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Auteur Sujet: Vampirisme directeur... Le capitalisme financier est hématophage.  (Lu 1957 fois)

JacquesL

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Dans le fil http://www.quebec-politique.com/index/viewtopic.php?f=130&t=14924, Alain Poitras nous soutenait que le capitalisme aurait l'extrême obligeance de bien vouloir s'effondrer de lui-même...

On n'a jamais vu la mouche Tsé-tsé et le trypanosome de la Maladie du Sommeil avoir l'extrême obligeance de s'effondrer d'eux mêmes.
On n'a jamais vu les moustiques, qui l'été font la loi au Grønland et en Laponie, avoir l'extrême obligeance de s'effondrer d'eux mêmes. Ils sont juste engourdis par le froid, avant de régner à nouveau l'été suivant.
On n'a jamais vu les plasmodium falciparum et plasmodium malariae avoir l'extrême obligeance de s'effondrer d'eux mêmes. La réussite du parasite est d'envahir suffisamment le corps de l'impaludé, mais sans le tuer trop vite : laisser le temps à un autre moustique de s'infecter sur ce paludé, pour aller ensuite infecter d'autres victimes.
...
Et je pourrais allonger la liste des exemples de parasitisme : aucun n'aura l'extrême obligeance de bien vouloir s'effondrer de lui-même, par ses "contradictions internes".

Le capitalisme financier peut très bien tuer des dizaines de milliers d'entreprises parasitées, peut bien suicider des dizaines de milliers de paysans qui avaient eu la naïveté de croire aux promesses de Monsanto, peut bien vider nos pays de leur sang, peut bien vider l'Afrique de ses habitants par la famine... Mais il n'aura pas l'extrême obligeance de bien vouloir s'effondrer de lui-même, par ses "contradictions internes".

J'ai rassemblé quelques articles sur la manière de tuer une entreprise en quatre ans, sur la mise à mort du travail :
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=267.0
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=1006.0
Emmanuel Todd avait pointé aussi, lors des inondations par l'ouragan Katrina :
Citer
L'économie américaine est au coeur du système économique mondialisé, et les
Etats-Unis agissent comme une pompe à finances remarquable, important du
capital au rythme de 700 à 800 milliards de dollars par an. Ce dernier, une
fois redistribué, finance la consommation de biens importés - secteur
réellement dynamique celui-ci. Ce qui caractérise les Etats-Unis depuis des
années, c'est une tendance au gonflement d'un déficit commercial monstrueux,
s'évaluant à près de 700 milliards de dollars. La grande fragilité de ce
système économique, c'est qu'il ne repose pas sur une réelle capacité
industrielle interne.

L'industrie américaine est fortement anémiée, et c'est bien le déclin
industriel qui explique, surtout, l'incurie de la nation confrontée à une
situation de crise ; pour gérer une catastrophe naturelle, on n'a pas besoin
de techniques financières sophistiquées, d'options d'achat à telle ou telle
date
, de conseillers fiscaux ou d'avocats spécialisés dans l'extorsion de
fonds à l'échelle planétaire
, mais on a besoin de matériel, d'ingénieurs et
de techniciens et d'un sentiment de solidarité collective. Une catastrophe
naturelle sur le territoire national confronte un pays à sa nature profonde,
à sa capacité de réaction technique et sociale. Or, si la population
américaine s'entend fort bien à consommer - le taux d'épargne des ménages
étant d'ailleurs quasiment nul - en terme de production matérielle, de
prévention et de planification à long terme, elle s'avère catastrophique. Le
cyclone a montré les limites d'une économie virtuelle identifiant le monde à
un vaste jeu vidéo.


Q - Est-il juste de tisser un lien entre la financiarisation du système
américain, ce "néolibéralisme" dénoncé par des commentateurs européens, et
la catastrophe qui a frappé La Nouvelle-Orléans ?


La gestion en aurait surtout été meilleure dans les Etats-Unis d'autrefois.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis assuraient la
production de la moitié des biens de la planète. Aujourd'hui, les Etats-Unis
se montrent désemparés, empêtrés dans un Irak dévasté qu'ils ne parviennent
pas à reconstruire. Ils ont mis un temps considérable à blinder leurs
véhicules, à protéger leurs troupes. Ils ont dû importer des munitions
légères. Quelle différence avec les Etats-Unis de la Seconde Guerre mondiale
qui ont simultanément écrasé l'armée japonaise avec leur flotte de
porte-avions, organisé le débarquement de Normandie, rééquipé l'armée russe
en matériel léger, contribué magistralement à la libération de l'Europe et
maintenu en vie les populations européenne et allemande libérées d'Hitler.
Ils ont su maîtriser le cyclone nazi avec une maestria dont ils se montrent
bien incapables aujourd'hui dans une seule de leurs régions. L'explication
est simple : le capitalisme américain de l'époque était un capitalisme
industriel, fondé sur la production de biens. Bref un monde d'ingénieurs et
de techniciens.
...
Je focalise mon analyse sur le
pourrissement de l'ensemble du système. Après l'empire développait des
thèses somme toute modérées que je suis aujourd'hui tenté de radicaliser.
C'est sur la base de l'augmentation du taux de mortalité infantile dans les
années 70-74 que j'avais prédit l'effondrement du système soviétique. Or,
les derniers chiffres publiés sur ce thème aux Etats-Unis - ceux de 2002 -
ont fait apparaître un début de remontée du taux de mortalité infantile, ...
La mise à sac des
supermarchés n'a fait que répéter au niveau le plus bas de la société le
schème de la prédation qui est aujourd'hui au coeur du système social
américain.


Q - Le schème de prédation ?


Ce système social ne repose plus sur l'éthique du travail et le goût de
l'épargne du calvinisme des pères fondateurs - mais au contraire sur un
nouvel idéal (je n'ose pas parler d'éthique ou de morale) : la recherche du
meilleur gain pour le moindre effort. L'argent vite gagné, par la
spéculation et pourquoi pas par le vol. La bande de chômeurs noirs qui pille
un supermarché et le groupe d'oligarques qui tente d'organiser le "casse" du
siècle sur la réserve d'hydrocarbures de l'Irak ont un principe d'action en
commun : la prédation. Les dysfonctionnements de La Nouvelle-Orléans
renvoient à quelques éléments centraux de la culture américaine actuelle.
...
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=406.0

La suite d'émissions sur FR3, La mise à mort du travail, étudiait en détails la société Fenwick, qui fabrique et vend des chariots élévateurs. Petite entreprise française née il y a 150 ans, Fenwick est racheté en 2006 par l’un des financiers les plus redoutés des États-Unis, Henry Kravis. Un homme à la tête du fonds d’investissement KKR, dont les ventes annuelles dépassent celles de Coca-cola, Disney et Microsoft cumulées. Avec ce rachat, pour les salariés français de Fenwick, la donne va radicalement changer. Cette même histoire se déroule dans des dizaines de milliers d’entreprises à travers le monde…

Christophe Dejours : http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/depossession/01-expert-ideologie-gestionnaire.wmv
Cadences de production : http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/depossession/04-scene-cadences.wmv


http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/motschiffres.php
http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/interviews.php

Christophe Dejours : le travail en mode dégradé, se débarrasser des gens qualifiés, dégraisser, exiger des contrats d'excellence sous la menace, piller et ruiner une entreprise en trois ans. http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/itv/dejours/Dejours1.wmv
Conclusion : on sent la décadence et la fin d'une civilisation, sous cette énorme dévalorisation de la qualification au travail, et ce parasitisme de plus en plus grand de l'actionnariat.

Ce que je n'ai pas consigné dans ce compte-rendu : Henry Kravis est filmé dans ses activités de loisirs : faire danser une très belle femme dans un lieu huppé, tous deux fort élégamment vêtus.
Vivre du travail et du sang des autres, ça profite, et ça fait un vainqueur dans la compétition sexuelle. Les femmes vénales en raffolent.

Comptez sur ce genre d'hématophages pour ne jamais avoir l'extrême obligeance de s'effondrer d'eux mêmes.
Il y aura du sang sur le parquet, mais ce sera le vôtre, et celui de vos proches, et celui de millions de pauvres. Les parasites hématophages s'en tireront bien, eux.
« Modifié: 27 mars 2010, 12:10:12 pm par Jacques »

JacquesL

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Pour l'OCDE l'idéal serait une dictature ...
« Réponse #1 le: 30 mars 2010, 11:41:32 am »
Un régime « dictatorial » serait idéal pour imposer les réformes...

« Une comparaison pour les pays d’Amérique latine entre des régimes
démocratiques comme la Colombie, l’Équateur, le Pérou, et des régimes
militaires, comme l’Argentine et le Chili, en 1981-82, montre que les
troubles sont plus rares lorsque le régime est militaire [...] La
comparaison entre les deux expériences de l’Argentine sous un régime
militaire (en 1981) et en démocratie (1987) est parlante : le niveau
de protestation a été trois fois plus élevé en 1987 et il y a eu
beaucoup plus de manifestations » (p. 12). Ainsi, un régime dur serait
idéal pour imposer les réformes. Le néolibéralisme serait-il en train
de déraper ?

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3003