel contre-entropique du Canada et du monde en général. Car c’est à travers ce rôle que Strong a accompli son travail le plus précieux dans la perspective de l’agenda génocidaire de ses maîtres britanniques qui cherchent à réduire la population mondiale à une « capacité de charge » de moins d’un milliard.

Rio et la gouvernance planétaire
En 1992, Maurice Strong avait été chargé de diriger le deuxième Sommet de la Terre (le premier étant la Conférence de Stockholm sur l’environnement humain de 1972, également présidée par Strong). Le Sommet de Rio ouvrit une nouvelle ère en confirmant la soumission des ONG et des entreprises à l’agenda éco-génocidaire de pénurie contrôlée, sous le masque du dogme de la « durabilité ». Cette doctrine fut formalisée à travers l’Agenda 21 et la Charte de la Terre, co-rédigée par Mikhail Gorbachev, Jim Macneill et Strong au cours des années 1990. Lors de l’ouverture du Sommet de Rio, Strong annonça que les pays industrialisés avaient « développé et bénéficié de modèles non durables de production et de consommation qui ont produit notre dilemme actuel. Il est clair que les modes de vie et les habitudes de consommation actuelles de la classe moyenne aisée, qui induisent une consommation élevée de viande, la consommation de grandes quantités d’aliments congelés et préparés, l’utilisation de combustibles fossiles, d’appareils ménagers, d’air conditionné à la maison et sur le lieu de travail et le logement en banlieue, ne sont pas durables. Il faut adopter des modes de vie moins axés sur des habitudes de consommation dommageables pour l’environnement. »

Dans un essai de 1992 intitulé From Stockholm to Rio : A Journey Down a Generation, publié par la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, Strong écrivait :

Citer
« Le concept de souveraineté nationale a été un principe immuable, voire sacré, des relations internationales. C’est un principe qui ne cédera que lentement et à contrecœur aux nouveaux impératifs de la coopération mondiale en matière d’environnement. Ce qu’il faut, c’est reconnaître que dans de nombreux domaines, et cela est particulièrement vrai pour les questions environnementales, il n’est tout simplement pas possible que la souveraineté soit exercée unilatéralement par des États-nations individuels, aussi puissants soient-ils. La communauté mondiale doit être assurée de sa sécurité environnementale. »

Éradication de l’énergie nucléaire
Il est essentiel d’examiner le rôle de Strong dans l’affaiblissement du potentiel nucléaire du Canada, l’une des plus grandes lueurs d’espoir que l’humanité ait jamais eues de sortir des limites « fixes » de son développement. En effet, l’utilisation contrôlée de l’atome et la découverte subséquente de nouveaux principes universels associés à cette entreprise ont toujours représenté l’une des plus grandes menaces stratégiques pour la pensée oligarchique : en effet, celle-ci repose sur un système fermé de ressources fixes permettant à la fois de gérer les populations actuelles et de justifier la gouvernance mondiale sous des cadres logiques présentés comme « objectifs ». Les processus de fission et de fusion se situent à un niveau très éloigné de ces fameux paramètres fixes qui supposent que la « capacité de charge » de la Terre n’est pas supérieure à 2 milliards d’humains. Si l’humanité devait reconnaître sa capacité créative unique à transcender continuellement ses limites en découvrant et en créant de nouvelles ressources, aucun empire ne pourrait exister bien longtemps. Le Canada étant le deuxième pays à posséder une puissance nucléaire civile et une culture scientifique pionnière en physique et en chimie, le besoin de détruire ce potentiel était effectivement grand dans l’esprit de l’État profond britannique installé au Canada.

Pour avoir une meilleure idée du rôle d’opposition au nucléaire que Strong joua dans la politique scientifique canadienne, nous devons, en fait, revenir une fois de plus au règne de Strong au Ministère de l’aide extérieure en 1966.

Apartheid technologique pour l’Afrique
L’une des principales raisons pour lesquelles Strong fut nommé à la fonction publique du Canada pour diriger le Bureau de l’aide extérieure en 1966 était de saboter les efforts internationaux de grands scientifiques et d’hommes d’État pour faire du Canada un exportateur de ses réacteurs originaux CANDU. A partir de 1955, les grands patriotes au sein d’Atomic Energy Canada Ltd. (AECL) et du National Research Council, comme C.D. Howe et son collaborateur C.W. Mackenzie, cherchèrent à mettre l’exportation de technologie nucléaire à la disposition de pays en développement comme l’Inde et le Pakistan. Cette stratégie était vigoureusement encouragée par le Premier ministre John Diefenbaker, qui considérait également l’énergie atomique comme la clé de voûte d’une paix mondiale.

Les entités sous lesquelles ce transfert de haute technologie se produisit étaient à la fois le Plan Columbo et Atoms for Peace du Président Dwight Eisenhower. Cette approche progressive du développement international définissait la notion d’« aide extérieure » non pas en fonction des conditions du FMI, ni simplement en fonction de l’argent mais plutôt comme le transfert de la science et de la technologie les plus avancées aux pays pauvres avec l’intention explicite que toutes les nations atteignent une véritable souveraineté. C’est justement le modèle que la Chine a adopté aujourd’hui dans le cadre de l’initiative La Nouvelle route de la soie.

Lorsque Strong commença à travailler dans le domaine de l’Aide extérieure, puis créa l’Agence canadienne de développement international, la relation du Canada avec les PMA (pays moins avancés) se réduisirent à l’objectif de faire mûrir des « technologies appropriées » dans le cadre du monétarisme et d’une forme perverse d’analyse des systèmes. Aucune stratégie technologique ou d’infrastructure avancée, nécessaire à l’indépendance des anciennes colonies, ne fut autorisée, au nom du précurseur de ce qu’on a appelé plus tard la « durabilité » et la « croissance zéro ». Sous l’influence de Strong, le rôle du Canada fut dévoyé pour inciter les PMA à se soumettre aux « conditions » du FMI et aux réformes de leur bureaucratie exigées par l’OCDE pour recevoir des fonds. Au Canada comme dans les pays en développement, Strong était l’un des principaux agents qui supervisèrent la mise en œuvre de la stratégie de l’OCDE d’analyse des systèmes fermés pour la gestion des politiques nationales.

Du pétrole et des pandas


Dans son rôle de président de Petro-Canada (1976-1978), Strong appuya l’appel national à un moratoire nucléaire canadien qui avait été lancé par la Canadian Coalition for Nuclear Responsibility (Coalition canadienne pour la responsabilité nucléaire) en 1977. Ce document exigeait non seulement l’arrêt immédiat de tous les réacteurs alors en construction, mais soutenait également le sophisme selon lequel il serait possible de créer plus d’emplois si l’on utilisait des sources d’énergie et des méthodes de conservation « écologiques » plutôt que des combustibles nucléaires et fossiles. Demande vraiment, étrange venant d’un dirigeant pétrolier ! Mais en fait, pas tant que ça si on considère le rôle de Strong entre 1978 et 1981 comme vice-président du Fonds mondial pour la nature (WWF). Cette organisation avait été fondée par les monarchies britanniques et néerlandaises sur une initiative de Royal Dutch Shell en 1963. Strong en fut le vice-président au moment où le co-fondateur, Prince Phillip, en était le président.


Tout en dirigeant le Département de l’aide extérieure, Strong avait été en 1971 un membre fondateur du 1001 Club qui était une organisation internationale d’élite créée par le Prince Bernhard des Pays-Bas pour financer l’agenda écologiste émergent avec l’objectif d’une gouvernance mondiale. Le 1001 Club travaillait en tandem avec l’autre club secret que le Prince Bernhard avait fondé en 1954 sous le nom de Bilderberg Group. À ce titre, Strong contribua à recruter 80 Canadiens « initiés » au sein de cette société d’élite qu’on désigna sous le nom de « jardin d’enfants de Strong ». Les plus connus était Lord Conrad Black, Peter Munk de Barrick Gold et Sir Louis Mortimer Bloomfield de Permindex. Comme documenté ailleurs, ce dernier a été identifié au cœur du complot préparant l’assassinat du Président John F. Kennedy.

Strong décapite l’énergie nucléaire en Ontario

En 1992, Strong avait terminé son rôle à la tête du Sommet de la Terre de Rio au Brésil et était retourné dans son pays natal pour tenter d’achever le démantèlement du programme nucléaire canadien à travers sa nouvelle affectation comme président d’Ontario Hydro, un poste qu’il occupa de 1992 à 1995, sur l’invitation officielle de Bob Rae, alors Premier ministre Néo-démocrate de l’Ontario et frère de John Rae, l’un des administrateurs de Power Corp. Bob Rae fut par la suite chef du Parti libéral de 2011 à 2013 en prévision de la nomination de Justin Trudeau comme nouvelle figure de proue du parti en avril 2013.

Avec le programme nucléaire le plus ambitieux d’Amérique du Nord, l’Ontario s’avérait être une épine dans le pied du programme de croissance zéro exigé par l’Empire britannique et c’est alors que Strong fut mis en place. L’achèvement de l’énorme réseau de la centrale de Darlington en Ontario avait démontré ce que la planification scientifique à long terme pouvait accomplir avec succès, bien que le service public ait largement dépassé son budget. Les problèmes budgétaires qui se produisirent pendant une profonde récession en 1992 furent instrumentalisés par Strong pour « restructurer » l’entreprise provinciale d’électricité.

Les « remèdes » choisis par Strong pour résoudre les problèmes financiers d’Ontario Hydro entraînèrent l’annulation immédiate de tous les nouveaux projets de valorisation de l’énergie nucléaire planifiés, congédiant 8 des 14 administrateurs, et la réduction des l’entreprise, mettant à pied 14 000 employés, dont beaucoup étaient les techniciens les plus spécialisés et les plus expérimentés du nucléaire au Canada.

Avant de quitter son poste en 1995 à la suite de la chute du gouvernement de Bob Rae, Strong veilla à ce que son travail soit poursuivi par son remplaçant, Jim Macneill, qui dirigea Ontario Hydro de 1994 à 1997. Macneill avait été co-architecte de la Charte de la Terre et du génocidaire Agenda 21 pendant le Sommet de Rio ainsi qu’un agent de longue date de l’État profond. Sous Macneill, le mandat de Strong qui visait à fermer sans nécessité huit réacteurs en vue de leur remise à neuf fut exécuté de façon définitive en 1997, tandis qu’Ontario Hydro elle-même fut scindée en trois entités distinctes. En raison de la perte irréparable de personnel spécialisé et de compétences, Strong et MacNeil laissèrent Ontario Hydro et AECL mortellement blessés pour les années à venir.

A la surprise générale, AECL et les services publics de l’Ontario furent en mesure de remobiliser leurs forces restantes afin de parvenir à la remise à neuf de tous les réacteurs (après leur rachat par la plus grande entreprise de construction du Canada, SNC-Lavelin). Le dernier fut relancé en octobre 2012 et alors même que le moratoire canadien sur l’énergie nucléaire se poursuivait, grâce à la prise de contrôle de SNC-Lavelin en 2011, une amorce de coopération sur la construction nucléaire internationale, en partenariat avec la Chine, commença en juillet 2014 au grand dam de Strong 1.

Strong échoue à infiltrer la Chine

Pendant une bonne partie du XXIème siècle, les talents de Strong furent mis à profit pour tenter de renverser les aspirations au développement asiatique, et l’alliance eurasienne formée autour de la grande idée économique émergente de La Nouvelle route de la soie. Strong fut employé à l’Université de Pékin comme professeur honoraire et président de la Fondation environnementale ainsi que président du Conseil consultatif de l’Institut de recherche sur la sécurité et la durabilité en Asie du Nord-Ouest.


Strong en 2010, essayant de convaincre le gouvernement chinois de se suicider en s’imposant des plafonds de carbone.

Face à la débâcle de l’économie transatlantique, les Chinois résistèrent avec succès au programme du Green New Deal qui exigeait la soumission de leur souveraineté nationale au « nouvel ordre mondial » de croissance zéro et de dépeuplement. Malgré cette pression, la forte tradition de confucianisme et son engagement en faveur du progrès ont exprimé leur puissante influence dans les différentes branches de le classe dirigeante chinoise, qui voit le seul espoir de survie de la Chine dans son partenariat stratégique avec la Russie et des mégaprojets à long terme pour sortir sa population de la pauvreté et la projeter dans le XXIIème siècle.

Parlant de l’importance des Nouvelles routes de la soie combinée à l’Union Économique Eurasienne et aux BRICS, le Président Xi Jinping a déclaré en 2017 :

Citer
« Nous devrions favoriser un nouveau type de relations internationales qui font appel à une coopération gagnant-gagnant, et nous devrions forger des partenariats de dialogue sans confrontation et d’amitié plutôt que d’alliance. Tous les pays devraient respecter la souveraineté, la dignité et l’intégrité territoriale des autres, leurs choix de développement et leurs systèmes sociaux, ainsi que leurs intérêts fondamentaux et leurs préoccupations majeures. […] Dans le cadre de la Nouvelle route de la soie, nous n’aurons pas recours à des manœuvres géopolitiques dépassées. Ce que nous espérons réaliser, c’est un nouveau modèle de coopération gagnant-gagnant. Nous n’avons pas l’intention de former un petit groupe au détriment de la stabilité, ce que nous espérons créer est une grande famille de coexistence harmonieuse. »



La Nouvelle route de la soie, dont les médias occidentaux parlent si peu, est apparue comme une véritable opposition à la folie bipolaire du militarisme/monétarisme occidental de droite d’une part et au malthusianisme de gauche sous les formes de « Green New Deals » d’autre part. Des milliers de milliards de dollars de crédit dans de grands projets d’infrastructure en Eurasie, en Afrique et en Amérique latine ont déclenché une très grande explosion d’optimisme culturel et de productivité. Or, si la population et les dirigeants occidentaux agissent avec la passion et la sagesse voulues, il y a ici une très bonne opportunité de débarrasser l’humanité de l’héritage de Maurice Strong.

Matthew Ehret

Traduit par Stünzi relu par Hervé pour le Saker francophone

1. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que l’argument clé brandi par le moratoire de 1977 pour justifier l’annulation des constructions nucléaires au Canada était que les déchets nucléaires étaient impossibles à gérer autrement que par un enfouissement d’un million d’années tandis que le plutonium 238 sous-produit créé par l’énergie nucléaire pourrait être utilisé pour les armes. Avec les accords SNC-Lavelin/Chine, une stratégie de mise en œuvre de la clôture du cycle du combustible utilisant des combustibles recyclés et réutilisés a été lancée d’une part alors que d’autre part, le concept CANDU permettait dorénavant l’utilisation du thorium, plus abondant, comme une alternative à l’uranium ne créant pas de plutonium et donc aucune menace d’utilisation d’armes. ?
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Gîte [lieu censuré].

Ancien logement de l'[agent censuré], cette petite maison de deux pièces n'a pu être bradée au privé.
Elle est présentement menacée de ruine par l'érosion rapide de son talus ouest, à moins de restanquer ce flanc. Les traces bétonnées de l'ancien sol sont une trentaine de centimètres au dessus du sol actuel, et la situation est aggravée par l'absence de gouttière : le flanc W du toit ruisselle directement sur le sol en érosion rapide. L'espace sanitaire d'origine est éventré, permet le refuge de rats.

Les photos que je présente n'ont pas la clarté requise : elles ont été prises avec un compact, où l'on vise sur un écran à l'arrière, et l'observateur qui photographierait ainsi au niveau du sol cherrait dans le talus (raide). Il eût fallu un "bridge" ou un reflex à écran orientable, que je n'avais pas.
En cliquant sur l'image, vous appelez une vue plus grande, à la résolution de l'appareil.
L'ensemble du flanc ouest :


On se concentre sur les regards, et leurs avanies.



Décrochement de niveau :















Le sol aval a décollé du regard le plus récent :



L'espace sanitaire est désormais béant :


Le basculement du regard nord.






Je recommande les travaux de restanque sans tarder. Foncer ou battre plusieurs pieux verticaux et alignés, de l'ordre de cinq à neuf pieux, du profilé en T de 50 mm minimum. Sur ces pieux, appuyer des palplanches, sur une longueur de 6 m minimum, dix à onze mètres au mieux. Décaper la couverture végétale qui nuirait à la prise du béton. Bloquer le bas du jour en bas des palplanches par des galets, ou du béton concassé de récupération. Disposer un ferraillage au fond. Déverser en deux ou trois fois un volume de béton qui restaure le niveau de sol initial, et rende son étanche à l'espace sanitaire. Peindre périodiquement les pieux et la face externe des palplanches.

Préalablement à la coulée du béton, ajouter des gouttières aux deux flancs du toit. Réfléchir à l'usage de l'eau ainsi canalisée et récupérable.

En deux endroits, le panneau d'aggloméré du toit est endommagé. Ici photo du coin SW.
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Microphysique / La lumière visible est BEAUCOUP plus grosse que les mailles cristallines
« Dernier message par JacquesL le 04 juillet 2019, 12:13:10 pm »
La lumière visible est BEAUCOUP plus grosse que les mailles cristallines, ou les quasi-mailles des verres. Elle ne voit pas de nombreux détails cristallins, qui pourtant intéressent beaucoup les métallurgistes et les électriciens. Pour la lumière, tout cristal de symétrie cubique est isotrope. Et pourtant ! S’exclame le métallurgiste. La lumière ne parvient à discerner dans les cristaux biréfringents que la seule propriété d’être « uniaxe » comme le spath d’Islande ou « biaxe ». Pour le métallurgiste qui s'intéresse aux dislocations, éléments constitutifs de la plasticité des métaux, foutre que non, un cristal cubique n'est pas un truc isotrope ! Prenons un cristal d'argent, cubique à faces centrées. Les plans denses en atomes sont la famille {1 1 1}, les directions de glissement actifs à la température ambiante sont la famille <1 1 0>. A température supérieure, d'autres plans de glissements peuvent intervenir, par exemple les plans {1 0 0}, mais les directions de glissement sont toujours de la famille <1 1 0>.

Les propagandistes nous rebattent les oreilles que l'effet photo-électrique étudié par Philipp Lenard serait la preuve que la lumière voyage par "petits grains", mais le seuil d'extraction des électrons dépend de la qualité de surface, ainsi que de la famille cristallographique de la face éclairée : Le travail de sortie des électrons du métal dépend de l'état cristallin (bon cristal ou mauvais cristal), et de l'orientation cristalline de la face éclairée : 4,26 eV pour de l'argent polycristallin, mais 4,74 eV sur la face (1 1 1) d'un monocristal, 4,64 eV sur une face (1 0 0) et 4,52 eV sur une face (1 1 0). Donc au moins pour l'argent, les zones les plus émissives du métal polycristallin, sont les joints de grains : zones à énergie plus élevée, dont nous avions vu plus haut en métallographie, qu'elles sont largement éliminées par recuit. Or ça n'est pas large, un joint de grain : deux à trois atomes. Voilà à moitié résolu notre problème de la convergence du photon éjecteur vers son absorbeur, la petite zone fugitivement candidate à émettre un électron. De plus les plans (1 1 1) d'un métal cubique à faces centrées sont des plans atomiques denses, les plus denses de tous, et (1 1 0) est le moins dense des trois où le travail de sortie a été mesuré.

Remarquez, en radiocristallographie, par exemple avec la raie doublet K? du molybdène (aussi utilisée par Compton), de longueur d'onde moyenne 0,070926 nm, là la longueur d'onde devient comparable aux équidistances de plans métalliques, ce qui permet des diffractions par ces plans, mais pour que ces rayons diffractés aient une direction raisonnablement définie, il est indispensable que chaque photon X, ait une largeur de plusieurs dizaines de mailles cristallines. La loi de Scherrer permet de remonter approximativement aux dimensions des cristallites, typiquement dans une argile : l'élargissement et la mollesse des reflex diffractés sont dus à la trop petite taille des cristallites.

Bon, j'ai triché : j'ai parlé cristallographie sur des métaux, qui justement ne sont pas transparents à la lumière, mais au contraire réfléchissants, une caractéristique de l'état métallique. Passons à des cristaux diélectriques et transparents.

Cubique : le diamant, l'haline NaCl, le chlorure de césium CsCl, la fluorine CaF2, certains grenats, certains spinelles, etc.

Les cubiques ne sont pas la majorité des cristaux transparents, les autres présentent une biréfringence.

Là encore l'opticien constate une simplification énorme dans la façon dont la lumière visible "voit" ces cristaux.
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La vente d’automobiles en Chine est-elle le signe d’une crise économique qui arrive ?

https://lesakerfrancophone.fr/la-vente-dautomobiles-en-chine-est-elle-le-signe-dune-crise-economique-qui-arrive



Par F. William Engdahl – Le 16 juin 2019 – New Eastern Outlook

Les ventes de voitures neuves en Chine, aujourd’hui le plus grand marché automobile au monde, ont chuté de 16,4 % en mai, soit le pire mois de l’histoire de l’industrie automobile chinoise, encore relativement nouvelle. Selon la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM), les ventes désastreuses de mai sont survenues après des baisses de 14,6 % en avril et de 5,2 % en mars. On peut se demander si cette situation est imputable à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. La baisse des ventes de véhicules en Chine a cependant un impact significatif sur les constructeurs étrangers, en particulier allemands. Cette information est-elle le présage d’une nouvelle récession économique mondiale majeure ou pire encore ?


Une donnée montre que la guerre commerciale sino-américaine n’en est pas la cause principale car mai 2019 marque le 12ème mois consécutif de baisse des ventes d’automobiles en Chine. Les ventes entre les constructeurs automobiles en Chine et les concessionnaires automobiles ont baissé de 44 %. De même, les ventes d’automobiles de marque chinoises ont chuté de 26 % en mai. Baojun, Dongfeng et Trumpchi sont des marques chinoises qui ont chuté de 40% dans l’année. Seules les marques japonaises Honda et Toyota ont pu afficher des hausses de ventes. Il est clair que quelque chose d’important et de mauvais est en train de se produire en Chine, la [url+https://www.zerohedge.com/news/2019-06-12/china-auto-sales-just-posted-their-worst-month-ever]deuxième[/url] plus grande économie au monde.

Xu Haidong, secrétaire général adjoint de CAAM, a donné un indice sur ce qui provoque cette chute. Selon lui, « la baisse du pouvoir d’achat dans les groupes à revenu faible et moyen ainsi que l’attente de mesures d’incitation à l’achat prises par le gouvernement » en sont [url+https://www.zerohedge.com/news/2019-06-12/china-auto-sales-just-posted-their-worst-month-ever]une cause majeure[/url].

C’est ce que signifie la « baisse du pouvoir d’achat dans les groupes à revenu faible à moyen » qui est le point préoccupant. Comme je l’ai mentionné dans un article précédent, les années de prospérité chinoise, tout comme celles de l’Occident, ont été marquées par le crédit facile, surtout depuis la crise financière mondiale de 2008.

En 2009, la Chine est devenue le pays qui produit le plus grand nombre d’automobiles au monde. Beaucoup sont des marques américaines, japonaises ou européennes avec des usines de production chinoises. Depuis une décennie, sa production automobile dépasse celle des États-Unis et du Japon réunis, ainsi que celle de l’ensemble de l’UE. En 2010, la Chine produisait près de 14 millions de véhicules par an, soit la plus grande production de toute l’histoire du pays et la plus grande partie pour son marché intérieur « à revenu faible et moyen ». Les Chinois à revenu moyen considéraient la possession d’une voiture comme essentielle, et les banques, bientôt des non-banques ou des shadow banks, furent impatientes de prêter. En 2009, le nombre total de voitures, camionnettes et camions immatriculés était de 62 millions. Il dépassera les 200 millions d’ici 2020. Cela signifie que le marché de l’automobile est, sinon saturé, a du moins atteint les limites de capacité d’endettement des ménages.

Au cours de la dernière décennie, un grand nombre de jeunes familles chinoises avec des revenus en hausse et une voiture, se sont tournées vers l’achat de leurs propres appartements ou maisons. En 2018, l’explosion de la dette des ménages et d’autres dettes, en grande partie non réglementées, a commencé à alarmer Beijing et la Banque populaire de Chine. On estime qu’un montant alarmant de 15 000 milliards de dollars de prêts hors bilan ou venant de shadow banks étaient en cours. Au moins 3 800 milliards de dollars de cette somme ont été versés sous forme de fonds en fiducie qui ont permis à des citoyens chinois ordinaires d’investir dans des projets gouvernementaux locaux ou dans la construction de logements. La Banque mondiale estime que la part du shadow banking chinois est passée de 7 % du PIB en 2005 à 31 % en 2016. La BRI suisse estime qu’environ 7 000 milliards de dollars sont menacés de défaut de paiement.

Le boom actuel de la consommation a été déclenché après la crise financière mondiale de 2008, lorsque le gouvernement de Pékin a injecté dans l’économie ce que beaucoup considéraient comme une infusion quasi panique d’argent bon marché, dans le but de maintenir l’emploi et les revenus en hausse. Alors que les organismes de réglementation ont commencé à tenter de mieux contrôler le problème, des millions de familles chinoises à revenu moyen ont soudainement réalisé que le paradis économique qui semblait exister depuis deux décennies devenait tout à coup une prison pour débiteurs, la valeur des propriétés ayant cessé d’augmenter selon un pourcentage à deux chiffres. L’une des difficultés consiste à obtenir des données économiques gouvernementales précises. Contrairement à la croissance officielle de 6+% du PIB qui semble inébranlable, certains économistes chinois ont suggéré qu’elle pourrait bien se situer autour de 1%, voire être négative.

Dans cette situation, la baisse récente des ventes de voitures chinoises est plus qu’alarmante. Elle a des implications mondiales, notamment en Allemagne. La VW allemande produite en Chine est la voiture la plus vendue dans ce pays, avec plus de 3 millions d’unités en 2017.

Au cours des derniers mois, l’industrie automobile mondiale est entrée dans une nouvelle phase de crise, en grande partie en raison de la baisse continue des ventes de voitures en Chine. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’industrie si l’on tient compte de questions comme les scandales sur les émissions de diesel. Le Center for Automotive Research allemand estime qu’en 2019 la production mondiale de voitures va chuter d’au moins 4 millions d’unités, un choc énorme. La plupart des analystes occidentaux [url+https://www.forbes.com/sites/neilwinton/2019/06/12/world-car-sales-will-fall-more-than-4-million-in-2019-report/#77ca51912263]ne s’attendaient pas[/url] à cette forte baisse des ventes de voitures en Chine.

En mai, le PDG allemand de Daimler, Dieter Zetsche, a déclaré que des « réductions radicales des coûts » sont en vue pour se préparer à ce qu’il appelle une perturbation « sans précédent » du secteur. Les équipementiers automobiles allemands comme Bosch et des milliers de petites et moyennes entreprises parlent de leur pire crise depuis les chocs pétroliers des années 1970. Au cours des six premiers mois de 2019, les constructeurs automobiles du monde entier, de l’Allemagne à l’Italie en passant par les États-Unis et la Chine, ont supprimé quelque 38 000 emplois en réponse à la récession mondiale. L’analyste automobile de Bank of America Merrill Lynch, John Murphy, a déclaré : « L’industrie est en train d’être confrontée à ce que nous pensons être un ralentissement important. Le rythme du déclin en Chine est une [url+https://www.zerohedge.com/news/2019-05-26/everything-under-scrutiny-38000-layoffs-across-auto-industry-may-only-be-beginning]vraie surprise[/url]. »

Pour les constructeurs automobiles allemands, le moment de l’effondrement du marché chinois ne pouvait pas être pire. Alors qu’ils investissent des milliards dans le développement de véhicules électriques du futur, dont on pense encore qu’ils sont à des années de la viabilité et beaucoup plus coûteux que les modèles actuels à essence ou diesel, ils sont aussi frappés par les exigences draconiennes et arbitraires de l’UE en matière d’émissions.

Si Washington imposait maintenant de nouveaux droits de douane sur les importations de voitures allemandes et d’autres voitures de l’UE, les choses pourraient mal tourner sur le plan économique. La mondialisation de la production industrielle depuis 2000, qui a fait de la Chine l’atelier du monde, commence maintenant à montrer des fissures tectoniques.

F. William Engdahl

Traduit par Wayan, relu par San pour le Saker Francophone
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Amérique / L’agenda iranien de Pompeo est-il le même que celui de Trump ?
« Dernier message par JacquesL le 04 juillet 2019, 02:12:14 am »
L’agenda iranien de Pompeo est-il le même que celui de Trump ?
Un mémo du VIPS [un groupe de vétérans du renseignement étatsunien] au Président Trump


https://lesakerfrancophone.fr/lagenda-iranien-de-pompeo-est-il-le-meme-que-celui-de-trump

Le 21 juin 2019 – Source Consortium News



Les membres du VIPS disent que leur expérience directe avec Mike Pompeo les laisse avec de sérieux doutes quant à sa fiabilité sur les questions importantes pour le Président et la nation.

MÉMORANDUM POUR : Le Président.

DE : Anciens Professionnels du Renseignement pour la Décence Politique (VIPS)

OBJET : Le programme de Pompeo pour l’Iran est-il le même que le vôtre ?



Après le rappel lancé de justesse hier pour annuler l’attaque militaire prévue contre l’Iran, nous restons préoccupés par le fait que vous êtes sur le point d’être coincé dans une guerre contre l’Iran. Vous avez dit que vous ne vouliez pas d’une telle guerre (aucune personne saine d’esprit n’en voudrait), et nos commentaires ci-dessous sont basés sur cette prémisse. Il y a des signes troublants montrant que le secrétaire Pompeo n’est pas prêt à se débarrasser de son approche guerrière. Plus important encore, nous savons par expérience personnelle, en voyant l’attitude dédaigneuse de Pompeo face à vos instructions, que son agenda peut dévier du vôtre même sur des questions d’importance majeure.

Le comportement de Pompeo trahit un fort désir de recourir à l’action militaire ; peut-être même sans votre approbation ; face aux provocations iraniennes (réelles ou imaginaires), sans autre objectif stratégique perceptible que celui de promouvoir les intérêts d’Israël, de l’Arabie saoudite et des EAU. C’est un néophyte comparé à son partenaire anti-iranien John Bolton, dont l’interprétation partiale du renseignement, la défense vigoureuse de la guerre engagée sous un faux prétexte contre l’Irak (et la fierté constante de son rôle dans sa promotion) et la poursuite féroce de son propre programme agressif sont le fruit de décennies de travail. Vous n’êtes peut-être pas tout à fait au courant de notre expérience avec Pompeo, qui a maintenant pris les choses en main contre l’Iran.

Cette expérience nous laisse de sérieux doutes quant à sa fiabilité sur des questions importantes pour vous et le pays, dont la question litigieuse du piratage présumé de la Convention Démocrate (DNC) par la Russie. Les faibles « preuves » derrière cette histoire se sont carrément effondrées, grâce à une candeur inhabituelle du ministère de la Justice. Nous nous référons à la révélation extraordinaire d’un récent dossier du ministère de la Justice selon lequel l’ancien directeur du FBI, James Comey, n’a jamais demandé de rapport d’expertise final à CrowdStrike, la société de cybersécurité engagée par la DNC.

Comey, bien sûr, a admis le fait que, après que feu le sénateur John McCain et d’autres personnes ont accusé les Russes d’avoir commis « un acte de guerre », le FBI n’a pas utilisé les meilleures méthodes. Il aurait pu, par exemple, insister pour avoir un accès direct aux ordinateurs du DNC mais a préféré se fier aux rapports fait par CrowdStrike. Ce que l’on ne savait pas, jusqu’à la dernière révélation du ministère de la justice, est que CrowdStrike n’a en fait jamais fourni à Comey de rapport final sur ses expertises concernant un prétendu « piratage russe ». Les médias grand public ont, jusqu’à présent, étouffé cette histoire ; nous en avons parlé il y a quelques jours.

Le fait est que Pompeo aurait pu révéler que le piratage de la DNC par les Russes n’était qu’un mensonge, s’il avait fait ce que vous lui aviez demandé de faire il y a presque deux ans, lorsqu’il était directeur de la CIA.

Dans un mémorandum que nous vous avons adressé le 24 juillet 2017 et qui s’intitule « Le piratage russe était-il un travail d’initié ?” nous vous suggérions :

Vous pourriez demander au directeur de la CIA, Mike Pompeo, ce qu’il sait à ce sujet [« Ce sujet » étant l’allégation du manque de preuves selon laquelle « une entité obscure portant le nom de « Guccifer 2.0? a piraté la DNC au nom du renseignement russe et a envoyé les e-mails de la DNC à WikiLeaks »]. Notre longue expérience de la communauté du renseignement suggère qu’il est possible que ni l’ancien directeur de la CIA, John Brennan, ni les cyber guerriers qui ont travaillé pour lui, n’ont été complètement francs avec leur nouveau directeur sur la façon dont tout cela s’est passé.

Trois mois plus tard, le directeur Pompeo invitait William Binney, l’un des deux anciens directeurs techniques de la NSA faisant parti de VIPS (et co-auteur de notre mémorandum du 24 juillet 2017), au siège de la CIA pour discuter de nos conclusions. Pompeo a commencé une réunion d’une heure avec Binney le 24 octobre 2017 en expliquant la genèse de cette inhabituelle invitation : « Vous êtes ici parce que le Président m’a dit que si je voulais vraiment en savoir plus sur le piratage russe, il fallait que je vous parle. »

Mais Pompeo tenait-il vraiment à savoir ?

Apparemment non. M. Binney, un scientifique très respecté, qui a plus de trois décennies d’expérience à la NSA, a commencé par dire à M. Pompeo que les gens de la CIA lui mentaient au sujet du piratage russe et qu’il (M. Binney) pouvait le lui prouver. Comme nous vous l’expliquions dans notre dernier mémorandum, Pompeo a réagi avec incrédulité et ; écoutez bien ; a essayé d’imposer à Binney de partager le fardeau de cette affaire avec le FBI et la NSA.

Quant à Pompeo lui-même, il n’y a aucun signe qu’il se soit occupé des révélations de Binney avec qui que ce soit, y compris ses propres cyber-démons de la CIA. Pompeo était dans le renseignement depuis assez longtemps pour se rendre compte des risques qu’il y avait à poser des questions intrusives aux agents du renseignement – dans ce cas-ci, des subordonnés de la Direction de l’innovation numérique, qui a été créée par John Brennan, directeur de la CIA, en 2015. Les logiciels malveillants et les outils de piratage informatique de la CIA sont conçus par le Groupe de développement de l’ingénierie, qui fait partie de cette direction relativement nouvelle. (On peut supposer sans risque de se tromper que des spécialistes offensif de cette direction ont participé à l’insertion d’« implants » ou de code logiciel dans le réseau russe, action dont, selon New York Times, vous n’avez pas été informé).

Si Pompeo ne vous a pas rapporté la conversation que vous lui avez demandé d’avoir avec Binney, vous pourriez lui poser des questions à ce sujet maintenant (même si les preuves que la Russie aurait piraté le DNC n’existent pas, et que la position de Binney est justifiée). Deux preneurs de notes étaient présents à la réunion du 24 octobre 2017 au siège de la CIA. Il y a aussi de fortes chances que la séance ait été enregistrée. Vous pourriez  voir avec Pompeo à ce sujet.

L’agenda de qui ?

La question est de savoir l’agenda de qui Pompeo suivait-il, le vôtre ou le sien. Binney avait l’impression que Pompeo se contentait de gesticuler ; et de façon malhonnête, en plus. S’il « voulait vraiment savoir ce qu’était cette histoire de piratage informatique russe », il aurait pris connaissance des conclusions que VIPS, Binney en tête, avait tirées à la mi-2017, et qui ont apparemment attiré votre attention.

S’il avait poursuivi l’affaire sérieusement avec Binney, nous n’aurions peut-être pas eu à attendre que le ministère de la Justice lui-même mette des clous dans le cercueil du Russiagate, de CrowdStrike et de Comey. En résumé, Pompeo aurait pu empêcher deux années supplémentaires sous le rythme « tout le monde sait que les Russes ont piraté la DNC ». Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?

On dit de Pompeo qu’il est un homme brillant – Bolton, aussi – avec des titres académiques impeccables. L’histoire des six dernières décennies, cependant, montre qu’un pedigree d’Ivy League [les grandes écoles étasuniennes, NdT] peut être catastrophique pour les affaires de l’État. Pensons, par exemple, au conseiller du président Lyndon Johnson pour la sécurité nationale, l’ancien doyen de Harvard, McGeorge Bundy, qui a vendu la Résolution du Golfe du Tonkin au Congrès pour autoriser la guerre du Vietnam alors qu’il savait que c’était un mensonge. Des millions de morts en conséquence.

Bundy était pour Johnson ce que Bolton est pour vous, et c’est un peu fatigant de voir Bolton brandir sa bague d’ancien de Yale sur chaque podium. Pensez aussi à Donald Rumsfeld, de Princeton, qui a concocté et poussé la fraude sur les armes de destruction massive irakiennes pour « justifier » la guerre contre l’Irak, tout en nous assurant que « le manque de preuves n’est pas une preuve de manque ». Des millions de morts en conséquence.

La phrase de Rumsfeld est un anathème pour William Binney, qui a fait preuve d’une patience hors du commun en répondant à un millier de « Et si » sans preuves au cours des trois dernières années. Le truc de Binney ? Les principes de la physique, les mathématiques appliquées et la méthode scientifique. Il est largement reconnu pour son habileté étrange à les utiliser à son avantage en séparant le blé de l’ivraie. Sans aucun pedigree de l’Ivy League nécessaire.

Binney se décrit lui-même comme un « gars de la campagne », de l’ouest de la Pennsylvanie. Il a étudié à Penn State et est devenu un mathématicien/cryptologue de renommée mondiale ainsi qu’un directeur technique à la NSA. Les réalisations de Binney sont présentées dans un documentaire sur YouTube, « A Good American ». Vous voudriez peut-être lui parler d’homme à homme.

Du renseignement trafiqué

Certains d’entre nous ont aussi servi longtemps pendant la guerre du Vietnam. Nous sommes douloureusement conscients de la façon dont le général William Westmoreland et d’autres officiers supérieurs de l’armée ont menti sur les « progrès » de l’armée et ont réussi à forcer leurs supérieurs à Washington à ne pas tenir compte de nos conclusions d’analystes-toutes-sources qui disaient que cette guerre était une folie et que nous allions inévitablement la perdre. Des millions de morts en conséquence.

Quatre décennies plus tard, le 5 février 2003, six semaines avant l’attaque contre l’Irak, nous avions averti le président Bush qu’il n’y avait aucun renseignement fiable justifiant une guerre contre l’Irak.

Cinq ans plus tard, le président de la Commission sénatoriale du renseignement, rendant publiques les conclusions bipartisanes de l’enquête de la commission, déclarait ceci :

Citer
« Pour plaider en faveur de la guerre, l’Administration a plusieurs fois présenté des renseignements comme étant des fait alors qu’en réalité, ils étaient non fondés, contradictoires, voire inexistants.  En conséquence, le peuple américain a été amené à croire que la menace venant de l’Irak était beaucoup plus grande qu’elle ne l’était en réalité »

Les renseignements sur le Moyen-Orient sont toujours douteux – et parfois « bricolés » à des fins politiques. Il y a quatre ans, un rapport du Congrès américain déclarait que le Commandement central brossait un tableau trop rose de la lutte contre État islamique en 2014 et 2015, par rapport à la réalité sur le terrain et aux évaluations plus sombres des autres analystes.

Les analystes du renseignement du CENTCOM ont affirmé que leurs commandants leur avaient imposé un « faux récit », qu’ils avaient intentionnellement réécrit et supprimé des données dans des synthèses et qu’ils avaient adopté des « tactiques dilatoires » pour saper les renseignements fournis par la Defense Intelligence Agency. En juillet 2015, cinquante analystes du CENTCOM ont signé une plainte auprès de l’inspecteur général du Pentagone disant que leurs rapports de renseignement étaient manipulés par leurs supérieurs. Les analystes du CENTCOM ont été rejoints par des analystes du renseignement travaillant pour la Defense Intelligence Agency.

C’est une mise en garde que nous vous proposons. Aussi difficile que ce soit à dire pour nous, les renseignements que vous obtenez du CENTCOM ne devrait pas être acceptée de manière réflexe comme une vérité évangélique, surtout dans ces périodes de haute tension. L’expérience du golfe du Tonkin à elle seule nous incite à la prudence. Des renseignements peu clairs et mal interprétés peuvent poser autant de problèmes que la politisation dans des zones de conflit clés.

Des problèmes fréquents de renseignement et d’hyperbole à la Cheney expliquent pourquoi l’amiral William Fallon, commandant du CENTCOM, a déclaré au début de 2007 qu’« une attaque contre l’Iran n’aurait pas lieu sous mon autorité», alors que Bush continuait d’envoyer des portes-avions dans le Golfe Persique. Hillary Mann, ancienne directrice du Conseil national de sécurité pour l’Iran et les affaires du Golfe persique, avait prévenu à l’époque que certains conseillers de Bush cherchaient secrètement une excuse pour attaquer l’Iran. « Ils ont l’intention d’être aussi provocateurs que possible et de faire en sorte que les Iraniens fassent quelque chose pour forcer [les États-Unis] à riposter », avait-t-elle déclaré à Newsweek. Du déjà vu. Une estimation nationale du renseignement publiée en novembre 2007 a conclu à l’unanimité que l’Iran avait cessé de travailler sur une arme nucléaire en 2003 et n’avait pas repris ce travail.

Nous pensons que votre décision finale d’hier était la bonne – étant donné le fameux « brouillard de guerre » et dans le contexte d’une longue liste d’erreurs de renseignements, sans parler des manigances. Nous citons rarement les commentateurs des médias, mais nous pensons que Tucker Carlson avait raison hier soir : « Les mêmes personnes – dans certains cas, littéralement les mêmes personnes qui nous ont attirés dans le bourbier irakien il y a 16 ans – exigent une nouvelle guerre – celle-ci avec l’Iran.» Carlson vous a décrit comme étant « sceptique ». Nous pensons qu’une bonne dose de scepticisme est justifiée.

Nous sommes à votre disposition si vous souhaitez plus en discuter avec nous.

William Binney, ancien directeur technique, Analyse géopolitique et militaire mondiale, NSA ; co-fondateur, SIGINT Automation Research Center (ret.)

Marshall Carter-Tripp, agent du service extérieur et ancien directeur de division au Bureau du renseignement et de la recherche du département d’État (à la retraite)

Bogdan Dzakovic, ancien chef d’équipe des maréchaux de l’air fédéraux et de l’Équipe rouge, Sécurité de la FAA (ret.) (VIPS associé)

Philip Giraldi, CIA, agent d’opérations (à la retraite)

Mike Gravel, ancien adjudant, officier de contrôle top secret, Communications Intelligence Service ; agent spécial du Counter Intelligence Corps et ancien sénateur américain

James George Jatras, ancien diplomate américain et ancien conseiller en politique étrangère auprès du Sénat (Associate VIPS)

Michael S. Kearns, capitaine, USAF (à la retraite) ; ancien maître instructeur SERE pour les opérations de reconnaissance stratégique (NSA/DIA) et les unités de mission spéciale (JSOC)

John Kiriakou, ancien agent antiterroriste de la CIA et ancien enquêteur principal, Comité sénatorial des relations étrangères

Karen Kwiatkowski, ancien lieutenant-colonel de l’US Air Force (à la retraite), au bureau du secrétaire à la Défense chargé de surveiller la fabrication de mensonges sur l’Irak, 2001-2003

Clement J. Laniewski, LTC, Armée américaine (retraité) (VIPS associé)

Linda Lewis, analyste des politiques de préparation aux ADM, USDA (à la retraite) (VIPS associée)

Edward Loomis, informaticien en cryptologie de la NSA (à la retraite)

Ray McGovern, ancien officier d’infanterie et de renseignement de l’armée américaine (à la retraite)

Elizabeth Murray, ancienne agente nationale adjointe du renseignement pour le Proche-Orient et analyste politique de la CIA (à la retraite)

Todd E. Pierce, MAJ, Juge-avocat général de l’armée américaine (à la retraite)

Sarah Wilton, commandant, Réserve navale américaine (à la retraite) et Defense Intelligence Agency (à la retraite)

Ann Wright, colonel de réserve de l’armée américaine (à la retraite) et ancienne diplomate américaine qui a démissionné en 2003 par opposition à la guerre en Irak.

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
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Des responsables iraniens et américains ont participé à un forum russe sur la sécurité
Pourtant personne n’en parle

https://lesakerfrancophone.fr/des-responsables-iraniens-et-americains-ont-participe-a-un-forum-russe-sur-la-securite

Par Federico Pieraccini ? Le 21 juin 2019 – Strategic Culture



La dixième réunion internationale sur la sécurité vient de s’achever dans la ville russe d’Oufa. Le forum a été peu reporté dans les médias, pourtant il est l’un des rares exemples de réunions multilatérales entre des représentants de haut niveau de pays en conflit. Des centaines de représentants d’au moins 120 pays ont participé à cette réunion qui s’est déroulée sur trois jours pour discuter des crises humanitaires, de la guerre hybride, des menaces terroristes et des moyens de se relever d’un conflit armé.


Le discours d’ouverture du Président Poutine a été déclamé par le chef du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, qui a expliqué l’ordre du jour et les objectifs du forum, à savoir créer une atmosphère positive qui devrait permettre de réduire les diverses zones de tension entre les pays du monde entier.

Citer
J’attends de votre communication qu’elle soit substantielle et fructueuse et qu’elle nous aide à atteindre notre objectif commun de créer un système de sécurité fiable, flexible, indivisible et égal pour tous, au niveau régional et mondial. La sortie des États-Unis des traités de réduction des armements sape la sécurité mondiale. Ce forum s’est avéré tout à fait efficace et correspondant à la demande, assurant un dialogue sur la manière de faire face aux défis mondiaux. L’ordre du jour de la réunion porte sur les problèmes nécessitant des solutions communes et une action collective, sur les moyens de surmonter les conséquences des conflits armés et les problèmes humanitaires, ainsi que sur la sécurité de l’information.

La nouvelle la plus importante de la journée en provenance d’Oufa a été révélée par Tass :

Citer
Un haut responsable du Conseil national de sécurité des États-Unis participera à la réunion internationale de hauts représentants de la sécurité à Oufa du 18 au 20 juin, a déclaré le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe, Alexander Venediktov, dans une interview au quotidien Rossiyskaya Gazeta, dimanche.

Cette information est d’autant plus pertinente que les États-Unis n’ont envoyé aucun représentant aux réunions internationales sur la sécurité qui ont eu lieu ces quatre dernières années. Il s’agit d’un événement où des personnalités de premier plan peuvent se rencontrer et discuter des moyens de surmonter les désaccords en dépit des difficultés actuelles qui peuvent exister entre les pays, comme entre l’Iran et les États-Unis.

Le forum d’Oufa n’a guère attiré l’attention de la presse internationale et a même fait l’objet de peu de reportages dans le pays hôte, seul Tass ayant publié quelques rapports sur cette rencontre. Le manque d’exposition médiatique est probablement intentionnel, l’absence de projecteur médiatique permettant à la diplomatie de faire calmement son travail sans aucune distraction inutile.

Le monde se trouve à un tournant historique critique, avec des situations potentiellement ou déjà tendues dans la péninsule coréenne, au Venezuela, en Syrie, au Yémen, en Afghanistan, en Iran, en Libye, en Ukraine, dans l’Arctique, dans le golfe Persique et en mer Baltique, en mer Noire et dans le sud de la Chine. D’autres situations incertaines existent aussi dans les domaines de la cyberguerre et de la guerre de l’information, ainsi que dans la compétition pour l’espace.

Avec autant de points chauds potentiels, une conférence pour résorber ces dangers est la bienvenue. Le fait que 120 pays aient l’occasion de discuter et de réfléchir à des moyens possibles de désescalade est une occasion rare qu’il ne faut pas laisser passer.

Compte tenu des événements mondiaux actuels, les participants les plus importants à Oufa sont un membre haut placé du Conseil national de sécurité des États-Unis et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale (SNSC) iranien, Ali Shamkhani. Pour l’instant, la seule nouvelle officielle vient des propos d’Ali Shamkhani concernant la possibilité d’une médiation avec les États-Unis et la possibilité pour l’Iran d’acquérir des systèmes d’armes pour repousser les menaces américaines. Shamkhani a déclaré :

Citer
Nous sommes actuellement confrontés à des démonstrations de force. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de la défense aérienne de notre pays, nous envisageons d’utiliser le potentiel étranger en plus de nos capacités nationales… La médiation est hors de question dans la situation actuelle. Les États-Unis se sont retirés unilatéralement du JCPOA, ils ont fait fi de leurs obligations et ils ont introduit des sanctions illégales contre l’Iran. Les États-Unis doivent revenir au point de départ et corriger leurs propres erreurs. Ce processus n’a pas besoin de médiation.

Il s’agit là d’une décision [celle de dépasser progressivement les limites imposé par le JCPOA pour l’enrichissement de l’uranium et la production d’eau lourde] sérieuse de la part de la République islamique d’Iran, et nous continuerons de le faire étape par étape jusqu’à ce que les contrevenants à la JCPOA s’acheminent vers un accord et s’acquittent à nouveau de leurs obligations. Si les participants à la JCPOA ne respectent pas l’accord, l’Iran réduira progressivement ses engagements dans le cadre des mécanismes juridiques que la JCPOA envisage.

Il a également accusé les États-Unis d’« exercer des pressions sur la République islamique en affirmant que l’Iran était derrière l’attaque des pétroliers dans le Golfe d’Oman ». Parlant de la possibilité d’une fermeture du détroit d’Ormuz, il a réitéré que « l’Iran protégera ses frontières et repoussera toute intrusion ». Le fonctionnaire a également déclaré que « l’Iran et les États-Unis n’en viendront pas jusqu’à se faire la guerre car il n’y a aucune raison pour que cette guerre se produise ».

Ali Shamkhani a également tenu une importante réunion avec son homologue arménien pour réaffirmer combien la confiance stratégique et la coopération entre Téhéran et Erevan sont fondamentales pour la région, résistant aux pressions extérieures de tiers. Actuellement, l’Iran a besoin de tout le soutien international possible à la lumière des tensions avec les États-Unis. Le forum d’Oufa semble être l’endroit idéal pour que l’Iran y parvienne. La rencontre entre Ali Shamkhani et son homologue afghan, Hamdullah Mohib, semble aussi refléter ce fait, en étant un autre exemple de la façon dont l’Iran cherche des alliés politiques supplémentaires.

L’Afghanistan est un acteur central de l’intégration eurasienne et la Russie, l’Inde, la Chine et l’Iran ne sont que trop conscients des ravages causés par l’occupation américaine du pays.

La situation en Afghanistan semble s’être améliorée récemment, les puissances régionales agissant de plus en plus sans tenir compte de la volonté de Washington de plonger le pays dans un état perpétuel de chaos et de sous-développement. En fait, la prochaine réunion régionale sur l’Afghanistan aura lieu à Téhéran, avec la participation des cinq pays voisins de l’Afghanistan, à savoir l’Iran, la Russie, la Chine, l’Afghanistan, l’Inde et le Pakistan. Shamkhani a notamment demandé aux pays voisins d’interagir avec l’opposition en Afghanistan afin de les attirer à la table des négociations, limitant ainsi l’influence des acteurs extérieurs dans le pays.

La réunion entre Mohib et Shamkhani a également permis de réaffirmer à quel point la coopération stratégique entre toutes les parties concernées est fondamentale pour soutenir le progrès, la paix et le développement dans une région qui est fondamentale pour l’intégration eurasiatique.

Ali Shamkhani a également fait des déclarations dirigées contre Trump et l’état actuel des relations Iran-États-Unis, déclarant que « L’Amérique de Donald Trump] est dans sa phase le plus belliciste de son histoire… Si un grand nombre de pays décident de résister au chantage et au harcèlement illégaux des États-Unis, nous pouvons les pousser à battre en retraite et leur faire adopter un comportement raisonnable et responsable dans le système international ».

En parlant de la militarisation du système bancaire et de la finance internationale par les États-Unis, Shamkhani a déclaré : « Aucun mot autre que ‘terrorisme économique’ ne convient à ce comportement américain. » Il a exhorté les pays à créer des mécanismes multilatéraux pour briser la domination américaine sur le système monétaire mondial. Il a également souligné que le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien de 2015 était un coup porté au rôle de la diplomatie et du dialogue dans la résolution des problèmes de sécurité. Cependant, la plupart des pays, a-t-il ajouté, appréciaient le comportement « prudent » de l’Iran qui laisse une chance à la diplomatie et traîne les pieds face aux pressions américaines visant à suspendre l’accord nucléaire.

Les propos de Shamkhani témoignent du niveau d’insatisfaction et de mécontentement que ressent l’Iran, qui est traité avec tant d’agressivité par Washington après des années de négociations pour finalement s’entendre sur l’accord nucléaire, officiellement connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA), à la satisfaction de toutes les parties concernées.

Guo Shengkun, un haut responsable chinois de la sécurité qui a assisté à la conférence, a souligné l’importance pour les pays de renforcer le dialogue et la coopération afin d’éviter conflits inutiles et guerres commerciales, une référence claire aux actes de Washington dans sa guerre commerciale contre la République populaire de Chine.

Son homologue russe fut encore plus direct, soulignant la crainte de Washington d’une intégration eurasienne à grande échelle menée par la Chine et la Russie. Sergey Naryshkin, directeur du Service russe du renseignement extérieur, a déclaré : « Les États-Unis utilisent des méthodes de guerre hybride pour tenter d’entraver la coopération russe, en particulier avec la Chine. Nous en sommes témoins. D’ailleurs, il n’y a pas besoin de faire d’effort pour le voir, tout se passe sous nos yeux. »

Il a également expliqué comment Washington exploite le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale pour mener sa guerre économique. « Il semble déconcertant que les États-Unis continuent d’être le détenteur de la principale monnaie de réserve tout en se comportant de manière si agressive et imprévisible. La position de monopole du dollar dans les relations économiques internationales est devenue anachronique. Progressivement, le dollar devient toxique. »

Le climat politique à Oufa semble très serein et enclin à favoriser le dialogue et la collaboration, ce qui montre comment les géants eurasiens que sont la Chine, la Russie et l’Iran travaillent ensemble, avec des efforts considérables, pour pacifier la région et au-delà. La déclaration du directeur du Service russe du renseignement extérieur, Sergueï Narychkine, au sujet des nouvelles sanctions américaines contre le Corps des gardiens de la révolution révèle la coopération profonde entre Moscou et Téhéran dans divers domaines, dont le terrorisme.

Citer
Ce n’est un secret pour personne qu’au cours des dernières années, les sanctions sont devenues une méthode privilégiée de la politique américaine. Ce qui est particulièrement alarmant, c’est que les restrictions sont introduites de manière absolument arbitraire, spontanée et impulsive. Leurs initiateurs ne tiennent pas compte non seulement des conséquences à long terme, mais aussi de l’opinion des partenaires économiques les plus proches…[Concernant les sanctions américaines contre l’IRGC] L’IRGC a apporté une énorme contribution à la lutte contre État islamique en Syrie et en Irak.

La réunion d’Oufa n’a pas particulièrement attiré l’attention de la presse grand public (aucune mention n’en a été faite dans les grands journaux occidentaux). Les médias russes et chinois lui ont accordé une certaine couverture médiatique, la meilleure couverture médiatique ayant été faite par les médias iraniens. C’est un aspect qui mérite d’être pris en considération dans le contexte géopolitique actuel. Moscou et Pékin n’ont pas l’intention d’accroître la tension entre Washington et les autres pays. Le fait de rester discret dans les médias est un moyen d’aider le forum d’Oufa à agir d’une manière qui atténue les tensions mondiales.

Une guerre contre l’Iran est une ligne rouge pour pratiquement tous les participants au forum. Le fait que les États-Unis soient représentés au forum à un moment de tensions élevées avec l’Iran, en particulier après ne pas y avoir assisté au cours des quatre années précédentes, est un bon signal de la part de l’administration Trump qui semble prête à ouvrir un dialogue avec l’Iran malgré le risque de provocations continues ou d’accidents volontaires entre les deux pays.

Les mots explicites et directs utilisés par les représentants russes, chinois et iraniens suggèrent une coordination complète sur des questions essentielles comme le terrorisme, en particulier lorsqu’il est utilisé par les États-Unis comme un outil contre des adversaires géopolitiques dans le monde entier, que ce soit à la frontière sud de la Russie, en Syrie ou dans la province chinoise du Xinjiang. Le terrorisme utilisé comme outil de l’impérialisme est quelque chose qu’Oufa place au centre des problèmes mondiaux actuels, essayant de limiter son impact et son efficacité.

Les ministres iranien et russe de l’énergie se sont réunis mardi dans la ville iranienne d’Ispahan pour poursuivre les discussions sur un programme « pétrole contre marchandises » dans le cadre duquel le produit de la vente du pétrole iranien serait utilisé pour payer le matériel et les produits agricoles russes.

Le forum d’Oufa montre la puissance combinée de la Russie et de la Chine dans cet ordre mondial multipolaire. Pékin et Moscou semblent être les deux seules superpuissances mondiales capables de jouer le rôle de médiateur et de rassembler les pays autour d’une table malgré les tensions croissantes.

La capacité de Poutine et Xi Jinping à désamorcer les tensions mondiales dans un forum aussi discret que celui d’Oufa (qui en est à sa dixième édition) est notre seul espoir d’éviter ou de désamorcer les conflits et les guerres commerciales qui pourraient éclater dans le monde.

Federico Pieraccini

Traduit par Wayan, relu par San pour le Saker Francophone
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Asie, Pacifique / L’Orient dit « compliqué »… Général Delawarde.
« Dernier message par JacquesL le 01 juillet 2019, 12:48:57 pm »
L’Orient dit « compliqué »… Général Delawarde.
…Comprendre les politiques de défense et la diplomatie au Proche et Moyen-Orient

https://lesakerfrancophone.fr/lorient-soi-disant-complique

Par le Général Dominique Delawarde ? Le 24 juin 2019


Ce sujet est à la fois très complexe à maîtriser pour l’homme de la rue, mais plus facile à comprendre et à exposer pour celui qui connaît quelques dessous des cartes.


Pour faire simple et aller droit au but, il existe deux grands types de politiques de défense et de diplomatie qui s’opposent clairement au Moyen Orient. Le premier est celui de la coalition occidentale conduite par le trio USA, Royaume-Uni et France qui comprend aussi l’état hébreu et l’Arabie saoudite comme partenaires majeurs. Le second est celui de l’ensemble des pays qui s’opposent à cette «coalition occidentale». Au Moyen-Orient, cet ensemble est conduit aujourd’hui par la Russie, l’Iran et, à un certain degré la Turquie, sous l’œil compréhensif de la Chine. Il comprend aussi, sur le terrain, la Syrie, le Hezbollah, l’Irak et le Yemen (Ansar Allah).

Ces politiques et ces diplomaties sont élaborées par des hommes, chefs d’état bien-sûr, mais aussi et peut-être surtout par leurs entourages, leurs ministres, leurs conseillers, ceux qui contrôlent vraiment les ministères des affaires étrangères et de la défense des pays concernés. Bien comprendre ces politiques, c’est d’abord et avant tout bien connaître les individus qui les ont élaboré. Comment ils ont été élus et/ou qui les a aidé à parvenir aux postes où ils sont. En clair, il faut savoir qui tire vraiment les ficelles et quels sont les objectifs que ces individus recherchent.

Pour les trois États qui dirigent la coalition occidentale – USA, Grande Bretagne et France  –  les choses sont aujourd’hui parfaitement claires. Les lobbies pro-Israël jouent un rôle déterminant dans les élections des politiques – Président et membres des parlements. Ils utilisent les moyens financiers, les médias qu’ils contrôlent, les sayanims [agent dormants], les «people» influents, voire des organisations de manipulation de l’opinion, de type «Cambridge Analytica», pour promouvoir ou détruire les candidats aux élections en fonction notamment de leur soutien ou de leur opposition à l’état d’Israël. En échange de leur aide, ces lobbies obtiennent des postes d’influence dans les ministères clefs après la victoire aux élections. Ce type de fonctionnement est parfaitement transparent aux USA, mais beaucoup plus opaque en Europe – UK et FR. Les politiques ou technocrates promus par les lobbies sont donc en bonne position pour élaborer et conduire des politiques étrangères résolument pro-Israël dans chaque état qu’ils contrôlent.

Aux USA, ce sont les relais de l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee) qui mènent la danse. Ce sont ces mêmes individus, souvent qualifiés aujourd’hui de «néocons», qui déterminent la politique étrangère du pays. On en connaît les noms, et les preuves de ce fonctionnement sont nombreuses et très accessibles.

Au Moyen-Orient, cette politique étrangère US vise principalement à s’opposer à l’extension de l’influence iranienne, perçue comme une menace par l’état hébreu. Créer un chaos qualifié de «constructif», diviser l’Islam pour l’affaiblir en attisant les conflits entre Sunnites et Chiites, en soutenant les uns pour combattre les autres, abattre et changer les régimes favorables à l’Iran, redessiner les frontières des États de la région dans un sens favorable à Israël, joindre l’utile à l’agréable en prenant le contrôle des ressources pétrolières : tels sont en quelques mots les grands objectifs de la politique étrangère US au Moyen-Orient.

La mise en œuvre de cette politique coûte cher. Les USA, fortement inspirés par l’état hébreu, ont de moins en moins de moyens pour la conduire sur le terrain. C’est la raison pour laquelle ils instrumentalisent des intermédiaires pour intervenir à leur place dans les conflits : cette manière de faire est moins coûteuse et surtout épargne la vie de leurs soldats. L’extension du takfirisme, de Daesh et de ses violences réside dans cette instrumentalisation et ce soutien occidental. Si l’outil échappe au contrôle de ses créateurs, il deviendra un vrai problème pour le retour à la paix, autant dans la région moyen-orientale que dans le reste du monde …

Cette politique étrangère US est parfaitement soutenue et relayée au Royaume-Uni et en France par le même type de lobbies, que l’on peut qualifier de lobbies frères.

Au Royaume-Uni, l’action puissante et efficace des «Conservative Friends of Israël» (CFI) et des «Labour Friends of Israël» (LFI) [ils sont dans les deux camps, NDLR] directement animés par l’ambassade d’Israël, est déterminante pour les élections législatives et donc pour la gouvernance du pays. Ces lobbies britanniques sont en liaison avec l’AIPAC puisqu’ils travaillent sur une même longueur d’onde, avec des objectifs pro-Israël communs. Les objectifs de politique étrangère au Proche et Moyen-Orient sont donc, à très peu près, les mêmes. A noter que Madame May, monsieur Williamson, monsieur Boris Johnson prononcent régulièrement de vibrants discours d’éloge d’Israël, qualifié de «phare de l’humanité», devant des assemblées de «Conservative Friends of Israël», pour mériter les soutiens politiques, médiatiques et financiers qui suivent normalement ce genre de prises de position. C’est bien grâce à tout cela qu’ils font de brillantes carrières. A noter que Monsieur Jeremy Corbyn, chef de l’opposition travailliste, qui ose se montrer solidaire de la cause palestinienne est, quant à lui, l’objet des attaques constantes des médias et de ses adversaires politiques corrompus et/ou «tenus» par les lobbies pro-Israël.

S’agissant de la France, c’est exactement la même configuration et le même fonctionnement. Le président français a été élu avec un fort soutien du lobby pro-Israël – soutien politique, financier, médiatique. En 2017, l’institution judiciaire et les médias ont même été perçus, par une large part de l’opinion, comme instrumentalisés pour détruire ses adversaires. Des méthodes de type «Cambridge Analytica» semblent bien avoir été utilisées dans cette élection comme elles l’ont été par cette «société» (ou caste) dans 200 autres élections sur la planète entre septembre 2013 et mars 2018.

Notons l’étrange coïncidence suivante: les deux personnages clefs de l’affaire «Cambridge Analytica», «cette usine à manipuler les masses populaires et les élections sur la presque totalité du globe», étaient des « membres de la diaspora (d’ascendance ashkénaze) US» : Robert Mercer, financier et fondateur en 2013 de Cambridge Analytica et bien sûr Marc Zuckerberg qui, à l’insu de son plein gré, a accordé à «son petit camarade» Mercer le siphonnage de 87 millions de comptes Facebook pour alimenter la «machine à manipuler» …

L’analyse détaillée de l’entourage et des soutiens du président français ne laissent aucun doute sur le rôle joué par le lobby pro-Israël dans son très modeste succès à l’élection présidentielle – 39 millions d’électeurs sur 47,6 millions d’inscrits avaient tout de même oublié de voter pour lui en avril 2017. La politique étrangère pro-israélienne française résulte directement de cet épisode peu glorieux de notre démocratie, voir pour ceux qui doutent :
https://youtu.be/DrdNl2EP4zc

Une telle image vaut mieux qu’un long discours …

Si l’on veut trouver une explication à la frappe conjointe et illégale d’avril 2018 contre la Syrie réalisée par ce «gang des trois», elle est donnée de manière très claire dans les propos qui précèdent.

On me rétorquera qu’il y a tout de même quelques divergences dans les politiques des USA du Royaume-Uni et de la France, concernant notamment l’accord sur le nucléaire iranien. Je réponds qu’il n’en est rien et qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

S’agissant de l’accord nucléaire iranien, si la France et le Royaume-Uni continuent de le soutenir, en discours et en paroles, force est de constater aujourd’hui que ces deux états n’ont strictement rien fait de concret pour le maintenir vraiment par des actes. Il y a bien le mécanisme INSTEX, mais aucune grande entreprise ne l’utilise. L’essentiel des échanges commerciaux est désormais interrompu, ce qui porte préjudice à l’Iran. Si l’on s’en tient aux faits, la France et le Royaume-Uni se sont donc, de manière subtile, retirés de l’accord tout en faisant semblant de le soutenir. Il ne s’agit pas vraiment d’un soutien de l’accord, mais d’une «apparence» de soutien.

L’annonce du retrait des forces US de Syrie, a été fortement médiatisée mais peu suivie d’effets sur le terrain. Ma conviction sur ce sujet est la suivante : les forces US ne sont pas prêtes à se retirer de Syrie ou d’Irak dans les mois qui viennent, en dépit de quelques mouvements de troupe. Le président Trump, sous l’influence et les fortes pressions des bellicistes néocons pro-Israël, aura du mal à s’extraire du bourbier moyen-oriental.

Venons en maintenant à la politique et à la diplomatie du camp qui s’oppose à la coalition occidentale sous la houlette de la Russie, de l’Iran et de la Turquie. C’est une politique et une diplomatie qui viennent «en réaction» aux mesures agressives prises par les occidentaux.

Subtil mélange de fermeté, de constance, de détermination et de modération, cette politique et cette diplomatie sont incontestablement gagnantes si l’on s’en tient à l’observation des faits : retour très progressif de la paix sur une large part du territoire syrien, réouverture progressive des ambassades à Damas, reconquête, jour après jour, des territoires encore sous contrôle des terroristes. Le temps joue aujourd’hui en faveur du groupe Russie-Iran-Turquie.

La fidélité sans faille de la Russie à l’allié syrien contraste avec les revirements permanents de la diplomatie US et donne une grande crédibilité au président Poutine à l’échelle mondiale. Il suffit de regarder une carte pour réaliser que la fidélité russe sera la même avec l’allié iranien, pour peu que ce dernier ne commette pas de faute majeure, dans la partie de poker-menteur qui l’oppose à Washington.

Ma conclusion est pessimiste pour le clan occidental.

Dans le bras de fer opposant aujourd’hui le monde occidental et l’OTAN, qui souhaitent maintenir leur suprématie, à l’Organisation de Coopération de Shangaï et aux nombreux états qui la soutiennent, et qui souhaitent, eux, l’avènement d’un monde multipolaire, il est clair que le temps joue en faveur des seconds.

En effet, ce n’est probablement ni la guerre, ni la force militaire qui désigneront le vainqueur. C’est l’économie et la démographie qui emporteront la décision.

Sur ces deux plans, la coalition occidentale est en état d’extrême fragilité. L’énormité des dettes accumulées par les USA et leurs principaux alliés, le fait que ces dettes continuent d’exploser hors de tout contrôle, la dédollarisation progressive de l’économie mondiale, les déficits budgétaires et commerciaux US énormes et sans amélioration significative, les bulles spéculatives boursières, elles aussi hors de tout contrôle, tout cela mènera inéluctablement à une crise économique, financière et/ou boursière telle que le monde n’en a jamais connu.

Cette crise sera aggravée par des mouvements migratoires d’une amplitude qui n’a jamais existé dans l’histoire. Il sera trop tard pour que les occidentaux puissent espérer réagir et les contrôler.

Cette crise qui peut survenir à tout moment, de manière brutale, dans les cinq ans à venir va rebattre les cartes de la hiérarchie mondiale des grandes puissances. Les USA seront les plus affectés et y perdront leur suprématie. L’Union européenne suivra probablement de près. Le monde entier sera évidemment concerné mais à des degrés divers.

Il n’y aura guère de vainqueurs mais il y aura de grands vaincus. Quelle sera la capacité résiduelle de nuisance de la coalition occidentale au Proche et au Moyen Orient ? Probablement beaucoup plus faible qu’aujourd’hui pour ne pas dire nulle.

Des mouvements de populations sans précédent dans l’histoire agiteront la planète et déstabiliseront des régions entières. Là encore, l’Union européenne affaiblie par la crise et par ses divisions sera en première ligne. Il n’y a certes pas lieu de se réjouir de telles perspectives, mais elles changeront totalement la donne de la géopolitique mondiale. Il faut s’y préparer.

Dominique Delawarde

L’auteur est ancien chef «Situation-Renseignement-Guerre électronique» à l’État major interarmées de planification opérationnelle
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Amérique / Comment John Bolton contrôle l’administration et Donald Trump
« Dernier message par JacquesL le 21 juin 2019, 12:07:13 pm »
Comment John Bolton contrôle l’administration et Donald Trump
https://lesakerfrancophone.fr/comment-john-bolton-controle-ladministration-et-donald-trump

Par Moon of Alabama ? Le 19 juin 2019

Le blog de Jeff Bezos, le Washington Post, présente quelques éléments sur la discussion et les luttes intestines dans l’administration Trump au sujet de la marche vers la guerre contre l’Iran. L’article débute par l’annonce d’une nouvelle ligne rouge proposée par l’administration Trump :

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Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a adressé en privé des avertissements aux dirigeants iraniens leur indiquant que toute attaque, par Téhéran ou un de ses mandataires, entraînant la mort d'un militaire, même un membre des services américains [sous-traitant], provoquerait une contre-attaque militaire, ont déclaré des responsables américains. ...
 
Bien que de telles attaques soient courantes pendant la guerre en Irak, Pompeo a déclaré aux dirigeants irakiens, dans un message qui serait transmis à Téhéran, qu’un seul décès américain inciterait les États-Unis à riposter.
Cet avertissement a été envoyé en mai lors de la visite de Pompeo à Bagdad. La question pourrait bientôt devenir critique. Au cours des derniers jours, des tirs de roquettes ont eu lieu en Irak contre des cibles où du personnel américain est présent. Le correspondant de l’AFP à Bagdad en a répertorié six :

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Maya Gebeily - @GebeilyM - 10h20 UTC - 19 juin 2019
 
Chronologie des attaques contre les intérêts américains en #Iraq.
Vendredi : Les mortiers ont touché la base de Balad, où des troupes américaines sont basées
Samedi : Des projectiles frappent l'aéroport militaire de #Baghdad
Lundi : Roquettes sur Taji, où des forces de la coalition sont basées
Mardi : Obus de mortiers sur le QG des opérations à #Mosul
Mercredi : Roquettes contre des logement utilisés par les IOC près de #Basra

#IRAQ: @AFP apprend qu'il y a eu au moins * deux * attaques contre des intérêts pétroliers américains à #Basra au cours des dernières 24 heures - ExxonMobil + Baker Hughes, une société de GE. Leurs cadres supérieurs sont en cours d'évacuation.
Certaines de ces attaques ont eu lieu dans des régions où des groupes clandestins d’État islamique sont toujours actifs. Les armes utilisées étaient improvisées et imprécises.

Cela montre à quel point la ligne rouge de Pompeo est stupide. Il attaquerait l’Iran si une roquette égarée tue par hasard un soldat américain ? C’est débile.

Retour à l’article du WaPo :

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S'exprimant lors d'une visite au siège du commandement central américain à Tampa mardi, M. Pompeo a déclaré que M. Trump "ne veut pas la guerre", mais a souligné que les États-Unis agiraient s'ils étaient agressés. "Nous sommes là pour dissuader l'agression", a-t-il déclaré.
Les États-Unis ont violé l’accord nucléaire et mènent une guerre économique contre l’Iran. C’est l’agression qui a déclenché le conflit. Tout ce qui en découle a été causé par l’administration Trump.

Le colonel Pat Lang pense que Pompeo était à Tampa pour amener l’armée à s’aligner sur sa politique d’agression :

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Le vieux premier de sa classe est à Tampaland aujourd'hui pour encenser les dirigeants du CENTCOM (Mideast) et du SOCOM (commandos de durs à cuire dans le monde entier). Pourquoi est-il là ? Le secrétaire d'État n'a aucun rôle constitutionnel ou juridique dans les relations avec les forces armées. Ceci étant le cas, on ne peut que penser que le commandement supérieur recule devant la perspective d’une guerre avec l’Iran et que Trump a été convaincu de laisser Pompéo faire cette visite sans précédent pour tenter sa chance ou les amener à obéir par la menace.
Le WaPo encore :

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Le départ soudain de Patrick Shanahan, qui remplit les fonctions de secrétaire à la Défense par intérim depuis janvier, pourrait ultérieurement mettre sur la touche le Pentagone, qui a milité pour réduire les risques d’hostilités. Le retrait de Shanahan faisait suite à la révélation d’une dispute conjugale complexe.
Le «différend domestique compliqué» n’est pas compliqué du tout et l’affaire est incontestée. Après plusieurs années, l’ex-femme de Shanahan est devenue folle et l’a agressé physiquement, ainsi que leurs enfants. Finalement, l’un des enfants se rebiffa avec une batte de baseball. Au tribunal, Shanahan a plaidé en faveur d’une punition légère pour l’enfant. Tous les enfants, pour la plupart adultes maintenant, sont de son coté et ne veulent plus voir leur mère. Tout cela a été documenté par la police et par les tribunaux. Shanahan n’est coupable de rien dans ce cas. Ce n’était pas une raison pour démissionner.

Pat Lang croit que la véritable raison était le voyage de Pompeo à Tampa :

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Shanahan s'est retiré aujourd'hui du processus de confirmation au Sénat. Selon moi, il l'a fait parce que Trump a laissé Pompeo contourner son autorité.
Le WaPo a déclaré que le Pentagone était le dernier à résister à la politique d’agression anti-iranienne :

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Le Pentagone est particulièrement inquiet face à l'escalade. L'absence d'un secrétaire confirmé a fait craindre que les faucons de la Maison Blanche et du Département d'État ne poussent l'armée à dépasser sa mission spécifique de destruction des vestiges de l'État islamique en Irak et en Syrie, augmentant le potentiel de conflit avec l'Iran.
Il a été rapporté à plusieurs reprises et par différents médias que Trump était quelque peu protégé des opinions opposées à la guerre dans son administration. Il ne voit et n’entend que Fox News, Bibi Netanyahu et John Bolton. L’article du WaPo confirme à nouveau que :

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Des responsables de l’administration, interrogés par le Washington Post, ont déclaré que le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, avait pris le contrôle de la politique iranienne, gardant un pouvoir absolu sur les informations transmises au président et réduisant considérablement le nombre d'occasions au cours desquelles de hauts responsables se réunissaient dans la salle de la Maison Blanche pour discuter de cette politique. ...
 
L’intensification de la campagne de "pression maximale" [sur l'Iran] a déclenché une crise interne sur la meilleure façon d’exécuter les ordres du président. Ce printemps, au Département d’État, les responsables se sont disputés sur le fait qu'il était difficile de contraindre l’Iran par des sanctions, favorisant ainsi l’approche la plus brutale possible. En particulier, les opposants à la Maison-Blanche ont abrogé des dérogations qui auraient permis à l'Iran de continuer à vendre du pétrole après la date limite du 1er mai. Les collaborateurs de la Maison Blanche ont également mis fin aux dérogations qui permettaient à l'Iran d'échanger son uranium enrichi contre de l'uranium naturel, partie intégrante de l'accord sur le nucléaire. ...
 
Alors que les responsables du département d’État cherchaient à créer une «situation idéale» qui affaiblirait l’Iran par des sanctions sans pour autant le pousser à se retirer de l’accord nucléaire, d’autres ont affirmé que l’objectif de Trump était de détruire à tout prix l’accord et de pratiquer une politique générale cherchant à paralyser les forces alliées iraniennes dans la région.
 
Des représentants du Pentagone et du Département d'État se sont toutefois plaints de la difficulté d'obtenir une discussion adéquate pour ces sujets sous Bolton. En conséquence, les arguments concernant la politique ne sont souvent pas diffusés et ne parviennent pas au président. Le processus est «très exclusif et Bolton sait jouer des coudes», a déclaré le haut responsable de l'administration. ...
 
Au Pentagone, les autorités ont discrètement exprimé depuis des mois leur inquiétude de voir la trajectoire actuelle faire du conflit militaire une prophétie auto-réalisatrice. ...
 
Une personne familière avec les discussions récentes a déclaré que les responsables du Pentagone, y compris Shanahan, étaient «ceux qui ont freiné» le Département d'État et la Maison-Blanche. «Le Ministère de la défense ne bat pas les tambours de guerre», a déclaré la personne.
On peut chicaner avec ça. C’est le commandement militaire régional qui demande toujours plus de troupes. Plus de navires et plus de troupes augmentent les risques d’accidents et rendent la guerre plus probable. C’est pourquoi John Bolton utilise chaque petit incident pour envoyer plus de troupes au Moyen-Orient :

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"Le président veut-il envoyer plus de troupes ? Non. Est-ce qu'il sera poussé à le faire ? Oui", a déclaré le haut responsable de l'administration.
 
Trump, contrairement à certains de ses conseillers, a semblé minimiser l’importance des actes de l’Iran. Dans une interview publiée mardi par le magazine Time, il a déclaré que les récentes attaques de pétroliers étaient "très mineures".
Trump est président. Il a embauché ces personnes et il est responsable de ce qu’elles font. Mais sait-il ce qu’elles font ?

Il y a deux possibilités.

Trump veut une guerre avec l’Iran et ce que nous voyons est la stratégie éculée du bon et du mauvais flic, dans laquelle Trump joue le rôle du bon vis à vis de ses électeurs, jusqu’à ce qu’un « incident grave » survienne qui lui permette d’affirmer qu’il n’a d’autre choix que de « riposter » en Iran. L’autre scénario est que Trump est un imbécile et que les faucons de guerre l’utilisent comme outil pour mettre en œuvre leurs politiques préférées.

L’ancien agent du MI6, Alastair Crooke, dit que le second scénario est le bon :

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Le consensus pour «pas de conflit» peut malheureusement s’avérer excessivement optimiste. Ce n’est pas parce que Trump désirerait consciemment la guerre, mais parce que les faucons qui l’entourent, en particulier Bolton, l'acculent dans un coin du ring, où il ne peut que reculer, ou doubler la mise, si l’Iran ne capitule pas d’abord.
 
Et voici le point d'orgue : la principale fausse idée de Trump est peut-être qu’il croit que l’Iran veut et, en fin de compte, "cherchera un accord".
Crooke décrit comment Bolton, et Netanyahu derrière lui, déjouent les services de renseignement américains sur l’Iran. Ils fournissent « des renseignements » au président et aux médias, à l’instar de l’équipe du vice-président de l’époque, Dick Cheney, à la veille de la guerre en Irak :

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Au Conseil national de sécurité, Bolton préside les réunions stratégiques régulières et fréquentes avec Israël - destinées à élaborer un plan d'action commun contre l'Iran. Cela signifie que les évaluations des services de renseignement israéliens sont transmises directement à Bolton (et donc à Trump), sans passer par les services de renseignement américains pour évaluation ou commentaire sur la crédibilité des renseignements présentés (une nuance avec le comportement de Cheney qui confrontait les analystes à Langley). Et Bolton représentera aussi Trump au "sommet sur la sécurité" qui se tiendra plus tard ce mois-ci à Jérusalem avec la Russie et Israël. Oui, Bolton a vraiment toutes les rênes entre ses mains: c’est «M. Iran».
« M. Anti-Iran » serait un sobriquet plus précis. Ou on peut aussi tout simplement l’appeler président Bolton.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone
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Technologie et travail / La destruction d'EDF (Philippe RAI)
« Dernier message par JacquesL le 03 juin 2019, 01:28:38 pm »
La destruction d'EDF (Philippe RAI)

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Maintenant que la dinde Loupen a assuré la réélection de Macron en 2022 ce dernier peut se permettre d'augmenter le prix de l'électricité de 5,9%.
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On notera l'explication confuse de Rugy :

"Le ministre de la Transition Ecologique François de Rugy a estimé que la hausse des tarifs de l'électricité prévue le 1er juin était notamment due à la dérive des coûts de production d'EDF ces dernières années."

Mais il ne précise pas l'origine de cette dérive : l'obligation d'achat de l'électricité intermittente et la baisse de la rentabilité des  centrales nucléaires et thermiques du fait qu'elles ne peuvent plus produire à plein régime.

Voyez où mène le vote pour la dinde Loupen. Il revient à remettre le pouvoir entre les mains de la vermine européiste qui impose le passage aux intermittentes avec ses conséquences mécaniques : la paupérisation des plus pauvres !

Cette hausse de l'électricité est la conséquence directe d'une politique de destruction ...

J'ai fait toute ma carrière à EDF principalement en R&D.

J'y suis entré dans les années 70 et parti récemment.
EDF était à l'époque très structurée dirigée par des ingénieurs avec une vision technique très poussée.
La construction des 58 réacteurs nucléaires en 25 ans s'est faite avec une organisation parfaite depuis la rédaction des prescriptions puis par le choix de tout le matériel (français) avec des tests de prototypes, des têtes de série et ensuite sur prélèvement. Actuellement en 15 ans EDF a été incapable de mettre en service une seule tranche d'EPR.
Normal, entre temps toute la structure nécessaire avait été détruite.
Des ingénieurs d'EDF sont allés travailler en Chine, d'abord pour construire des centrales identiques à celles qu'on a en France, puis des EPR.
Les chantiers EPR chinois ont démarré bien après le français, et ils en ont déjà mis deux en service !
A noter que des ingénieurs de centrales au charbon sont aussi partis en Chine ... qui multiplie ces installations !!!

Sans compter la politique de concurrence qui oblige EDF à vendre sa production aux  concurrents, à leur vendre ses installations amorties et rentables, son obligation d'acheter son matériel partout dans le monde sans rien tester, juste au plus bas prix sans tenir compte de la qualité réelle, son éclatement entre plusieurs entreprises de transport et de distribution ce qui complique énormément la gestion des réseaux donc fait monter les coûts.

Et puis bien sûr la gestion désastreuse des politiques qui ont remplacé les ingénieurs et qui ont gaspillé des dizaines de milliards d'euros dans des achats pourris à l'étranger alors que cet argent était nécessaire à l'entretien du parc et aux études de renouvellement.

On nous expliquait à l'époque que tout cela allait être fait pour faire baisser le coût de l'électricité, qu'EDF était un dinosaure pas adapté à notre époque et qu'il fallait que cela change.

On voit le résultat !

Il y a eu aussi la technique d'optimisation des organisations.
On a vu venir des consultants qui nous ont aidés à être plus performants. Bien, ça nous a permis de gagner quelques bricoles, mais une fois que c'est fait, c'est fait.
Mais ce n'était pas suffisant.
Alors la direction nous a pondu une nouvelle organisation avec toute une théorie compliquée devant permettre soit disant de gagner 20 % sur le budget.
Donc travail important de réorganisation, ce qui a pour premier effet de désorganiser, bien sûr sans le budget correspondant. Une fois que c'est fait, sans attendre les résultats la direction a autoritairement immédiatement baissé les budgets de 20%, et sommum de l'hypocrisie en expliquant que : vous voyez, la nouvelle organisation a permis de gagner 20 % !

Ensuite, comme ça ne fonctionne pas vraiment correctement, et pour cause, il y a la période des regroupements, puis le cycle recommence jusqu'à la destruction complète de l'organisation performante d'origine.

Voilà ce qui fait monter les prix de l'electricité, en fait toutes les actions qui nous avaient été imposées avec comme but la baisse des prix.

Ah et puis j'oubliais un argument souvent avancé : on est obligé, c'est l'Europe ...


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