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Amérique / Invasion du capitole: la fin d’une époque
« Dernier message par JacquesL le 07 janvier 2021, 01:42:33 pm »
Invasion du capitole: la fin d’une époque

https://strategika51.org/2021/01/06/envahissement-du-capitole-la-fin-dune-epoque/



Vidéo : https://videos.files.wordpress.com/ZpTCtxnx/uscw2_dvd.mp4

Comme nous l’avons rapporté ici, la fraude des présidentielles US de 2019 a été cette fois trop massive et trop flagrante pour que les États-Unis puissent prétendre continuer à s’affirmer en tant que pays « démocratique » ou de pays de référence en matière de transparence démocratique. Nous avons également affirmé qu’une seconde guerre civile US était inévitable car l’État profond ou le gouvernement de l’ombre est allé beaucoup trop loin. Quel que soit l’issue de ce bras de fer, le régime Biden-Harris sera aux prises avec une guérilla rurale et une forme de désobéissance civile dans une partie du pays. Plus encore, même si les milices armées « libres » sont écrasées par les forces armées américaines fidèles au régime, il y aura un clivage permanent susceptible d’aboutir à une nouvelle sécession d’un ou plusieurs États. Le problème n’est plus Donald Trump mais l’immense schisme créé par la faillite totale des élites politiques US, contraintes à vouloir maintenir un statu quo en prorogeant une gérontocratie avec une façade féministe dans un système ploutocratique (détenteur du pouvoir réel). L’envahissement du capitole à Washington n’est qu’un incident mineur mais c’est le prélude à une longue période d’instabilité politique et sociale que le régime politique tentera de résoudre par une guerre généralisée contre les pays désignés comme rivaux. Dans tous les cas, c’est la fin d’une époque.


Des armes ont été exhibés au sein du pouvoir législatif US.


la lâcheté de celles et ceux qui votent des guerres illégales est sans aucune limite.




Image surréaliste d’un cavalier à l’intérieur du Capitole


Des protestataires à l’assaut du capitole. Un scénario d’un film de politique-fiction.


La plupart des protestataires filmés seront poursuivis par les services de sécurité


Une autre image surréaliste au sein du capitole


Le drapeau des confédérés au sein du capitole en 2021…159 ans après la fin de la guerre de sécession !

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Technologie et travail / Proglio, ex patron d'EDF, sur l'absence de politique énergétique
« Dernier message par JacquesL le 22 octobre 2019, 04:52:07 pm »
Joe Rodriguez, CMP <cabine.téléphonique@gouv.canards>

https://www.fondation-res-publica.org/Reconquerir-l-autonomie-de-decision-dans-l-interet-du-consommateur-particulier-et-industriel-Le-sens-de-l-interet_a1233.html

Reconquérir l’autonomie de décision dans l’intérêt du consommateur particulier et industriel. Le sens de l’intérêt général et l’utilité d’une vision à long terme.


Intervention d'Henri Proglio, ancien Président-directeur général d’EDF, lors du colloque "Défis énergétiques et politique européenne" du mardi 18 juin 2019.

Je crois, Monsieur le ministre, qu’il y a un croisement de politiques qui non seulement ne sont pas cohérentes mais se contredisent. On ne peut pas dire qu’on en sorte pleinement convaincu.

Je n’ai pas pour habitude de tenir des discours très diplomatiques. Vous me pardonnerez d’être parfois un peu brutal.

Des politiques nationales de l’énergie, il en a existé, notamment en France.

Il y a soixante-dix ans le constat avait été fait que la France, ne bénéficiant pas de ressources énergétiques, était totalement dépendante de ses importations et qu’il était nécessaire de construire son indépendance énergétique, d’assurer la qualité des services et l’accès permanent de tous à l’énergie à un prix compétitif. C’est ce qui a guidé la France dans ses choix énergétiques de l’époque.

Ces choix ont été initialement marqués par l’hydraulique qui représente encore 12,5 % de la production d’électricité en France. Ce fut ensuite la grande aventure nucléaire qui a donné à ce pays un outil (le parc nucléaire français : cinquante-huit réacteurs, plusieurs en « construction éternelle ») et, à travers un opérateur initié et construit pour cela (EDF), l’électricité la plus compétitive d’Europe qui arrive au même prix dans tous les foyers, quelle que soit leur situation géographique, y compris dans les DOM-TOM. La France avait conquis son indépendance énergétique, un atout dont ne disposait aucun autre pays industriel, a fortiori européen.

Il y avait alors une politique, il y avait même un ministre de l’Energie. Aujourd’hui, il n’y a plus de politique énergétique mais une politique de la « transition ». On mute, on transite, on essaye de détruire ce qui existe pour aller vers… quelque chose dont ni l’objectif ni même les grandes caractéristiques n’ont été définis. On a donc confié la « transition » à des ministres qui ne sont pas chargés de l’énergie.

Dans le même temps, un pays voisin qui, bien que n’ayant pas eu cette consistance, avait réussi sa politique industrielle, donc sa compétitivité mondiale à travers son industrie, a identifié un grand risque : son énergie électrique coûtait à peu près deux fois plus cher que l’énergie française. Or, dans la compétitivité des territoires, l’énergie allait jouer un rôle déterminant. Par conséquent, à défaut de résoudre son problème, il lui fallait a minima détruire la compétitivité du voisin. J’avais rencontré Mme Merkel en 2011 au moment de la décision sur l’Energiewende et de l’arrêt du nucléaire. Elle avait eu ces paroles dont je me souviendrai toute ma vie : « Allemande de l’Est, je suis totalement convaincue par le nucléaire. Mais j’ai besoin des Verts pour gagner les élections régionales et demain les élections nationales. Je sacrifie les industriels de l’énergie allemande à l’intérêt supérieur du Reich qui est d’avoir la CDU à la tête du pays ». On pouvait comprendre et j’ai parfaitement intégré la variable de la politique allemande.

Malheureusement, il n’y avait pas de politique française en face ! Pourtant, de temps en temps, on ajoute une disposition qui permet de continuer à détruire ce qui existe… « Oblige-t-on EDF à vendre son énergie à ses concurrents ? », demandiez-vous, Monsieur le ministre. Oui, bien sûr. Chaque jour on promeut un fournisseur d’énergie (Engie ou autre) qui vend de l’énergie 10 % moins cher présentée comme « verte » ! En réalité, ces fournisseurs vendent avec bénéfice l’énergie qu’ils achètent à EDF, en prétendant qu’elle est « verte » ! Il s’agit donc d’une subvention à la concurrence. En effet, le seul principe qui guide l’Europe : la concurrence fait le bonheur des peuples, balaie l’argument selon lequel nous avons un système qui est peut-être monopolistique mais qui est efficace !

Les barrages eux-mêmes doivent être mis en concurrence. Or les barrages ne servent pas à produire mais à stocker. Ils sont un élément d’optimisation du système électrique, une grande pile à combustible. L’énergie stockée est utilisée quand on en a besoin, quand les centrales nucléaires sont à l’arrêt, lors des pointes de consommation etc. Pourtant, l’Europe imposant la concurrence, nous sommes sommés de mettre les barrages en appel d’offres. J’ai résisté pendant cinq ans… Désormais soumis à concurrence les barrages vont nous être achetés pour la valeur de production et non pour la valeur d’utilité qui serait incommensurablement plus importante. On va donc désoptimiser le système électrique, augmenter le coût de revient… au détriment du consommateur qui, in fine, va payer.

Mais ce n’est pas tout. Parce que le monde regorge de liquidités, une surenchère folle sur les infrastructures aboutit à des taux d’intérêt négatifs. D’énormes liquidités ne savent pas où s’investir parce que les placements bancaires traditionnels ne sont pas rémunérés. Or ces liquidités appartiennent à des actionnaires qu’il faut rémunérer. Quoi de mieux que de les investir dans des infrastructures vitales qui s’amortissent sur des durées très longues et permettent des investissements massifs ? Les réseaux durent très longtemps, ils sont utilisables, comme les barrages, pendant cent ans. À condition de bien l’entretenir, un réseau peut s’amortir sur une durée très longue. Formidable opportunité de placement des fonds mondiaux d’infrastructures qui appartiennent à la finance mondiale, à des liquidités, à des trésoreries qui fluctuent etc. On va vendre des réseaux !
En vendant les réseaux, on coupe la production du consommateur et on désoptimise une nouvelle fois le système. Avec la vente aux concurrents des barrages, des réseaux, on est en train de détruire ce qu’on a construit pendant soixante-dix ans.

Je n’ai jamais rencontré de politique européenne. Je l’ai vainement cherchée dans les tiroirs, à Bruxelles et un peu partout en Europe.

Les Espagnols ont une politique, les Italiens ont la leur.

Les Polonais, qui ont du charbon, qui veulent du gaz – et surtout éviter les Russes honnis – sont tombés dans les bras des Américains, lesquels rêvaient d’établir leur domination sur un pays européen. La Pologne est devenue américaine. Des terminaux GNL de gaz de schiste américain sont construits en Pologne. Vive l’environnement ! (J’ai passé ma vie dans l’environnement avant de venir à EDF [1]).

On a déjà parlé des Allemands.

Les Belges font ce qu’ils peuvent. Leurs sociétés, Électrabel [2] et Tractebel [3], ont été rachetées par Engie, qui n’existe pas. Les Belges sont donc au milieu de nulle part. Leurs deux centrales nucléaires étant fréquemment arrêtées ils se demandent à qui ils vont acheter une électricité qu’ils ne sont plus capables de produire.

La France faisait donc figure de havre de paix et surtout de réservoir électrique européen. Tous les pays européens comptaient, en cas de « trou noir », avoir accès à l’électricité française à un coût compétitif. Cela a été – et sera – le cas de l’Allemagne.

Que sera l’électricité française demain ? Je ne le sais pas.

De quoi parle-t-on quand on parle de politique énergétique ?

Je rappellerai quelques principes :

L’énergie est un secteur très différent des autres secteurs industriels parce qu’il est d’une nécessité vitale qui touche à la sécurité nationale. Plus capitalistique que n’importe quel autre secteur industriel, il nécessite un horizon à très long terme. Une centrale nucléaire dure soixante ans, un réseau ou un barrage cent ans. Les investissements, très massifs et à très long terme, doivent être réalisés en amont de la production et a fortiori de la distribution. Toute politique énergétique doit donc avoir une vision longue, avec une politique claire et sur le long terme. Or aujourd’hui, en raison de la financiarisation du monde et de la mondialisation, le long terme c’est trois à cinq ans ! Pour une société cotée, la dictature c’est le trimestre, le moyen terme trois ans, le long terme cinq ans. Il se trouve que cela correspond aux mandats politiques. Quel politique réfléchit à horizon de cent, cinquante ou même trente ans ? Lorsqu’on nous annonce des mesures à trente ans, nous comprenons qu’il s’agit de reporter les échéances pour ne pas les réaliser. C’est regrettable parce que dans l’énergie la vision longue devrait être le cas de figure normal.
Ce fut le cas en France pendant des décennies. Aujourd’hui, au plan national et plus encore au plan européen, le long terme est battu en brèche par la dictature de l’orthodoxie budgétaire à court terme et des contingences court-termistes.

L’énergie est aussi l’objet d’assauts de démagogie et d’injonctions contradictoires en termes de priorités.

La priorité d’aujourd’hui porte sur les gaz à effet de serre et le climat. Or la France est exemplaire en matière d’émission de CO2 grâce à l’électricité d’origine nucléaire et hydraulique. C’est ce qui fait que la France se démarque des autres pays européens. On s’empresse donc de revenir aussi là-dessus ! Au plan européen il n’existe pas de volonté de promotion d’un modèle politique et les stratégies diffèrent d’un pays à l’autre. Aucune vision européenne.

À propos d’injonctions contradictoires, il nous faut constater qu’au plan national, faute de vision politique, de décisions politiques claires, nous ne sommes pas dans un débat rationnel. Quelles sont les priorités ? Le climat ? La sécurité d’approvisionnement ? La compétitivité industrielle ? Le coût pour le consommateur ?

Aujourd’hui on parle beaucoup de CO2 mais sans aller au bout de cette logique. En effet le marché du CO2 fonctionne très mal et, compte tenu de notre exemplarité en matière de CO2, il faudrait surtout préserver ce qui existe.

De même, en matière d’indépendance énergétique, Olivier Appert a parlé des incertitudes et des tensions géopolitiques sur l’énergie. Il a très bien résumé la situation : elle est aujourd’hui beaucoup plus explosive qu’elle ne l’a jamais été.

Le seul pays qui ait une politique énergétique est la Chine. Parce qu’elle n’a pas de ressources, elle se retrouve, à son échelle, dans la situation qui était celle de la France vers 1950. Et, comme le fit alors la France, la Chine choisit de faire du nucléaire (neuf réacteurs chaque année), de l’hydraulique (le barrage des Trois-Gorges est la première centrale hydraulique du monde) … et un peu de renouvelables, autant que faire se peut. C’est certainement le plus grand chantier renouvelable du monde mais il est totalement marginal par rapport à la production chinoise qui est encore essentiellement charbonnière. La politique chinoise consiste à tendre la main à son voisin russe. L’énorme contrat gazier signé entre la Chine et la Russie n’est que la traduction de cette volonté politique chinoise. Accessoirement, la Chine vient grappiller les infrastructures existantes en Europe (au Portugal, en Grèce…), non pas pour s’intégrer dans le système mais pour en prendre le contrôle. En effet, prendre le contrôle des réseaux, c’est prendre le contrôle du système énergétique. C’est ce qui a été fait il y a trois ou quatre ans en Grèce sans que personne n’y voie rien à redire.

Le débat énergétique est par ailleurs biaisé par de fausses affirmations quotidiennes. J’ai cité l’Allemagne, archétype surréaliste du mensonge ! En effet, avec son Energiewende et sa volonté affichée de développer les EnR, l’Allemagne a doublé ses émissions de CO2 tandis que la France est restée exemplaire à cet égard. Avec 85 GW de solaire et d’éolien, l’Allemagne produit 120 TWh d’énergie électrique intermittente là où le parc nucléaire français en produit 400. On voit les divergences et l’énorme différentiel entre la France et l’Allemagne en matière de politique énergétique. D’où les remises en cause. Depuis 2012, l’Allemagne a mis en route chaque année l’équivalent d’un Fessenheim en énergies renouvelables pour un résultat ruineux qui ne lui sert pas à grand-chose et peu d’efficacité. Aujourd’hui elle ne sait comment faire face aux besoins sans importer massivement une énergie française évidemment nucléaire.

On oublie – ou on occulte – beaucoup de choses.

On oublie d’abord que les énergies renouvelables sont intermittentes, sauf l’hydro-électricité, mais que les besoins sont essentiellement des besoins de base.

On oublie assez facilement les spécificités géographiques. Il est absurde de construire du solaire en Scandinavie où il fait nuit six mois par an. Les pointes de consommation, dans les pays européens, ont lieu l’hiver et la nuit… le solaire est très utile mais c’est une réponse assez limitée. En France on a trouvé la réponse, on donne des subventions beaucoup plus importantes au kW, au GW ou au TW produit là où il n’y a pas de soleil pour compenser le manque de soleil. Selon cette logique sidérante, il vaut mieux faire du solaire à Maubeuge qu’à Nice, c’est plus rentable !

On oublie aussi le coût et les problèmes du stockage. Les énergies renouvelables auront toute leur force dès lors qu’on saura stocker l’énergie. Mais on est très loin de la compétitivité du stockage. On a fait beaucoup de progrès mais, d’après les chercheurs du secteur électrique et notamment d’EDF, il faudra encore trente ans pour envisager la possibilité de stocker l’énergie de manière compétitive. Aujourd’hui, la batterie représente le tiers du coût d’une Tesla. Ce qui peut être accessible en coût pour un véhicule automobile ne l’est absolument pas pour la commodité qu’est le besoin électrique du citoyen pour sa consommation quotidienne.

Quelles priorités ? Sécurité énergétique, coût pour le consommateur, qualité environnementale, compétitivité industrielle, climat ? Si on prend ces priorités, on répond nucléaire ou hydraulique, à l’évidence… Encore une fois, j’ai passé ma vie dans l’environnement et je n’ai rejoint EDF que tard dans ma vie professionnelle. Je n’étais pas a priori fanatique de telle ou telle énergie mais je reconnais la puissance et l’efficacité du nucléaire. Nous avions la meilleure filière industrielle nucléaire du monde qui faisait de la France l’exemple à suivre. C’est du passé.

À la question des défis que nous devons remporter, j’ai presque envie de répondre que nous avions remporté tous les défis. Il eût suffi de continuer ce que nous faisions, de le faire un peu mieux : améliorer l’efficacité des réseaux, mettre la valeur ajoutée par les nouvelles technologies au service de l’optimisation énergétique, exporter notre savoir-faire et développer la science française dans le monde. Bref, aller à la conquête du monde entier qui a besoin d’énergie.

On n’a pas parlé du continent africain et de ses 1,2 milliard d’habitants qui seront 2,5 milliards dans trente ans. Aujourd’hui 16 % des Africains ont accès à l’électricité (70 % ont un téléphone portable). Comment peuvent-ils vivre sur ce continent sans eau et sans électricité, y compris dans des villes multimillionnaires en habitants ? L’enjeu du monde, la bombe à retardement du monde, c’est l’Afrique ! On peut s’attendre à un déferlement migratoire. En effet, ce continent ne peut pas satisfaire les besoins de ses 1,2 milliard d’habitants actuels. Comment pourrait-il en accueillir 1,3 milliard de plus sans faire des investissements massifs en matière d’accès à ces sujets vitaux que sont notamment l’énergie et l’eau ? Cela nécessiterait des investissements en milliers de milliards de dollars, ne serait-ce que sur les infrastructures essentielles que sont les réseaux. Je ne parle même pas de la production. S’il y avait un défi énergétique je dirais que celui-là est prioritaire sur tout ce dont on parle en permanence mais qui n’est pas important. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on l’oublie.

Nous Français avons conçu, construit, à l’échelle d’un pays de taille moyenne mais très évolué, un outil remarquable qui a certes quelques défauts mineurs (un peu d’inertie, des problèmes de surcoûts en matière de frais de structures…). Pourquoi ne tirons-nous pas de cette compétence une certaine fierté ? Pourquoi ne ressentons-nous pas la nécessité de défendre ces acquis ? Si on raisonnait à l’échelle européenne et si possible mondiale de la même manière qu’a raisonné la France de 1950, le défi qui est devant nous serait en voie d’être remporté. Mais je crains que, pour des raisons souvent incompréhensibles, nous nous soyons éparpillés et que nous prenions beaucoup de retard par rapport à ces enjeux.

Je constate qu’au cours des dix dernières années on a régressé de manière considérable en matière de politique énergétique sur le continent européen.

Fin de citation.

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Asie, Pacifique / La lutte contre la corruption en Chine
« Dernier message par JacquesL le 17 octobre 2019, 10:51:41 pm »
La lutte contre la corruption en Chine
https://lesakerfrancophone.fr/la-lutte-contre-la-corruption-en-chine

Par Godfree Roberts – Le 26 septembre 2019 – Source Unz Review



Partout, depuis l’Antiquité, les gens craignent la corruption gouvernementale car, contrairement à la guerre ou à la fraude, les politiques corrompues paralysent les nations depuis des siècles. Aucune société n’a souffert autant que les Chinois d’une longue guerre contre la corruption officielle, ni n’a mené une guerre plus dure. Aujourd’hui cependant, même si l’histoire n’est pas terminée, elle s’approche d’un objectif qui pourrait donner envie au reste du monde et, comme la plupart des histoires chinoises, la leur est longue.


La corruption, qu’elle soit sporadique, pécuniaire, flagrante, discrète, majeure ou mineure, subvertit les gouvernements depuis qu’ils existent. Les politiciens romains étaient scandaleusement corrompus, le christianisme n’a pas réussi à les améliorer, et leur héritage d’impunité officielle, de corruption, de trafic d’influence, de favoritisme, de népotisme et de copinage, de fraude électorale, de détournement de fonds, de pots-de-vin, d’alliances contre nature et de participation au crime organisé nous accable et nous paralyse encore aujourd’hui.

La Chine, en revanche, a souvent bénéficié de gouvernements honnêtes et les fonctionnaires honnêtes sont chers aux cœurs des chinois depuis des millénaires. Le 5 mai 278 av. J.-C., après que le roi de Chu eut ignoré ses avertissements au sujet de la corruption officielle, le ministre d’État Qu Yuan 1 se noya dans la rivière Miluo en signe de protestation. Depuis ce jour-là, des bateaux-dragons fêtent la recherche de son corps. Les grands confucéens comme l’empereur Hongwu 2 ont combattu la corruption sans relâche :

Citer
Si j'avais complètement éradiqué les fonctionnaires corrompus en plus de ceux déjà emprisonnés, j'aurais eu affaire à deux mille hommes de deux préfectures seulement, des hommes sans occupation utile qui ont utilisé mon prestige pour opprimer les gens. Personne à l'extérieur du gouvernement ne savait à quel point ils étaient pourris, alors tout le monde disait que mes punitions étaient sévères, car ils ne voyaient que la sévérité de la loi et ne savaient pas que ces pourris avaient utilisé la bonne réputation du gouvernement pour se livrer à de mauvaises pratiques. Le matin, j'en punissais quelques-uns et, le soir, d'autres avaient commis les mêmes crimes. Je punissais ceux-là le soir même et le lendemain matin, il y a eu d'autres violations ! Les cadavres des premiers n'étaient pas encore enlevés que d'autres étaient déjà alignés pour suivre leur chemin, jour et nuit ! Plus la punition est sévère, plus il y a de violations. Je ne savais pas quoi faire, mais je ne pouvais pas me reposer. Si j'étais clément, la loi devenait inefficace, l'ordre se détériorait, les gens me croyaient faible et se livraient à des pratiques encore plus mauvaises. Si je les punissais, les autres me considéraient comme un tyran. Comment peut-on mener une vie paisible dans de telles circonstances ? Vraiment, ma situation était épouvantable.
Les confucéens combattaient la corruption plus efficacement que les Romains, en partie grâce à la participation du public. Le peuple conserva le droit de retirer le Mandat du Ciel – et, selon la Constitution, c’est encore le cas – et de nombreux gouvernements ont connu des fins effroyables en ne respectant pas les Quatre Principes – la propriété, la justice, l’honnêteté et l’honneur – ou si leurs fonctionnaires manquaient des huit vertus – loyauté, piété filiale, bienfaisance, amour, intégrité, justice, harmonie et paix.


punition corruption

Dès les premiers jours, on interdisait aux fonctionnaires transférés dans les provinces d’amener leurs parents de peur que leurs besoins ne soient en conflit avec ceux de l’Empereur. Ils étaient soumis à une rotation tous les trois ans et, après chaque rotation, leurs successeurs étaient encouragés à signaler les écarts par crainte d’être accusés à leur place. Les fonctionnaires du palais étaient régulièrement transférés d’un département à l’autre et les personnes gravement corrompues étaient étranglées et leurs familles vendues en esclavage.

Tous les Chinois, qu’il s’agisse d’humbles agriculteurs ou d’éminents politiciens, connaissent cette histoire et comprennent que la promotion d’hommes honnêtes à la direction est le moyen de prévenir la corruption. Beaucoup de personnes encore vivantes ont vu comment un siècle de chaos a dévasté la moralité publique, comme Mao l’observait lors d’une campagne anti-corruption en 1950 : « Aujourd’hui, on peut acheter un secrétaire de département pour quelques paquets de cigarettes, sans parler de le marier à une de vos filles ». Le slogan de Mao, « Les masses ont les yeux tranchants », encourageait les gens à dénoncer les actes répréhensibles et la corruption a chuté de façon spectaculaire. Son insistance à ne faire honte qu’aux fonctionnaires corrompus a fonctionné parce que, selon Sydney Rittenberg 3, « Personne ne fermait sa porte. Les banques – il y avait une succursale bancaire locale à de nombreux coins de rue – avaient leur porte grande ouverte, la monnaie était empilée sur la table à la vue de tout le monde, il n’y avait pas de gardes et il n’y avait jamais de braquage de banque ».

Comme le montrent ses progrès, la Chine de l’après-guerre était exempte de corruption au niveau de l’élaboration des politiques, par contre, surtout pendant les quarante années de réforme et d’ouverture, la corruption à un niveau inférieur a prospéré. Anticipant cela, en 1980, les planificateurs ont remanié les incitations des fonctionnaires pour qu’ils soient effectivement récompensés d’avoir accéléré l’exécution du plan, explique Yukon Huang 4, « Le système a contré les aspects de la corruption qui inhibaient la croissance en fixant des objectifs d’investissement et de production qui incitaient les fonctionnaires locaux à favoriser l’expansion. Cela a favorisé les objectifs de sorte que, même lorsque la corruption prospérait, les collaborateurs faisaient tout de même de la croissance le principe directeur de leurs actions. Cette situation a été renforcée par la concurrence entre les localités pour atteindre les objectifs et soutenir les réformes économiques visant à améliorer la productivité. L’élément concurrentiel a contribué à réduire les déchets et à assurer un minimum d’efficacité malgré le degré élevé d’intervention de l’État dans les activités commerciales. » Mais parfois, comme tout au long de l’histoire chinoise, les choses dérapaient.

En 1999, Pékin a secrètement envoyé des détectives au port de Xiamen, à la suite d’informations sur la contrebande, mais les contrebandiers ont mis le feu à l’hôtel où logeaient les enquêteurs et les ont tués pendant leur sommeil. Le lendemain, à la télévision nationale, le premier ministre Zhu Rongji a déclaré la guerre et commandé cent cercueils, « Quatre-vingt-dix-neuf pour les escrocs et un pour moi. » Des détectives de tout le pays ont convergé vers la ville et ce qu’ils ont trouvé les a stupéfaits : quatre millions de tonnes de carburant diesel importé avaient contourné les douanes en seulement deux ans. Ils ont traqué des centaines de suspects, enfermé des évadés dans un hôtel local avec des gardes armés à chaque étage et passé trois ans à élucider une affaire si complexe que les dossiers des douanes étaient à eux seuls supérieurs à un immeuble de dix étages. Le gang avait soudoyé le vice-ministre de la Sécurité publique, Li Jizhou, par l’intermédiaire de sa femme et de sa fille, et Li et treize autres personnes ont été condamnés à mort, sa femme à trente mois de prison et trois cents fonctionnaires ont été jugés pour avoir aidé ou encouragé les criminels. Le chef de file, Lai Changxing, un fermier devenu contrebandier, s’est enfui au Canada, a été extradé et emprisonné à vie en 2009.

Après dix ans de liberté économique, l’économie fut en plein essor, mais les critiques se plaignaient encore de la corruption endémique, oubliant que le cycle d’alternance de politiques libérales et conservatrices est aussi vieux et prévisible que la lune. La croissance rapide avait résolu de nombreux problèmes, mais un nouveau cycle était annoncé par un scandale de népotisme, une forme de corruption à laquelle la Chine, centrée sur la famille, est particulièrement vulnérable. L’empereur han, Wu, a freiné le népotisme en examinant, au IIe siècle av. J.-C. et seize siècles plus tard, deux cent soixante-dix-neuf hauts fonctionnaires dont les antécédents familiaux étaient connus 5, moins de la moitié avaient des aïeux au gouvernement (en 2018, c’est un sixième).

En 1985, Bo Xilai, fils d’un Immortel révolutionnaire et camarade de classe de Xi Jinping, a ignoré les appels de son père à rester en dehors de la politique : « Vous ne savez rien des souffrances des gens ordinaires et vous voulez simplement profiter de mon nom ». Xilai a cultivé une image charismatique, a été nommé l’une des personnes les plus influentes par The Times, est rapidement devenu gouverneur provincial et a fait campagne publiquement pour un poste ministériel. Mais, comme le disait à l’époque Cheng Li, un érudit conservateur, « personne ne lui fait vraiment confiance. Beaucoup de gens ont peur de lui, y compris plusieurs princes rouges [des enfants de membres haut placés du Parti Communiste Chinois, NdT] qui sont censés être sa base de pouvoir. » Michael Wines a écrit que, bien qu’il possédait un charisme prodigieux et une intelligence profonde, « il possédait une indifférence travaillée pour les vies brisées qui ont jonché son chemin vers le pouvoir… l’impitoyabilité de M. Bo était réputée. » Avec l’aide du ministre de la Justice Zhou Yongkang, Bo avait même mis sur écoute le président Hu.

Malgré une résistance interne considérable, la vice-premier ministre Wu Yi, la plus haute femme de l’administration du pays, a exigé une enquête ouverte et, en 2012, un procès a révélé que Bo possédait des propriétés coûteuses dans le monde entier et que sa femme avait tué un agent britannique. Ils ont été emprisonnés à vie et ont rejoint une longue lignée d’élites déshonorées comme le petit-fils du chef de l’État chinois et fondateur de l’Armée rouge, Zhu De, qui a été exécuté pour viol, et Yan Jianhong, épouse du puissant secrétaire du parti Guizhou, qui a été exécutée pour corruption.

Avec la prospérité au rendez-vous et la corruption de l’élite combattue, le Congrès a élu Xi Jinping, le fonctionnaire le plus honnête et le plus compétent de sa génération, pour succéder au président Hu. Au cours de sa première année d’existence, la campagne de lutte contre la corruption de Xi a vu dix mille fonctionnaires passer à la trappe pour avoir dissimulé des informations et cent trente mille personnes ont été rétrogradées ou sanctionnées pour avoir fait de fausses déclarations. En 2016, les procureurs avaient inculpé de corruption soixante-trois hauts fonctionnaires et ministres, libéré les aveux de cinquante-sept mille membres du Parti qui ont restitué leurs vols et accepté des rétrogradations, et condamné à mort le secrétaire corrompu du Parti du Yunnan, Bai Enpei. En 2018, les escouades de lutte contre la corruption avaient enquêté sur 1,3 million de bureaucrates, déposé un million d’actions en justice, publié cent mille actes d’accusation, capturé des milliers de fugitifs à l’étranger et emprisonné ou exécuté cent vingt hauts responsables – dont cinq dirigeants nationaux, douze généraux, une dizaine de PDG et Sun Zhengcai, ancien chef du parti Chongqing, condamné à la prison à vie pour corruption massive. Après qu’une explosion industrielle survenue à Tianjin en 2019 ait tué cent soixante-cinq personnes, le magistrat qui a constaté que la petite corruption avait conduit à une faible application du code, a condamné le fonctionnaire responsable à mort et a emprisonné quarante-neuf de ses collègues.

Les inspections inopinées lancées par les inspecteurs anti corruption ressemblent maintenant aux contrôles antidopage des athlètes d’élite. Une équipe d’inspection de l’Anhui a téléphoné quatre fois à un fonctionnaire entre 19 h 31 et 19 h 35, un soir, au sujet de ses efforts de lutte contre la pauvreté. Il prenait une douche et, comme il ne répondait pas, ils l’ont dénoncé pour obstruction et ont demandé à le congédier. Heureusement, grâce aux médias sociaux, le public est venu à sa défense et il a été disculpé.

Sachant que 10 % de leurs déclarations feront l’objet d’une vérification, même les fonctionnaires adjoints de comté déclarent maintenant leur état matrimonial, leurs voyages à l’étranger, leur casier judiciaire, leur salaire, leurs autres revenus, leurs biens familiaux, leurs actions, leurs fonds, leur assurance et leurs placements. S’ils refusent de répondre aux questions, ou s’ils sont de connivence avec des complices ou les protègent, ils sont détenus immédiatement.

Les bureaucrates, en particulier les ambitieux, font l’objet d’un examen de plus en plus minutieux à mesure qu’ils avancent, explique Zhao Bing Bing 6 : « Les critères de sélection sont : une personne doit posséder à la fois des aptitudes et une intégrité morale et cette dernière doit être prioritaire ». Les fonctionnaires de rang intermédiaire doivent déclarer leurs propres biens et ceux de leurs parents, de leurs épouses, de leurs enfants, de leurs conjoints et cousins, des enfants issus de mariages antérieurs, des enfants nés hors mariage et des enfants en famille d’accueil. Ils doivent déclarer leurs revenus, leurs économies, leurs biens immobiliers, leurs portefeuilles d’actions, leurs polices d’assurance, leurs fonds communs de placement, leurs obligations, leurs actifs dans des comptes à l’étranger et « les revenus comprennent le salaire et les diverses primes, allocations, subventions et paiements que vous recevez de conférences, de rédaction, de consultation, de révision, de peinture et de calligraphie ». explique un descendant d’une famille importante :

Citer
Je suis membre du Parti en Chine et toute ma famille est membre du Parti. Ce que je pense de Xi, c'est que la vie a vraiment changé après son arrivée au pouvoir. Un de mes proches travaille pour le gouvernement en tant que gouverneur dans ma ville, Chengdu (qui est une grande ville comme Beijing ou Shanghai), alors mes proches et moi faisions partie de la hiérarchie privilégiée. On ne payait rien quand on sortait dîner, c'est le Parti qui payait. Nous ne payions rien pour faire le plein d’essence, le Parti payait. Il semble que nous n'avions pas besoin de payer quoi que ce soit avec nos salaires, parce que soit le Parti payait, soit quelqu'un allait payer pour nous (pour nous flatter). Je fumais ce qu’il y avait de mieux, je buvais le meilleur, parfois même je conduisais sans permis quand j'étais ivre, parce que je ne craignais personne.

Dans le passé, oui, nous avions des privilèges partout, et c’est vrai que je me sentais si arrogant d'être supérieur aux autres. Mais le problème, c'est que c’était donnant donnant. Nous avons dû boire beaucoup d'alcool pour montrer du respect aux autres, nous avons dû accepter des pots-de-vin même si nous savions que c'était risqué, parce que nous devions considérer notre clan (et l'intérêt de mon patron). Nous avons dû faire beaucoup de choses que nous ne voulions pas faire, mais telle était la règle de vie au Parti, nous nous souciions plus de l'intérêt du Clan que du nôtre. C'est ce qui nous unissait. Nous subissions beaucoup de menaces de la part des gens du peuple, des collègues et des patrons. Nous ne pouvions pas garder nos propres passeports, le Parti les gardait pour empêcher toute fuite.

Mais la vie a changé après l'arrivée au pouvoir de Xi, il a fait de vraies choses pour la lutte contre la corruption. Personne n'ose offrir de cadeaux aux gouverneurs et l'utilisation abusive des fonds publics est strictement contrôlée. Le Parti a repris les voitures de fonction à ma famille et nous devons même payer nos frais de stationnement maintenant ! Mais... ma famille et moi en sommes heureux, nous sommes reconnaissants au Président Xi. Parce qu'il a l'air de mener la Chine vers un avenir plus sain. Mes proches n'ont pas besoin de sortir dîner avec d'autres gouverneurs, ils n'ont pas besoin d'avoir des rapports sociaux tous les jours, ils n'ont pas besoin de boire autant à table. Et ils commencent à apprendre à payer la facture à tour de rôle, parce que le Parti ne le fera plus à leur place. Ils commencent à apprendre à prendre le bus ou le métro. C'est bien, en fait. Les gens commencent à comprendre quel genre de mode de vie est appelé "sain", ils sont plus humains maintenant, et non plus des idiots prétentieux accrochés à leur pouvoir. C'est comme ça que notre vie a changé après l'arrivée de Xi.
La vie des ministres de haut rang est devenue d’une transparence extrême. Leurs activités privées sont passées au crible et leurs enfants doivent adopter des noms d’emprunt pour éviter qu’on ne les utilise. Leurs réunions doivent être accompagnées d’observateurs tiers, car les nominations individuelles sont considérées comme une preuve de manquement à la déontologie. Un dossier de dettes publiques excessives ou de mauvaise qualité est traité comme une preuve prima facie de corruption et fait automatiquement l’objet d’une enquête. Les hauts fonctionnaires font l’objet d’une vérification annuelle après leur départ à la retraite, demeurent responsables des conséquences de toutes leurs décisions jusqu’au jour de leur décès et, même alors, des dispositions de récupération de biens peuvent s’appliquer.

Xi a invité les amateurs de lutte contre la corruption à se joindre à la campagne et Pékin publie une feuille de score mensuelle. Les citoyens s’adressent au comité des règles et de la discipline (fondé sous la dynastie Tang) au numéro 12388 et affichent souvent des accusations et des photographies de preuves sur les médias sociaux en demandant des témoins supplémentaires. Les médias sociaux ont rendu les yeux du peuple plus aiguisés. Des citoyens du net, après avoir scruté une photo aux informations ont remarqué que le patron de la sécurité au travail de la province de Shaanxi souriait d’un large sourire alors qu’il évaluait l’épave tordue d’un autobus et d’un camion pétrolier à la suite d’un accident qui a fait 36 morts. Ils ont repéré sa montre de grande valeur et leur dénonciation a provoqué une enquête qui a expédié Yang Dacai, dit Brother Watch, en prison pour quatorze ans pour avoir accepté un million de dollars en pots-de-vin.


corruption china 2

De nos jours, les visiteurs brûlent de l’encens dans les sanctuaires des grands combattants de la corruption, la lutte contre la corruption officielle représente toujours la moitié de tous les feuilletons TV chinois, et des millions de téléspectateurs regardent les épisodes du « juge Bao » Zheng, l’incorruptible préfet de la capitale en l’an 1000 av. J.C.. Une autre série télévisée populaire, « Au nom du peuple », dépeint les luttes de pouvoir actuelles au sein du parti dans la ville fictive de Jingzhou. Là-bas, un procureur et une poignée de fonctionnaires locaux honnêtes aident les travailleurs licenciés à protester contre un marché foncier corrompu, à déjouer les bureaucrates corrompus qui sabotent un mandat d’arrêt et à arrêter les faux policiers qui rasent les maisons des honnêtes citoyens. Les scénaristes de l’émission disent qu’ils ne manquent pas de matériel pour leur inspiration.

La campagne de lutte contre la corruption est extrêmement populaire et, à tout point de vue, couronnée de succès. En 2018, 83 % des Chinois déclaraient que le gouvernement dirigeait le pays dans l’intérêt de tous et 93 % disaient qu’ils lui faisaient confiance, chiffres qui rivalisent avec ceux de la Suisse et de la Finlande. Mais ce n’est qu’un prélude à ce qui sera probablement la contribution la plus mémorable de Xi à l’histoire chinoise, la création de la Commission de supervision Nationale 7.

Jusqu’en 2018, le travail de lutte contre la corruption était partagé par le Bureau national de prévention de la corruption, qui recommandait des politiques anticorruption et assurait la coordination internationale de la lutte contre la corruption. Le Parquet populaire suprême enquêtait sur divers types d’actes répréhensibles. La Commission centrale d’inspection disciplinaire imposait la loyauté envers le parti, la lutte contre la corruption, les exigences éthiques et de mode de vie parmi les fonctionnaires et les hauts fonctionnaires qui sont membres du parti, mais remettait les preuves criminelles à l’État pour qu’il engage des poursuites. Le Ministère du contrôle, le Ministère de la surveillance, le Ministère de la sécurité sociale, supervisaient les fonctionnaires qui n’étaient pas membres du Parti, enquêtaient sur les pots-de-vin, les détournements de fonds publics et d’autres violations liées à leur travail.

La Commission regroupe ces fonctions au sein d’une quatrième branche, indépendante du gouvernement, qui a le même rang que la Cour suprême et le ministère de la Justice. En tant qu’organisme le plus puissant au monde, il a recours à la législation, à la technologie numérique (y compris la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle), au regard aiguisé de la population et à de grands pouvoirs d’enquête. Dans le but de rendre la corruption impossible, elle centralise tous les processus de lutte contre la corruption et exerce son autorité sur tous les fonctionnaires à l’intérieur et à l’extérieur du Parti, le gouvernement, les congrès du peuple, les commissions locales de contrôle, les tribunaux populaires et le parquet, les huit partis démocratiques, les fédérations industrielles et commerciales et tous ceux qui travaillent ou sont consultants dans les organisations gérant les affaires publiques. Avec des pouvoirs étendus pour interroger, fouiller, mettre sur écoute, détenir des suspects et geler leurs avoirs, son mandat s’étend aux directeurs d’entreprises d’État, d’organismes publics d’éducation, scientifiques, de recherche, culturels, de soins de santé, sportifs et autres, de groupes de réflexion, de comités de résidents des villages et des villes et de « tout autre personne exerçant des fonctions publiques et supervisant les organismes anticorruption aux niveaux provincial, municipal et des districts ».

Le Congrès nomme les cadres supérieurs de la Commission et Yang Xiaodu, son premier directeur a été, comme Xi, un jeune qui a exercé un travail manuel dans la province d’Anhui pendant la Révolution culturelle. Le personnel n’a pas besoin d’être membre du Parti, mais il ne peut jamais travailler dans une autre branche du gouvernement pour le reste de sa vie. La Commission est un organe politique, et non administratif, et elle est exempte des contraintes procédurales et matérielles considérables qui pèsent sur les organes administratifs tels que la police. Bien que la loi exige de la commission qu’elle verse une indemnisation « conformément à la loi » en cas de violation des droits et intérêts légitimes des personnes, elle ne prévoit pas un droit de recours devant les tribunaux, mais autorise les suspects à faire appel aux organes supérieurs pour le réexamen des décisions de la Commission et à contester d’éventuels comportements illicites comme une détention prolongée.

Si la Commission arrive à son objectif de rendre la corruption impossible, les citoyens reconnaissants créditeront Confucius et le Premier Empereur d’avoir limité le pouvoir politique à une seule génération et de l’avoir confiné à ceux qui font preuve d’honnêteté et d’intelligence. Ils reconnaîtront à la dynastie actuelle le mérite d’avoir mis à l’épreuve les fonctionnaires et imposé une transparence extraordinaire, d’avoir eux-mêmes refusé de tolérer la corruption et remercieront Xi Jinping d’avoir créé l’organisme de lutte contre la corruption le plus puissant de l’histoire. Si l’on ne regarde que dix ans en arrière, il est difficile de croire que la non corruption en Chine est sur la bonne voie pour rivaliser avec celle de Singapour, d’ici 2021.

Godfree Roberts

Traduit par Wayan, relu par Kira pour le Saker Francophone

1. Qu Yuan, 340-278 av. J.-C., était un fonctionnaire du royaume Chu et un ministre du gouvernement qui a écrit certains des plus grands poèmes de l’histoire chinoise. ?
2. De Huáng-Míng Z?xùn (Instructions de l’Ancêtre du l’auguste Ming), admonitions laissées à ses descendants par l’Empereur Hongwu Zhu Yuanzhang, fondateur de la dynastie Ming (1368 à 1644) ?
3. An old friend of the party assesses China’s new leaders. Rob Schmitz. Marketplace. November 19, 2012 ?
4. Yukon Huang était l’administrateur de la Banque mondiale pour la Chine. ?
5. China’s Meritocratic Examinations and the Ideal of Virtuous Talents. Xiao, H., & Li, C. (2013). In D. Bell & C. Li (Eds.), The East Asian Challenge for Democracy: Political Meritocracy in Comparative Perspective: Cambridge University Press ?
6. Daniel Bell and Zhao Bing Bing, The China Model. ?
7. La Commission de supervision nationale a été créée lors de la première session de la 13e Assemblée populaire nationale en 2018 et a absorbé la Commission centrale d’inspection disciplinaire du Parti communiste chinois. ?
4
Et si l'énergie alternative n'est pas du tout ce qu'elle est censée être ?

Un article paru dans Associated Press sur un film du réalisateur Michael
Moore.

LOS ANGELES (AP) - Et si l'énergie alternative n'est pas tout ce qu'elle
est censée être ? C'est la question provocatrice explorée dans le
documentaire "Planète des humains", soutenu et promu par le cinéaste
Michael Moore et réalisé par un de ses collaborateurs de longue date. Il
a été présenté en première la semaine dernière à son Festival du film de
Traverse City.

Le film, qui n'a pas encore été distribué, est un examen à petit budget
mais percutant de ce que les cinéastes disent être les fausses promesses
du mouvement environnemental et pourquoi nous sommes toujours
"dépendants" des combustibles fossiles. Le directeur Jeff Gibbs s'attaque
aux voitures électriques, aux panneaux solaires, aux éoliennes, à la
biomasse, aux biocarburants, aux principaux groupes écologistes comme le
Sierra Club, et même à des personnalités comme Al Gore et Van Jones, qui
a été le conseiller spécial de Barack Obama pour les emplois verts, et à
Bill McKibben, leader du 350.org et défenseur des mouvements écologiques
et du changement climatique.

Gibbs, qui a produit "Bowling for Columbine" et "Fahrenheit 9/11" de
Moore, n'avait pas l'intention de s'attaquer au mouvement
environnemental. Il a dit qu'il voulait savoir pourquoi les choses ne
s'amélioraient pas. Mais quand il a commencé à tirer sur le fil, lui et
Moore ont dit qu'ils étaient choqués de constater à quel point l'énergie
alternative est inextricablement liée au charbon et au gaz naturel,
puisqu'ils disent que tout, des éoliennes aux stations de charge des
voitures électriques, est relié au réseau, et même comment deux des
frères Koch - Charles et David - sont liés à la production de panneaux
solaires par leur entreprise de production de verre.

"Il s'est avéré que l'appel au réveil concernait notre propre camp ", a
déclaré Gibbs lors d'une interview téléphonique. "C'était un peu écrasant
de découvrir que les choses auxquelles je croyais n'étaient pas réelles,
tout d'abord, et ensuite de découvrir non seulement que les panneaux
solaires et les éoliennes ne vont pas nous sauver... mais (aussi) qu'il y
a tout ce côté obscur de l'argent des entreprises... J'ai compris que ces
technologies n'étaient qu'un autre centre de profit."

Les deux savent que le film va être une "pilule difficile à avaler". Ce
fut une révélation difficile pour eux aussi.

Nous voulons tous nous sentir bien avec quelque chose comme la voiture
électrique, mais à l'arrière de votre tête, quelque part où vous avez
pensé : " Oui, mais d'où vient l'électricité ? Je ne veux pas y penser,
je suis content que nous ayons des voitures électriques ", a dit M.
Moore. "Je suis passé à côté des fermes d'éoliennes, et c'est si beau de
les voir partir, et ne me dites pas que nous sommes allés trop loin
maintenant et que ça ne va pas nous sauver... Eh bien, j'ai l'impression
que tout m'a frappé. Je suis comme si on s'en occupait maintenant, d'un
seul coup."

C'est en partie la raison pour laquelle ils ont dû le faire
indépendamment. Gibbs a dit qu'il a essayé pendant des années d'obtenir
l'aide d'un groupe environnemental pour compenser les coûts, mais qu'on
lui a refusé à chaque porte. Il a été encore plus découragé lorsque, dans
le film, il s'est adressé à des gens comme Jones, McKibben et un
dirigeant du Sierra Club local, et leur a demandé quelle était leur
position sur les biocarburants et la biomasse. La biomasse, tout comme le
bois et les déchets, peut être utilisée pour produire de la chaleur et
est considérée comme une source d'énergie renouvelable. Il peut également
être converti en biocarburants gazeux ou liquides qui peuvent être brûlés
pour produire de l'énergie.

Il trouve que chacun est mal préparé à commenter sa position sur le
processus de biomasse qui, selon le documentaire, nécessite l'abattage
d'un nombre énorme d'arbres pour produire les copeaux de bois qui sont
convertis en énergie. Ni Jones ni McKibben n'ont répondu à la demande de
commentaires de l'Associated Press.

"J'aime tant de gens dans le film et je suis de ceux qui ont voulu croire
toutes ces années que c'était la bonne voie ", a dit Moore. "(Mais) Je
refuse de nous laisser mourir. Je refuse de laisser cette planète mourir."

Ils étaient même nerveux à l'idée de le montrer à la foule du festival,
où ils s'attendaient à une "réponse 50-50". Au lieu de cela, ils ont reçu
une ovation debout. Et il y avait même des membres du Sierra Club.

"C'est à des gens qui partagent les mêmes valeurs de s'appeler parfois
les uns les autres et de faire ressortir les vérités inconfortables ", a
dit M. Gibbs. "Ce n'est pas un film des négationnistes du changement
climatique, c'est un film de gens qui se soucient vraiment de
l'environnement."

Même si les résultats seront décourageants, Gibbs et Moore disent espérer
que cela incitera les gens à se réinitialiser et à commencer à penser
différemment.

"Maintenant, nous pouvons commencer à trouver les bonnes solutions qui
pourraient faire une différence... Le film n'a pas les réponses, mais il
nous permettra de poser une meilleure série de questions ", a déclaré
Gibbs. "J'ai vraiment confiance que lorsque des millions de personnes
discutent d'une question, des réponses émergeront... C'est ce que nous
faisons en tant qu'humains, nous résolvons des problèmes, mais nous
devons avoir les bonnes questions."

Traduit avec www.DeepL.com/Translator

Auteur : Paul Aubrin
Message-ID: <5d9a295d$0$3379$426a34cc@news.free.fr>
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Amérique / Venezuela. Comprendre la guerre qui vient (1/5)
« Dernier message par JacquesL le 06 octobre 2019, 07:27:36 pm »
Venezuela. Comprendre la guerre qui vient (1/5)
https://lesakerfrancophone.fr/venezuela-comprendre-la-guerre-qui-vient-15


Une guerre hybride contre le Venezuela a déjà commencé. Et une offensive d’envergure est en train de se préparer contre le pays caribéen, que seule la capitulation totale, ou la disparition du camp bolivarien, pourraient endiguer. Comme ces options ne sont pas à l’ordre du jour, le conflit militaire contre le Venezuela prend chaque jour un peu plus forme.

Comment comprendre la guerre qui s’annonce? Quels seront les acteurs impliqués dans ce conflit ? Quelles seront les stratégies mises en place pour dévaster le pays ? Dans cette analyse en cinq parties
[Que le Saker Francophone publiera sur les quatre prochains jours à 12h00] nous tenterons d’apporter des éléments de réponse pour que nos lecteurs comprennent toutes les dimensions d’un affrontement qui paraît inéluctable.

Par Romain Migus ? Source  Venezuela en vivo

Le rôle des USA et de leurs alliés


Romain Migus.
Le 23 janvier 2019, date de la tentative de coup d’Etat contre le président vénézuélien Nicolas Maduro, le président des États-Unis, Donald Trump a réitéré les menaces militaires contre le Venezuela, qu’il avait proférées dès août 2017 1. Cette déclaration tend à confondre le citoyen sur la réalité vénézuélienne. Elle suppose que la guerre contre ce pays est une option alors qu’elle a déjà commencé depuis plusieurs années. La guerre de quatrième génération, théorisée par des stratèges étatsuniens dès octobre 1989, est devenu l’option belliqueuse pour affronter un peuple et un gouvernement 2. Ce nouveau type de guerre est multiforme, contre le peuple dans son ensemble, et non plus contre une armée.

Le Venezuela affronte de multiples fronts de cette guerre totale. Tout d’abord le front diplomatique, qui vise à l’isoler sur la scène internationale et le front institutionnel, qui a pour but de faire s’affronter des pouvoirs factices avec les pouvoirs légitimes du Venezuela. Le front médiatico-psychologique s’étend non seulement au peuple vénézuélien dans son ensemble, mais aussi aux cerveaux de tous les citoyens dans le monde, considérés de fait comme des cibles de guerre. La guerre économique, le blocus financier et les sanctions contre le Venezuela font partie du front économique visant à étrangler lentement les habitants du Venezuela 3. Enfin, le front militaire et la guerre asymétrique. Dans cette guerre de quatrième génération qui, rappelons-le encore une fois, a déjà commencé au Venezuela, il n’y a pas ni d’étape ni de hiérarchie entre les différents fronts. C’est une offensive guerrière totale et permanente, où tous les éléments sont imbriqués.

Dans l’imaginaire collectif, la guerre doit être immédiatement intelligible et compréhensible par tout un chacun. Depuis 1991, et la médiatisation de la guerre du Golfe, la plupart des citoyens s’attend à une retransmission en direct des actions militaires. Les guerres en Irak (1991, 2003), celle en Yougoslavie (1999), ou en Afghanistan (2001) ont évidemment profondément marqué les esprits. Nous gardons tous en mémoire les bombardements, le débarquement de troupes au sol, et la mise à mort ou l’arrestation de celui désigné comme le méchant.

Les permanentes déclarations du président Trump ont réactivité cet ensemble de représentations commune dans l’imaginaire des citoyens des pays occidentaux. Elle a eu aussi pour conséquence de laisser entendre que la guerre n’avait pas commencé puisque le spectateur occidental ne l’a pas encore vue, que les images traditionnelles auxquelles il associe la guerre ne sont pas encore disponibles dans les médias.

L’opinion publique occidentale s’est habituée à une stratégie de guerre qui n’a plus cours. La grande majorité des citoyens européens et nord-américains ne disposent pas des éléments pour comprendre les nouvelles stratégies militaires des États-Unis. En conséquence, il leur est extrêmement difficile de saisir le développement, les enjeux et les évolutions des nouveaux théâtres d’opération des USA dans le monde. C’est une des raisons qui explique, partiellement, pourquoi il n’y eu aucun mouvement de masse contre les guerres menées contre la Libye ou contre la Syrie, à la différence des opérations militaires antérieures.

Penser la guerre au Venezuela dans des termes traditionnels, et sans la replacer dans la stratégie intégrale des États-Unis, nous empêche de comprendre comment se prépare l’offensive militaire contre le pays bolivarien.

L’objectif des États-Unis et le rôle des voisins du Venezuela

Contrairement aux représentations traditionnelles des conflits guerriers, il ne faut probablement pas s’attendre à une invasion de troupes étasuniennes au Venezuela. D’une part, les États-Unis ne sont pas intervenus directement dans la région depuis 30 ans (Panamá), d’autre part le coût politique et économique serait trop élevé. Il entrainerait une guerre civile très longue, et obligerait les États-Unis à s’enliser dans l’occupation du territoire et à affronter une population hostile, dont une bonne partie est entrainée militairement. Cette option semble n’avoir d’ailleurs jamais eu les préférences de l’administration US 4. C’est pourquoi le président Trump a, dès 2017, sondé certains gouvernements de droite de la région sur la possibilité de lancer une guerre par procuration depuis les pays voisins du Venezuela.

Là encore, le locataire de la maison blanche s’est vu administrer une fin de non recevoir. Les militaires brésiliens, qui de facto, se sont imposés au Palais de Planalto, voient d’un très mauvais œil la création d’un foyer de déstabilisation sur leurs frontières. L’armée redoute, à juste titre, qu’un conflit armé dans cette zone menace leur souveraineté et leurs intérêts stratégiques sur l’Amazonie brésilienne.

Quand à la Colombie, son État-major est parfaitement conscient qu’envoyer des troupes au Venezuela reviendrait à abandonner de larges portions de territoires non seulement aux protagonistes du conflit interne qui ronge la Colombie depuis des décennies, mais aussi aux bandes criminelles et aux paramilitaires qui pullulent dans le pays. Un conflit avec le Venezuela aurait des conséquences tragiques sur tout le territoire colombien.

Autre argument et de poids, les armées voisines connaissent désormais la nouvelle force de frappe vénézuélienne. Depuis l’accession au pouvoir d’Hugo Chávez, le Venezuela a considérablement renforcé ses capacités militaires, notamment grâce à des accords de coopérations avec la Russie, et l’achat de matériel russe et chinois. La capacité de défense anti-aérienne (Buk-M2, S-125 Pechora, S-300, radars JYL 1 3D et JY1 B, mais aussi l’acquisition en masse de missiles sol-air portatifs Igla-S, et la formation de nombreux miliciens à son maniement) rend très risqué l’appui tactique de forces aériennes. Et même si une improbable opération au sol était lancée depuis les pays voisins, il faudrait affronter une armée professionnelle préparée5, et le Peuple en arme réuni au sein de la Milice Nationale Bolivarienne. En effet, depuis 2005, le Venezuela a radicalement changé sa doctrine militaire en l’adaptant aux techniques de la guerre asymétrique6. A cet effet, le gouvernement a créé ce nouveau corps d’armée, qui compte aujourd’hui deux millions de membres. Envahir le Venezuela est une opération très compliquée, y maintenir une force d’occupation étrangère en pacifiant le pays relève de la chimère.

Ajoutons que depuis l’auto-proclamation de Juan Guaido comme président, le 23 janvier 2019, l’École supérieure de guerre de l’armée vénézuélienne a formé plus de 300 correspondants de guerre, en les entrainant aux cotés des bataillons de ses forces armées. Il serait donc très difficile pour quiconque envoie des troupes au Venezuela de masquer des pertes humaines à sa propre population. Aux risques militaires s’ajoute le risque politico-électoral pour ceux qui assumeraient, seuls, un tel projet.

Si la Colombie est l’unique pays latino-américain associé à l’OTAN, rappelons que le Venezuela a des partenaires diplomatiques et commerciaux de poids, ainsi que des accords technico-militaires avec plusieurs pays dont la Russie et Cuba. Le pays pourrait alors devenir une poudrière qui ne garantirait pas aux voisins belligérants que leur intégrité territoriale en sorte indemne7.

Malgré les gesticulations des présidents colombien et brésilien, il semble peu probable que la volonté des États-Unis de provoquer un conflit par procuration entraine ces pays à assumer, seuls, le poids de la guerre contre le Venezuela.

En revanche, rien ne les empêcherait d’intervenir dès lors qu’un conflit interne ou des provocations sous faux drapeaux leur en donnerait le prétexte. Mais il s’agirait dans ce cas de contenir la guerre hors de leurs frontières, et soutenir logistiquement le camp anti-bolivarien. Les déplacements récurrents de hauts responsables militaires des États-Unis en Colombie et les réunions entre les diplomates brésiliens avec le secrétaire d’État Mike Pompeo semblent avérer que ces pays seront tout de même impliqués dans le chaos guerrier à venir sans que leurs armées aient à assumer en intégralité le rôle d’agresseur.


mingus1

Par ailleurs, si une invasion des États-Unis reste peu probable, Washington n’en est pas moins sur le pied de guerre8. Le 13 mai 2019, dans un geste anti-patriotique historique, Juan Guaido a demandé la coopération des militaires étasuniens pour intervenir dans son propre pays9. Or le Venezuela est entouré de bases étasuniennes qui ne manqueront pas de servir d’appui militaire à un conflit armé. Les États-Unis disposent, en effet, de sept bases en Colombie, et de plusieurs autres dans les Caraïbes. Le 13 février 2019, l’État cubain dénonçait, en ce sens, l’installation de forces spéciales des États-Unis à Porto Rico et en République Dominicaine. Quand aux bases de Washington dans les Antilles néerlandaises, elles prennent une dimension particulière, se trouvant à quelques dizaines de kilomètres de la principale raffinerie du Venezuela 10.

Les installations des États-Unis dans cette zone pourraient servir à réaliser le blocus naval souhaité par Washington contre le Venezuela11. Cela ne manquerait pas de transformer les caraïbes en un théâtre d’opération militaire qui aurait pour conséquence de transposer la guerre aux portes de la France (et des Pays-Bas), et d’entrainer ces pays dans un conflit dont ils ne sont pas les initiateurs. En effet, en vertu du traité du 17 juillet 1980, la frontière entre la République française et celle du Venezuela est fixé par le méridien 62 degrés 48 minutes 50 secondes, situé au large de la Guadeloupe et de la Martinique12.

Bien que l’offensive militaire ait déjà commencé au Venezuela, comme nous l’analyserons ultérieurement, le conflit devrait prendre une tournure plus tragique au vu des récents mouvements de l’administration étasunienne. L’embrasement du Venezuela, et par ricochet de certains ses voisins sud-américains et caribéens (Cuba et le Nicaragua sont dans la ligne de mire), semble plus que probable.

Les intérêts en jeu au Venezuela révèlent une coalition d’alliance beaucoup plus large que celle qui a soutenu la République Arabe Syrienne en 2011, et assurent une protection relative à la Révolution Bolivarienne. Mais l’objectif des États-Unis est-il vraiment de changer de régime ou de dévaster le Venezuela afin qu’aucune structure étatique ne puisse assurer le contrôle et la distribution des ressources minières et pétrolières13 ?

Si l’on privilégie la deuxième option, les évènements deviennent intelligibles dans leur ensemble, et donc analysables. En morcelant l’unité du pays, en atomisant l’autorité de l’État sur le territoire, et en rendant impossible l’administration publique des richesses énergétiques et minières, les États-Unis entendent influer durablement sur la gestion des ressources naturelles du Venezuela.

Pour arriver à cette fin, les États-Unis n’ont pas besoin d’une armée régulière ; ni la leur, ni celles des voisins du Venezuela. Une armée irrégulière composée par de multiples acteurs internes ou étrangers se chargera de la destruction du pays, et du contrôle de certains territoires. C’est d’ailleurs le sens de l’appel lancé par Roger Noriega, vétéran de la sale guerre des Contras contre le Nicaragua dans les années 8014. Avant de décrire qui seront les futurs belligérants et de comprendre les stratégies qui ne manqueront pas d’être mises en place contre le Venezuela, revenons sur une étape fondamentale pour la constitution de cette armée criminelle.

Romain Migus

Notes

    “Trump amenaza a Venezuela con intervención militar, Caracas dice que es un « acto de locura »”, Reuters, 12/08/2017, https://lta.reuters.com/articulo/venezuela-trump-idLTAKBN1AR2H6-OUSLT ?
    William S. Lind, Colonel Keith Nightengale, Captain John F. Schmitt (USMC), Colonel Joseph W. Sutton, and Lieutenant Colonel Gary I. Wilson (USMCR) “The Changing Face of War: Into the Fourth Generation”, Marine Corps Gazette, October 1989, Pages 22-26 ?
    David Adams et Jannet Rodriguez, “US tightens the screws on Venezuela’s Maduro with banking sanctions”, Univision, 22/03/2019 ?
    Jackson Diehl, “Trump’s intervention in Venezuela has stalled — because Caracas knows he’s bluffing”, The Washington Post,31/03/2019, https://www.washingtonpost.com/opinions/global-opinions/trumps-intervention-in-venezuela-has-stalled–because-caracas-knows-hes-bluffing/2019/03/31/c985f642-5172-11e9-88a1-ed346f0ec94f_story.html?noredirect=on&utm_term=.c4f17dead8dc ?
    Valentin Vasilescu, “Une intervention militaire ne peut pas renverser le gouvernement vénézuélien” Réseau Voltaire, 02/03/2019, https://www.voltairenet.org/article205410.html ?
    Voir le discours du président, Hugo Chávez Frías, inaugurant  les activités académiques militaires le 10 janvier 2006”, http://www.todochavez.gob.ve/todochavez/2631-discurso-del-comandante-presidente-hugo-chavez-durante-acto-de-graduacion-del-i-curso-de-comando-y-estado-mayor-conjunto ?
    “Rusia advierte a Colombia: cualquier incursión en Venezuela se considerará ataque a la paz y seguridad internacional”, La Iguana, 02/04/2019, https://www.laiguana.tv/articulos/456463-rusia-colombia-ataque-venezuela-considerar-paz-seguridad-internacional/ ?
    Max Blumenthal, “US Military Attack on Venezuela Mulled by Top Trump Advisors and Latin American Officials at Private DC Meeting”, The Gray Zone, 13/04/2019, https://thegrayzone.com/2019/04/13/us-military-attack-venezuela-trump-csis-invasion/ ?
    “El ‘enviado’ de Guaidó se reunirá con el Comando Sur de EE.UU. para planear cómo « restaurar la democracia » en Venezuela”, RT, 14/05/2019, https://actualidad.rt.com/actualidad/314821-guaido-confirmar-reunion-comando-sur-mayo ?
    Reporteros comunitarios de Merida, “Curazao: El portaaviones en tierra del Comando Sur de los EEUU frente a Venezuela” Aporrea, 20/09/2016 https://www.aporrea.org/tiburon/n297405.html. Rappelons aussi que Curaçao et Aruba sont fortement impliqués dans la contrebande d’or et de cuivre en provenance du pillage des ressources du Venezuela, voir Misión Verdad, “Venezuela : Combien de cuivre et d’or Curaçao et Aruba exportent-elles ?”, VivaVenezuela, 11/01/2018 ?
    Jose Negron Varela, “Estados Unidos y la hipótesis del bloqueo naval a Venezuela”, Sputnik News, 03/05/2019,  https://mundo.sputniknews.com/firmas/201905031087060421-posible-bloqueo-naval-de-venezuela-por-eeuu/ ?
    Traité de délimitation entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République du Venezuela, 17/07/1980,https://treaties.un.org/doc/Publication/UNTS/Volume%201319/volume-1319-I-21969-French.pdf ?
    Thierry Meyssan, “Le Venezuela et ses voisins peuvent-ils survivre à la guerre qui s’annonce ?”, 12/02/2019, https://www.voltairenet.org/article205089.html ?
    “Villainy in Venezuela”, New York Post, 30/03/2019, https://nypost.com/2019/03/30/villainy-in-venezuela/ ?
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Concours de proverbes et aphorismes / Re : Des sciences humoristiques
« Dernier message par JacquesL le 05 octobre 2019, 03:03:38 pm »
Citation de: Mélusine ou la Robe de Saphir
S’il n’y avait pas de CO2
 dans les voitures, le moteur ne pourrait le transformer en CO polluant,....
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Astronomie / Re : Les malheurs de la "marée du Baccalauréat".
« Dernier message par JacquesL le 30 septembre 2019, 12:47:37 pm »
Voir Eric Ballaux :  http://le-cep.org/archive/CEP_08.pdf
Intellectuellement, la nouveauté qu'on aurait dû voir bien avant : c'est mesurable. Le mécanicien se sent soudain moins seul avec ses calculs.
Il reste à accéder aux campagnes de mesures.
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Bonjour Jacques,

la vidéo suivante de 1h16 devrait t'intéresser :
https://www.les-crises.fr/quartier-libre-avec-bernard-stiegler-il-faut-une-mobilisation-generale/

Olivier Berruyer est un actuaire et penseur connu et intéressant.

Amicalement,
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Sites et paysages / La gorge des Amayères et son ruisseau.
« Dernier message par JacquesL le 22 septembre 2019, 09:58:28 am »
La gorge des Amayères et son ruisseau.

Probablement un cornouiller mâle (Cornus Mas)


L'handicapée souffre dans la montée.


Une petite chute sur le ru, qui n'arrête pas les truites.


Une autre glissade en eau claire.


Rideau de pins sylvestres devant un toboggan de calcaire.


Elle souffre, mais dira en garder un bon souvenir.


Pendage, les lits de calcaire montent à l'assaut du nord.





Fleurs composées non identifiées.


Mais voici des framboises.



Ces papillons raffolent de la merde, mais celui-là s'est posé sur ma sandale.



Quelques herbes plus loin (non reproduites), on est dominés par des clochetons.


En haut de la gorge, le vallon s'évase vers son bassin versant. Ici vue sur l'alpage (Feuillette ?).



Ce pin a réagi à la solifluxion de son sol.


De l'autre côté du ru, je présume que c'est une gentiane.



Des chardons et un papillon.









La prairie ouverte.


Dominée par ces clochers.

Au premier plan, des feuilles de frêne.

Ici un alisier :



Encore une chute.



A l'Ouest, nous sommes dominés par un colosse de pierre.


Nous n'identifions pas cette herbe à cilices.


Autre herbe non identifiée.


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Biologie, paléontologie, géologie / 50 ans de fausses prophéties apocalyptiques
« Dernier message par JacquesL le 22 septembre 2019, 12:27:44 am »
Paul Aubrin
Le Fri, 20 Sep 2019 23:10:15 +0200, Cardinal de Hère a écrit :


> L'apocalypse des prévisions apocalyptiques ! Ce qui est marrant c'est le
> ton péremptoire de ces divagations. Ainsi la première :
>
> "It is already too late for the world to avoid a long period of famine,
> a Stanford University biologist said thursday."

Quand on évoque l'échec patent des prédictions du club de Rome, dans ce
groupe ou ailleurs, on trouve toujours une paire d'écolos fanatiques pour
expliquer qu'ils avaient vu juste. L'écologisme néo-malthusien a
réellement tous les traits d'une religion apocalyptique.

L'Environmental Defense Fund est toujours à la manœuvre derrière les
prédictions apocalyptiques contemporaines. Il a été fondé en 1967. Son
premier succès a été de faire interdire le DDT. Ce produit était utilisé
avec succès pour lutter contre le paludisme. Mais il a été suspecter de
fragiliser la coquille de certains oiseaux sauvages. A l'époque de
l'interdiction, il n'y avait plus que 60.000 personnes malades du
paludisme en Inde. Quelques années plus tard, elles mourraient de nouveau
par millions dans le monde. L'interdiction du DDT, et ses dizaines (voire
centaines) de millions de morts, est un grand succès pour les néo-
malthusiens.

Les 3 premières prédictions de l'article cité:
1975 :  Paul Erhlich famine aux USA dès 1975 en raison de la
surpopulation.
1969 : Paul Erhlich la pollution tuera tout le monde, appel au principe
de précaution.
1970 : Jame P. Lodge Jr. La pollution de l’air va provoquer un nouvel age
de glace, et la demande d’électricité provoquera le dessèchement des
rivières.

Autres prédictions de la fin des années 1970 extraites du bêtisier du
site web "Pensée Unique (pour les scientifiques)":

Années 70 :
“Le refroidissement rapide que la terre connaît depuis la deuxième guerre
mondiale est cohérent avec la pollution de l’air associée avec
l’industrialisation, la mécanisation, l’urbanisation et l’explosion
démographique” Michael Oppenheimer, Environmental Defense Fund

NDLR : EDF, c’est un association écologiste de l’époque, très sûre
d’elle, qui affirmait exactement le contraire de ce qui se dit de nos
jours. Il parait maintenant, qu’au contraire, la pollution,
l’industrialisation, la mécanisation, l’urbanisation et l’explosion
démographique, ça réchauffe.

Paul Ehrlich 1969, (ci-dessous à droite) ( "Le Malthus du XXe siècle")
“Dans dix ans, toute vie animale importante dans la mer aura disparu. De
grandes zones côtières devront être évacuées à cause de la puanteur du
poisson mort”ehrlich

Du même, en 1976, soit 9 ans après :
“ Cette tendance au refroidissement va réduire la productivité agricole
pour le reste du siècle”

Et encore ...:
“Je serais prêt à parier de l’argent que l’Angleterre n’existera plus en
2000.”

"En fait, le problème est qu'il ya beaucoup trop de gens riches dans le
monde " Cité par the Associated Press, April 6, 1990

"Donner à la société une énergie abondante serait la même chose que de
donner une mitraillette à un enfant idiot " Cité par R. Emmett Tyrrell
dansThe American Spectator, September 6, 1992

Merci au lecteur qui m'a signalé les deux derniers.... A noter que les
médias adoraient Paul Ehrlich...

Toujours du même Paul Ehrlich qui est devenu, depuis, un avocat strident
de la lutte contre le réchauffement climatique :
Dans les années 1970 à 1980, " des centaines de millions de personnes
vont bientôt périr lors des désastres dus aux fumées de New York et de
Los Angeles" et aussi que " l'espérance de vie des américains retombera à
42 ans en 1980 à cause d'épidémies de cancer"...

Ou encore de Paul Ehrlich : ( source) " We must realize that unless we
are extremely lucky, everybody will disappear in a cloud of blue steam in
20 years". "Nous devons comprendre qu'à moins d'être extrêmement
chanceux, tout le monde disparaîtra dans un nuage de fumée bleue dans 20
ans."
...C'était en 1972.

Toujours très sûr de lui, Paul Ehrlich avait aussi prédit que certains
métaux d'usage courant disparaîtraient, à court terme, du fait de
l'épuisement des ressources. C'est alors qu'un économiste, Julian L.
Simon, proposa un pari à Paul Ehrlich dans les colonnes du Social Quaterly
Journal. Simon pariait que les prix de cinq métaux courants (chrome;
cuivre, nickel , étain et tungstène) diminueraient dans les 10 années à
venir. Simon gagna le pari aisément et Ehrlich lui remit la somme de
576,07 dollars qui représente la différence entre les prix combinés des
métaux en questions.
De fait, et heureusement, toutes les prédictions d'Ehrlich se révélèrent
erronées... Ehrlich fait actuellement des prédictions sur les
conséquences du réchauffement climatique... Comme Al Gore et James Hansen
aux USA, Jouzel et le Treut (avec Greenpeace) en france et Rahmstorf en
allemagne...

Georges Wald 1968 , prix Nobel de physiologie et de Médecine, déclarait
que la fin du monde était pour 1985. En 1975, il consentit à repousser la
date jusqu'en 1990. (The progressive, Décembre p. 22). Plus tard, il
revint à sa première "prédiction" de la fin du monde pour 1985.

Barry Commoner ( 1969) est un ancien candidat à la présidence des Etats-
Unis. Pour lui, seul un système socialiste pourrait contrôler la
technologie et notre avidité à l'exploiter. Il prédit, en 1969, que les
principes fondamentaux permettant la vie sur terre auront disparu dans
cinquante ans, soit en 2019.

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